Financer son logement autrement

Aller voir son banquier, contracter un prêt pendant plus de 20 ans, ce n’est pas votre tasse de thé ? Des alternatives existent, plus collaboratives.

TONTINE OR NOR TONTINE ?

Au lieu de demander une avance à ta tante, participe à une Tontine. Ce système de prêt entre particulier est aussi appelé « contrat de prêt » et doit son nom à un banquier italien du XVIIe siècle, Lorenzon Tonti. Le pacte tontinier peut être réalisé au sein d’un cercle familial, amical, de travail ou avec des inconnus. Chacun des épargnants injecte dans l’association une somme définie, pendant une durée déterminée entre 10 et 25 ans. Soit l’argent de la cagnotte est versé en totalité à chaque membre en une fois par an, jusqu’à ce que tout le monde ait reçu sa part ; soit le pot se remplit pendant des années, investi selon un accord commun, avant d’être finalement distribué à tous, avec les bénéfices générés en prime.

UN HABITAT COLLABORATIF

Cette pratique scandinave est assez nouvelle en France. Il s’agit d’acheter à plusieurs un terrain, se mettre d’accord pour concevoir un bâtiment, le financer à plusieurs, pour finalement y vivre ensemble. Les retraités et les jeunes ménages peuvent être séduits par cette colocation dont vous êtes le propriétaire. Aussi appelé habitat participatif, il permet un mode de vie alternatif. Par exemple, de mutualiser les chambres d’amis ou le jardin, de réaliser des économies d’énergie et de favoriser les parties de Mölkky entre voisins le soir, après le travail. La loi Alur a encadré cette pratique en mettant en place une forme juridique de coopérative d’habitants ou de société d’attribution et d’autopromotion.

dthdtydrgt

LE CROWDFUNDING POUR INVESTIR

Acheter une maison ou un appartement peut aussi servir à investir. C’est plus rentable que de miser sur un cheval de course nain notamment. Et les plateformes de financement en ligne, le « crowdfunding » pour les bilingues, s’y sont mises. Certains sites proposent par exemple d’acheter une partie d’un terrain à construire, en complétant à plusieurs la part du promoteur. Une fois la maison sortie de terre, ce dernier rembourse les investisseurs à hauteur d’un pourcentage convenu. On peut aussi investir dans de l’ancien et gagner un pourcentage sur le loyer. Il est possible dans ce cas de devenir un jour propriétaire en rachetant les parts des autres. Autre exemple, devenir propriétaire pour une durée limitée.

SCI, UNE AFFAIRE DE FAMILLE

La société civile immobilière ou SCI est par définition un groupement de personnes qui s’unissent pour acquérir un bien immobilier afin d’en tirer profit, en acquérant un immeuble destiné à la location, ou pour le partager en famille. Il est avantageux de constituer une SCI si l’on veut gérer la maison parentale entre descendants par exemple. Ici, en cas de conflit, chacun peut céder sa part à tout moment, sans avoir à vendre le bien. Elle permet aussi de transmettre son logement progressivement de son vivant, à son conjoint ou ses enfants, en effectuant des dons-partage. Et pas besoin d’être une famille nombreuse, une SCI peut commencer à partir de deux personnes et peut même intégrer des mineurs. Un notaire pourra établir les statuts de la société pour éviter tout écueil.

Pauline Phouthonnesy

Ex-hôtel Liberté : des relogements

Pendant l’été, EDF avait coupé l’électricité à la résidence Liberté. Suite au tollé, des relogements ont été prévus. Qu’en est-il maintenant ?

liberté

Le conflit dure depuis le 29 juillet. Pendant les vacances, les occupants de l’ex-hôtel Liberté à Tours Nord avaient été privés d’électricité, suite à un différend qui opposait le propriétaire de cette résidence à EDF et Enedis, en raison d’impayés. Un nouveau point a été fait, à propos du sort des occupants.
Un communiqué commun de la préfecture et du conseil départemental a donc précisé qu’à ce jour, « 85 personnes ont été identifiées comme officiellement logées à la résidence Le Liberté ». Si la plupart ont été relogées ou sont en instance de réorientation, la quinzaine de personnes logées par Chrétiens Migrants sont encore dans le flou. L’asso louait en effet plusieurs studettes à des demandeurs d’asile et des familles vivant dans la précarité.
La situation des enfants et de leurs parents sera réétudiée, a promis le département. Mais « les autres occupants ne sauraient être considérés comme devant être relogés et il a été demandé à l’association d’organiser leur sortie rapide de la résidence », précise la préfecture.

Une habitation dans les bois considérée comme "hors la loi"

#EPJTMV. Nathalie Doumas a construit son propre logement à Saint-Martin-le-Beau. En 2007, elle s’installait à la lisière d’un bois sur son terrain de 5000 m2. Mais depuis 4 ans, elle est en conflit avec la commune qui souhaite voir sa maison disparaître.

Pas facile de rencontrer Nathalie Doumas. Une fois arrivé à Saint-Martin-le-Beau par la D140, il faut « prendre à gauche au niveau du rond-point où il y a le charpentier, suivre l’usine Pullflex, reprendre à droite, et au troisième rond-point finalement à gauche ». Il faut traverser des champs, des vignes. À droite, un camp de gens du voyage, puis à nouveau des champs. Un bois apparaît. Caché sous les arbres, un circuit de moto-cross. Un dernier embranchement et quelques mètres sur un chemin de terre. Nous y voilà. Nathalie Doumas nous accueille. Finalement, on est loin du bourg de Saint-Martin lorsqu’on arrive chez elle.

