Tours ne brille pas au classement des villes « marchables » de France

La Ville de Tours écope d’un petit 9,7/20 de la part du collectif Place aux piétons, dans son dernier baromètre des « villes marchables de France ».

Les faits

Outch… 9,7/20, c’est la note de satisfaction globale attribuée à Tours par le collectif Place aux piétons. Sur une échelle de A+ à G, la Ville obtient un D comme indicateur (c’est-à-dire « moyennement favorable »). Le collectif estime que Tours n’est pas une ville très « marchable », même si sa note n’a que peu changé depuis 2021 et que la moyenne nationale – il faut tout de même le préciser – est de 9,2/20.

La note des aménagements et services s’est certes dégradée (presque un point de moins), en revanche celle sur les efforts proposés par la Ville a bien augmenté (de 7,4/20, on passe à 9/20). La piétonnisation récente de la place du Grand-Marché en est un exemple. Il s’agit là d’une « vraie réalisation », selon David Sellin, référent local de Rue de l’avenir, association d’usagers membre de Place aux piétons.

Plan piéton

D’après l’étude menée par le collectif, 68 % des piétons se sentent en sécurité à Tours. Quant à la question du partage des voies, les trois-quarts pensent qu’il est important d’être séparé de la circulation automobile.

Même son de cloche avec les deux roues : 67 % estiment qu’il est important d’être séparé des vélos et des trottinettes électriques. Les référents locaux, pour le collectif Place aux piétons, indiquent qu’il faudrait donc mettre en place un vrai « plan piéton ».

Quant aux piétons participant à l’étude, ils ont tendance à souhaiter des trottoirs plus larges et sécurisés, une verbalisation plus fréquente du stationnement sur les trottoirs, et davantage de bancs et de toilettes.

Des efforts

En juin 2023, pour son bilan à mi-mandat, le maire Emmanuel Denis déclarait déjà au micro de France bleu Touraine qu’il restait encore « beaucoup de projets à sortir », comme par exemple « l’extension de la zone piétonne dans le Vieux-Tours ».

Suite à la publication du baromètre de Place aux piétons, la municipalité est consciente qu’il « reste beaucoup à faire ». Mettant en avant ses efforts (piétonnisation, reprise des trottoirs, etc.), elle précise qu’un « plan bancs sera également mis en place ».

Il reste donc encore à faire et du chemin à parcourir. Mais que les Tourangeaux se rassurent : Tours est loin d’être la pire. Marseille notamment, pointe en bas de classement, essuyant, quant à elle, un minuscule… 4,3/20.

Texte : Aurélien Germain / Photo NR Lisa Darrault

Dans les rues de Tours, Annabelle Tourne est la guide-conférencière du street art

#VisMaVille Annabelle Tourne est guide-conférencière. De l’époque gallo-romaine à l’art de rue, cette guide multicarte décrypte la ville sous tous ses aspects.

Rendez-vous est pris devant le parking Gambetta, rue Étienne-Pallu, entre les Galeries Lafayettes et le Monoprix. Dans ce parking souterrain, les œuvres commandées d’Hazul, Chanoir, Emyr, Mr Dheo, Inconito, Mr Plume ou encore Dominique Spiessert se côtoient dans un joyeux mélange de couleurs et d’inspirations.

Un lundi par mois depuis le mois de mai, Annabelle Tourne fait découvrir les créations de street art aux touristes et aux Tourangeaux. Une visite nouvelle proposée par l’Office de tourisme de Tours qu’elle peaufine depuis deux ans.

« J’ai découvert le street art à Lisbonne et cela m’a donné envie de le faire partager à Tours. Les mosaïques de l’artiste orléanais Mifamosa nichées dans les rues de la ville ont été mon second déclencheur. » Dans le Vieux Tours, elle met en valeur les œuvres parfois cachées, comme ces coquillages moulés sur les seins de l’artiste intra Larue. Ou plus visibles et poétiques, comme les pochoirs à la bombe des Filles du vent de Gil KD.

