Spécial années ’80 : pop culture à tout va

[Numéro spécial années ’80] Musique, télé, cinéma, ou encore objets cultes : la décennie ‘80 était riche en inventions et a marqué toute une génération. Du walkman à Depeche Mode, en passant par Gym Tonic et des chansons inoubliables, on se rappelle « le bon vieux temps »…

ON SE FAIT UNE TOILE ?

En 1980, La Boum crève l’écran et révèle Sophie Marceau au public. Looks, danses (ouais, on maîtrisait le slow à l’époque!), musique et premières amours : tout y est. Cette comédie romantique ado restera 35 semaines à l’affiche ! Quant à la troupe du Splendid, elle monte, monte, monte. En ‘82, sort le film cultissime Le Père Noël est une ordure. Plus de 35 ans après, les télévisions continuent à le diffuser environ 2127 fois chaque Noël. Qui a dit intemporel ?

NEW WAVE ET POP MUSIC

Pendant que Madonna connaît la consécration avec son Like a Virgin en ‘84 – à 26 ans, elle est déjà multimillionnaire – et que David Bowie est à son firmament avec le magique Let’s Dance en ‘83, la new wave devient l’un des genres musicaux les plus populaires.
Depeche Mode balance à la face du monde un Just Can’t get enough qui cartonne. Les premiers succès arrivent aussi pour The Cure et Eurythmics. En France, Taxi Girl et Indochine côtoient les étoiles. La bande à Sirkis finit par s’imposer avec 3, un album qui grimpera à la 2e place du Top 20.

DES JOUETS

La peluche Kiki ? Les puces sauteuses ? La Dictée magique ? Le ressort arc-en-ciel ? Le Yoyo ? Les figurines GI Joe ? Les Maîtres de l’univers et leur château des ombres ? Les poupées Barbie ? Les collections de pin’s ou de stickers Panini ? Comme dirait Tonton Jean-Mi, « Ah, on savait s’occuper à l’époque ! ».

LE BOOM DE LA CHANSON FRANÇAISE

Aujourd’hui, ne mentez pas : dans chaque fête, peu importe votre âge et votre génération, on finit avec 3 grammes dans chaque oeil en sautillant sur les Lacs du Connemara (1981).
Nombreux sont les artistes français qui vont colorer les années ‘80 de tubes mémorables. « Born to be alive » de Patrick Hernandez (sortie en ‘79 mais qui va traverser les 80’s… et pas que !), « Un autre monde » (Téléphone), « L’Aziza » (Daniel Balavoine), « Sous les sunlights des tropiques » (Gilbert Montagné), « Quand la musique est bonne » (Jean-Jacques Goldman), « Les Démons de minuit » (Images), « Ouragan » (Stéphanie de Monaco), « C’est la ouate » (Caroline Loeb), « Besoin de rien, envie de toi » (Peter Sloane)… Les années ‘80, années de la chanson française ?

DE STAR WARS À DIRTY DANCING

Durant la décennie, alors que la production hollywoodienne explose et enquille les classiques (lire p. 20-21), la saga Star Wars s’impose définitivement en alignant coup sur coup L’Empire contre-attaque (1980) et Le Retour du Jedi (1983). Mais en 1987, le sensuel Dirty Dancing pulvérise les écrans. Et contamine toute la planète avec Bébé et Johnny, Jennifer Grey et Patrick Swayze. Et que celles et ceux qui n’ont aujourd’hui pas tenté le fameux « porté » se dénoncent.

L’ESPRIT CANAL

Fut un temps, Canal + était LA chaîne à regarder pour se marrer (eh oui). Dans les années ‘80, on parle d’« esprit canal » : les Nuls agitent l’actu, Nulle Part Ailleurs est un coup de pied dans la fourmilière, Gildas et De Caunes forment le meilleur duo de tous les temps, Coluche a carte blanche avec Coluche 1 faux, Jean-Yves Lafesse fait de la caméra cachée pas cachée, Philippe Vandel et Karl Zéro débarquent, tandis que les Guignols de l’info dézinguent la politique. Ju-bi-la-toire.

TOUT DANS LES OREILLES

Quoi de plus classe que de se balader avec un walkman ? Les baladeurs-cassette sortis par Sony s’arrachent comme des petits pains, bientôt rejoints par ceux de Panasonic et Toshiba. Un vrai bonheur (sauf lorsqu’il s’agit de rembobiner sa K7 débinée avec un crayon…).
Pour les fanas de hip-hop (et si on a envie de danser le… smurf !), on se tourne davantage vers le Ghetto-blaster, ce gros poste radiocassette porté à l’épaule. À l’époque, on se collait ces Boombox à l’oreille.

DOROTHÉE

On aurait pu l’appeler la décennie Dorothée : dans les années ‘80, Frédérique Hoschedé (oui, c’est son vrai nom, désolé) s’illustre en chantant des tubes comme Hou la menteuse (1982), Allô allô monsieur l’ordinateur (en ‘85 et 100 000 exemplaires vendus quand même) et remplit les Zénith. En ‘87, elle crée Club Dorothée. Les gamins devant leur télé se goinfreront pendant 10 ans de Bioman, Dragon Ball Z et autres Nicky Larson et Sailor Moon.

METAL POPULAIRE

Sous-genre du metal, le glamrock se jette sur la planète dès le début de la décennie ; Mötley Crüe saignant la planète avec ses tubes et ses excès. Le thrash metal se popularise – aidé par des pointures comme Metallica – tandis qu’Iron Maiden, roi de la nouvelle vague heavy metal, publie 7 albums cultes de ‘80 à ‘88 (plus de 20 millions d’exemplaires vendus pour cette période).
Le metal se popularise auprès du grand public avant de couler dans les années 90, comme tout le monde, englouti par le tsunami du grunge avec Nirvana… Il renaîtra de ses cendres plus tard.

