Roman Rouzine, guitar hero

À 29 ans, le Tourangeau Roman Rouzine, prof de guitare à Tous en scène et compositeur, manie la six-cordes comme un virtuose. Son prochain album se veut encore plus ambitieux. Rencontre avec un passionné.

Roman Rouzine (Photo crédit Clément Lebraud)
Roman Rouzine (Photo crédit Clément Lebraud)

« En ce moment, effectivement… c’est le rush ! » Roman Rouzine est dans le jus. En ce jour d’interview, le studio l’attend juste après.

C’est que son futur bébé, le bien nommé « Humans », est en pleine gestation : c’est son second album et il doit atterrir dans les bacs en mars 2019. Un deuxième disque sur lequel ce guitariste franco-ukrainien se dit « plus libre ». Bien différent du premier, paru en 2014 : « On ne me connaissait pas, je devais faire mes preuves. Maintenant, je me fiche qu’on me dise que je joue bien, je veux surtout provoquer des émotions. »

Il faut dire que Roman n’est pas un manche à la guitare… C’est un virtuose, même si, modeste, il ne semble pas être très friand du terme. Son jeu donne le vertige. De la musique instrumentale, certes, mais sa guitare est lyrique, composée comme un chant. Maîtrise et aisance. Le musicien a rapidement progressé, alors qu’il n’a débuté qu’à 17 ans.
La guitare classique, sur laquelle il commence, ne lui plaît guère. La méthode conservatoire ? Pas son truc. « J’étais plus AC DC et Led Zep’ ! », raconte-t-il. Alors avec un ampli, c’est tout de suite mieux ! Il continue ses cours guitare électrique en main.

Musique cinématographique

Puis tout va vite : il intervient dans le prestigieux magazine Guitar Part à 21 ans seulement. Le monde de la six-cordes le remarque. Les sponsors français aussi. Et même une marque internationale : Ibanez l’accepte comme l’un des ambassadeurs et « l’endorse ». Des « grattes » idéales pour y plaquer son style. « J’ai une base metal, surtout sa branche symphonique. Et la musique classique me fascine. Aujourd’hui, je pratique un mélange d’influences classiques comme le violoniste David Garrett, du rock et du metal comme Adagio ou Patrick Rondat qui m’a beaucoup appris, mais également des compositeurs de films, avec Hans Zimmer par exemple. »

Ce côté cinématographique, on le retrouvera dans le prochain album de Roman. « Il comporte une ambiance blockbuster américain, c’est plus chaleureux », se réjouit-il. Rendu possible grâce à une campagne de crowdfunding (l’artiste a collecté 3 325 € !), ce disque « raconte des choses de ma vie. Il y a aussi une réflexion autour de l’Ukraine, mon pays natal. Cette musique sera plus intense, tout en restant sophistiquée ».

Moins de fougue dans la guitare, mais une exigence et un niveau toujours élevés. Alors la question nous taraude. Titiller Roman en lui demandant ce qui est le plus important : la technique… ou le groove ?
« Rien ne prévaut. L’important, c’est l’intention de jeu, pourquoi on joue de cet instrument à ce moment : là, on transmet des émotions. Le groove et le feeling le font, mais si on ne travaille pas sa technique, on raconte mal », explicite Roman. « En fait, c’est comme écrire un bouquin qui aura beau être le plus génial du monde, si tu es nul en grammaire et en orthographe, on ne te comprendra pas. »

> romanrouzine.com et facebook.com/romanrouzine

Jekyll Wood : 1er album pour l’homme-orchestre tourangeau

Il est un groupe à lui tout seul, un homme orchestre « new generation ». Le Tourangeau Jekyll Wood sortira enfin, le 27 avril, son premier album tant attendu. Rencontre avec un musicien multifonctions.

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Cela fait un bout de temps que vous existez sur la scène tourangelle. Comment votre aventure dans la musique a débuté ?
Tout a commencé en 2012. Au début du projet Jekyll Wood, je ne connaissais pas grand monde sur Tours (il est arrivé à Tours il y a 8 ans – NDLR). Mais je voulais à tout prix être sur scène. Je me suis donc entouré d’une loop station, un appareil permettant d’enregistrer des boucles musicales et donner l’impression d’être plusieurs musiciens. En 2-3 mois, j’avais réalisé un set complet. Puis j’ai été aidé par le Coup de boost de Tous en scène, le coup de coeur de Terres du Son, la rencontre avec Nico, mon ingénieur du son. J’ai ainsi pu enregistrer un EP et monter mon label Time is out pour être indépendant.

