Le street art, une discipline unisexe

#EPJTMV À Tours et ailleurs, les femmes ont largement leur place dans le graffiti. Peu importe le genre de l’artiste, ce sont les oeuvres qui comptent.

« Dans les années 80, j’avais juste le droit de tirer les chariots avec les bombes dedans », raconte Gil KD. Après avoir commencé par des petits collages de filles aux détails rouges, elle peint notamment des femmes asiatiques et africaines dans les rues de Tours. Aujourd’hui mère de famille et infirmière, Gil KD assure que la situation a bien évolué pour les artistes féminines. Bien qu’elle regrette une moindre médiatisation.

« Beaucoup ont pris des blases non genrés. Souvent, on ne sait simplement pas que ce sont des femmes qui signent », explique-t-elle.

Ce n’est pas le choix qu’a fait l’artiste Madame, native de Tours, qui baigne dans le milieu depuis une dizaine d’années. Elle tombe dans la marmite alors qu’elle photographie la nuit un graffeur en pleine action. Un jour, il remarque les petits collages que la Tourangelle réalisait seule depuis longtemps. C’est le début de l’aventure.

 » Ce qui compte, c’est l’art « 

Pour Madame, le genre n’est pas un sujet dans le graffiti. Elle insiste : « Ce qui compte, c’est l’art, et non pas de savoir si c’est fait par un homme ou par une femme. Il y a plus d’hommes, c’est sûr, mais je n’ai travaillé qu’avec des gens curieux et bienveillants ».

Des graffeuses Luciole à Cria, elles sont plusieurs à avoir coloré les rues de la ville. Trois femmes sont également bénévoles à la tête de l’association Le M.U.R, qui met en lumière l’art urbain à Tours. « Les femmes ont souvent des messages ethniques ou féministes », ajoute Gil KD. La peinture reste et c’est ce qui compte.

Madame, qui s’est depuis professionnalisée à Paris, n’entend pas oublier la rue pour autant : « Il y a le côté pro, mais ça me tient à cœur de ne pas oublier d’où je viens artistiquement parlant ». Ces artistes espèrent avant tout que Tours continue de s’ouvrir au graffiti. « Ça me gênait quand je venais à Tours de ne pas voir d’œuvres dans la rue », reconnaît Gil KD. Aujourd’hui, elle pense aux futures générations : « L’art de rue est un éveil sur l’art pour les mômes qui passent devant. »

Dossier réalisé par Élias Insa, Sellim Ittel, Zeïneb Hannachi, journalistes en formation à l’Ecole publique de journalisme de Tours

Photos : Mathilde Lafargue, Kelvin Jinlack

Bob Jeudy : « Le street art à Tours en est à ses balbutiements »

#EPJTMV Comme tous les arts, le street art a ses pionniers. Bob Jeudy est de ceux-là. Il était là au tout début de l’aventure à Tours. Rencontre.

D’abord inconnu du grand public à ses débuts dans le monde artistique, Bob Jeudy se fait un nom lorsqu’il met les pieds à Paris dans les années 2000. Avec l’aide de Jean Faucheur, il tend à démocratiser l’art de rue. En 2012, il s’installe à Tours. À cette époque, la ville n’offre pas d’endroit pour peindre. Au fil des années, il parvient à obtenir des murs où des centaines d’artistes se sont succédé pour exposer leurs créations éphémères, ouvrant la voie au street art tourangeau.

Comment le street art a-t-il vu le jour à Tours ?

Je suis arrivé à Tours en 2012. À cette période, les différentes mairies qui se sont succédé n’étaient pas favorables à l’art urbain. Les artistes qui souhaitaient peindre dans la rue n’avaient pas la possibilité de s’exprimer. Le centre était très surveillé. Ils se rendaient donc aux alentours, par exemple à Saint-Pierre-des-Corps. Le premier mur d’art urbain de Tours se trouvait rue Nationale. En 2016, l’artiste franco-colombien Chanoir a exposé son travail pendant deux mois. Puis comme prévu, le mur a été détruit.

Depuis cette exposition, y a-t-il eu une évolution de ce milieu artistique dans la ville ?

