L’actualité des années ’90

[Spécial années 90] Oubliez les couleurs pop de la décennie précédente : les 90’s sont sous le signe de la poudre, du métal et du digital. Sport, politique, société… Petite sélection de quelques événements qui ont marqué l’actualité.


LA FIN DE L’APARTHEID

L’Afrique du Sud dit officiellement adieu à son modèle ségrégationniste et en 1994, Nelson Mandela devient président de la République d’Afrique du Sud. Ce sont les premières élections nationales du pays auxquelles purent participer les Noirs.

#BALANCETONPRESIDENT

Monica Lewinsky, stagiaire à la Maison Blanche, révèle les pratiques peu déontologiques de son boss. En mentant devant le Congrès, Bill Clinton signe son décès politique. Il échappe de peu à la destitution.

DOLLY

Le clonage de la brebis Dolly élargit le champ des questions de bioéthique. Premier mammifère officiellement cloné de l’histoire, elle meurt en 2003, souffrant d’un vieillissement précoce lié à sa création. Oups ! On peut voir son corps exposé au musée d’Edimbourg.

Et le GPS fut

Il est dans votre poche, accessible avec n’importe quel smartphone, mais à l’époque, il était réservé aux pilotes d’avion et aux bateaux de marchandises. A l’élite, quoi. Au fait, connaissez-vous la signification de son acronyme ?

Hello, Lizzie !

Inauguré le 6 mai 1994, le tunnel sous la Manche est le plus grand ouvrage sous-marin au monde et concrétise les romans de Jules Verne. François Mitterrand peut enfin aller prendre le thé chez Elizabeth sans se mouiller.

DES MAUX ET DES LETTRES

Les romans sombres et désespérés (ou désespérants) tiennent la corde. De l’autre côté de l’océan, American Psycho, de Bret Easton Ellis et Une pastorale américaine de Philip Roth. Chez nous, L’Inceste de Christine Angot, Les particules élémentaires de Houellebecq, Truismes de Marie Darieussecq, Les Racines du mal de Dantec, donnent envie aux lecteurs de se coincer la tête sous le canapé. Pour rire, il vous reste Le Journal de Bridget Jones.

ON EST LES CHAMPIONS

98, on est les champions,la France écrase le Brésil en finale et gagne la Coupe du monde. C’est la fête, la fiesta, la folie, tout Paris se rue sur les Champs et hurle de joie autour de Zidane, Petit, Dessailly devenus des icônes. Vingt ans plus tard, Deschamps, leur capitaine réussira même à en rafler une deuxième en tant que sélectionneur.

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CHIRAC ET CHIRAC

Les jeunes socialistes qui dansaient sur le pavé de Paris en mai 1981 laissent la place aux militants RPR. Jacques Chirac s’installe à l’Élysée pour deux mandats et il fera tourner les premiers ministres, de gauche comme de droite.

Jacques Chirac et Michel Debré ; Amboise confrérie vins 1991
photo archives NR RETRO

ADIEU LÉNINE

Ok il était mort (mais pas enterré) depuis longtemps. Mikhaïl Gorbatchev abandonne le navire URSS en août 1991. Ce qui lui laissera ensuite du temps pour faire le mannequin chez Louis Vuitton (plus d’infos dans un numéro tmv à venir).

L’HOMME DE TOUTES LES AFFAIRES

On ne savait pas si on devait le mettre dans les 80’s, les 90’s ou les années 2000, alors on choisit le milieu : ministre et homme d’affaires, Bernard Tapie est l’homme de la décennie et de tous les scandales. Affaire Bokassa, Adidas, matchs de l’OM, Crédit Lyonnais…

> Retrouvez l’intégralité de notre numéro spécial années ’90 en téléchargeant le PDF ici

 

#WTF60: Toutou, homme tout nu et femme trompée

Un amant pris pour un zoophile, un émoji vegan, un double millionnaire, un homme interpellé pour avoir sorti ses poubelles nu. Voilà l’actu insolite et #WTF de la semaine.