CAMÉSCOPE ET CD

En ‘83, Sony commercialise le premier caméscope au monde. Deux ans plus tard, JVC fait de même mais permet de lire la cassette enregistrée. Du côté de l’audio, le premier CD destiné au public est pressé en août 1982. En octobre, la première platine est vendue au Japon, accompagnée d’un album de Billy Joel. C’est une révolution dans le monde de la musique.
En ‘85, le « Brothers in arms » de Dire Straits – premier album entièrement numérique – contribue à démocratiser le CD. Les ventes s’affolent, le CD vient de tuer (provisoirement) le vinyle.

LA PUB : TOUT UN PROGRAMME

À l’opposé de ce qu’elles sont aujourd’hui, les publicités des 80’s n’hésitaient pas à être kitsch, fun (voire limite), bourrées de punchlines. « T’as le ticket chic » de la RATP, « Ovomaltine », l’ami Ricoré, la plus qu’étrange réclame pour « Cachou cachou Lajaunie Lajaunie, han han », le célèbre « Quand y’en a marre, y a Malabar », la garce de la Peugeot 205 et le vieux Léon pour Panzani. De nos jours, certaines pubs de l’époque ne seraient plus autorisées, car taxées de sexisme ou de racisme… Au hasard ? Les Banania et compagnie, la pub couscous Saupiquet et celle du cahier Conquérant (Maghreb et Afrique sont grossièrement caricaturés).

ON FAIT DE LA GYM (TONIC)

On pourrait résumer Gym Tonic seulement à son générique culte. Mais Véronique et Davina ont surtout embelli la télé de 1982 à 1986. Chaque dimanche, dix millions de Français sont scotchés à l’écran. Tiens, pour le plaisir, on se remet le passage de Bernard Tapie en juste au corps rouge, invité dans l’émission.

NES ET PAC-MAN

Un rond jaune avec une bouche, un labyrinthe. Simplissime, mais c’est devenu l’icône des jeux vidéo : Pac-Man, à sa sortie, bouffe tout sur son passage sans laisser de miettes. Quelques années plus tard, la console Nintendo déboule et le succès est mondial. Il s’en vendra plus de 61 millions d’unités, Mario a de quoi avoir le sourire. À ce jour, la « NES » reste la meilleure console du monde dans nos cœurs (si, si, on ne veut rien savoir !).

On a testé la PlayStation Classic (mini)

Sony a cédé à la mode des rééditions de consoles rétro en version miniature. Depuis le 3 décembre, les nostalgiques peuvent donc rejouer à la PlayStation 1, avec 20 jeux intégrés. On a testé. Notre verdict

TEST PLAYSTATION
(Photo tmv)

Chère lectrice, cher lecteur. Sache d’abord une chose (oui, je me permets de te tutoyer), c’est que je suis faible. Très faible.

En 2016, j’avais déjà craqué en achetant la Super Nintendo classic. La firme avait ressorti sa console culte de 1990 en version mini. Ça s’appelle le rétro-gaming et ça joue sur la nostalgie des trentenaires comme moi parce que « oh boudiou, c’était quand même mieux avant ».
En deux secondes chrono, j’avais ma Super NES et je retombais en extase et en enfance.

En ce mois de décembre, j’ai pris deux résolutions : 1) m’offrir un calendrier de l’Avent à moi-même puisque personne n’y a pensé (honte à vous) ; 2) m’acheter cette fameuse PlayStation classic. Passé ces considérations hautement philosophiques, venons-en donc aux faits. J’ouvre donc mon carton. Réaction 1 : « Aaanw, elle est choupeeette ! » Toute petite, cette mini PS1 est mignonne comme tout (eh, j’ai dit que j’étais faible). La finition est parfaitement réussie. Deux manettes sont proposées et les 20 jeux sont préchargés.
Réaction 2 : je râle (comme souvent). La console fonctionne avec un câble HDMI et un USB, mais les coquinous de Sony n’ont pas inclus l’adaptateur secteur qui va avec l’USB. À 99 € la bestiole (on y reviendra), c’est gênant.

Après moult insultes, je lis sur Internet qu’en fait, un chargeur de smartphone ou de tablette suffit.

Le tout premier GTA : rétro à l'état pur.
Le tout premier GTA : rétro à l’état pur.

Ouf, j’allume la bête et * nostalgie * le logo et le jingle d’intro font leur petit effet. Me revoilà 20 ans en arrière. Un rapide tour des jeux et je retombe, amoureusement, dans le tout premier GTA. Je m’éclate. Idem en rejouant à Destruction Derby et Twisted Metal – deux madeleines de Proust, des nuits blanches entières passées là-dessus avec mon grand frère – et, bien sûr, le mythique Tekken 3. Rah, quel pied ! Plaisir et coup de vieux se mêlent lorsque je lance une partie de Cool Boarders 2 ou encore Ridge Racer 4.

Pour le reste des jeux, on peut retrouver Battle Arena Toshinden, Intelligent Qube, Jumping Flash, Metal Gear Solid, Mr Driller, Oddworld, Rayman, Resident Evil, Revelations : Persona, Super Puzzle Fighter 2, Syphon Filter, Rainbow Six et Wild Arms (sur les 20 proposés, 10 sont multi-joueurs et la quasi-totalité est en anglais).

Alors, très vite, forcément, on tire un peu la tronche, avouons-le : où sont Gran Turismo, Driver ou encore Tomb Raider ? Et Tony Hawk Pro Skater, sérieusement ? Et Silent Hill, rah ! Le choix est discutable. Et comparé à la sélection culte offerte par la mini Super NES, celle de la mini PS1 fait grise mine.
À noter également que, forcément, les choses ont évolué. De nos jours effectivement, Maître Gims vend des disques, tout le monde a un doctorat en géopolitique sur Twitter et nos télés sont plus puissantes qu’en 1999. Il faut donc s’habituer au format 4/3, à avoir du bon pixel sur son écran – le signal vidéo ne va pas au-delà de 720p – et se dire que, parfois, les jeux vidéo, c’est comme Mickey Rourke : ça vieillit pas si bien.

VERDICT À CHAUD

Évidemment, le plaisir est là. Il y a de quoi se taper de bons dimanches de fun et des trips nostalgiques. Mais le fantasme était si grand qu’à l’arrivée, le résultat est mitigé. Sony s’est précipité. D’autant qu’avec un prix de 99,99 €, cela a de quoi picoter… Un bonheur tout de même, mais les puristes resteront sur leur faim.