Annabelle Tourne apporte une vraie plus-value à ces visites car, souvent, elle parvient à échanger au préalable avec ces artistes invisibles pour connaître leurs intentions. « C’est l’avantage de cet art vivant. Je fais aussi régulièrement des repérages, les yeux toujours en éveil, car certaines œuvres disparaissent avec le nettoyage et d’autres naissent de cet art illégal. »

Au cours du parcours d’une heure trente, nous aurons croisé les créations d’une quinzaine d’artistes, qu’ils soient tourangeaux ou internationaux, pour une visite ludique. Annabelle Tourne apprécie cette nouvelle facette de son métier et les échanges avec son public qui se demande bien ce qu’a voulu représenter l’artiste.

Guide-conférencier reste une profession méconnue. « Pour les gens, je suis dans un château et je tourne en boucle mon discours. En fait, c’est un métier très diversifié et je bouge tout le temps. J’ai trois employeurs pour qui je propose des visites très différentes, l’Office de tourisme, le service patrimoine de la ville et l’institut de Touraine avec qui je fais des excursions dans la région et au-delà, jusqu’à Poitiers et Angers. »

Annabelle n’aimait pas l’histoire scolaire mais voulait travailler dans les langues, dehors et voir du monde. Elle entame donc des études en langues et tourisme après son bac et devient guide-conférencière. Ils sont 4 000 en France à posséder la carte professionnelle obligatoire, une dizaine à Tours.

À avoir particulièrement souffert aussi de la crise sanitaire car avec leur statut hybride, ils n’ont eu aucune ressource et certains sont restés sur le carreau. Annabelle, 30 ans de métier, est heureuse de reprendre peu à peu son activité depuis le mois de mai, même si « c’est en douceur pour le moment ». Elle a dû aussi composer et faire des petits boulots en attendant : de l’accueil en Ehpad et la cantine le midi à Savonnières, où elle habite et court juste après sa visite sur le street art. Une touche-à-tout, décidément.

Textes et photos : Aurélie Dunouau

Ces Tourangeaux qui ont coupé le moteur

Finie la voiture (trop polluante), adieu les transports en commun (pas assez pratiques). La ligne droite est, pour eux, le plus sûr moyen d’arriver à l’heure ! A quelques jours d’un nouveau dimanche sans voitures à Tours, rencontre avec qui ont lâché les véhicules motorisés.

Oui, j’avoue : je suis arrivé avec des idées toutes faites. Je sais, ce n’est pas terrible… Mais avant de m’y mettre, je me disais que la trottinette électrique c’était surtout pour les bobos voulant faire « djeuns », que le vélo électrique c’était pour les retraités à court de forme, que les hoverboards ne séduisaient que les nostalgiques de Marty McFly (Retour vers le futur, pour ceux qui ne suivent pas) et que le skateboard, c’était casse-gueule.

Car faut vous dire que même quand j’étais jeune et en forme, je n’ai jamais réussi à rester plus de deux minutes sur des rollers sans finir sur le derrière.
En vrai, j’étais mal embarqué.

Mais ça, c’était avant. Avant de rencontrer Dimitri, Valentin, Grégory et Bérénice. Ces quatre-là m’ont raconté comment ils échappaient aux bouchons. C’est simple, ils ont même (re)trouvé le plaisir d’aller au taf ou au lycée.

À chacun, j’ai demandé de me faire la pub pour leur moyen de transport préféré. Et pour les départager, je suis allé voir la police municipale de Tours. Attention, je n’ai pas cafté mais j’ai bien compris que certains faisaient des trucs pas très réglo. Du moins en centre-ville. Dimitri a 28 ans. Il habite à Saint-Cyr et travaille à Tours-Sud, zone commerciale. Vous voyez le trajet : plongée vers le quai Paul-Bert, pont Wilson, rue Nationale, avenue de Grammont, côte de l’Alouette, Route du Grand Sud.

« Ça me fait 12 km en vélo électrique. Quand je prenais la voiture, c’était 20 km par la rocade (sortie Joué, etc.) ou 14 km par l’autoroute avec le péage en plus (90 centimes). Maintenant je mets 28 minutes. Réglé comme du papier à musique. En voiture, je mettais 35 minutes. Avec un vélo normal, c’était 30 minutes mais vous imaginez dans quel état j’arrivais. Aujourd’hui, c’est comme si j’avais fait 20 minutes de balade à pied pour venir au boulot. Je me suis testé avec un cardio, je ne dépasse pas les 90 pulsations/minute. Du coup, j’arrive hyper zen. »
Les vélos électriques (700-1 700 euros) n’ont pas séduit 338 000 Français en 2018 par hasard.