Au côté de certains artistes, nous avons proposé d’autres murs dont celui du passage du Pèlerin. Pendant des années, il y a eu des oppositions. Récemment, j’ai été contacté par l’association Modulable.Urbain.Réactif (M.U.R) de Tours pour relancer le projet. Elle se compose de trois co-présidentes et de l’artiste local Drope. En septembre 2022, elles ont obtenu l’autorisation de peindre le mur du passage du Pèlerin, le troisième emplacement dans la ville. Chaque artiste expose ses œuvres pendant deux mois.

Avant Dawal, qui vient tout juste de terminer sa performance, nous avons eu la chance de voir les œuvres de Madame et de Mr Dheo. Les gens s’arrêtent et réagissent. Beaucoup font un raccourci entre le graffiti et l’art de rue, et ne s’attendent pas à voir ces types d’œuvres. Il y en a qui passent et qui trouvent cela horrible mais, le plus souvent, les passants sont agréablement surpris.

Récemment, des grandes fresques ont vu le jour à Tours, pouvez-vous nous en dire plus sur ces œuvres ?

En août 2022, la mairie m’a contacté pour réaliser deux fresques sur les murs de l’îlot Vinci, près de la gare. J’ai proposé à l’artiste lyonnais Brusk et à Drope de travailler sur ce projet. En une semaine, ils ont réalisé des oeuvres originales à l’aide de nacelles. Il y avait un thème proposé en lien avec les transports, mais les artistes étaient totalement libres de créer ce qu’ils voulaient à partir de cette idée.

De nombreux artistes ont exprimé le fait que l’art urbain tourangeau est encore trop peu développé, qu’en dites-vous?

Le street art à Tours en est à ses balbutiements. Il y a maintenant le mur du passage du Pèlerin et les fresques de l’îlot Vinci. Ce sont les débuts. Il y a deux ans, il n’y avait rien de tel. Je suis optimiste car depuis les élections municipales de 2020, la mairie est ouverte à ce genre de projets, elle a envie de s’investir. Pour moi, c’est une très bonne chose. L’art de la rue est magique. C’est accessible à tout le monde, à tous ceux qui passent par là. Dans la période peu joyeuse que nous avons traversée tous ensemble, le street art peut être un bon remède, une façon d’amener du bonheur à Tours.

Dossier réalisé par Élias Insa, Sellim Ittel, Zeïneb Hannachi, journalistes en formation à l’Ecole publique de journalisme de Tours

Photos : Mathilde Lafargue, Kelvin Jinlack

Street art : quand les artistes décorent nos rues

#EPJTMV Le street art est un mouvement artistique apparu d’abord de façon sauvage. Il est désormais reconnu par la municipalité tourangelle. En posant des mosaïques ou en concevant de gigantesques fresques, des créatifs habillent l’environnement urbain, par une diversité foisonnante d’œuvres. Un musée gratuit, à même les murs de la ville ! Petit guide de safari urbain…

LES ATELIERS DE L’ETOILE

Investis par un collectif d’artistes créé par les Ateliers de l’étoile, les quatre étages du parking Gambetta, situé dans l’hypercentre, forment une véritable galerie souterraine, où brille l’art du graffiti. Treize artistes, nationaux comme internationaux, ont recouvert ce lieu où circulent des centaines d’automobilistes tous les jours. Des artistes tourangeaux comme Inco Nito ou Monsieur Plume ont également eu droit à leur espace. Alors garez-vous au 8, rue Gambetta : ça vaut le coup d’œil !

MIFAMOSA

« Le pixel art c’est ma marque de fabrique, ça me permet de faire autre chose que des toiles et de la bombe. »

Tourné autour de l’art mosaïque, l’artiste orléanais Mifamosa a un style bien particulier qui dénote dans une ville où les œuvres réalisées à base de carreaux de faïence n’avaient pas encore leur place. Du vandale au vandale, grâce à ces jeux de mots qui ornent les plaques de rue, il a acquis une véritable notoriété partout en France. De quoi rendre fière sa grand-mère, la personne pour qui il a commencé ces œuvres.