EN RÉSUMÉ

Les +
Facilité d’utilisation
Le nombre de jeux
Possibilité de sauvegarde en cours de partie
Rah, tout de même, c’était le bon vieux temps !

Les –
Le prix
L’absence de titres incontournables
L’adaptateur USB non-inclus

Gamers : Les yeux dans l’e-bleu

L’équipe G2 de Counter-Strike, une des meilleures du monde, est venue à Tours pour préparer le plus gros tournoi de la saison qui se déroule actuellement à Atlanta. Rencontre avec des sportifs d’une autre galaxie.

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Casque et micro vissés au visage, regard rivé au plus près de l’écran, une main sur le clavier posé de travers devant eux, une main sur la souris, ces cinq-là sont parmi les meilleurs joueurs de Counter-Strike au monde. Et, pendant presque une semaine, ils ont pris leurs quartiers à Tours pour un Bootcamp (un peu comme les footeux vont à Clairefontaine) avant de partir disputer à Atlanta un des tournois les plus importants de la saison.

Counter-Strike, c’est simple. Cinq terroristes doivent poser une bombe dans un temps imparti et cinq policiers doivent les en empêcher. Tout ça se passe sur une des sept cartes virtuelles disponibles.
Pour vous, c’est un jeu vidéo. Pour eux, c’est un sport. Ils sont les fleurons de l’équipe G2, très grosse écurie du esport mondial, basée en Espagne mais composée de cinq Français. « Jusqu’ici, c’est une bonne journée, sourit Nathan (beaucoup plus connu sous le pseudo de NBK-) entre deux manches. Aujourd’hui, en face, c’est une belle équipe, dans le Top 3 mondial et pour le moment, on les bat. »

Surtout, se respecter

En face, évidemment, c’est une façon de parler. Les cinq adversaires se trouvent tous à des endroits différents, quelque part en Europe du nord. C’est comme ça que les G2 s’entraînent le plus souvent. « Mais les moments où on se retrouve tous ensemble, comme aujourd’hui, sont aussi très importants, confirme Nathan. On n’est pas obligés d’être les meilleurs amis du monde pour jouer ensemble, mais c’est essentiel de bien se connaître et de se respecter surtout. »

Car, ne nous y trompons pas : une équipe eSport comme G2 n’a vraiment rien d’un petit groupe d’amateurs de jeux vidéo exaltés. Dans les bagages, il y a un manager, Jérôme (NiaK), une pointure. Pour la stratégie de jeu, Edouard (Smithzz) un petit Zizou de CS, ancien joueur passé au coaching juste au moment de l’explosion de la discipline. Il est assisté d’un analyste allemand qui passe au crible toutes les phases de jeux pour affiner la stratégie. La semaine dernière, tout ce petit monde s’est donc envolé pour trois semaines de compétition. Pour les vainqueurs, un million de dollars de cash prize. Un joueur eSport de ce niveau, ce n’est pas un smicard.
Entre les gains, les partenariats et la rémunération de son équipe, ses revenus n’ont rien à envier à ceux d’un bon joueur de foot. Ce n’est pas un anonyme non plus. Les vues des vidéos de NBK comme le nombre de ses fans sur Facebook se comptent en dizaines de milliers. « Les fans sont souvent très jeunes. Il faut faire attention au message qu’on leur fait passer, tempère Nathan. Car pour devenir pro, il ne faut pas seulement être un très bon joueur. Il faut aussi beaucoup de rigueur et de respect humain. »

Quand ils reviendront à Tours, pour la Dreamhack, en mai prochain, les cinq membres de l’équipe G2 seront donc en territoire connu. Ils sont tenant du titre de ce tournoi qui est un des plus importants de France et entendent bien conserver leur couronne.

Solary : Quand les gamers débarquent

Ils répondent au nom de Solary et animent une des plus grosses web-tv de France dans le domaine du gaming. Cette équipe de gamers a élu domicile au nord de Tours depuis fin octobre. En toute discrétion.

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Solary, c’est plusieurs ordinateurs, quelques caméras et des joueurs passionnés.

Ils sont terrés dans un hangar à deux étages qui ne paie pas de mine, vu de l’extérieur. Une fois à l’intérieur, les odeurs de peinture rappellent que l’endroit est encore en travaux. Depuis moins de trois mois, Solary s’est installé au nord de Tours. Les huit parisiens, âgés de 19 à 25 ans, jouent au jeux vidéos en ligne , principalement à League of Legends (LoL), à longueur de journée.

C’est ce drôle de métier qui leur permet de gagner leur vie. En deux semaines à peine, les geeks ont rendu leur lieu de travail habitable. Avec l’aide d’amis et de famille, ils ont donné quelques coups de peinture, posé du parquet et installé le matériel indispensable à leur activité. Plusieurs ordinateurs, quelques caméras, un grand canapé gris clair, une télévision encadrée d’une guirlande lumineuse de toutes les couleurs, une table de billard, une table de ping-pong, des figurines de leur jeu favori et des armes-jouets aux munitions en mousse. On ne voit pas des bureaux comme celui-ci tous les jours.

Solary a commencé à retransmettre en direct les parties de LoL de ses joueurs le 27 octobre via la plateforme spécialisée Twitch, bien connue des joueurs de jeux vidéo. Le succès a été immédiat. « Nous ne pensions pas que ça marcherait aussi bien. Au cours du premier mois, nous avons réalisé le deuxième meilleure score parmi les chaînes françaises de Twitch », se souvient un des joueurs, Sakor Ros dit Le Roi Bisou. Solary totalise aujourd’hui près de dix millions de vues.
Ce n’est pas si étonnant à vrai dire. Avant de se lancer dans cette aventure, les Parisiens étaient déjà des stars parmi les streamers — les joueurs de jeux vidéo qui diffusent leurs parties en les commentant. Ils jouaient pour l’équipe Eclypsia depuis 2013, un nom qui ne dit pas grand-chose aux non-initiés mais qui fait figure de référence dans le milieu. Pour Le Roi Bisou, c’était surtout un patron bien enquiquinant : « Il fallait faire ses heures, Eclypsia c’était l’usine. »

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Sakor Ros, dit Le Roi Bisou, est un des joueurs de Solary.