Sur ma trottinette…

Avec Valentin, je passe à la trottinette. À 32 ans, c’est le type même du grand gaillard qui s’y est mis pour aller au boulot. Deux acheteurs sur trois l’utilisent pour cette raison. Si pour le vélo électrique, hommes et femmes se partagent les achats, la trottinette (100-700 euros), elle, est masculine à 80 %.

« J’ai une autonomie de 25 km avec trois paliers de vitesse (7-8 km/h, 10/15 km/h, 20/25 km/h). C’est assez pour faire mon aller-retour entre Tours et Joué, précise-t-il. J’utilise les pistes cyclables. Je mets un casque mais ce n’est pas obligatoire. J’en ai parlé avec mon assurance. La législation est encore floue. »

Pour Grégory, la quarantaine, spécialiste de longboard (vous savez, ce grand skate rendu célèbre par une pub pour un opérateur télécom montrant trois filles descendant une route au petit matin), sa planche (60-600 euros) est avant tout un moyen de tran… sport.
Mais quand on l’écoute, pas seulement. « On est sept sur Tours à faire du skate de descente. C’est un sport grisant mais très codifié, sécurisé. On peut atteindre 80, voire 100 km/heure. Les protections sont obligatoires (casques, gants). J’utilise aussi mon longboard en balade ; parfois je traverse la ville, la rue Nationale. Normalement on n’a pas le droit de circuler en skate en ville. C’est interdit car l’utilisateur ne fait pas corps avec la planche. Les risques de détérioration du mobilier urbain et de blessures d’autres piétons si le skate vous échappe, sont réels. »

Appelée en renfort pour évoquer la sécurité, la police municipale de Tours valide ce que Grégory nous dit. La rue Nationale, sur les rails, depuis Jean-Jau est interdite à la circulation des skates mais aussi des trottinettes et vélos, qu’ils soient électriques ou pas.
« Il y a une tolérance », me glisse-t-on avant d’ajouter : « On fait de la pédagogie mais certains récalcitrants ont dû être verbalisés… » Bérénice, qui va au collège Rameau, n’a pas entendu parler de cela. À 14 ans, elle utilise un hoverboard, cadeau de Noël, il y a deux ans.

C’était alors à la mode. « J’en ai pris soin, dit-elle. C’est fragile mais comme j’habite dans le quartier Montjoyeux, je l’utilise sur ce court trajet. J’ai vite trouvé ma stabilité. Mon père, lui, n’est pas très à l’aise avec. »
Normal car Bérénice pratique les rollers depuis l’âge six ans. Ça l’aide.
Thierry Mathiot


Un centre-ville sans voitures

> Un mois après avoir tenté l’expérience, Tours remet cela ce dimanche 29 septembre. Et ce sera encore le cas le 27 octobre et le 24 novembre. 19 points de contrôles leur donnent accès au coeur de Tours de 10 heures à 18 h.

La Ville-aux-Dames : honneur aux dames !

À peine 2 % des rues françaises portent le nom d’une femme. À La Ville-aux-Dames, à quelques minutes de Tours, la proportion atteint quasiment 100 %. Petite virée dans cette commune d’un peu plus de 5 000 âmes, histoire de rendre hommage à ces dames… qui le méritent bien !

UN PEU D’HISTOIRE

Mercredi, 10 h du matin. Le thermomètre peine à afficher son petit degré au-dessus de zéro. À l’arrêt de bus Colette, deux jeunes ados, emmitouflées, tapent le pied de grue. « Pourquoi tous les noms de rue sont féminins ? », demande-t-on naïvement. Leurs yeux grandissent. « Ouaaah, j’avais jamais tilté ! », s’exclame l’une d’elle, hilare (et honteuse). Bienvenue à La Ville-aux-Dames où – eh oui – tout le monde ne connaît pas encore le pourquoi du comment.
Retour quelques siècles en arrière, en l’an 790. Hildegarde, une noble, édifie une abbaye de femmes à Saint-Loup, les religieuses étant nombreuses à l’époque parmi la population. Le nom ? Villa Dominarium, qui deviendra ensuite La Ville-aux- Dames (la commune sera d’ailleurs renommée Les Sables, pendant la Révolution). Mais ce n’est qu’en 1974 – le 13 mars exactement – que la ville verra ses rues baptisées en l’honneur des femmes. Le maire de l’époque, Lionel Delaunay, décide de donner des noms de femmes plus ou moins célèbres aux rues. Unique en France.