Quinze ans dans un camion 

Sur le terrain, dont elle est propriétaire depuis 2004, sont répandus un peu partout des jouets. « Ils sont à mon fils. Il adore la nature et passe sa vie dehors », sourit-elle. Un poulailler, un potager, un chien… Au milieu de ce « grand jardin » trône la « maison, l’habitation, l’abri… On ne sait plus comment l’appeler », soupire-t-elle. C’est en tout cas sa demeure principale. Son logement. Pendant quinze ans, elle a vécu dans un camion. « Je suis saisonnière, mais les employeurs ne peuvent pas toujours me loger », raconte-t-elle. Sa force de travail, Nathalie Doumas l’a exportée partout en France, en Espagne ou en Suisse aussi. Lorsqu’elle a eu l’occasion de se rapprocher définitivement de sa famille, elle n’a pas hésité.

En 2008, une première procédure est lancée contre elle par la municipalité de Saint-Martin. On lui reproche de ne pas avoir eu d’autorisation pour ériger sa demeure sur un terrain non constructible. Les procédures se sont alors succédé. Les poursuites sont d’abord abandonnées en 2010, puis reprennent la même année. Depuis, Nathalie Doumas est sous le coup d’une possible demande de démantèlement de son habitation. Mais la voila arrivée au bout de son marathon juridique : sa vie va basculer le 11 décembre 2014. Mais dans quel sens ? Une attente doublée d’une menace angoissante. « Je n’ai nulle part où aller. J’ai un enfant. Je ne peux pas imaginer qu’ils me mettent à la rue », explique t-elle.

Face à la justice

Vivre à l’écart, dans un logement atypique n’est pas un choix militant. « C’est un choix de vie. Je ne veux pas être cataloguée comme une écolo extrémiste, espère Nathalie Doumas. Je n’emmerde rien, ni personne ». Il y a quelque temps, lorsque l’affaire a commencé, elle est allée à la rencontre de ses voisins. Les plus proches vivent à 150 mètres de chez elle. Elle a obtenu une dizaine d’attestations qui assurent accepter sa présence.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=VYZYWjkD35Y[/youtube]

Une bicoque en bois enfouie en plein cœur de la forêt. C’est en tout cas la première impression visuelle que l’on a de cette fameuse maison, qui cause tant de problèmes à la mairie de Saint-Martin. Nous traversons sa « cuisine d’été » et entrons dans son habitation. La chaleur est saisissante. Chauffée par un poêle à bois, la maison semble tout ignorer de l’hiver que nous entamons. « Lors du terrible hiver 2012, où il a souvent fait en dessous de -15°C, je n’ai eu aucun souci, relate-t-elle. J’ai mis quinze centimètres de paille dans les murs. C’est mieux isolé que la plupart des appartements ou maisons des villes. »

« On m’a d’abord reproché de vivre sur une zone A.O.P de Touraine, or je suis à 200 mètres des premiers rangs de vignes », explique-t-elle. Mais le problème ne semble plus se situer au niveau de la protection des vins de la région. La mairie a pointé du doigt le fait qu’elle vivait sur une zone non constructible. « Je n’ai aucune fondation, mon habitation est comme posée sur le sol », se défend Nathalie Doumas. Elle souhaiterait que la loi Duflot lui vienne en aide. Il y est prévu que les habitats légers soient mieux reconnus. Ou que le PLU (Plan local d’urbanisme) change et que son terrain devienne, une bonne fois pour toute, constructible pour éviter tout malentendu et contentieux juridique.

Une maison construite au fil des années… 

Des photos d’amis, de famille et des décorations sont accrochées aux murs. Au centre, une table en bois et un canapé remplissent l’espace. « Au fil des ans, des choses se sont rajoutées. Les améliorations viennent avec le temps. » Il fallait faire preuve d’ingéniosité pour construire cet habitat à partir de rien et sans compétence. Des murs se sont élevés, des pièces sont apparues. Une cuisine, une chambre, un salon…

Dans la campagne proche de Tours, ils sont plusieurs à avoir construit leur maison. « J’ai une amie pas très loin d’ici qui vit comme moi. Pour l’instant, elle n’est pas inquiétée. Je touche du bois », explique Nathalie Doumas. Sophie Robin, une amie proche et membre de l’association Vélorution, précise de son côté qu’« il y a presque une dizaine de gens qui ont bâti leur logement sans demander l’avis de personne en Touraine. Certains sur des zones non constructibles voir inondables. Ils ne sont pas mis en danger par la justice. Tant mieux. Mais c’est dur pour Nathalie. Elle respecte les lois sans faire de vague mais elle peut théoriquement être mise à la rue. Nous ne sommes pas sur un fait de société mais sur un cas unique, une histoire personnelle qui mérite indulgence et compréhension. » Nathalie Doumas rebondit : « De toute façon, je n’ai pas envie de démonter ce que j’ai construit. »

Mise à jour au 11/12/2014

Suite à la délibération du Tribunal de Tours, l’affaire a été ajournée au 11 septembre 2015. Nathalie Doumas et la mairie de Saint-Martin-le-Beau ont jusqu’à cette date pour trouver un accord. « La justice a été compréhensive », a déclaré Nathalie Doumas. Son défi va être de faire évoluer le plan local d’urbanisme (PLU) en accord avec la commune. Ainsi son logement pourrait être mis en dehors de tout problème juridique et cela définitivement.

Thomas Rideau

Vidéo : Sébastien Guerche