Désormais, les huit démissionnaires sont indépendants et s’amusent bien plus qu’avant. En ce début d’après-midi, il n’y a qu’un seul joueur dans « l’arène », une pièce sombre, ouverte sur la partie salon, où sont regroupés six ordinateurs. Jbzz, un casque avec micro vissé sur la tête, commente ses actions en direct en parlant plutôt fort.
Par moments, lorsqu’il se retrouve en difficulté dans le jeu, les jurons fusent. Dans le salon, un autre membre de Solary s’impatiente : « Dépêche-toi de perdre que je puisse jouer ! » L’équipe de streamers ne pourrait pas coexister sans une certaine rigueur : « Nous avons mis en place un planning pour que, à tour de rôles, tout le monde puisse jouer. Le soir, on fait des parties à plusieurs », précise Le Roi Bisou.

De 9 h à 2 h du matin, ils streament en permanence. La plupart du temps, ils jouent à LoL, jeu phare des compétitions d’eSport. Mais ils s’autorisent également à jouer à Mario Kart, Golf it ! ou Fortnite. Solary voit plus loin que le simple divertissement. « Nous voulons allier le stream et la compétition de haut-niveau », explique le coach Sam, qui a rejoint l’aventure récemment. Depuis le lancement de la chaîne, la famille s’est agrandie. Ils sont désormais dix, répartis en deux équipes : Solary, axé sur la compétition, et Luna, avec moins d’ambition professionnelle. Un choix de vocabulaire en forme de clin d’oeil, un peu ironique, à leur ancien employeur, Eclypsia.

League of Legends est un jeu d’équipe en ligne.
League of Legends est un jeu d’équipe en ligne.

DE L’AMBITION ET DES MOYENS

C’est l’heure de travailler. Accompagnés de leur coach, les compétiteurs se sont installés sur le grand canapé, juste en face de la télévision. Ils analysent des streams de joueurs coréens, les meilleurs au monde. « C’est le pays de l’eSport, les compétitions passent même à la télévision ! », rappelle Le Roi Bisou. En mars prochain, la bande de potes se rendra en Corée du Sud pendant deux semaines.
Ce séjour leur permettra de s’imprégner du jeu asiatique mais aussi de faire découvrir à leur communauté les concerts de K-pop, les barbecues typiques ou encore les temples. « Ceux qui nous suivent sont souvent jeunes, ils n’ont pas de quoi se payer le voyage », poursuit Le Roi Bisou.

Ekko est un personnage du jeu League of Legends.
Ekko est un personnage du jeu League of Legends.

Pourtant, ce sont bien les fans qui financent leur balade. Le 7 janvier, Solary lançait une campagne d’appel aux dons sur Internet. En une heure, l’objectif de 15 000 euros était atteint ; quelques jours plus tard, le compteur atteignait 50 000 euros. Une somme qui s’ajoute aux 38 000 euros donnés par leurs sponsors, Acer en tête. De quoi s’amuser et se préparer pour le tournoi de jeux vidéo Dreamhack qui reviendra à Tours au mois de mai. Et même assez d’argent pour continuer les travaux du local de Tours-Nord.

>> Retrouvez l’équipe Solary sur solary.fr, Twitch et YouTube.
>> Ainsi que l’interview de leur coach juste ICI ! <<

Textes : Louise Baliguet & Photos : Lorenza Pensa, étudiantes à l’EPJT.

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Jeux vidéo : entre addiction et passion

Le « trouble lié aux jeux vidéo » (gaming disorder), risque d’être reconnu en juin comme une maladie a annoncé l’Organisation mondiale de la santé (OMS), jeudi 5 janvier. Cette probable décision questionne la communauté scientifique. D’autant plus qu’on ne sait pas toujours quoi faire face à un proche qui joue beaucoup. #EPJTMV

L'addiction relèverait de cas très spécifiques qui seront dévoilés en juin quand l'OMS publiera sa décision. Photo : Lorenza Pensa
L’addiction aux jeux vidéo relèverait de cas très spécifiques prochainement dévoilés par l’OMS. Photo : Lorenza Pensa

« Une très bonne amie ne voulait plus me voir parce que je ne parlais que de jeux vidéo. C’est là que j’ai compris que j’avais un problème. J’ai arrêté d’un coup. Je me suis débarrassé de mes manettes. » Gabin*, 22 ans est un ancien « geek », ou « pro de l’informatique » en français. Ses anciens jeux favoris ? Call of Duty et Battlefield. Pendant son adolescence, cet étudiant en management y passait 3 heures par jour en semaine et 8 heures par jour le week-end.

Nicolas*, 18 ans, étudiant en info-num à Tours, se souvient des mots de son frère : « Maman n’osera pas te le dire mais si ça continue, tu vas devoir aller en bac pro ». Un choc pour ce jeune homme qui se destinait à des études générales. « J’ai réalisé que j’avais vraiment de mauvaises notes à cause des jeux. Je passais ma vie à ça », raconte Nicolas.

Dépendance ou addiction, le grand débat

Gabin et Nicolas sont-ils vraiment des accros ? Les chercheurs ne semblent pas être tous du même avis. D’après Pascaline Lorentz, sociologue spécialisée dans les jeux vidéo, on peut très rarement parler d’une addiction.

Pour qu’un joueur soit considéré comme addict, il faut qu’il remplisse six conditions, définies par le professeur Mark Griffiths. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’apprête à utiliser ces six facteurs afin de classer l’addiction aux jeux vidéo dans la 11e liste internationale des maladies.

