La Wild Code School s’installe à Tours

À la rentrée prochaine, une quinzaine d’élèves apprendront à Mame les bases du langage web.
Une formation pour adulte, la Wild Code School, les initie en cinq mois.

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DÉVELOPPEUR WEB, KÉSAKO ?
Coder, c’est créer un site internet et/ou une application et les faire fonctionner. Il s’agit de gérer les liens entre les bases de données et l’interface de l’utilisateur. Ce n’est pas inventer l’habillage d’un site (webdesigner), ni réparer un ordinateur (technicien de maintenance), ou encore animer un site et un réseau social (community manager).
À la Wild Code School, on apprend ainsi les bases de ce métier en cinq mois, à travers l’apprentissage d’un premier langage de programmation. Mais il ne suffit pas de savoir aligner des lignes de code pour être un bon développeur web, il faut aussi savoir travailler en équipe, communiquer avec le client et être capable de restituer son projet à l’oral. Ce métier permet aussi de travailler chez soi ou à l’étranger et comprendre un monde qui nous entoure au quotidien.

LES MAINS DANS LE CAMBOUIS
Devenir développeur web, c’est accepter de mettre les mains dans le cambouis. C’est un vrai métier de passion avec une carrière possible. Un métier pour lequel il faut sans cesse se mettre à la page et, pour cela, « apprendre à apprendre », comme le décrit Lucie Coulon, responsable du développement de l’école Wild Code School.

APPRENDRE À PARLER LA LANGUE DE LA VILLE
Impossible d’apprendre tous les langages de programmation existants en cinq mois. Il y en a plus d’une dizaine. Alors, pour mieux coller aux attentes du marché local sur le web, l’école réalise une enquête auprès des entreprises numériques tourangelles. Par exemple, à Orléans, le langage enseigné est le PHP Symfony, « plus utilisé par les PME, explique Lucie Coulon. À Tours, l’écosystème est différent. Le besoin des entreprises se situerait entre le Java J2EE, plus prisé par les Entreprises de services du numérique (ESN) ou le JavaScript plutôt utilisé par les startups. »

DES EMPLOIS À LA CLÉ
Selon les chiffres de Pôle emploi, entre 8 000 et 9 000 développeurs web sont recherchés par an en France. Mais beaucoup d’offres ne sont pas référencées par le site public et ce chiffre atteindrait, en réalité, entre 10 000 et 40 000 emplois par an. La région Centre souhaite développer les compétences dans le numérique de ses habitants et serait prête à financer des formations en ce sens : 2 000 places au total et 541 en Indre-et-Loire, département le plus soutenu.

UNE DEMANDE À TOURS
À Tours, des entreprises sont déjà intéressées par les élèves qui réaliseraient la formation de développeur web. Parmi elles on peut citer : Umanis (Data, business solutions et digital), C2S (ESN), Citya Immobilier, Group Open (ESN) et des discussions sont en cours avec les jeunes pousses de Mame. Ces dernières ont plus la cote auprès des étudiants sortants que les ESN.

« UNE ÉCOLE QUI SE VEUT DIFFÉRENTE »

INTERVIEW DE LUCIE COULON, RESPONSABLE DU DÉVELOPPEMENT À LA WILD CODE SCHOOL

Qui peut intégrer la formation ?
Aucun diplôme n’est demandé. Il faut juste avoir 18 ans et réussir les tests en ligne. À la Wild Code School, on apprend en faisant et on apprend à être autonome. Il y a des gens en reconversion professionnelle et des jeunes qui sortent du lycée.

Que signifie le « Wild » dans Wild Code School ? UNE_SCHOOL
C’est notre côté décalé. On se veut être une école alternative, un juste milieu entre une formation autodidacte et une école d’ingénieur, où, après cinq ans d’études, on ne veut pas forcément rester développeur web mais chef de projet. « Wild » signifie sauvage, c’est aussi notre rapport à la campagne, où nous avons créé notre première école (La Loupe, en Eure-et-Loir) il y a quatre ans et un clin d’oeil au logo qui est un cerf.

Pourquoi avoir choisi la ville de Tours pour ouvrir cette 14e école ?
La Wild Code School est originaire de la région Centre qui nous a beaucoup soutenus et il y a un écosystème numérique développé à Tours. La présence de Mame a aussi été décisive dans notre intention. C’est le lieu « Totem » de la French Tech Loire Valley. Nous avons ouvert une école à Orléans au Lab’O et nous avons un beau retour d’expérience : 50 % de nos étudiants vont travailler avec les startups de ce lieu. Nous espérons la même chose à Mame et au-delà, il y a à Tours le HQ, l’association Palo Altours… On voit un dynamisme qui s’accélère et on souhaite en faire partie.