Comment expliquer votre succès ?
Parce que je suis extrêmement sympathique ! (rires) Non plus sérieusement, il y a plusieurs paramètres : le fait de jouer en solo, ma loop station, le côté performance… Ma musique est assez pop et « easy-listening ». En plus de ça, j’ai fait beaucoup de concerts. Plus de 200…

Le côté débrouille et homme orchestre, ça vient d’où ? De l’enfance ?
Oui, je pense. Je suis enfant unique. Gamin, je faisais beaucoup de choses tout seul. J’étais fan de Mc Gyver, je construisais des trucs. Quand je compose maintenant, je fais ça dans mon coin. Il y a beaucoup de mon enfance dans tout ça. J’ai commencé la guitare grâce à mon père. À 4 ans, j’étais déjà sur scène avec lui. Il aura fallu 5 ans pour accoucher de ce premier album, Who you are.

Pourquoi tant de temps ?
Le temps de me trouver… Je suis perfectionniste et Nico également, alors bon… (rires) Qui plus est, j’ai joué en trio il y a 2-3 ans, c’était une période floue suite à quoi je me suis recentré sur le solo. Je travaille aussi à mi-temps à côté et l’enregistrement a duré un an. Ça a donc été long.

Pour vous aider dans tout ça et cet album, vous avez lancé une campagne Ulule qui a cartonné puisque sur les 3 000 € demandés, vous en avez récolté plus de 5 000 à cette heure (l’interview a été réalisée le 10 avril-NDLR). Une surprise ?
On espérait atteindre l’objectif bien sûr, mais c’est allé tellement vite ! (sourires) Ça nous a motivés pour la suite et ça va aider pour la fabrication, la diffusion… Espérons que ça continue, il nous reste quelques jours !

Comment décririez-vous ce disque ? UNE_JEKYLL 2
Je voulais quelque chose de dynamique, de rock, pop, moderne mais éclectique. Je… Rah, je ne sais pas, en fait c’est dur ! (rires) Il y a des sonorités vintage, c’est parfois pêchu, parfois posé. Mais la base, c’est pop-rock-électro. Je m’inspire de mes propres réflexions, des Red Hot Chili Peppers, Muse, Hocus Pocus, de la folk, je transforme tout pour en faire du Jekyll Wood !

J’y ai perçu un esprit blues. Ce n’est pas perceptible musicalement, mais plutôt dans le feeling…
(enthousiaste) Mais carrément ! C’est une musique qui m’a tellement influencé, ça m’a bercé toute ma jeunesse ! Oh la la, les Blues Brothers, par exemple… Ce n’est effectivement pas perceptible, mais l’esprit est là.

On parlait de groupes tout à l’heure… Justement, les sonorités anglo-saxonnes de cet album sont vraiment réussies, tant musicalement qu’au niveau des paroles : vous avez un bon accent anglais. Ce qui n’est pas toujours le cas avec les artistes français…
Alors ça, c’est drôle, car une amie d’amie a dit hier que mon accent était vraiment limite ! (rires) Bon, ça concernait un vieux morceau, pas le nouvel album. Bref… j’ai beaucoup écouté de musique anglo-saxonne, oui. Encore aujourd’hui, je ne fais quasiment que ça, j’y suis sensible. Alors je travaille continuellement dessus. Dans la musique, l’accent anglais passe plus facilement. Mais un jour, j’aimerais composer quelque chose en français. C’est une jolie langue et je pourrais mettre en avant les paroles.

Votre plaisir musical du moment, c’est quoi ?
J’écoute beaucoup de choses. Question difficile… Je dirais Local Natives. C’est assez pop indé, j’aime beaucoup. J’adore General Elektriks, je m’en veux de les avoir loupés au Temps Machine il y a peu ! Du côté de la scène tourangelle, il y a deux groupes que j’aime particulièrement : LVOE et Thé Vanille. J’aimerais les voir en concert.