Découvrez les six facteurs en passant la souris sur la photo

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Selon Pascaline Lorentz, le mot addict renvoie surtout à des cas extrêmes : « On va parler d’une dépendance quand le joueur est confronté à l’un ou plusieurs de ces six critères. L’addiction, c’est lorsque l’on atteint le stade où l’on n’est plus capable de se restreindre, de limiter seul sa pratique. On cumule les six facteurs. »

La distinction entre dépendance et addiction ne fait pas l’unanimité. Le psychiatre Paul Brunault qui travaille au sein de l’équipe d’addictologie du Chu de Tours, préfère parler de trouble lié aux jeux vidéo ou d’addiction. Selon lui, la dépendance renvoie aux conséquences physiques (mal aux yeux, oubli s’alimenter etc.) dues à une pratique intensive des jeux vidéo. Mais aujourd’hui, les scientifiques pensent que cela a aussi des impacts négatifs sur le comportement (dépression, anxiété, irritabilité etc.).

Une personne extérieure qui adopte une critique constructive sur le comportement d'un grand adepte de jeux vidéo peut l'aider à limiter sa pratique. Photo : Lorenza Pensa
Une personne venue de l’extérieur du cercle familial est souvent un bon allié pour faire prendre conscience au joueur qu’il doit limiter sa pratique. Photo : Lorenza Pensa

Des solutions pour « s’en sortir »

« Il faut que les parents soient à l’écoute, qu’ils soient présents », préconise Pascaline Lorentz.  « Les parents ne doivent surtout pas interdire à leur enfant de jouer. Au contraire, ils doivent s’intéresser à ses jeux, lui demander à quoi il joue. Sinon le jeune se bloque, et on ne peut plus rien faire. » Une opinion partagée par Julie*, 28 ans, une ancienne joueuse. « Interdire son enfant de jouer, c’est comme si on empêche un fumeur de s’acheter des cigarettes. Il ne va pas être bien du tout.”, explique-t-elle.

Mais comment faire quand la relation avec les parents ne permet pas de trouver une solution? Le psychologue? Pour Nicolas, cela n’a pas été concluant. C’est plutôt la gymnastique qui l’a aidé : « Les jeux vidéo sont lassants, on devient facilement bon quand on joue beaucoup. Avec la gymnastique, j’avais l’impression que je pouvais dépasser mes limites. Et puis, je me suis fait des amis grâce à ce sport. »

Si le joueur cherche à rencontrer des personnes grâce aux jeux vidéo. L'aider à faire des rencontres par le biais d'une activité extra-scolaire par exemple peut être utile. Photo : Alizée Touami
Si le jeune joue aux jeux vidéo pour faire des rencontres, l’inscrire à une activité extra-scolaire de son choix peut être utile. Photo : Alizée Touami

Gabin lui non plus n’a pas eu besoin de passer par l’étape psychologue. Ce qu’il aimait dans les jeux vidéo, c’était de pouvoir rencontrer d’autres personnes. « Quand mes parents m’ont donné le droit de sortir, c’est là que je me suis détaché des jeux vidéo », commente-il.

Selon les profils, les solutions divergent. « Je m’en suis sorti grâce aux études. Je ne pouvais plus passer autant de temps à jouer. Il a fallu choisir. La prépa m’a sauvé ! », analyse Lucas, ancien étudiant de classe préparatoire littéraire et actuellement en études d’histoire à Tours.

Une autre solution ? Se trouver une passion différente mais aussi forte. Pour Julie, le déclic a été la musique : « Je suis rentrée dans un groupe qui interprète la musique des jeux vidéos. Je jouais beaucoup moins tout en étant toujours plongée dans cet univers. »

En plus de son groupe de musique et de son travail, Julie continue à jouer de temps en temps. « Je joue en soirée parfois, ou avec des potes. Je n’ai pas rayé les jeux vidéos de ma vie. » Tous les anciens gamers interrogés n’ont pas totalement décroché. La plupart continuent à y jouer de temps en temps, pour se détendre. Mais aujourd’hui, pour eux, les jeux vidéo sont plus un loisir qu’une passion.

Les noms qui portent un astérisque (*) ont été changés pour préserver l’anonymat des personnes.  

 Tiffany Fillon et Pablo Menguy 

Le Meltdown fusionne soirée et gaming

Boire une bière et jouer aux jeux vidéo, saviez-vous que c’était possible ? C’est le concept du Meltdown, un bar e-sport qui a ouvert en 2016 dans le vieux Tours. A l’intérieur, on joue dans la bonne humeur et avec tout le monde. #EPJTMV

Le Meltdown offre la possibilité aux amateurs de jeux vidéo de pratiquer leur passion en dehors de chez eux.  Photo : Alizée Touami
Le Meltdown offre la possibilité aux amateurs de jeux vidéo de pratiquer leur passion en dehors de chez eux. Photo : Alizée Touami

« La grande majorité des gens qu’on connaît ici, c’est devenu des potes ». Ce soir là, au comptoir du bar Le Meltdown, Alexandre, 32 ans, discute autour d’une bière avec ses deux amis, Max et Léo. La musique rock est forte. Il y a du monde et du bruit dans ce petit endroit sans fenêtre. Kevin, le patron, un grand barbu costaud, sert les cocktails derrière le bar. Le Meltdown ressemble à ces petits bars chaleureux qu’on trouve dans le quartier du Vieux Tours.

La différence, c’est que la clientèle vient principalement pour jouer aux jeux vidéo. C’est le concept du bar e-sport, tendance lancée avec la création de la chaîne Meltdown en 2011. Kevin met à disposition de ses clients des ordinateurs et une console gratuitement. La seule condition pour rester, c’est de consommer. Ils peuvent regarder des streams (retranscription sur écran des compétitions entre des équipes et des joueurs reconnus dans le milieu), participer à des tournois ou simplement jouer pour le plaisir. « Le but c’est de réunir les joueurs qu’ils soient débutants ou confirmés. On partage notre expérience et nos conseils », résume Max.