BRUSK

« Cette fresque de 100 m2, je l’ai réalisée en trois, quatre jours avec l’aide d’une nacelle. J’ai varié les techniques au rouleau, pour le fond, à la bombe et au pinceau, pour les détails. L’idée était de partir sur une œuvre très colorée, flashy. J’ai mis en avant une sterne aux longues ailes, qui est un oiseau de la région. Il y a également un vrai message écologique derrière cette œuvre qui appelle à une meilleure entente avec l’animal, tout en mettant en avant, dans un univers onirique, un moyen de transport vert.

Et enfin, j’ai fait un petit clin d’œil à l’œuvre d’Antoine de Saint-Exupéry, avec ce petit garçon qui s’accroche au volatile et qui est une sorte de Petit Prince contemporain, un petit tagueur plein de vie et plein de rêve. J’ai ajouté cet enfant, pour que l’œuvre parle à tout le monde, aussi aux plus jeunes. »

COLLECTIF LES GRABOUILLEURS

Le mur Maryse Bastié présenté par Topaz, street artist membre du crew « les Grabouilleurs » « Concernant le mur, pendant plusieurs années avec Imak (membre du collectif des Grabouilleurs), on a rencontré les services culturels de Tours dans l’objectif de créer un mur d’expression au graffiti dans la ville, en accès libre. On a récupéré le mur de l’ancienne caserne avec un côté libre laissé aux graffeurs recouvert, en grande majorité, de lettrages.

L’autre partie du mur est dédiée aux ateliers graffiti pour des grands formats et ceux-là restent sur les murs. C’était le premier spot en ville qui a été rendu accessible pour peindre et ces 300 m de surface laissent vraiment de l’espace à l’expression artistique ! » On peut y voir les œuvres de Luciole, ou encore Koye, deux artistes tourangeaux.


Dossier réalisé par Élias Insa, Sellim Ittel, Zeïneb Hannachi, journalistes en formation à l’Ecole publique de journalisme de Tours

Photos : Mathilde Lafargue, Kelvin Jinlack


> Retrouvez l’intégralité de notre dossier sur le street art dans le n°436 de tmv. A télécharger juste ici !

 

 

Dans les rues de Tours, Annabelle Tourne est la guide-conférencière du street art

#VisMaVille Annabelle Tourne est guide-conférencière. De l’époque gallo-romaine à l’art de rue, cette guide multicarte décrypte la ville sous tous ses aspects.

Rendez-vous est pris devant le parking Gambetta, rue Étienne-Pallu, entre les Galeries Lafayettes et le Monoprix. Dans ce parking souterrain, les œuvres commandées d’Hazul, Chanoir, Emyr, Mr Dheo, Inconito, Mr Plume ou encore Dominique Spiessert se côtoient dans un joyeux mélange de couleurs et d’inspirations.

Un lundi par mois depuis le mois de mai, Annabelle Tourne fait découvrir les créations de street art aux touristes et aux Tourangeaux. Une visite nouvelle proposée par l’Office de tourisme de Tours qu’elle peaufine depuis deux ans.

« J’ai découvert le street art à Lisbonne et cela m’a donné envie de le faire partager à Tours. Les mosaïques de l’artiste orléanais Mifamosa nichées dans les rues de la ville ont été mon second déclencheur. » Dans le Vieux Tours, elle met en valeur les œuvres parfois cachées, comme ces coquillages moulés sur les seins de l’artiste intra Larue. Ou plus visibles et poétiques, comme les pochoirs à la bombe des Filles du vent de Gil KD.

Annabelle Tourne apporte une vraie plus-value à ces visites car, souvent, elle parvient à échanger au préalable avec ces artistes invisibles pour connaître leurs intentions. « C’est l’avantage de cet art vivant. Je fais aussi régulièrement des repérages, les yeux toujours en éveil, car certaines œuvres disparaissent avec le nettoyage et d’autres naissent de cet art illégal. »

Au cours du parcours d’une heure trente, nous aurons croisé les créations d’une quinzaine d’artistes, qu’ils soient tourangeaux ou internationaux, pour une visite ludique. Annabelle Tourne apprécie cette nouvelle facette de son métier et les échanges avec son public qui se demande bien ce qu’a voulu représenter l’artiste.