Combien d’étudiants y aura-t-il dans la première promotion tourangelle en septembre ?
Ils seront entre quinze et vingt dans les locaux de Mame. Les étudiants suivront cinq mois de cours suivis de quatre mois de stages. Ils pourront à passer à l’issue de leur formation un titre professionnel du ministère du Travail (équivalent bac+2), une épreuve orale.

Combien coûte la formation ?
Elle coûte 6 000 € et est éligible aux aides dédiées aux formations professionnelles telles que le CPF, le CIF pour les salariés ou les aides de Pôle emploi. Nous accompagnons les personnes qui le souhaitent à monter leur dossier de financement.

À Paris, l’école fondée par Xavier Niel, L’école 42, est basée sur l’apprentissage par soi-même et à son rythme dans les locaux de l’établissement. Est-ce le même principe à la Wild Code School ?
On est proche de 42 par certains points. Nous proposons du « peer to peer learning » nous aussi. C’est-à-dire que les étudiants peuvent échanger sur un site et se donner des conseils pour avancer. Il y a aussi des exercices d’e-learning à réaliser en classe, sur notre plateforme « Odyssey » qui ressemble à un jeu vidéo avec des quêtes et des badges à décrocher. En revanche, nous nous distinguons de L’école 42 car nous avons un formateur dans chaque groupe qui a un rôle de coach et d’encadrement des projets. Les étudiants sont également priés de venir la journée, du lundi au vendredi. Ce n’est pas non plus une « école de la survie », dans laquelle on garde seulement les meilleurs, mais plutôt une école de la bienveillance où l’on cherche à emmener tout le monde vers la réussite.

Combien va pouvoir gagner un développeur web ?
Au début de sa carrière, un développeur web « Junior » va gagner entre 28 000 et 32 000 € brut annuel. Après deux ans, entre 32 000 et 41 000 € et après sept ans, entre 41 000 et 64 000 €.

J’ai survécu à l’école de Xavier Niel !

Plonger dans le code informatique 7 jours sur 7, pendant un mois : bienvenue aux sélections de l’École 42, la pouponnière des développeurs de Xavier Niel, alias Mister Free. Une colonie de « vacances » geek racontée par Cédric Renouleau, un Tourangeau qui y a passé un mois complet.

J’ai fait l’école de Monsieur Free, mais j’ai pas tout compris.

Vous l’avez sans doute croisé, dans une autre vie, à l’accueil de la Carterie place Jean-Jaurès. Ou chaque été, en train de servir des bières à la Guinguette. Il s’appelle Cédric Renouleau et comme ses grands yeux bleus et ses longs cheveux soigneusement attachés ne l’indiquent pas, ce jeune homme de 24 ans est apprenti codeur. Pas le genre Néo de Matrix. Non, son cerveau n’est pas relié à un disque dur. Plutôt du genre à avoir fait ses études dans le domaine du commerce, à enchaîner les saisons : l’été à Tours, l’hiver en Suisse.
Et puis un jour, une révélation. « J’étais au chômage, je cherchais une nouvelle orientation professionnelle, j’ai commencé à m’intéresser au développement, à internet, à la programmation et on m’a parlé d’une école gratuite et accessible à tous avec le bac », dit-il. L’École 42. Ça ne vous dit rien ? La fameuse pouponnière de Xavier Niel. Oui, le PDG de Free, symbole de la success story entrepreneuriale à la française, grand gourou de tous les start-upers du numérique. Celui-là même qui a observé et décrété — ou l’inverse — que la France manquait de développeurs. Et s’est donc mis en tête de former les futures stars du code.

TROIS SALLES DE 300 MAC

L’École 42, c’est 3 ans de formation à Paris XVII. Mais avant d’y poser ses neurones, les heureux élus doivent passer une batterie de tests. Durant 26 jours en tout, sans pause. Cédric a sauté dans le grand bain en août dernier. « Ça s’appelle la piscine, car on plonge dans le code 24 heures sur 24. Il y en a qui nagent, d’autres qui se noient, il y en a qui ont juste la tête qui dépasse ». 900 jeunes âgés, grosso modo, de 18 à 30 ans débarquent. Ils sont répartis dans trois salles, les « clusters » où s’alignent 300 Mac. « Le bâtiment est impressionnant de technologie », décrit Cédric.