Kevin est le gérant du seul bar e-sport de Tours. Photo : Alizée Touami
Kevin est le gérant du seul bar e-sport de Tours. Photo : Alizée Touami

Des cocktails à la sauce jeux vidéo

Lucas 18 ans, regarde attentivement ses amis jouer à Fortnite, le nouveau jeu sur PC à la mode, où les humains doivent survivre et sauver la Terre d’une invasion de zombies. Robin, 19 ans rejoint Lucas. « Nous nous connaissons que depuis trois quart d’heure », précise Lucas quand nous lui demandons si Robin fait partie de sa bande de copains. Cette facilité à faire des rencontres, Fabien, arbitre de e-sport, l’explique par le concept du bar : « On est souvent debout, soit avec ceux qui jouent ou avec ceux qui viennent de finir de jouer. »

 La porte est ouverte à tous. « Meltdown signifie fusion en anglais. Ceux qui ont lancé la chaîne voulaient créer un lieu qui rassemblent tous les gamers (adepte des jeux vidéo NDLR), où ils pouvaient venir boire un coup », explique Kevin. « Certains viennent juste pour les cocktails », ajoute-il. Des cocktails préparés à la sauce jeux vidéo. Le « Vortex », le « Dark Vador », le « Revenge » ou le « Reno Jackson » (nom d’une carte dans Hearthstone). Tous apprécient la carte du patron, gamers ou non.

Les cocktails du Meltdown sont appréciés par les clients. Photo : Alizée Touami
Les cocktails du Meltdown sont appréciés par les clients. Photo : Alizée Touami

« C’est l’un des rares bars où tu peux venir seule en étant une fille et ne pas te faire embêter ! »

C’est le cas de Margot, 21 ans, en service civique et l’une des rares filles présentes ce soir. Installée au bar devant son verre, pas question pour elle de s’approcher des ordinateurs et de participer au tournoi. « Je n’y connais pas grand-chose aux jeux vidéo. J’ai essayé de jouer à Hearthstone, mais ce n’est pas mon truc », avoue-t-elle. Ce qui ne l’empêche pas de discuter avec les spécialistes. « Je connaissais Kévin avant qu’il ouvre le bar. Maintenant je connais beaucoup d’habitués ». Elle vient seule au Meltdown mais est sûre d’y retrouver du monde à chaque fois. « C’est l’un des rares bars où tu peux venir seule en étant une fille et ne pas te faire embêter ! », s’exclame-t-elle.

Ce soir-là, elle n’était d’ailleurs pas la seule venue juste prendre un verre. Certains habitués, pourtant gamers, ne jouent pas toujours lorsqu’ils viennent au Meltdown. Florent, 26 ans joueur semi-professionnel sur Hearthstone et classé dans le top 100 des joueurs européens le mois dernier, est juste passé voir ses amis, « et boire des bières ! », précise-t-il en riant. « Quand il y a des soirées Hearthstone je joue, et je gagne, quand c’est League of Legends j’organise les tournois et les autres soirs je bois des bières », glisse-t-il.

Au fond du bar, les gamers peuvent jouer en équipe et participer à des tournois. Photo : Alizée Touami
Au fond du bar, les gamers peuvent jouer en équipe et participer à des tournois. Photo : Alizée Touami

L’ambiance du bar casse le mythe du gamer enfermé dans sa chambre devant son écran toute la journée. Néanmoins, Kévin regrette que ce cliché reste vrai. « Il y aura toujours des mecs hardcore qui jouent de 14h à 10h du matin. Quand tu habites au fin fond de la campagne, c’est plus difficile de sortir », explique-t-il.

Pour Kévin, les gamers qui viennent au Meltdown ne font pas partie de ces « hardcore ». Certains peuvent pourtant lui poser un autre problème : rester trop longtemps sur les jeux sans consommer. Le gérant doit veiller à ce que les joueurs tournent sur les ordinateurs afin que tout le monde en profite. « Je leur explique que s’ils jouent trop longtemps sans consommer je risque de fermer la boutique », admet Kévin.

 Une boutique dans laquelle les filles se font rares. « Il n’y a généralement pas plus de 30% de filles. Seules les soirées à thème les font venir en plus grand nombre. Sur une soirée Harry Potter on aura la parité », constate le gérant. Ce soir-là, il n’y avait effectivement que 4 filles pour environ une vingtaine de garçons. Un ratio qui en dit long sur le profil des joueurs.

Margaux Dussaud et Tiffany Fillon

TOP 4 : les jeux vidéo au ciné

Sega a cédé les droits de Sonic (mais si, le hérisson bleu !) à Paramount. Il y aura donc Sonic, le film, au cinéma. Tmv en profite pour vous reparler de quatre adaptations de jeux vidéo à l’écran. Pour le meilleur et pour le pire.

SUPER MARIO BROS

Ridicule ou médiocre ? On hésite encore. Première adaptation d’un jeu vidéo (ça se voit), Super Mario Bros a été un échec critique total. Un four. Le pire, c’est qu’ils sont trois réalisateurs à avoir pondu cette… « chose ».

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ASSASSIN’S CREED

Un premier acte survitaminé et divertissant, puis… c’est le drame. Entre une narration souffreteuse et une surabondance vomitive d’images de synthèse, Assassin’s Creed version cinématographique n’a finalement que peu d’intérêt.

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STREET FIGHTER

On ne va pas se mentir, Street Fighter est un bon gros nanar. Jean- Claude Van Damme y enchaîne les torgnoles, mais l’ensemble est aussi ringard que grotesque. À regarder à 4 h du mat’, une nuit d’insomnie, en fin de compte.

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RESIDENT EVIL

Difficile d’adapter ce jeu vidéo culte qui a traumatisé toute une génération. Le tout premier Resident Evil remplit pourtant la mission de manière correcte. Crédible, un poil saignant, même si la trouille n’est pas toujours là.
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Dis maman, comment on fait les jeux vidéo ?

Cette semaine, la DreamHack vient investir notre ville pour faire s’affronter les meilleurs joueurs vidéo pour un prix de 100 000 dollars. À l’occasion de ce « Woodstock numérique », tmv a enquêté sur le processus de création d’un jeu vidéo, à Tours.