Guide-conférencier reste une profession méconnue. « Pour les gens, je suis dans un château et je tourne en boucle mon discours. En fait, c’est un métier très diversifié et je bouge tout le temps. J’ai trois employeurs pour qui je propose des visites très différentes, l’Office de tourisme, le service patrimoine de la ville et l’institut de Touraine avec qui je fais des excursions dans la région et au-delà, jusqu’à Poitiers et Angers. »

Annabelle n’aimait pas l’histoire scolaire mais voulait travailler dans les langues, dehors et voir du monde. Elle entame donc des études en langues et tourisme après son bac et devient guide-conférencière. Ils sont 4 000 en France à posséder la carte professionnelle obligatoire, une dizaine à Tours.

À avoir particulièrement souffert aussi de la crise sanitaire car avec leur statut hybride, ils n’ont eu aucune ressource et certains sont restés sur le carreau. Annabelle, 30 ans de métier, est heureuse de reprendre peu à peu son activité depuis le mois de mai, même si « c’est en douceur pour le moment ». Elle a dû aussi composer et faire des petits boulots en attendant : de l’accueil en Ehpad et la cantine le midi à Savonnières, où elle habite et court juste après sa visite sur le street art. Une touche-à-tout, décidément.

Textes et photos : Aurélie Dunouau

Maho XO, artiste dos au mur

Faire de sa passion d’enfance une reconversion professionnelle, c’est le pari de Mathieu Holbert, alias Maho XO. Son truc à lui ? Dessiner et peindre des motifs géométriques aux origines multiculturelles. Tmv est allé à la rencontre de ce street-artist tourangeau sur son lieu d’expression.

maho xo

2012. Retour cinq ans en arrière, à l’époque où Mathieu Holbert connaît un tournant dans sa vie. « Je me suis cassé le dos au travail », lance-t-il sèchement. Cet accident l’a immobilisé pendant vingt-quatre mois. Le temps de se préparer à une nouvelle carrière. « J’ai fait en sorte d’éviter les opérations et de limiter les efforts », explique l’intéressé.

Ses missions d’intérim lui ont permis de préserver une relative liberté. « Je gardais la possibilité de rebondir quand je le voulais. » Le déclic est arrivé grâce à un ami, qui l’a motivé à « reprendre le crayon. Depuis, ça ne m’a plus lâché ! » Adolescent, ce sont les BD de Marcel Gotlib qui ont développé sa fibre artistique.
L’homme de 40 ans s’est désormais trouvé un autre terrain de jeu : les ateliers de la Morinerie, à Saint-Pierre-des-Corps. Son mur est situé derrière les imposants bâtiments, au bord d’un champ. Ici, il met en pratique ce qu’il a pu bosser en atelier. Ou pas. Les inspirations lui viennent parfois sur le trajet, à l’image de sa dernière réalisation, « Palmiers ». Une soixantaine d’oeuvres, aux couleurs Pop Art et aux styles aztèques, africains et asiatiques se côtoient, sans compter celles exposées en galeries.

Maho XO (c’est son nom d’artiste) se dit attaché à l’art primitif et aux symboles. « Les icônes existent depuis la nuit des temps, et il y en aura toujours. C’est quelque chose que tout le monde comprend. » Le peintre Paul Klee et les graffeurs Grems et Roa font partie des personnes qui l’ont marqué.
Mais il reste compliqué de le classer. « Je refuse les étiquettes car je ne connais pas les codes de chaque mouvement. » Maho ne se revendique pas muraliste non plus. « Je ne porte pas de revendications politiques. » Finalement, même s’il juge que la définition n’est pas assez claire, il considère que le street art sert de repère à son public. Le Tourangeau apprécie de pouvoir gérer ses horaires en fonction de ses envies. Être son propre patron a également des inconvénients. « L’argent, c’est un problème au départ, avant de parvenir à des solutions, relativise Mathieu Holbert. Le fait de se sentir bien dans ma peau réduit l’importance des sous. Maintenant, je suis davantage heureux ! »

En trois ans d’activité, il ne s’est jamais lassé. Et il remarque une évolution positive autour de son boulot. « Les gens font mieux la distinction entre les tags dans la rue et mes dessins et mes peintures. » Plusieurs organismes ont récemment fait confiance à Maho. Il vient de dessiner un alphabet imaginaire sur les vitres du jardin Botanique.
À découvrir, aussi, sa prestation de live painting (28 juin), dans le cadre de l’exposition consacrée aux Shadoks, à Azay-le-Rideau. Cette curiosité et cette notoriété l’encouragent à se projeter. Il ne se refuse aucun rêve. « Je voudrais faire le tour du monde, histoire de colorer les immeubles des villes. Ce serait un peu un musée à ciel ouvert, en réponse à un monde trop triste. »

