Tour(s)plus / L'agglo bascule aussi

Quid de l’agglo et des dossiers qui vont suivre, après ces municipales ?

Première historique : Tour(s)plus va être dirigée par la droite tourangelle. Depuis sa création en 1999, la communauté d’agglomération n’avait connu que la gouvernance de Jean Germain et des municipalités de gauche majoritaires. Mais la double défaite du maire sortant de Tours et de Philippe Le Breton à Joué-lès-Tours va, mathématiquement, faire basculer Tour(s)plus dans le giron de la droite.
Le changement de municipalité à Ballan-Miré et Fondettes ne fait qu’asseoir cette suprématie déjà esquissée au premier tour des élections par Saint-Cyr et Saint-Avertin.
C’est la première fois en France que les électeurs votaient en même temps pour les conseillers municipaux et communautaires. À Tours, sur les 47 membres communautaires, 32 seraient de droite, laquelle contrôle désormais 11 communes des 19 qui composent Tour(s)plus. Depuis plusieurs années, l’agglomération tourangelle prend de l’importance dans les grands aménagements de l’aire urbaine. Elle gère notamment le réseau de bus et surtout, le tram. Active dans la culture, elle s’occupe de nombreuses salles, notamment Le Temps Machine.
L’arrivée de la droite à sa tête pourrait remettre en cause les futurs grands projets initiés par la présidence de Jean Germain.
Dès maintenant, se pose une première question : qui va prendre la tête de l’agglomération ? Si traditionnellement, c’est le maire de Tours qui devrait diriger Tour(s) plus, ce n’est pas une règle écrite dans le marbre. Serge Babary n’a d’ailleurs pas parlé de l’avenir de l’agglomération lors de sa victoire à Tours. Le nom de Philippe Briand, le président de l’UMP d’Indre-et-Loire, circule depuis le début de la semaine. Le maire de Saint-Cyr, en plus d’avoir été réélu haut la main au premier tour (75 %), est député de la 5e circonscription d’Indre-et-Loire depuis 1997. Proche de Sarkozy, Philippe Briand fait office de leader de l’UMP tourangelle.
B.R.

Philippe Briand, pressenti pour prendre la tête de l’agglomération tourangelle.
Philippe Briand, pressenti pour prendre la tête de l’agglomération
tourangelle.

 

Analyse : Tours vire au bleu

Les municipales 2014 sont terminées. Tours est passée à droite et sera gérée par Serge Babary. Analyse de ce qui l’attend.

(Photo NR Patrice Deschamps)
(Photo NR Patrice Deschamps)

Dimanche soir, Jean Germain, au moment de reconnaître sa défaite, avec une indéniable dignité, avait assuré que l’équipe sortante ne pratiquerait pas la politique des tiroirs vides et de la déchiqueteuse à papier.
Et c’est vrai que nombreux sont les dossiers sur lesquels le maire élu, Serge Babary et son équipe vont avoir à se positionner très rapidement. La question des rythmes scolaires et la grogne qui s’en est suivie à Tours (dont la municipalité sortante avait sans doute sous-estimé la portée) a toutes les chances de revenir sur la table. Il ne pourra pas être question de remettre en cause la loi en elle-même, il faudrait un retour en arrière gouvernemental pour cela, mais l’application du texte, notamment en ce qui concerne les horaires et l’organisation des activités périscolaires, relève de la compétence municipale.
Côté urbanisme, il faudra statuer sur la deuxième ligne de tram, dont on peut présager qu’elle ne sera pas une priorité pour la nouvelle
équipe. Le nouveau maire n’a jamais caché son scepticisme quant à cette réalisation phare de son prédécesseur.
Quid, encore, du vaste projet de réaménagement du haut de la rue Nationale ? Et de l’îlot Vinci ? Et de la cité Mame, destinée par l’équipe Germain à devenir un pôle d’enseignement des arts graphiques ? Pour ce qui est du virage Nascar du Parc Expo, l’affaire semble entendue : il faudra sans doute reboucher les premiers trous du chantier. Issu du monde économique (chef d’entreprise et président de la CCI), Serge Babary aura sans doute à cœur d’envoyer un message fort aux entreprises et aux commerçants de la ville. Enfin, précision importante, apportée dès dimanche soir sur le plateau de TV Tours, par l’intéressée elle-même : Sophie Auconie, 2e de liste, ne sera pas première adjointe à Tours. Elle préfère se concentrer sur sa fonction de députée européenne et, surtout, sur la campagne électorale à venir. Autre joute politique qui s’annonce bien difficile pour la gauche, autant au niveau local que national.
Matthieu Pays
√ 44,06 %
C’est le taux d’abstention relevé pour la ville de Tours, lors du second tour des municipales. Il était de 47,62 % au premier tour.