Il y a l’album, certes… Mais l’actu au niveau des concerts, c’est quoi ?
Il y aura notamment une date locale au Temps Machine, le 1er juin, ce qui va être génial. Il y aura aussi un passage au Printemps de Bourges le 27 avril, un showcase le 18 mai au Cultura de Tours…

Vous avez réécouté l’album depuis son enregistrement ou maintenant, c’est : on le met de côté et repos ?
Alors je ne l’ai pas réécouté depuis le mastering, il y a un mois ! Et puis depuis peu… eh bien, j’ai le CD promo dans ma voiture. Et il me plaît plutôt pas mal ! (rires).

Propos recueillis par Aurélien Germain

CHRONIQUE

PAUSE_ECRANS_CDJEKYLL WOOD – WHO YOU ARE
Il aura fallu patienter cinq longues années pour goûter enfin à ce premier album de Jekyll Wood. Connu pour ses prestations scéniques béton (alors que monsieur est seul sur les planches), le Tourangeau propose ici 12 titres qu’il a écrits, composés et interprétés seul. Très musical dans ses arrangements (beat box, clavier, harmonica, guitares et un gros travail sur les voix) et accessible, Who You Are mélange ses accents rock et électro à une dose de pop et de folk.

Quant aux couches de guitare, instrument de prédilection de Jekyll Wood, elles alternent savamment entre les rythmiques dansantes et sautillantes (l’excellent « Dance Again ») et les instants plus doux, conférant parfois à l’ensemble un côté mélancolique intéressant.

> Sortie le 27 avril.

A.G.

TOP 4 : Joe Strummer & The Clash

Le 8 avril, le premier album du groupe mythique The Clash fêtera ses 40 ans. Sorti en 77, époque bénie des punks, il a fait des Anglais des musiciens emblématiques. Retour en 4 anecdotes sur son guitariste Joe Strummer.

GUITARE ADORÉE

Indissociable de sa guitare Fender Telecaster 66, Joe Strummer avait acheté son instrument en 1975 pour 120 livres. Malgré la tonne de propositions pour des grattes neuves, il a préféré celle-ci jusqu’au bout. Trop keupon.

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OUF LE SURNOM

Né John Graham Mellor en Turquie, le musicien a finalement opté pour un son surnom : Joe Strummer, soit Joe le gratteux. Bien plus classe que le nom de scène qu’il a failli choisir, Johnny Caramello. Oui, forcément, ça en jette moins…
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OH, LE FOU !

Joe Strummer a été arrêté plusieurs fois. Notamment pour avoir fracassé sa guitare sur la tête d’un spectateur. Mais aussi pour ivresse sur la voie publique et avoir volé des taies d’oreiller et une clé dans un hôtel. Moins rock’n’roll.
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CLASH CACHE

Après la dissolution du groupe et la traversée du désert, Joe Strummer s’exile en Espagne (qu’il adore), squatter incognito les bars. En 2013, une pétition de fans fera plier le maire de Grenade : une place à son nom y est inaugurée.
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Culture, tendances & web #30

Dernières chroniques culture et web avant les vacances ! On parle tour à tour de Scarecrow, d’un papa bien rigolo, de la guitare de Prince ou encore des rééditions Blu-ray des Dents de la mer 2, 3 et 4 !

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SCARECROW – THE LAST
Les mélanges de styles, beaucoup s’y sont cassés les dents. Scarecrow n’est pas de ceux-là. Les Toulousains, qui ont récemment multiplié les dates outre-Atlantique, arrivent avec brio à faire copuler blues et hip-hop, dans une orgie de slide-guitares, de samples, de phrasés rappés. Avec ce nouveau disque, Scarecrow accouche d’un concept album sans changer de formule. La fusion de constructions sonores hybrides est toujours aussi habile. Le travail sur les ambiances, lui, est remarquable (certaines chansons se poseraient parfaitement sur la bande-son d’un Tarantino). Surprenant, nourri de paroles intelligentes, groovy et innovant, ce The Last finit d’assoir la formidable réputation d’un groupe qui est définitivement à suivre.
A.G.

INSTAGRAM
SELFIE DAD SUPERSTAR
En une semaine, ce papa a fait le tour des médias. Chris Burr Martin en avait assez que sa fille poste des selfies sur Instagram. Au lieu de la punir, il a préféré lui « piquer la honte » en publiant, à son tour, des photos parodiques dans lesquelles il imite, au détail près, sa fille : tatouage, bouche en cul de poule, habits, maquillage… Tout y passe. Et c’est génial.
> instagram.com/therealburrmartin
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FACEBOOK
CAMOUFLET POUR LES MÉDIAS
Hourra pour les photos de bébés qui font leur première crotte et les photos de vos jambes façon Knacki à la plage. Facebook a décidé de modifier son algorithme de classement de contenus : ainsi, il mettra davantage en valeur ce que publient vos amis proches ou votre famille dans votre fil d’actualité. Au détriment, donc, des contenus postés par les sites d’actualité ou des personnalités. Facebook a déjà prévenu les médias que le trafic de leur page risquerait de décliner.