Notre GPS n’aura jamais vu autant de dames !
Notre GPS n’aura jamais vu autant de dames !

DE TOUS LES DOMAINES

Cinéma, santé, Histoire et bien d’autres… Du square Mary Queen of Scotts à la rue Anne Frank, les femmes mises en valeur par les plaques de rue se sont illustrées dans bien des domaines. En errant un peu au hasard, on tombe sur la rue Lucie Coutaz Repland. Qui n’est autre que la cofondatrice d’Emmaüs, systématiquement associé à l’Abbé Pierre, mais dont on oublie trop souvent à quel point Lucie Coutaz a fait part intégrante du projet. Guérie d’une paralysie à Lourdes en 1921, elle deviendra secrétaire de l’Abbé Pierre qui, lui-même, la contactera directement pour créer la fondation Emmaüs.

En remontant la rue, on tombe sur l’avenue Jeanne d’Arc. Un détour par la rue Louise Weiss (femme de lettres, journaliste, femme politique et féministe, rien que ça), puis l’on atterrit sur l’avenue non pas Pierre mais Marie Curie. Désolé Pierrot, mais ici, on se rappelle que madame a obtenu deux prix Nobel.
En s’égarant un peu, on finit même dans un quartier sympathique et tout propret. Un panneau indique le croisement de la rue Marie Laurencin, artiste peintre proche de Picasso, et celle de Raymonde Meunier. Née à Joué-lès- Tours, cette résistante est connue (ou pas) pour son rôle d’agent du réseau CND-Castille dans la région de Tours dans les années 40.

Trop d’Honoré de Balzac tue l’Honoré. Ici, on met à l’honneur sa soeur. Laure de Balzac possède une autre rue, à Paris, appelée rue Laure-Surville, son nom de femme mariée.
Trop d’Honoré de Balzac tue l’Honoré. Ici, on met à l’honneur sa
soeur. Laure de Balzac possède une autre rue, à Paris, appelée
rue Laure-Surville, son nom de femme mariée.

LES BÂTIMENTS AUSSI

L’oeil fouineur remarquera que le gymnase porte le nom de Lionel Delaunay, tandis que le boulodrome s’appelle Vincent Masanet. Mais pour le reste, en majorité, la municipalité a choisi de donner à ses bâtiments et édifices des noms de femmes célèbres.
En témoignent l’accueil de loisirs Françoise Dolto (psychanalyste française), la résidence pour personnes âgées Jeanne Jugan (religieuse et fondatrice des Petites Sœurs des Pauvres) ou encore la salle de spectacles Maria Callas, du nom de la cantatrice.

Les édifices municipaux ont aussi droit de rendre hommage aux femmes !
Les édifices municipaux ont aussi droit de rendre hommage aux femmes !

OH, L’INTRUS !

Une toponymie rêvée, un nom d’impasse qui en jette : La Dame Noire. Oui mais non. Il s’agit en fait du nom de code de… Jérôme Besnard, curé de La Ville-aux-Dames, figure de la résistance tourangelle, dans le réseau Marco Polo.
Aux côtés de la place du 11-Novembre, par exemple, elle fait partie des rares rues à ne pas être féminine.

La seule voie de la commune dédiée à un homme. Jérôme Besnard était un prêtre et résistant tourangeau.
La seule voie de la commune dédiée à un homme. Jérôme Besnard était un prêtre et résistant tourangeau.

> À noter que tmv est désormais disponible dans 4 nouveaux endroits à La Ville-aux-Dames : Karamel Kafé, Concept Immo 37, Le Concorde et La Cale Sèche.

Qui se cache derrière les tags du Soleil Levant ? (3)

#EPJTMV On vous l’avait dit, on a trouvé l’artiste des tags du Soleil Levant. Tmv l’a rencontrée à l’occasion de son exposition à Ballan-Miré. Gil KD nous en dit un peu plus sur son travail.

Episode 3 : “Mettre un peu de couleurs dans ces endroits tristounets”

tag Gil KD
L’artiste est fascinée par la beauté des Asiatiques. C’est pour cela qu’elle les représente. Photo : Philippine David.