Simon Bolle

> Jusqu’au 29 octobre, l’exposition Shadoks pose ses valises à Azay-le-Rideau, salle des Halles (sur la place du 11-Novembre). Du mercredi au dimanche, de 10 h à 19 h. Tarifs : 5 € (plein), 2,50 € (réduit) et gratuit (moins de 10 ans).

Qui se cache derrière les tags du Soleil Levant ? (3)

#EPJTMV On vous l’avait dit, on a trouvé l’artiste des tags du Soleil Levant. Tmv l’a rencontrée à l’occasion de son exposition à Ballan-Miré. Gil KD nous en dit un peu plus sur son travail.

Episode 3 : “Mettre un peu de couleurs dans ces endroits tristounets”

tag Gil KD
L’artiste est fascinée par la beauté des Asiatiques. C’est pour cela qu’elle les représente. Photo : Philippine David.

Beaucoup de monde repère vos graffs dans les rues de Tours. Pourquoi avoir eu envie de taguer les murs ?

Mon but est de provoquer un instant d’émotion, donner une éclaircie dans cette vie parfois pas très drôle. Je veux mettre un peu de couleurs dans ces endroits souvent trop tristounets. Il y a beaucoup d’écritures sur les murs mais peu de dessins.

Quand a commencé cette aventure ?

Il y a près d’un an. J’ai débuté par un duo de femmes coloré au parking de l’Ile, vers le quai Paul-Bert, un mercredi à 15 heures. Aujourd’hui il y en a quinze au total à Tours et au delà. Certains sont aujourd’hui effacés ou recouverts par d’autres graffs. Mais ce n’est pas grave, ça fait partie du jeu ! Les gens doivent se les approprier. Je suis d’ailleurs surprise que la plupart de mes graffs soient toujours présents.

Vous représentez seulement « la femme » dans vos créations. Pourquoi avoir choisi de taguer des femmes asiatiques dans les rues ?

S’il y a une chose que je revendique c’est la féminité. Je veux que les femmes s’assument. Mes dernières créations sont les Japonaises en rouge. Je les dessine parce que je trouve qu’il y a un décalage entre la société puritaine, carrée et le fait de les trouver dans la rue. Elles sont sobres. Pour moi ce sont des beautés à l’état pur ! Dans la rue ces femmes deviennent libres.

tag Gil KD
Gil KD représente la féminité dans toutes ses créations. Photo : Philippine David.

Comment et pourquoi choisissez-vous ces endroits pour taguer ?

Je repère les lieux quand je circule en voiture ou à pied, sur mes trajets quotidiens. Par exemple, j’en ai fait un à la Ville-aux-Dames parce qu’il y avait plein de graffs. Je me suis dis pourquoi pas ? Ca fera un entraînement. Je le mettrai bien là ! Mon graff au quartier Blanqui est un clin d’oeil à ma fille qui y habite. Je voulais qu’elle se dise « ah, tiens ! Maman est passée par là ». J’en ai tagué un autre au parking de l’île, vers les quais Paul Bert, parce que je trouvais cet endroit incroyablement moche.

Comment utilisez-vous les éléments qui vous entourent ?

J’ai besoin qu’on voit le support sur lequel je graffe. Le dessin doit vivre avec le décor. Mais je ne tague pas dans les lieux protégés, ou sur les monuments. Je respecte aussi les tags des autres, je graffe à côté. Je ne veux pas marcher sur les pas de quelqu’un. Je n’ai pas autant de prétention !

Quand vous partez à l’aventure, qu’emmenez-vous avec vous ?

J’emmène mon escabeau et mon masque. Puis mes pochoirs aussi, car les visages sont dessinés à l’avance. Je les retouche ensuite sur place. Je fais ça en 20 minutes. Ca m’est déjà arrivé de taguer un matin aux aurores où il pleuvait des cordes, j’étais en parka, avec ma capuche… une vraie délinquante (rires).