LA BD PAUSE_ECRANS_BD
L’HERBIER SAUVAGE
Avec ce livre socio-érotique illustré par Chloé Cruchaudet, Fabien Vehlmann nous donne à lire des témoignages, expériences ou souvenirs d’hommes et de femmes qui se livrent et se racontent sans inhibition. Dans une veine naturaliste, il effeuille sans voyeurisme ni jugement et donne à lire un ovni livresque à ne pas mettre dans toute les mains. Jamais une expérience de cette sorte n’avait été tentée et le résultat est bluffant. Entre littérature et sociologie, ces chemins buissonniers sont une photographie sensible et lumineuse des sentiments humains.
Hervé Bourit

PAUSE_ECRANS_DVDLE DVD
LES DENTS DE LA MER 2/3/4
Jusqu’à maintenant, la saga culte des Dents de la mer n’avait vu que son premier film faire l’objet d’une édition Blu-ray chez Universal. L’éditeur a donc décidé de faire subir le même sort – et c’est tant mieux – aux épisodes 2, 3 et 4. Le choix du fan se portera en premier lieu sur Les Dents de la Mer 2, le seul bénéficiant d’une partie bonus : scènes coupées, making-of et documentaires (portrait de l’acteur Keith Gordon ou encore zoom sur le compositeur mythique John Williams), storyboards et bandes-annonces. Les autres éditions (volumes 3 et 4) restent maigrelettes avec, certes, une piste DTS-HD Master Audio 2.0 pour dézinguer quelques oreilles, mais zéro supplément. Dommage, d’autant que ces deux films ne sont pas les plus inoubliables qu’ait porté la saga…
A. G.

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Xavier Stubbe, chanteur pour enfants… et plus grands

Portrait de Xavier Stubbe, le chanteur chouchou des petits et des grands.

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Quelques minutes suffisent lorsqu’on rencontre Xavier Stubbe pour comprendre que ce grand enfant de 44 ans croque la vie à pleines dents. Ce passionné de piano, titulaire d’un diplôme universitaire de musicien intervenant, roule sa bosse depuis presque une vingtaine d’années, dans les festivals de musique enfantine. Apprécié pour son univers drôle et poétique, l’auteur compositeur interprète a une nouvelle fois concocté un délicieux album pour faire grandir nos enfants. Car oui, c’est un peu sa mission à Xavier : leur dire la vérité et leur parler de la vie avec un grand V.

Dans ses chansons, ce doux rêveur à la fibre écolo et engagée aborde tous les thèmes, sans tabou. « Ma mission est de nourrir leur imagination, le tout avec une grande sincérité, et beaucoup de générosité car on ne peut pas tricher avec les bambins », confie-t-il. Une habitude qui se vérifie une nouvelle fois dans La Vie super chouette, son cinquième album. Avec des chansons comme Le ver de terre (que l’on torture pour voir ce qu’il y a dedans), Mon chat, Mamy’ Zheimer (qui perd la tête) ou encore La petite souris (qui laisse 50 euros si on perd deux dents !)… De quoi faire rire les parents présents lors de ses spectacles : « J’essaye d’instaurer avec eux une complicité grâce au second degré. Mes chansons ont une double lecture », précise Xavier. « Pour moi, c’est important que les parents et les enfants puissent échanger sur les sujets abordés lors de mes concerts. » Nous, on l’aime bien ce Xavier…

Reportage au Hellfest : côté ambiance !

Le Hellfest, c’est quoi ? Un festival metal démentiel, 152 000 personnes sur trois jours, une demande en mariage, de la bière, des gens déguisés en lapin et des tonnes de décibels. Tmv y était et vous raconte l’ambiance, avec galerie photos en prime.  