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Quand on sait que mon expérience en la matière se limite à Tetris et Mario Kart, me faire écrire sur ce sujet peut paraître insensé. Mais j’ai accepté de relever le défi de comprendre — et de vous faire comprendre — comment on crée un jeu vidéo, sans blesser aucun ordinateur durant ce reportage. Alors quand on a une histoire en tête et l’envie de la faire vivre sous forme de jeu, par où commencer ? Que ce soit en professionnel ou pour le fun, que faut-il pour fabriquer un jeu vidéo ? « Beaucoup de pizzas et de vidéos de chats », révèle d’emblée Fabien Vidal, qui chapeaute la Ludum Dare, une compétition au cours de laquelle on tente le challenge de créer un jeu vidéo en 48 heures.

Il faut surtout un ordinateur équipé d’un logiciel d’aide à la création et plusieurs passionnés, car ce ne sont généralement pas les mêmes qui s’occupent de réaliser le scénario, l’univers visuel, les sons et le code. Puis on se met au travail. On commence par écrire le scénario et définir des règles et comportements de jeu. Étape suivante : on imagine le décor, les personnages, les objets avec lesquels ces derniers vont interagir et on commence à coder, c’està- dire créer des lignes de phrases qui vont dire au jeu comment se comporter. Prenons l’exemple de Mario Bros : quand on saute sous une pièce d’or, on la récupère et elle disparaît de l’écran.
Pour le matérialiser, il faut écrire des lignes de codes qui vont décrire ces étapes une à une. On va, en parallèle, créer une librairie avec les différents sons et objets, ainsi que les dialogues, que l’on intégrera aussi dans le jeu grâce au code — encore lui. Une autre étape est essentielle : tester le jeu pour repérer les bugs et les corriger. C’est cette partie qui prend la plupart du temps d’un concepteur. Une ligne de code est une phrase informatique avec un langage très précis, dans lequel chaque caractère est essentiel. Et les fautes qui s’y cachent sont vicieuses. Pour ceux qui manquent de patience, c’est là qu’on pense sérieusement à jeter l’ordinateur par la fenêtre.

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Ces étapes du processus de création passionnent les concepteurs : « On est obligé de ré-imaginer le monde quand on crée un jeu vidéo, c’est fascinant », explique Fabien Vidal. Mais pour rendre la partie intéressante pour le joueur, il faut respecter un équilibre et un rythme qui peuvent être fragiles, rappelle Cécile Thévenin de My Serious Game, une entreprise tourangelle qui crée des jeux pédagogiques à but formatif pour les entreprises. Au fil des différents niveaux, le joueur doit améliorer ses compétences et la difficulté, elle, doit augmenter de manière à éviter l’ennui (si on n’avance pas) et la frustration (si le jeu n’est pas assez gratifiant).
En dehors de ces quelques règles, le champ créatif est aussi large qu’il existe de types de jeux : à Mame, fin avril, la Ludum Dare a réuni des équipes qui produisaient des jeux de société et des jeux vidéo de toutes sortes, la plupart pour le plaisir car le monde pro reste difficile à intégrer.
J’y ai croisé aussi quelques lonesome cowboys. Arthur, qui crée des installations artistiques, travaillait à un jeu assez poétique et délicat dans lequel on avance grâce à des commandes vocales. Quant à Germain, il élaborait un jeu du genre Où est Charlie qu’il aimerait publier dans les stores de smartphones. Une des équipes préparait un jeu de type Murder Party. Au code, Yohann et Cyril ; au graphisme, Antoine et Amandine ; au son, Étienne et Axel. Pour Antoine, qui a déjà travaillé sur un « gros projet » auparavant en tant qu’architecte, ce week-end est l’occasion de « revenir dans la thématique du jeu, tout en appréhendant mieux le processus de création dans son ensemble ». Quant aux bruitages, la partie d’Étienne, c’est « comme au cinéma, il s’agit de mettre l’image en relief avec le son ».

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Autour d’une autre table, Henri, Guillaume, Jérémy et Edwin créaient The Love Game, un jeu un peu fou à base de vaisseau spatial dégradé et de petits animaux agressifs qui se reproduisent un peu trop vite. Pour eux, le principal intérêt de la Ludum Dare est son côté dynamisant : « Participer à cette compétition, c’est stimuler des orientations, des goûts différents, des affinités… En plus on joue à un niveau international, en mode Viking, avec des combats de nerds. Y a de la bouffe partout, c’est dégueulasse, mais tout le monde bosse à fond, c’est super motivant », résume Guillaume.
Il est vrai que pour interroger tous ces concepteurs j’ai risqué gros : ils étaient tous équipés de Nerf (des pistolets à bâtonnets de mousse) et ça volait dans tous les sens. Mais à part ça, ils étaient sévères avec eux-mêmes : si le café coulait à flots, les trente pizzas de la veille avaient disparu et il régnait une chouette ambiance.

Si vous pensiez que cet article n’était pas pour vous, j’espère que vous n’avez pas été trop expéditif — vous êtes sûrement concerné(e), peut-être sans le savoir. Car les jeux vidéo ne se jouent pas que sur console. « Tous les supports électroniques ont été détournés pour accueillir des jeux », rappelle Fabien Vidal. On parle ici des ordinateurs, bien sûr, mais aussi des téléphones, par exemple. Et ça ne date pas d’hier. Rappelez-vous du Serpent et plus récemment, de Candy Crush, qui vous parle peut-être plus que Zelda ou Assassin’s Creed. Car ces deux types de jeux n’attirent pas la même audience.
Selon une enquête IFOP réalisée en 2015 pour le Centre National du Cinéma et de l’image animée, 73,3 % des Français sont joueurs. Et si les hommes et les jeunes sont majoritaires, il faut noter que désormais 56,1 % des femmes et 35,6 % des 50-65 ans jouent. Sans parler des entreprises et des écoles de formation qui utilisent aujourd’hui le jeu comme support de travail. Comme l’indique Cécile Thévenin : « Le monde du jeu vidéo ne connaît pas la crise. »

Par Chloé Château

> Dreamhack de Tours, du 6 au 8 mai, au centre Vinci. Infos sur dreamhack.fr

Next week : l’actu à suivre du 11 au 17 mai

Toute l’actu à ne pas manquer à Tours, aux alentours et partout en France, c’est maintenant !

