Ces chercheurs et chercheuses qui font briller Tours : cours princières et cosmétiques intelligents

[2/3] L’Université et le CHRU de Tours regroupent de nombreux chercheurs de talent. Nous vous en présentons plusieurs pour un court mais passionnant voyage au centre de la recherche.

DANS LA COUR DES GRANDS

Anne-Madeleine GOULET
Chercheuse au CESR en histoire des arts du spectacle

Elle fréquente les plus grandes cours princières d’Italie et d’Europe. Installée dans la salle Saint-Martin du Centre d’Etudes Supérieures de la Renaissance (CESR) auquel elle est rattachée, Anne-Madeleine Goulet nous embarque aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Elle ambitionne d’écrire une histoire des arts du spectacle à Rome à partir des archives des grandes familles aristocratiques. C’est là que se situe l’originalité car, habituellement, les historiens travaillent sur cette époque avec les sources pontificales.

Théâtre, danse, musique…, ce qui l’intéresse c’est de comprendre pourquoi les riches familles finançaient à cette époque les spectacles. Quels en sont les enjeux économiques et politiques. Ce qui nous renvoie forcément « à apprendre des choses utiles pour aujourd’hui. Car à cette époque, art et politique étaient indissociables. Les aristocrates recherchaient des gains de prestige. Et puis on s’interroge beaucoup sur le mécénat privé aujourd’hui. »

Pour ce projet baptisé PERFORMART (2016-2021), elle a obtenu un budget conséquent de deux millions d’euros, une équipe pluridisciplinaire de 30 personnes issues de 8 pays. Cette imposante recherche est l’œuvre du CNRS et de l’École française de Rome pour laquelle elle a travaillé quatre ans. Elle a dû convaincre des institutions et des princes de lui ouvrir les portes de leurs archives. À terme, plus de 6 000 documents seront transcrits et en libre accès.

Anne-Madeleine Goulet retient également de cette aventure le travail en équipe. « Nous ne travaillons pas de la même manière et je tiens beaucoup à cette logique de projet. » Deux livres sortiront en 2021 couronnant la fin de PERFORMART. Encore la tête dans ses archives, Anne-Madeleine Goulet, n’en pense pas moins à sa prochaine recherche. Dans cette perspective, elle, vient de se mettre avec frénésie à l’espagnol.


VERS DES COSMETIQUES INTELLIGENTS

Émilie MUNNIER
Docteur en pharmacie galénique

Des résultats et un impact sur la vie réelle. Voilà à quoi aspire cette bosseuse qui, depuis qu’elle a poussé la porte de la faculté de pharmacie à Tours en 2004, n’a plus quitté ses amphis et labos. Le peu de temps libre qu’elle s’accorde, elle le consacre aux sorties culturelles. Sa spécialité ? La pharmacie galénique qui s’intéresse à la formulation et fabrication du médicament et des cosmétiques.

En clair, la chercheuse fabrique sa potion, en l’occurrence un médicament ou une crème à partir de molécules. Avec son équipe « Nanomédicaments et nano-sondes », ce sont une dizaine de personnes à travailler sur le développement de ces formules et méthodes. Et le labo tourangeau est en pointe, intégré au réseau Cosmetosciences, très soutenu par la Région. Il réunit chercheurs et entreprises du Centre-Val de Loire (dont les parfums Dior) leur permettant une visibilité européenne.

Un autre projet très concret mobilise Emilie Munnier : MISTIC, sur lequel elle collabore avec des chercheurs de l’Université d’Orléans et des partenaires industriels. « On travaille sur des nouveaux matériaux intelligents en utilisant des méthodes innovantes. Par exemple, sur une crème solaire que l’on appliquerait le matin et dont les actifs ne se libéreraient qu’au contact de la peau aux UV. »

Des méthodes déjà appliquées en cancérologie, domaine qu’elle connaît bien puisqu’elle y a débuté ses recherches. « Ce qui me plaît c’est d’être utile au quotidien. »

Textes : Aurélie Dunouau


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Cosméto'maison : j'ai testé pour vous !

De la cuisine à la salle de bain, il n’y a qu’un pas : je l’ai sauté en fabriquant mes cosmétiques.

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Les meringues n’ont pas de secrets pour moi. Les cosmétiques, ça ne devrait pas être plus compliqué ? Je me lance donc, pleine d’assurance, dans la confection de mes produits de beauté. Un expert me déconseille de commencer par du maquillage : « Les pigments demandent une mesure très minutieuse. Pour les rouges et les baumes, attention lors du démoulage, ils peuvent se briser. » Prudemment, j’opte pour la fabrication d’un shampoing. J’imagine qu’il s’agit simplement de mélanger 2 ou 3 trucs. Une fois le kit déballé, je me réjouis d’avoir choisi un coffret pour les débutants. Fiche de recette, ingrédients, ustensiles, conseils d’hygiène, tout y est. Je désinfecte casseroles, fouets, entonnoirs, pipette et commence le mélange. Surprise : le shampoing réclame six composants et il faut les chauffer. Soulagement : les instructions sont très claires. Une odeur de savon chaud envahit la cuisine. « Maman, ça sent bizarre ! » Trente minutes après, l’ajout du dernier ingrédient, 2 ml de fleur de tiaré, nous emmène dans les îles. J’y prends goût et résiste à l’envie d’améliorer la recette à ma sauce. Comme en pâtisserie, la cosmétique fait appel à la physique et à la chimie : la fabrication d’un produit, même facile, exige de la rigueur. Rajouter des protéines de soie là où l’on ne vous en demande pas ou doubler la quantité d’essence de rose peut déséquilibrer la composition (et provoquer une réaction lors de l’utilisation ou diminuer sa durée de conservation). Grisée par le succès (250 ml de shampoing fleurant le sable chaud), j’enchaîne avec la création d’un masque. Et côté prix, c’est une opération gagnante : ce coffret à 25 € m’a permis de fabriquer quatre produits capillaires.