Quelles sont vos techniques artistiques ?

Avant, je collais des dessins. Des nanas en noir et blanc sur des piliers, des ponts, des portes… que la nuit ! Je suis passée à la bombe il y a trois ans, parce que j’en avais marre des collages. Je les appelle les flash mode. Flash parce que je fais ça rapidement et mode parce que mes créations sont colorées. Dans les robes de mes femmes j’écris les mots love et peace très vite et dans tous les sens… Puis j’aime les couleurs, les fluos, le pep’s… toute la gamme de bleu, rose, orange. J’adore. Oui, je suis une éternelle optimiste.

On ne s’attend pas à découvrir une femme, de 50 ans, lorsque l’on voit vos créations. En avez-vous conscience ?

Cela ne m’étonne pas ! Souvent on me dit que mes peintures font jeunes. Il est vrai que le street art est récent. C’est la vague du moment et Tours n’arrive d’ailleurs pas à s’y mettre. Mais moi je dessinais déjà dans les rues de Paris quand j’avais 20 ans. Mon grand-père m’avait appris à dessiner à la craie. Mais les gens qui me connaissent ne sont pas surpris, parce que ces graffs me ressemblent. Ce que je fais est un trip pas possible. J’ai des projets et je sais déjà où seront mes prochaines créations…

Philippine David et Lénaïg Le Vaillant.

Une minute sur le web #62

C’est la rentrée ? Hein, quoi, comment ? Tant mieux, c’est parti pour une petite visite guidée des tréfonds du web pour tout ce qui buzze, tout ce qui est wtf… mais cool.

Cheone est artiste, peintre et italien. Il utilise les murs et les façades pour réaliser de magnifiques fresques qui trouvent leur prolongement sur le mobilier urbain. Bluffant !
> cheone.it ou Cheone sur Facebook.
Cheone

BON PLAN
PANDA POWER
Les pandas, c’est cool (Zoo de Beauval, si tu nous lis !). C’est peut-être pour ça que l’hôtel Panda Inn en Chine est entièrement décoré à l’effigie de l’animal. Couverture avec des pandas, tableaux de pandas, formes de pandas (on n’aura jamais autant utilisé le mot panda) au sol… Le must ? Même le personnel est déguisé en panda.

panda

L’APPLI
TRADUCTION SIMULTANÉE
Google traduction, l’application gratuite qui monte, qui monte… Celle-ci permet de filmer n’importe quel texte, panneau ou menu, etc., grâce à son smartphone. Le texte est immédiatement traduit dans l’une des 27 langues choisies (le géant américain en a rajouté cet été), sans même avoir une connexion internet.

LA VIDÉO
SUPER PAPA !
Daniel Hasimoto est de retour ! Spécialiste des effets spéciaux, ce papa est connu sur la Toile pour ses vidéos mettant en scène son fils dans des mini-films d’action bourrés d’explosions. Dans sa nouvelle oeuvre, il se la joue Dents de la mer avec un fiston prêt à sauver sa sœur d’un requin.
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=0Y5c7YZVScE[/youtube]

LE TUMBLR
FOLIE VINYLE
Énorme : Vinyl Stores est un tumblr qui compile des photos de disquaires aux quatre coins du monde avec adresse, date d’ouverture et genres de musique vendus dans leur magasin. De la France au Chili, en passant par les États-Unis ou encore la Malaisie : un véritable tour du monde 100 % vinyle.
> vinylstores.tumblr.com
vinyle

INSOLITE
AH, L’ALCOOL…
Fin août, Pawel Fadjek a décroché la médaille d’or du lancer de marteau aux championnats de Pékin. Deux jours après, il ne l’avait plus. Pourquoi ? Oh, c’est que le Polonais a tellement fêté ça (hum hum) qu’il a payé la course en taxi… avec cette fameuse médaille d’or. Paraît-il qu’il n’avait pas de monnaie sur lui. Normal.

WTF
CHATS ET BALLONS
Okay, c’est ridicule et inutile, mais on vous fait partager ce tumblr qui remplace ballons de foot, basket et d’autres sports par des chats. C’est tellement bête qu’on aime…
> À voir sur sportballsreplacedwithcats.tumblr.com
BUZZ_CHATONSBALLE

Une minute sur le web #61

Pour le dernier buzz de la saison, on cause wi-fi, zizi, mur de l’amour et un homme perché sur des talons. Ah, les vacances !