WTF

> Nous adressons toutes nos félicitations à BFM TV pour leur titre digne d’un Prix Pullitzer : « Lot-et-Garonne : elle surprend l’amant de son mari nu avec le chien et le prend pour un zoophile ». Pour information (on sent bien que vous avez envie d’en savoir plus), l’histoire est en fait celle d’une épouse rentrant chez elle et tombant nez-à-nez avec un inconnu, uniquement vêtu d’un tee-shirt et dans « une posture douteuse avec un gros chien ». En fait, l’homme essayait simplement de faire taire les aboiements du toutou, alerté par l’arrivée impromptue de madame qui, de fait, venait d’interrompre les ébats entre son mari et le fameux intrus. Il a été relâché après sa garde à vue. L’histoire ne dit pas comment s’est terminée la discussion entre madame et son futur-probable-ex-mari.

> Jennifer Daniel, responsable du design des emojis chez Google, a annoncé un changement de taille sur Android. L’emoji salade va changer : il n’y aura plus… d’oeuf ! « Nous l’avons retiré dans Android P Beta 2, pour que cela soit une salade Vegan plus inclusive », a annoncé la firme.

> Un joueur de Haute-Savoie a remporté à deux reprises, en 18 mois, le pactole d’un million d’euros à My Million. Il avait une chance sur 16 billons.

> Un habitant du Doubs a été interpellé pour avoir sorti ses poubelles nu. C’est une voisine qui a porté plainte, après l’avoir vu faire à plusieurs reprises. « C’est plus pratique », s’est-il expliqué aux gendarmes. Il a été placé sous contrôle judiciaire.

NextWeek : l’actu de la semaine du 21 au 25 décembre

Qu’y aura-t-il à se mettre sous la dent côté actu, la semaine prochaine en France, mais aussi à Tours ?

MERCREDI

Orgasme. Le 21 décembre, c’est… la Journée mondiale de l’orgasme. Eh oui, ça existe. Elle a été lancée en 2006 par une association anglo-saxonne, la Global Orgasm. Ses fondateurs indiquent que si nous faisions tous l’amour en même temps, une vague d’ondes positives envahirait le monde. Vivement le 21, donc. Sinon, c’est aussi le jour le plus court de l’année (mais non, promis messieurs, il n’y a aucun rapport…).
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JEUDI

Tours. Le 22 décembre, place au Marché gourmand exceptionnel de Noël, boulevard Heurteloup. Une vingtaine de producteurs seront présents et proposeront des produits pour les repas de fêtes.
> De 16 h à 20 h 30.
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Astronomie. Levez les yeux au ciel. Le jeudi 22 et le vendredi 23 décembre, dès l’aube, on pourra observer Jupiter (vous pourrez voir une sorte « d’éclat diamanté », comme l’explique Guillaume Cannat, spécialiste, sur son blog hébergé par Le Monde).

VENDREDI

Technologie. Apple a prévenu les développeurs d’applications iOS : il ne sera pas possible de publier quoique ce soit sur l’AppStore entre le 23 et le 27 décembre. La firme n’a pas donné d’explications à cette restrictions. Les congés, peut-être ?

SAMEDI

Noël pour tous. Le 24 décembre, à Tours, c’est Noël pour tous. L’opération est montée par le diocèse et les paroisses de la ville, ainsi que diverses associations comme la Banque alimentaire, la Croix-Rouge, la Barque, le Secours catholique, et Habitat & Humanisme. Au programme, un énorme buffet partagé, de la musique et des jeux. « Tout le monde peut participer, les personnes à la rue, mais aussi les personnes en hébergement d’urgence, les migrants, les personnes isolées et tous ceux qui se sentent invités », précise l’organisation.
> Le 24 décembre, de 18 h à 23 h, place Châteauneuf et cour de la salle Ockeghem, à Tours.