Municipales : Serge Babary, nouveau maire de Tours

Pour le second tour des municipales, tmv vous livre infos et résultats tout au long de la soirée.

Comme la semaine dernière, tmv suit en direct les municipales 2014. Pour rappel, lors du premier tour, Jean Germain a été égratigné par Serge Babary ; le FN, lui, a percé (cf. notre analyse ICI). Ce dimanche soir, nous connaîtrons le nom du nouveau maire de Tours.
22 h 09 : résultats définitifs >> Babary (Tou(r)s ensemble, 49,76 %) ; Germain (Tours, tout simplement, 41,68 %) ; Godefroy (Tours Bleu Marine, 8,57 %).

Photo capture écran http://elections.tours.fr/
Photo capture écran http://elections.tours.fr/

22 h 05 : Sur 71 bureaux, Babary (49,62 %) ; Germain (41, 97 %) et Godefroy (8,61 %)
21 h 46 : Plus que dix bureaux à dépouiller. Le FN n’a pas franchi la barre des 10 %.
21 h 37 : les résultats définitifs bientôt connus. Sur 62 bureaux, Babary (48,23 %) ; Germain (42,78 %) et Godefroy (8,99 %).
21 h 30 : Joué-les-Tours bascule à droite !
21 h 26 : déclaration de Serge Babary sur TV Tours : « Ce soir, les Tourangeaux expriment leur volonté de changer. »
21 h 22 : « François Mitterrand disait « quand on est dans les sables mouvants, on évite de s’agiter ». C’est ce que je vais faire. » (Jean Germain)
21 h 17 : déclaration de Jean Germain sur TV Tours : « Nous avons perdu cette élection. Je félicite Serge Babary »
« Après cette élection, je vais rentrer dans un certain silence. »
21 h 07 : Tours passe à droite. Jean Germain reconnaît sa défaite.
21 h 04 : 34 bureaux dépouillés et Serge Babary reste en tête (46,84 %).
20 h 56 : les chiffres changent, rechangent et rechangent encore ! Sur 24 bureaux, Babary (45,33 %) ; Germain (44,29 %) et Godefroy (10,38 %).
20 h 50 : pour l’instant, seules 65 voix séparent Jean Germain et Serge Babary.
20 h 42 : 14 bureaux sur 75 : Babary (43,89 %) ; Germain (45, 36 %), Godefroy (10, 75 %)
20 h 33 : 6 bureaux sur 75 : Babary (48,15 %) ; Germain (42,69 %) et Godefroy (9,16 %)
20 h 28 : Chinon passe à droite : Jean-Luc Dupont (« Un nouveau souffle pour Chinon ») 62,47 %, Celine Delagarde (« Chinon 2020 ») 22,75 %, Bernard Sicot (« Ensemble bougeons Chinon ») 14,76 %.
20 h 25 : Et de deux bureaux dépouillés ! Serge Babary reste en tête.
20 h 14 : premier bureau dépouillé : Tou(r)s ensemble 45,04 % ; Tours bleu Marine 10,18 % ; Tours tout simplement 44,18 %. Serge Babary devance donc Jean Germain… d’une voix (177 contre 176).
20 h 10 : Jean-Patrick Gille : « Il y a une interrogation sur le devenir du vote du Front national (…) » et évoque l’idée de « s’être préparé » en cas de défaite (TV Tours)
20 h 05 : Les Verts laissent entendre que Tours basculerait à droite ! (Info de la Nouvelle République)
19 h 44 : D’après La Nouvelle République, sur 12 bureaux (Fontaines + hôtel de ville), soit un peu plus de 12 000 électeurs, la participation s’établit à 59 % contre 54 % dimanche dernier.
19 h 30 : les dépouillements ont commencé. Les résultats tomberont dans la soirée.
18 h : Plus qu’une heure pour voter !
17 h 40 : A 17h, la participation en Indre-et-Loire était de 58,12 %. Une progression, comparé au premier tour.
16 h 30 : visiblement, la pluie fait venir les Tourangeaux dans les bureaux de vote !
N’oubliez pas, vous avez jusqu’à 19 h !
2014-03-30 16.18.27
12 h 40 : à midi, le taux de participation dans le département de l’Indre-et-Loire atteint les 20,87 % (contre 21,50 % au premier tour).
A titre de comparaison, il est de 19,20 % dans le Loir-et-Cher.
Plus généralement en France, à midi, 19,83 % des votants s’étaient rendus aux urnes.
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Sage-femme, métier en mouvement