BUZZ_PRINCIPALE
Stephen McMennamy
est directeur artistique, mais il a aussi de la suite dans les idées. Avec son projet Combophoto, il… combine des photos (pas bête, hein ?). Sympa comme tout, et c’est à voir sur smcmennamy.tumblr.com !

STREET ART
MUR DE L’AMOUR
#lovewall : le hashtag est utilisé des centaines de fois par jour sur les réseaux sociaux. À la base, James Goldcrown, artiste de rue qui a peint un tas de coeurs sur un banal mur à New York… L’endroit est depuis devenu LE rendez-vous pour les accros aux selfies qui se tirent le portrait devant. Il en faut peu pour être heureux.

BUZZ_WALL

ÉTUDE WTF
WI-FI OU ZIZI ?
Drôle de résultat pour un sondage ITC, aux États-Unis ! Celui-ci a montré qu’après la nourriture, le wi-fi était deuxième dans la liste des choses dont les sondés estimaient ne pas pouvoir se passer. Le sexe, lui, n’arrive qu’en 3e position. 10 % des Américains préfèrent donc les joies du sans-fil aux galipettes sous la couette.

FACEBOOK
BIG BROTHER BLABLA
Facebook continue de changer ses algorithmes… même pour les vidéos. Désormais, inutile de cliquer sur « j’aime » : le réseau social saura si vous avez aimé une vidéo rien qu’en observant votre comportement, si vous avez augmenté le volume ou passé la vidéo en plein écran par exemple… Flippant, vous avez dit flippant ?

INSTAGRAM
DOUBLE FACE
Nouvelle mode sur le réseau social ? #ThePowerOfMakeUp. Un hashtag utilisé par la gent féminine, avec lequel les filles postent des photos de leur visage à moitié maquillé. Le concept existait déjà, mais c’est la YouTubeuse Nikkie qui a relancé le mouvement, car elle trouvait « cool de montrer la force du maquillage ».
BUZZ_MAQUILLAGE

HISTOIRE WTF
DU PORNO EN VILLE
Une fois sa journée finie, un employé de Mudanjiang (Chine), responsable du grand panneau d’affichage de la ville, a eu le malheur de laisser le câble de sortie branché. Erreur, vu que monsieur regardait un petit porno. Le film s’est donc retrouvé sur écran géant en plein centreville pendant 10 minutes… La police l’a arrêté.

LA VIDÉO
HOMME À TALONS
Brandon Cohen, de la chaîne YouTube BroBible, a voulu savoir « pourquoi les filles se plaignaient de marcher avec des chaussures à talons ». Résultat : il a enfilé sa plus belle paire de talons aiguille et a été filmé pendant toute une journée. Outch !

Une minute sur le web #53

Cette semaine, on a repéré plein de choses sur Internet : des aubergines censurées, des zizis pour prévenir des nids-de-poule, un artiste super chouette et des bébés tigres trop mignons.

 (Photo Jinks Kunst)
(Photo Jinks Kunst)

Jinks Kunst a un prénom super dur à prononcer et c’est un artiste de rue génial qui détourne les panneaux de signalisation. Pour découvrir ce Franco-Suisse aux bonnes idées : instagram.com/jinkskunst et jinkskunst.com

LE TUMBLR
DÉZINGUE TON FILM
Tout nouveau, le tumblr On s’tape l’affiche. Le principe : vous voyez les affiches de film bardées de critiques de presse dithyrambiques tellement c’est cool ? Alors imaginez-les maintenant quand le film est une vraie daube. Ce site les rhabille avec de vraies critiques et avec la même typo que le titre.
>>Sur ostla.tumblr.com

BUZZ_TUMBLR

VIDÉO BUZZ
SI SI LA FAMILLE
C’est la vidéo trop meugnonne de la semaine. Au zoo de Tokyo, un touriste filme un bébé tigre blanc qui tombe dans un bassin d’eau et manque de se noyer. Les autres bébés tigres filent le secourir en le sortant de là. C’est choupinou et pour voir ça :
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=MeDOD-7UOtw[/youtube]

INSTAGRAM
AUBERGINES CENSURÉES
Sur Instagram, les utilisateurs, qui peuvent maintenant utiliser des émoticones, ont découvert qu’une emoji avait été supprimée : l’aubergine ! Tout ça parce qu’elle est « systématiquement utilisée dans du contenu qui ne respecte pas notre charte », d’après le réseau. Bref, sous entendu, aubergine = zizi.