MERCREDI

PANAMA PAPERS. C’est le 11 mai au matin que Frédéric Oudéa, directeur général de la Société générale, devrait être entendu par la commission des Finances du Sénat, suite aux révélations sur les liens entre la banque et le cabinet panaméen Mossack Fonseca.

CINÉMA. Ouverture du Festival de Cannes ce mercredi 11 mai ! Jusqu’au 22, la Croisette vivra au rythme du ciné, des stars, des paillettes, du champagne et de la coc… non, pardon. Reste que les intermittents menacent déjà de perturber le festival. La CGT spectacle, par la voix d’Eric Aubin (membre du bureau), a annoncé dans les colonnes du Figaro que « rien n’était exclu » et que « la menace autour » du festival de Cannes était « une réalité ».

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VENDREDI

FOOT. La fin du championnat approche ! Le Tours FC affrontera le 13 mai l’ASNL. Les joueurs de Nancy ont beau avoir validé leur montée en Ligue 1, ils auront tout de même les crocs. Attention à ne pas se faire manger tout crû.

SAMEDI

JEUX VIDÉO. À partir du 14 mai, Tours accueillera pour la seconde fois la DreamHack. Les meilleurs joueurs du monde squatteront le Vinci jusqu’au 16 mai pour THE compétition mondiale de jeux vidéo en réseau. Il y aura aussi des concours, des nouveautés de jeux, des nuits blanches à jouer, une ambiance unique, des milliers de gens. La DreamHack de Tours sera séparée en trois zones : la Lan Party, la DH Open et la Dream Expo. Bref, le plus grand festival numérique au monde qui vient dans notre bonne vieille ville, c’est la classe.
> Pass 1 jour : 15 € ; pass 3 jours : 35 € (ou 45 € en VIP). Infos sur dreamhack.fr
> à retrouver dans notre numéro du 11 mai : un dossier spécial sur les gamers tourangeaux !

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LUNDI

TÉLÉVISION. À partir du 16 mai, et jusqu’au 22, France 3 retransmettra les championnats européens de natation, en direct de Londres. Ce qui veut dire – ô malheur que c’est moche la vie – que Plus Belle la vie ne sera plus diffusé à son horaire normal. Bon, que les fans de la place du Mistral se rassurent : le programme sera simplement décalé en prime-time.

MARDI

POLITIQUE. En février dernier, Martine Aubry, maire de Lille, signait une tribune assassine sur François Hollande. Mais no soucy, comme disent les jeunes : un nouveau meeting Hé oh la gauche sera organisé à Lille le 17 mai afin de soutenir le président. Un rassemblement initié par Patrick Kanner et Stéphane Le Foll.

Chroniques culture #45

#EPJTMV Chaque semaine, on vous fait découvrir le meilleur des sorties DVD, CD, BD et jeu vidéo.


LA BD
PINOCCHIO
Pinocchio est un bien mauvais fils qui a envoyé son père en prison et doit maintenant se faire pardonner… Mais le dessin animé policé et sucré made in Disney est bien loin. Chauvel et McBurnie nous invitent à découvrir ou redécouvrir l’histoire du petit pantin en renouant avec l’atmosphère sombre du livre originel de Carlo Collodi. Et ça marche ! Dans un univers aux influences japonisantes, on se plaît à suivre les mésaventures de ce Pinocchio, plus menteur et vicieux que jamais.

LE CD

SONIC HIGHWAYS 
FOO FIGHTERS
Pour la sortie de leur huitième album, les Foo Fighters voulaient rendre hommage au rock américain. Soyons honnête : si l’entreprise est louable, le résultat n’en est pas pour autant très convaincant. Difficile de distinguer les spécificités de la musique de Chicago, de Los Angeles ou de New York. Le début d’écoute, avec notamment le premier titre Something from Nothing, est certes réjouissant. Mais les puristes regretteront un ensemble bien trop timoré et sans grande inspiration.
LE DVD
LUCY
L’histoire était sympathique et prometteuse : une jeune femme ingère une drogue qui permet à son cerveau d’atteindre le seuil des 100 % de capacités intellectuelles. Les acteurs et réalisateurs avaient, eux, tout pour plaire. Mais les belles promesses n’ont pas été tenues. La faute notamment à un scénario trop incohérent et une réalisation décousue. Si, au cinéma, les qualités esthétiques ont compensé ces grosses lacunes, en DVD, l’illusion n’a pas duré. Décevant.
LE JEU VIDÉO
SHOVEL KNIGHT
Prenez une pincée de Castlevania, un zeste de Zelda et un soupçon de Mario, mélangez le tout et vous obtenez Shovel Knight, la nouvelle bombe du Nintendo e-shop. Impossible de ne pas succomber au charme de ce jeu d’action, que l’on croirait sorti de la NES. Il faut compter moins d’une dizaine d’heures pour terminer l’histoire mais ce petit bijou ne manque cependant pas d’atouts. À commencer par la diversité des niveaux et la maniabilité bien pensée. Que demander de plus ?

JEU VIDEO : The Last Of Us (PS3)

Rubrique jeu vidéo : cette semaine, on vous cause de The Last Of Us sur PS3.

L’APOCALYPSE, C’EST MAINTENANT !
Des villes abandonnées, un champignon qui attaque le cerveau et transforme n’importe quel être humain en zombie, une pandémie qui ferait passer la grippe aviaire pour un simple rhume des foins : placé sous le signe de l’action, The Last of Us est un jeu à (très) grand spectacle. Signé Naughty Dog, le studio à l’origine des incontournables Uncharted, ce futur blockbuster vous propose d’accompagner un contrebandier et une adolescente de 14 ans fermement décidés à quitter une zone de quarantaine militaire aux allures de prison. Graphismes impressionnants, prise en main optimale, scénario de haut vol : ce véritable film interactif, qui n’a rien à envier aux mégaproductions américaines, mérite sa place dans la ludothèque idéale.
L. Soon
 
> The last of Us, + 18 ans, PS3, 60 €.
 
JEUVIDEO