Les compétiteurs et élèves badgent, une machine salue chacun d’eux par leur prénom et leur demande, au passage, comment ça va. Pour manger ? Le food-truck reçoit les commandes par mail et informe chaque élève lorsque sa pitance est prête. Ambiance geek oblige, les salles de classe sont très branchées Star Wars : la cantine a été baptisée La Cantina, référence au bar de Jabba le Hutt. Côté hôtellerie, c’est un peu spartiate. « Sur place, il y a des douches, des toilettes, de quoi vivre. Moi, j’ai vécu là-bas durant 26 jours sans quasiment jamais sortir, se souvient Cédric. L’école met à disposition deux salles où l’on peut amener son matelas gonflable, ainsi qu’un sac de couchage pour dormir. Au début, les lits étaient collés les uns aux autres tellement il y avait de monde. Mais au bout de deux semaines, on avait beaucoup plus de place, car beaucoup ont abandonné. »

450 ABANDONS

Car il faut tenir le rythme fou de ces phases de sélection. « À 8 h 42, du lundi au vendredi, on reçoit les exercices à faire et on a jusqu’au lendemain 23 h 42 pour les rendre. Tous les vendredis, on passe un examen de 17 h à 21 h qui évalue ce que l’on a appris durant la semaine. Après cela, on doit se lancer dans un projet de groupe de 2 à 4 personnes qui va durer tout le week-end. Il n’y a pas de pause, on ne s’arrête jamais. »
De quoi en décourager plus d’un. Entre le début et la fin des phases de sélection, près de 450 élèves se sont fait la malle. « On t’impose un rythme énorme et une pression difficile à supporter, raconte Cédric. On n’a pas de prof, pas d’horaires, on travaille tout seul ou avec d’autres élèves. On n’a pas l’habitude de cela dans le système scolaire traditionnel. » L’apprenti codeur se dit pourtant prêt à retenter l’aventure si l’occasion lui en est donnée.

Car las, Cédric a reçu un mail du BDP (pour bureau des pleurs), lui signifiant que son nom ne faisait pas partie de la short list des grands gagnants. « C’est une super expérience, on vit un truc exceptionnel dans une bonne ambiance, c’est comme une grosse colonie de vacances. Et puis, c’est une méthode de travail qui me convient. J’ai appris 10 fois plus que n’importe où ailleurs. En un mois, j’ai carrément appris à programmer ! »

Portrait par Flore Mabilleau

Mini-geek et code informatique

Ils ont entre 6 et 14 ans, mais maîtrisent déjà le code informatique à la cantine numérique.

Mini-geek
Coder quand on est jeune, c’est possible.

En cette fin octobre, le soleil brille. Pourtant, Nicolas, un trentenaire, et Pierrick, son fils âgé de 12 ans, sont bien pressés de s’enfermer dans les locaux de la Cantine numérique, dans le quartier du Sanitas. Ils vivent leur premier coding goûter : des ateliers gratuits pour se familiariser, de manière ludique, à l’univers du code.

Nicolas est informaticien. Il a entendu parler de ces séances par des collègues. Elles sont organisées une fois par mois le samedi après-midi par Palo Altours, une association chargée de promouvoir le numérique. Il a décidé d’y emmener son fils qui ne jure que par les ordinateurs à la maison. Dans une grande salle lumineuse, une cinquantaine de mini-geeks âgés de 6 à 14 ans sont déjà installés devant des PC.
La séance démarre par quelques mots d’accueil de Jean-Lou Lebars, le coordinateur. Il présente aux participants un logiciel adapté, qui a comme héros une mascotte baptisée Scratch. Durant deux heures, aidés par leurs parents, les enfants vont tenter de créer un petit programme informatique. Pierrick, le casque sur les oreilles, semble se débrouiller : il vient de donner vie à un personnage, un plongeur qui doit échapper à un requin. Une animation qu’il est fier de montrer à son papa. « C’est notre moment à nous », explique Nicolas.
Les coding goûters ont également un véritable but pédagogique. « Ce n’est pas vraiment un cours d’informatique. Cela permet plutôt aux enfants de développer leur imaginaire et leurs réflexes logiques », indique Jean-Lou.

>>Plus d’informations sur paloaltours.org