L'arbre Hellfest (Photo tmv - Aurélien Germain)
L’arbre Hellfest (Photo tmv – Aurélien Germain)

Samedi 21 juin, tôt. Très tôt. Trop tôt. Chaussures parées à être martyrisées : OK. Tee-shirt de groupe : OK. Échauffement de la voix : OK. Foie prêt à encaisser : OK. La liste était remplie, j’étais donc préparé à assister de nouveau à ce Hellfest, cuvée 2014. L’affiche la plus monstrueuse que ce festival (400 personnes à ses débuts !) ait proposé.
Car cette année, le Hellfest a vu grand, très grand. Au total, près de 152 000 festivaliers ont foulé le sol de Clisson, pour assister à plus de 160 concerts (le compte-rendu peut se lire ICI).

Balavoine, caddie et guitare géante

 Clisson, justement. Petite ville de 6 600 habitants, en Loire-Atlantique, qui vit au son du metal et du hard rock pendant trois jours. En arrivant près de la gare, direction la navette qui emmène au site contre deux petits euros. Au volant, Josiane, la cinquantaine, sourire aux lèvres (oui au fait, désolé, les Clissonnais sont ravis d’accueillir autant de festivaliers. Un bonheur pour les commerçants) Du Balavoine en fond sonore, ça calme.  « Oula, mais tu t’es fait quoi à la main ? », lance-t-elle à l’un des passagers, avec son plâtre improvisé. « Euh, accident de caddie ! » Éclat de rires général.
(Oui, précision : le festivalier du Hellfest aime organiser des combats en caddie. Toi-même, instruis-toi en regardant ICI)

En roulant vers le site, on zieute les tee-shirts de tout le monde. Signe de ralliement et de reconnaissance ultime, un point c’est tout. Des dizaines de festivaliers descendent faire leurs courses (= bière, bière, saucisson, bière, chips, bière, eau… et bière). Ça crie, ça chante, ça sourit. Le pied. Arrivé au rond-point d’entrée du festival, une immense guitare de 10 m de haut trône fièrement. Réalisée par l’artiste bordelais Jean-François Buisson, elle a été offerte à Clisson par le Hellfest !  Tout de suite, on est happé par une ambiance de folie. Les décibels sont portées par le vent, des milliers de gens déambulent, font des coucous aux policiers (aucun incident en neuf ans, alors ils sont plutôt tout sourire !), beuglent, mais sont heureux.

Une mini-ville

Que ce soit pour le néophyte ou l’expert du festival, une chose est claire : le Hellfest impressionne. Surtout cette année. Imaginez la bête : un quartier grandeur nature a été installé. Calqué sur celui de Camden, à Londres, on y trouve des stands de prévention, de tatouage, de vente de Doc Martens…
Au milieu, un rond-point avec une énorme tête de mort blanche, qui jouxte l’Extrem Market. Un gigantesque marché, où les métalleux achètent tee-shirts, casquettes, tasses aux couleurs de Black Sabbath et autres…  Pour le reste, vous n’avez qu’à imaginer le Disneyland pour metalleux… Une grande roue, des bars, une petite forêt, des vignerons qui font goûter leur Muscadet (chaque année, ces derniers vendent environ 5 000 litres au Hellfest), un espace VIP/Presse, six scènes, des stands de nourriture ou de pros du secteur…

« Personne ne t’insulte »

La veille, quelqu’un a demandé sa copine en mariage en plein festival (elle a dit oui, ouf). Ce samedi, c’est la folie partout. L’ambiance est mortelle (hé hé), tout le monde a le sourire vissé aux lèvres (dommage pour le cliché), certains sont déguisés (on a repéré un lapin, deux Elvis, un en string Borat, des pirates, des vikings, un déguisé en pénis géant, un autre avec un tee-shirt Céline Dion ou encore un Mario Bros…).
Sous un soleil de plomb (on tape déjà les 28° à l’ombre), beaucoup de festivaliers naviguent torse-nu ou en soutien-gorge. On a croisé une femme nue, mais notre décence nous interdit d’en parler ! Il n’empêche qu’ici, « les filles ne sont jamais embêtées. Tu peux te balader en mini-jupe, ou en soutif, personne ne te juge, ne t’insulte, et te poursuit pour avoir ton numéro », raconte Julie, 29 ans. Oui parce qu’en plus, sachez, braves gens, que la gente féminine a explosé ses effectifs dans le metal. La preuve au Hellfest, ELLES sont partout ! On tord le cou au fameux « metal = musique pour hommes ».