Journalisme : ces médias qui bousculent l’actu locale

Parce qu’ils sentaient une certaine défiance des citoyens vis-à-vis de la presse, ces journalistes ont voulu innover et bousculer les choses. À l’occasion des Assises du journalisme*, zoom sur certains médias qui ont décidé de traiter l’actu locale différemment, à Tours et ailleurs.

Cliquez sur la photo pour l’agrandir.

LE RAVI (PACA)

Leur dernière Une annonce la couleur. Le titre ? « Quand le FN prend le pouvoir ». L’illustration ? Un dessin fendard où un cafetier demande « Un p’tit noir ? Un gros rouge ? Un jaune ? » devant un élu FN surexcité qui hurle « Un grand blanc sec !! » Le Ravi, c’est ça : ça pique et ça arrache. « Une presse poil à gratter et irrévérencieuse, où on se tient à distance des pouvoirs économique, politique et spirituel », présente Michel Gairaud, le rédacteur en chef. Ce mensuel aux 13 années d’existence tirant à 5 000 exemplaires fonctionne sur les enquêtes et la satire. « Si la porte est fermée, on passe par la fenêtre », théorise-t-il. Leurs dessins de presse agissent comme un pansement qu’on arrache d’une zone poilue. Leurs reportages font grincer des dents (notamment sur les conseils municipaux). « On nous compare à un amour incestueux entre Mediapart et le Canard enchaîné », dit Michel Gairaud. Avant de lancer : « Le Ravi, c’est le canard qui ne baisse jamais les bras. »
> leravi.org

37° (TOURS)

« Aucun média tourangeau n’avait pris le pari du 100 % web et aucun n’avait tenté le côté “ journalisme simple ” comme on parle à son voisin », explique Mathieu Giua, la tête pensante du pure-player 37°. Le constat est toujours le même : « Il y a une défiance face à la presse. » Alors l’aventure 37° est lancée. Immanquable dans le paysage de l’info locale, le site se veut être « un magazine socioculturel. On fait beaucoup de politique, de faits sociétaux et culturels. Il y a des sujets de fond et parfois de la légèreté. On ne s’interdit rien, mais on est pédagogues : on donne des clés au lecteur », précise Mathieu Giua. Lui qui pense « qu’il n’y a jamais trop de presse », regrette tout de même qu’il n’y ait « pas assez de pluralité dans la façon de faire ». 37°, après avoir rempli son objectif de devenir un média crédible, souhaite voir plus loin. Il va donc lancer une web TV « pour servir les acteurs locaux » et ressusciter un gros délire, en relançant Le sujet décalé (LSD). De quoi satisfaire les 50 000 visiteurs uniques par mois de 37°.
> 37degres-mag.fr

MARSACTU (MARSEILLE ET ENVIRONS)

Le conseil général des Bouches-du-Rhône l’a souvent dans le collimateur. Et pour cause : MarsActu s’est intéressé au clientélisme qui y règne et aux affaires touchant son président Jean-Noël Guérini. Lequel a d’ailleurs qualifié les journalistes de « connards », après quelques questions gênantes. MarsActu est comme ça : il grattouille là où ça picote. Créé en 2010, ce pure-player s’intéresse à Marseille et sa région, à coup d’enquêtes et reportages, du scandale des diplômes bidons à Science Po aux petites affaires bizarroïdes du monde de la culture. À l’automne 2015, ses journalistes ont relancé la publication en rachetant la société éditrice qui venait de faire faillite. Épaulé par Mediapart, MarsActu n’a donc pas fini de se proclamer fièrement « journal indépendant de Marseille ». Ce sont les politiques qui vont être contents.
> marsactu.fr
NB : la semaine dernière, le journal a été cambriolé à deux reprises en à peine sept jours.