La profession est en grève depuis plusieurs mois pour plus de reconnaissance, le ministère de la Santé a fait une sortie. Analyse.

A Paris, pendant les manifestation en février dernier. (Photo Collectif Sages-femmes)
A Paris, pendant les manifestation en février dernier. (Photo Collectif Sages-femmes)

La ministre de la santé, Marisol Touraine, a annoncé la création d’un nouveau statut médical, au sein de la fonction publique, pour les sages-femmes. Une déclaration qui divise la profession. De son côté, très mobilisé, le collectif des sages-femmes a déclaré la poursuite des actions et juge ce nouveau statut « insuffisant ». Il souhaite, notamment, que ces professionnels deviennent des praticiens hospitaliers, au même titre que les médecins et les dentistes. En revanche, plusieurs syndicats se sont dits satisfaits des déclarations de la ministre.
Depuis le mois d’octobre, une grande majorité des sages-femmes étaient en grève dans les hôpitaux français pour demander plus de reconnaissance dans leur métier. « Nous n’avons jamais demandé plus de compétences, explique Clotilde Cholet, sage-femme à l’hôpital Bretonneau. Nous voulons juste qu’elles soient reconnues. » Depuis 2009, les sages-femmes peuvent s’occuper du suivi gynécologique des femmes, de l’adolescence à la ménopause. « Nous sommes formés pour faire un frotti, l’examen de dépistage de cancer du sein, ajoute Clotilde Cholet. Nous avons également le droit de prescrire des médicaments, dans le cadre de la santé des femmes, de faire leur déclaration de grossesse. Comme les médecins, nous sommes responsables légalement de nos actes. Et pourtant, nous sommes déconsidérés. Notre métier ce n’est pas seulement les accouchements. »
Grèves et études
Aussi en grève, les étudiants sages-femmes se sont beaucoup mobilisés pour valoriser leur formation et leurs compétences. « Ce métier a toujours été dans une case à part, des études au monde professionnel, constate Thomas Savary, président du Syndicat national des étudiants sages-femmes. Nous faisons la même première année que les étudiants en médecine. Ensuite, à l’école de sage-femme, nous sommes à part. Nous n’avons pas les mêmes bourses, les mêmes avantages, et la rémunération des stages est moindre. »
Marisol Touraine a déclaré que les étudiants sages-femmes seront traités, pendant leurs stages, comme les internes en médecine. D’autre part, pour le reste de la profession, la ministre explique que le ministère de la santé prendra des mesures pour assurer la promotion du métier auprès du grand public et promet une revalorisation des salaires.
Profession médicale
Dans un mail, une sage-femme tourangelle explique son interrogation quant au nouveau statut proposé : « La profession est divisée et surtout indécise quant à la décision de la ministre. Je ne sais toujours pas si la sortie de la Fonction Publique Hospitalière est la meilleure solution, car cela risque d’induire de telles tensions qui ne nous permettraient plus d’avancer. Il parait important d’insister surtout sur le besoin de toutes les sages-femmes : la reconnaissance du caractère médical de leur profession au sein ou hors de la fonction publique hospitalière. »
 