MAQUILLAGE
CENT POUR SANG
C’est la jeune maquilleuse qui buzz en ce moment. Abi Gordon- Cody tape dans le plutôt gore (doigts coupés, plaies béantes, clou dans le pied…) en réalisant des représentations d’accident domestique ultra-réalistes. Pour une fausse fourchette dans l’oeil, direction son Facebook.
BUZZ_MAQUILLAGE

CAMPAGNE
PAS DU LUXE
Yves Sans Logement au lieu d’Yves Saint-Laurent… Avec, comme visuel, un SDF et la phrase : « Ayons l’élégance d’aider ceux qui n’ont rien ». C’est un des exemples de la campagne de détournement lancée par l’association Aurore (aurore.asso.fr) qui soigne les personnes en situation de précarité et d’exclusion.

BUZZ_SDF

DANS LA RUE
EUH, WTF ?
Un habitant de Manchester voulait dénoncer le danger des nombreux nids de poule de la ville. Il a donc décidé de taguer un sexe masculin autour de chaque trou dans la route. Il a même créé une page Facebook (Wanksy – Road Artist) sur laquelle il poste des photos de ses « œuvres ». Ce qui a le don d’agacer les autorités. So british…

Une minute sur le web #14

Comme chaque semaine, on a fouiné Internet pour vous dégotter plein de choses bien sympas.

RIRE
PORTRAITS
C’est toujours très drôle les sosies, surtout quand ils ressemblent vraiment très vaguement à leur original. Ce tumblr les collectionne. Certains sont vraiment à se plier de rire. Plus sur sosiesdemerde.tumblr.com
BUZZ_SOSIE
NETFLIX
RUMEUR
L’entreprise américaine de streaming illimité vient d’annoncer qu’elle allait augmenter son tarif aux USA de 1 ou 2 dollars. Derrière cette hausse, Netflix explique que la rentrée d’argent permettra de se développer en Europe. On dit même que la plateforme s’installerait en France en septembre prochain.
MÉDIA
LE QUATRE HEURES
Le principe est cool : chaque mercredi, à 16 heures, ce site (très beau et épuré) vous propose un très long reportage. Textes, photos, vidéos, sons : pas la peine de cliquer, il suffit simplement de scroller. À l’origine ? Des étudiants en journalisme. Direction lequatreheures.com
LE CHIFFRE
6,2
C’est le montant, en millions de dollars, des dons reçus par Pono sur Kickstarter. Ce baladeur soutenu par Neil Young, et tout un tas de musiciens connus, propose d’écouter de la musique non-compressée, à l’inverse du MP3. C’est la 3e campagne de crowdfunding la plus importante de l’histoire. Plus d’infos sur ponomusic.com
BUZZ_PONO
RÉALITÉ
NOYADE
BUZZ_MERImaginez : vous êtes avec votre meilleur pote sur un voilier. Il ne sait pas naviguer mais bon, vous lui laissez la barre. Il fait beau, ça ne craint rien. Et là, bim ! Vous vous prenez la baume en pleine tronche. À la flotte. Le bateau s’éloigne. Vous essayez de survivre. Derrière ce jeu web, la marque Guy Cotten qui vend des gilets de sauvetage… Survivez sur sortieenmer.com
TOP 3 TMVMAG.FR
On se demande parfois ce qui se passe dans la tête des internautes… Ces recherches étranges qui les mènent vers notre site.
– Rut de l’étalon
– Quoi ?
– Les gens on t il eu le temps de sortire des tourses jumelle (on a laissé les fautes)
Dan Witz, c’est un peintre américain qui s’est d’abord exercé au street art et qui a ensuite fait ces tableaux de pogo bluffants. Plus sur danwitz.com
BUZZ_PEINTURE