Beaucoup de monde repère vos graffs dans les rues de Tours. Pourquoi avoir eu envie de taguer les murs ?

Mon but est de provoquer un instant d’émotion, donner une éclaircie dans cette vie parfois pas très drôle. Je veux mettre un peu de couleurs dans ces endroits souvent trop tristounets. Il y a beaucoup d’écritures sur les murs mais peu de dessins.

Quand a commencé cette aventure ?

Il y a près d’un an. J’ai débuté par un duo de femmes coloré au parking de l’Ile, vers le quai Paul-Bert, un mercredi à 15 heures. Aujourd’hui il y en a quinze au total à Tours et au delà. Certains sont aujourd’hui effacés ou recouverts par d’autres graffs. Mais ce n’est pas grave, ça fait partie du jeu ! Les gens doivent se les approprier. Je suis d’ailleurs surprise que la plupart de mes graffs soient toujours présents.

Vous représentez seulement « la femme » dans vos créations. Pourquoi avoir choisi de taguer des femmes asiatiques dans les rues ?

S’il y a une chose que je revendique c’est la féminité. Je veux que les femmes s’assument. Mes dernières créations sont les Japonaises en rouge. Je les dessine parce que je trouve qu’il y a un décalage entre la société puritaine, carrée et le fait de les trouver dans la rue. Elles sont sobres. Pour moi ce sont des beautés à l’état pur ! Dans la rue ces femmes deviennent libres.

tag Gil KD
Gil KD représente la féminité dans toutes ses créations. Photo : Philippine David.

Comment et pourquoi choisissez-vous ces endroits pour taguer ?

Je repère les lieux quand je circule en voiture ou à pied, sur mes trajets quotidiens. Par exemple, j’en ai fait un à la Ville-aux-Dames parce qu’il y avait plein de graffs. Je me suis dis pourquoi pas ? Ca fera un entraînement. Je le mettrai bien là ! Mon graff au quartier Blanqui est un clin d’oeil à ma fille qui y habite. Je voulais qu’elle se dise « ah, tiens ! Maman est passée par là ». J’en ai tagué un autre au parking de l’île, vers les quais Paul Bert, parce que je trouvais cet endroit incroyablement moche.

Comment utilisez-vous les éléments qui vous entourent ?

J’ai besoin qu’on voit le support sur lequel je graffe. Le dessin doit vivre avec le décor. Mais je ne tague pas dans les lieux protégés, ou sur les monuments. Je respecte aussi les tags des autres, je graffe à côté. Je ne veux pas marcher sur les pas de quelqu’un. Je n’ai pas autant de prétention !

Quand vous partez à l’aventure, qu’emmenez-vous avec vous ?

J’emmène mon escabeau et mon masque. Puis mes pochoirs aussi, car les visages sont dessinés à l’avance. Je les retouche ensuite sur place. Je fais ça en 20 minutes. Ca m’est déjà arrivé de taguer un matin aux aurores où il pleuvait des cordes, j’étais en parka, avec ma capuche… une vraie délinquante (rires).

Quelles sont vos techniques artistiques ?

Avant, je collais des dessins. Des nanas en noir et blanc sur des piliers, des ponts, des portes… que la nuit ! Je suis passée à la bombe il y a trois ans, parce que j’en avais marre des collages. Je les appelle les flash mode. Flash parce que je fais ça rapidement et mode parce que mes créations sont colorées. Dans les robes de mes femmes j’écris les mots love et peace très vite et dans tous les sens… Puis j’aime les couleurs, les fluos, le pep’s… toute la gamme de bleu, rose, orange. J’adore. Oui, je suis une éternelle optimiste.

On ne s’attend pas à découvrir une femme, de 50 ans, lorsque l’on voit vos créations. En avez-vous conscience ?

Cela ne m’étonne pas ! Souvent on me dit que mes peintures font jeunes. Il est vrai que le street art est récent. C’est la vague du moment et Tours n’arrive d’ailleurs pas à s’y mettre. Mais moi je dessinais déjà dans les rues de Paris quand j’avais 20 ans. Mon grand-père m’avait appris à dessiner à la craie. Mais les gens qui me connaissent ne sont pas surpris, parce que ces graffs me ressemblent. Ce que je fais est un trip pas possible. J’ai des projets et je sais déjà où seront mes prochaines créations…

Philippine David et Lénaïg Le Vaillant.