L’attente tranquille

Bon au fait, sachez aussi qu’au Hellfest, on attend. On attend pour tout. Pour aller aux toilettes, prendre des jetons, acheter à boire, se laver, aller au camping, prendre une bière, une deuxième bière, on attend en attendant l’attente d’attendre.  Heureusement, tout ça passe plutôt bien grâce aux 2 700 bénévoles d’une gentillesse inouïe. Impossible de ne pas saluer leur boulot monstre. Dans le lot, 1 250 ont été recrutés par Animaje, contribuant à financer le départ en vacances de 460 jeunes de la vallée de Clisson. Classe.
Au milieu de tout ça, il y avait aussi plus de 500 journalistes, venus du monde entier, de tous les supports. On a même croisé Maxime Musqua venu réaliser un défi pour le Petit Journal (à visionner ici). Déguisé en hippie, il a déambulé au Hellfest en quémandant câlins et bisous (tout le monde lui a rendu !), puis a profité d’un concert pour faire un slam dans la foule
on peut le voir venant de la gauche juste là :
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Venus de partout

D’ailleurs, en parlant de monde entier, près de 35 % des festivaliers ici sont étrangers. Djihnbah, par exemple. Ce jeune de 19 ans est venu du Bengladesh (« ça fait longtemps que j’économise ! », sourit-il). On ne sait pas pourquoi, mais il a un skate accroché dans le dos. Il a visiblement forcé sur le houblon, mais on l’aime bien. Surtout quand il s’excuse et part en courant comme un dératé, parce que son groupe fétiche a commencé. Idem pour d’autres personnes croisées, débarquant tout droit du Mexique, du Laos, ou encore de l’Australie et du Liban !

Un million de litres de bière

Alors avec tout ce monde, ça en fait de la bière qui file direct dans les gosiers (dimanche, il a fait 32°, la voilà notre bonne excuse). Et ça tombe bien, Kronenbourg, fidèle au festival, avait prévu un million de litres pour les trois jours ! En revanche, cette année, Christine Boutin n’a pas voulu polémiquer avec la marque de la bière. En 2010, elle avait écrit un courrier au Président de Kronenbourg pour lui demander de « cesser ce festival qui promeut et véhicule la culture de la mort ». Bizarrement, avec plus de 3 millions de demis servis, la lettre est restée sur un coin de bureau…

Peace and rock ‘n’ roll

Bah oui, c’est comme ça, le Hellfest. Certains veulent interdire un festival « satanique », « anti-chrétien » ou encore « dangereux pour la jeunesse » (à lire l’article de Konbini ICI) … Sauf que ça ne fonctionne pas et que l’ambiance est toujours aussi bonne. D’ailleurs, c’est drôle : tout le monde est ami avec tout le monde pendant ces trois jours. On ne se connaît pas, mais on s’aime. On ne va pas dire que ça fait hippie (un coup de casque de viking est vite arrivé), mais c’est du peace & love, façon rock ‘n’ roll. Les fleurs sont remplacées par des pintes ; les danses baba-cool sont remplacées par des wall of death. Un wall of quoi ? Mais si, ça :
[youtube width= »400″ height= »250″]http://www.youtube.com/watch?v=73d8pMnMbKg[/youtube]

Le camping de l’Enfer !

Avec tout ça, niveau ambiance, on a oublié le camping. Le camping Hellfest, c’est un peu compliqué. Tu es tout fier avec ta tente Q… (chut, pas de marque pour cette-tente-qui-se-déplie-en-quelques-secondes). Sauf qu’il n’y a que ça à perte de vue. C’est comme si tu disais « rejoins-moi, je suis à côté d’un type en noir avec des cheveux longs et j’ai une bière dans la main ».
Ne compte pas dormir non plus, ça ne sert à rien. Pourtant on a essayé en se couchant vers 3 h du matin. Dur, dur, car la tradition ici, ce sont les festivaliers qui hurlent « à poiiiil » ou « apérooooo » toutes les deux minutes (et forcément, tout le camping doit crier en retour).  Alors on a pu fermer l’œil de 7 h à 7 h 30, au moins. Pas mal. Le réveil s’est fait par un rôt tonitruant, venu tout droit du fin fond des entrailles. Enfin, surtout de la tente à côté, où dormaient des Russes à l’odeur de vodka.
Mais bizarrement, le réveil s’est fait avec le sourire. Avant de retourner dans la chaleur des concerts. Chaleur météo, mais aussi humaine. Retrouver tout ce beau monde et s’éclater. Laisser ses soucis de côté, écrabouillés par les musiques pachydermiques qui ont secoué Clisson. Donc forcément, on est obligé de dire à l’année prochaine.