LE MAP (NANTES) 

Son petit nom, c’est le Magazine des autres possibles. Le Map. Projet courageux d’une journaliste de 28 ans, Jeanne La Prairie. Entourée de Marie Bertin (une ancienne de l’EPJT, l’Ecole de journalisme de Tours) et de jeunes Nantais qui ont la gnaque comme elle, cette ex de tmv (eh ouais !) a créé ce mensuel qui veut traiter « des sujets de société à travers le prisme des nouvelles solutions, de l’innovation sociale locale : économie sociale et solidaire, développement durable, numérique social… ». Nantes verra ce nouveau journal débarquer début avril pour son numéro zéro, avant le n°1 en septembre. Le Map aura beau tenir dans la poche (format carte routière dépliable en huit), il proposera enquête au long, articles, grand portrait, le tout sur un thème choisi. « On va chercher les interlocuteurs qui prennent peu la parole. Il faut donner envie d’agir en expliquant ce qu’il se passe à côté de chez nous. » Le journal laissera aussi la place aux artistes locaux. En ciblant les 25-45 ans, Le Map souhaite avoir sa place sur Nantes : « Il y a quelque chose à faire, car les gens veulent retrouver la transparence dans la presse. Il leur faut une info utile et optimiste, sans être moralisateur ou chiant. » Fonctionnant sans pub, à 2 € le numéro, on leur souhaite que le meilleur.
> facebook.com/lemapnantes

LA ROTATIVE (TOURS & ENVIRONS)

Pas d’annonceurs, pas d’abonnements, pas de subventions. À la Rotative, « tout est assuré complètement bénévolement. Ce qui nous garantit une complète indépendance », tient à préciser ce site collaboratif d’informations locales qui ne passe pas inaperçu à Tours. « La Rota » n’est pas franchement fan des médias de la ville. « En vrai, il y a surtout un énorme conformisme de tous les acteurs médiatiques tourangeaux qui dépendent, pour vivre, des annonceurs et des bonnes relations avec les institutions. Et on est très critiques de la manière dont ces médias traitent des luttes sociales. » Régulièrement, une petite équipe de contributeurs-trices – individus ou collectifs – assure le traitement de l’info tourangelle et des environs. N’hésite pas à dégainer contre les médias du coin (la NR, info-tours et nous y compris), défendre les égalités hommes-femmes, interpeller sur les travers de la politique et surtout « offrir un espace d’expression à celles et ceux qui sont de l’autre côté du manche ». En résumé ? « On oscille entre luttes sociales et critique des médias. »
> larotative.info

DAILYNORD (NORD PAS DE CALAIS)

L’information pas ou peu exploitée ailleurs, c’est le credo de Dailynord. « L’autre information du Nord », comme on dit là-haut. Pour Nicolas Montard, le cofondateur de ce magazine en ligne, le média ch’ti « propose un regard honnête sur l’info locale : ni brûlot, ni consensuel, ni franc-tireur, ni partisan. » Lancé en 2009 par des journalistes indépendants pensant qu’il y avait « un créneau pour renouveler le ton de l’information en région », Dailynord enquille maintenant les reportages au format long – son gros plaisir – mais aussi de l’analyse et des « rebonds décalés sur l’actu ». Récemment, les Nordistes ont choisi de passer au format payant. Dans ce contexte plus que compliqué, « seule solution à notre sens pour nous financer », comme le rappelle Nicolas Montard…
> dailynord.fr

MAIS AUSSI
On aurait pu parler de Fakir (Amiens), journal local jusqu’en 2009, « lancé en réaction au Journal des Amiénois, l’hebdo municipal, qui titrait sur le carnaval alors que les fermetures d’usine se multipliaient », comme le rappelle Baptiste Lefevre, du journal désormais porté par des bénévoles. Il y aurait aussi Polenta !, le journal « qui ne rend pas i-diot », comme le souligne son site (polenta.lautre.net) et traitant l’actu de Chambéry et des alentours, avec enquêtes, poésie, reportage et théâtre. Ainsi que La Voix des allobroges, même si son équipe avoue être « en quasi sommeil », « n’arrivant pas bien vivre ». Ce « canard savoyard qui ouvre son bec » a squatté les kiosques pendant 4 ans, avant de tenter l’aventure web. Mais les temps sont durs…