"Des pédagogies qui développent l'autonomie de l'enfant"

Enseignant-chercheur au département des Sciences de l’Éducation et de la Formation à l’Université de Tours, Samuel Renier analyse l’histoire et les évolutions des pédagogies alternatives.

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À quel courant appartiennent ces pédagogies dites alternatives ?
Le terme est vaste et fourre-tout. Freinet, Montessori et Steiner appartiennent au courant de l’Éducation nouvelle. Le terme « alternatif » peut aussi se prêter au courant traditionaliste, fondé sur la rigueur, ou au courant libertaire. Mais ce n’est pas le propos ici.
Qu’apportent ces pédagogies à l’enfant ?
Il est difficile d’apporter une réponse globale. Mais ces écoles ont tendance à développer l’autonomie de l’enfant, peut-être plus fortement qu’ailleurs.
Comment les écoles Freinet, Montessori et Steiner ont évolué depuis un siècle ?
On a pu noter un développement très fort, à partir des années 30 et jusque dans les années 70. Puis une baisse dans les années 80-90. Mais c’est un champ en constante reconfiguration. L’éducation a pour objet ce qui est mouvant, ce qui évolue. On apprend, on se transforme. De nouvelles pratiques pédagogiques se développent. Par exemple, à Langouet (en Bretagne), une école centrée sur l’écologie et le développement durable s’est ouverte.
Les personnes extérieures à ces classes sont surprises du calme des élèves…
L’une des grandes forces de ces pédagogies nouvelles, c’est que la discipline n’est pas imposée de l’extérieur. L’enfant fait, de son propre chef, un effort pour se discipliner et répondre à son intérêt. Il en est plus facilement capable.
Les enfants qui viennent de ces pédagogies alternatives et qui intègrent au cours de leur vie un circuit plus classique, comment se comportent- ils ?
Généralement, les élèves obtiennent de bons résultats. Toutefois, cela ne veut pas dire que ces écoles sont meilleures que les autres.
Ces écoles ne sont-elles pas réservées à des parents militants et initiés ?
Elles sont assez peu répandues. Il y a donc la nécessité d’un engagement des parents, souvent lié à une réflexion éducative. Cela peut aussi venir d’un état de fait, quand l’enfant ne se retrouve pas dans le système classique. Enfin, il ne faut pas négliger l’effet de proximité et le bouche à oreilles !
Ont-elles influencé l’éducation dite classique ?
Les frontières sont poreuses. Certaines de ces pédagogies sont menées au sein d’établissements sous tutelle du ministère de l’Éducation nationale. D’autres sont même reconnues en tant qu’écoles expérimentales, en lien avec la recherche en Sciences de l’éducation. Historiquement, le courant de l’Éducation nouvelle a eu un impact fort notamment sur la pratique en classe. Si aujourd’hui, il existe des Travaux personnels encadrés (TPE) ou des travaux pratiques en sciences, c’est aussi grâce à ce mouvement. Plus globalement, la place accordée à l’enfant a évolué grâce à l’Éducation nouvelle.
Pourraient-elles un jour, devenir la norme ?
Elles n’ont pas vocation à être généralisées à grande échelle. Tout d’abord parce qu’elles devraient se soumettre à un impératif d’évaluation et d’uniformisation, ce qui ne cadre pas avec leurs fondements. En outre, ces pratiques sont intéressantes par leur singularité. C’est ce qui fait leur force.
Propos recueillis par Guillaume Vénétitay