(Merci au Hellfest, à Roger, Ben Barbaud, et aux bénévoles)   

Aurélien Germain

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Notre galerie photos 
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Marie Cherrier, Miss Billie

Après cinq ans de silence, la belle Marie nous revient sous les traits de Billie et une tournée qui commence le 15 juin chez elle, à Blois. Interview

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C’est qui, d’abord, cette Billie ?
Billie, c’est une attitude, plus qu’un personnage. On peut tous être sauvages, amoureux et audacieux. Mais la société nous bride souvent. Alors Billie, c’est ça. C’est ce côté aventureux et libre que nous avons tous en nous mais que nous n’osons pas laisser s’exprimer. Bien sûr, si on était tous tout le temps comme ça, ce serait compliqué de vivre ensemble, mais bon, c’est juste pour ne pas l’oublier, cette attitude fière et sauvage qui dort en nous.
Qu’est-ce que vous avez fait pendant ces quelques années où on ne vous a pas trop vue ?
Eh bien, j’ai regardé autour de moi. J’ai pris du recul. Vous savez, je sortais de cinq ans de folie. Deux albums qui se sont enchaînés, des concerts un peu partout en France et à l’international… J’étais sûrement arrivée au bout de quelque chose. Alors, j’ai pris le temps de découvrir un autre monde musical, de construire autre chose.
Et cela a commencé par la rencontre avec Mickael Désir, le batteur de Kéziah Jones et d’Ayo…
Oui, il m’a proposé de travailler avec lui. Lui incarne la musique pop et variété et moi, j’ai un univers très chanson française. Du coup, ça a donné un beau son pop/rock aux morceaux que nous avons cocomposés.
Et sur scène, ça va donner quoi ?
Eh bien, ce sera le Billie-Show ! Nous serons quatre sur scène avec les tenues qui vont avec les chansons. C’est l’album, qui est quand même un peu un album-concept (même si je n’aime pas trop ça), qui impose ce côté spectacle. Mais il y aura aussi des moments plus intimes, pianovoix ou guitare-voix. Et je chanterai aussi les anciennes chansons, Les Baleines, Le temps des noyaux… On ne devrait pas s’ennuyer !
C’est devenu vraiment très compliqué de faire un album aujourd’hui et encore plus de le vendre. Comment vivez-vous cette situation ?
C’est très difficile, bien sûr… Mais je crois que cela nous impose d’être encore plus pointus et pertinents dans l’écriture. Il faut être acteur, dire les choses. Les grands médias ne jouent plus leur rôle, les émissions disparaissent. Alors, pour exister et se faire entendre, il nous faut créer notre propre antenne, sur internet. C’est un créneau de libre expression qui est devenu indispensable aujourd’hui.
Propos recueillis par Matthieu Pays


EN LIVE
Marie Cherrier sera en showcase à l’Espace culturel du Auchan de Saint-Cyr-sur- Loire, le vendredi 14 juin, à 18 h. Pour une version acoustique de son album. Le lendemain, nous la retrouverons au Chato’do (Blois), à 20 h, pour la première de sa nouvelle tournée. Résa au 02 54 45 50 00. Le 21 juin, à Orléans, place de la République, dans le cadre de la Fête de la musique.
EN CD
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Billie est dans les bacs et un peu partout depuis le 27 mai. Autant dire qu’il est tout frais.
EN ÉCOUTE
Ni vue ni connue (2004) Le premier album de la jeune blésoise décroche 3 clés Télérama. On dira ce qu’on veut, c’est quand même un signe. Nous avions adoré cette fraîche insolence, aux mélodies simples, certes, mais limpides, juste portées par sa guitare, quelques arrangements et un coeur gros comme ça. Ça faisait frais dans les oreilles !
Alors quoi ? (2007) Il serait injuste de résumer ce deuxième album au coup de pied au c.. (mérité et admiratif) que la jeunette y envoie à Mister Renaud. Arrêtons-nous plutôt sur ce Temps des noyaux, ode Prévertienne qui, une fois calée dans l’occiput, s’entête à ne plus en sortir…