* Les Assises du journalisme se dérouleront du 9 au 11 mars, au Vinci. Infos et inscriptions sur journalisme.com. Direct à suivre sur : assises.journalisme.epjt.fr

BONUS
3 (+1) bonnes raisons d’être journaliste et dépressif

Personne ne vous aime…
On le voit chaque année lors du classement des pires métiers et des professions les plus détestées des Français : le métier de journaliste est constamment sur le podium. Le plus haï (aux côtés de politique) et le pire à exercer (ex aequo avec bûcheron).

Google aussi se fiche de vous…
En tapant le début de phrase « pourquoi les journalistes » dans la barre de recherche Google, voilà les résultats automatiques qui sont proposés : « Pourquoi les journalistes sont-ils de gauche / parlent comme ça / mentent ». Méchant moteur de recherche.

… et même Mélenchon.
Ses échanges houleux avec les journalistes font le bonheur du Petit journal sur Canal. Jean-Luc Mélenchon adooore insulter et secouer les journalistes. Mais les exècre tant, qu’il adooore aussi passer à la télé et apparaître régulièrement dans les médias.

… Mais pas vos parents !
Consolation : papa maman vous aiment. Et sont fiers que vous soyez journaliste. Sans comprendre pourquoi vous stagnez en CDD depuis des lustres, et n’êtes ni au JT de TF1, ni sur le terrain en Syrie. Vous direz que c’est la faute de Mélenchon et de Google. Na !

#Jesuischarlie à l’école : les mots des profs

Après les attentats contre Charlie Hebdo et les récents événements, Éducation nationale et profs se retrouvent au centre des débats. Mais quel est leur rôle ? Leur place ?

Suite aux attentats, les professeurs ont choisi l’option du débat ou des questions. (Photo Phovoir)
Suite aux attentats, les professeurs ont choisi l’option du débat ou des questions. (Photo Phovoir)

Après les attentats contre Charlie Hebdo et les récents événements, Éducation nationale et profs se retrouvent au centre des débats. Quel est le rôle de l’école dans tout cela, dans l’après ? Jérôme Fonteneau est professeur de français à Blois. Pour lui, il était nécessaire de bousculer ses plans. « Dans la foulée, j’ai demandé à mes élèves s’ils voulaient parler, discuter librement… L’école est un lieu d’expression. » Tout le monde réagit « avec beaucoup de lucidité ». Mais « c’est vite retombé », déplore-t-il. Et problème : dans l’une de ses classes de 4e, certains se sentent offensés par les caricatures et clament « Je ne suis pas Charlie ». « Là, c’est délicat. Je les laisse s’exprimer, mais j’essaye de les ramener sur les libertés en France. C’était un peu tendu. Donc j’ai décidé de faire avec eux une séquence sur la liberté de la presse, avec la littérature dans l’Histoire, Montesquieu, etc. »

Pour Jérôme Fonteneau, l’école a pleinement son rôle là-dedans. Tout comme les enseignants. Diane Roman, professeur de droit public à l’université François-Rabelais de Tours, ajoute : « On a même TOUS un rôle à jouer. » Avec la doyenne, elles ont décidé de mettre en place une conférence débat ce jeudi 22 janvier (1) « pour donner un éclairage juridique sur les questions de ce drame ». Obligatoire, aussi, selon elle : « Faire connaître le souci du contradictoire. Notre arme, c’est la réflexion ! »
« On entend constamment à la télé : il n’y a qu’à, il faut que… », nuance Béatrice Boulay, enseignante en anglais au lycée. Comme si l’école devait tout faire. « On joue ce rôle de parent, d’éducateur, on transmet le savoir. On connaît le phénomène de la montée des extrémismes ; on voit aussi les gens rejetés du système. Il faudra redéfinir le rôle de l’école. Il y a un grand silence de la part de notre ministre. Ce serait bien qu’elle encadre tout cela, qu’elle lance l’idée d’un grand débat… »

A.G.

(1) De 17 h à 19 h, à l’UFR Droit.

>> VOUS POUVEZ CONTINUER A REAGIR, TEMOIGNER, PARLER SUR NOTRE PAGE SPECIALE.

Sage-femme, métier en mouvement

La profession est en grève depuis plusieurs mois pour plus de reconnaissance, le ministère de la Santé a fait une sortie. Analyse.

A Paris, pendant les manifestation en février dernier. (Photo Collectif Sages-femmes)
A Paris, pendant les manifestation en février dernier. (Photo Collectif Sages-femmes)

La ministre de la santé, Marisol Touraine, a annoncé la création d’un nouveau statut médical, au sein de la fonction publique, pour les sages-femmes. Une déclaration qui divise la profession. De son côté, très mobilisé, le collectif des sages-femmes a déclaré la poursuite des actions et juge ce nouveau statut « insuffisant ». Il souhaite, notamment, que ces professionnels deviennent des praticiens hospitaliers, au même titre que les médecins et les dentistes. En revanche, plusieurs syndicats se sont dits satisfaits des déclarations de la ministre.
Depuis le mois d’octobre, une grande majorité des sages-femmes étaient en grève dans les hôpitaux français pour demander plus de reconnaissance dans leur métier. « Nous n’avons jamais demandé plus de compétences, explique Clotilde Cholet, sage-femme à l’hôpital Bretonneau. Nous voulons juste qu’elles soient reconnues. » Depuis 2009, les sages-femmes peuvent s’occuper du suivi gynécologique des femmes, de l’adolescence à la ménopause. « Nous sommes formés pour faire un frotti, l’examen de dépistage de cancer du sein, ajoute Clotilde Cholet. Nous avons également le droit de prescrire des médicaments, dans le cadre de la santé des femmes, de faire leur déclaration de grossesse. Comme les médecins, nous sommes responsables légalement de nos actes. Et pourtant, nous sommes déconsidérés. Notre métier ce n’est pas seulement les accouchements. »
Grèves et études
Aussi en grève, les étudiants sages-femmes se sont beaucoup mobilisés pour valoriser leur formation et leurs compétences. « Ce métier a toujours été dans une case à part, des études au monde professionnel, constate Thomas Savary, président du Syndicat national des étudiants sages-femmes. Nous faisons la même première année que les étudiants en médecine. Ensuite, à l’école de sage-femme, nous sommes à part. Nous n’avons pas les mêmes bourses, les mêmes avantages, et la rémunération des stages est moindre. »
Marisol Touraine a déclaré que les étudiants sages-femmes seront traités, pendant leurs stages, comme les internes en médecine. D’autre part, pour le reste de la profession, la ministre explique que le ministère de la santé prendra des mesures pour assurer la promotion du métier auprès du grand public et promet une revalorisation des salaires.
Profession médicale
Dans un mail, une sage-femme tourangelle explique son interrogation quant au nouveau statut proposé : « La profession est divisée et surtout indécise quant à la décision de la ministre. Je ne sais toujours pas si la sortie de la Fonction Publique Hospitalière est la meilleure solution, car cela risque d’induire de telles tensions qui ne nous permettraient plus d’avancer. Il parait important d’insister surtout sur le besoin de toutes les sages-femmes : la reconnaissance du caractère médical de leur profession au sein ou hors de la fonction publique hospitalière. »
 

L'humeur de la semaine : Habemus papam

Une actualité passée à la moulinette tmv.

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Le pape s’avance sur le balcon du Vatican. De la Place Saint-Pierre devant lui, monte une clameur indistincte, comme un brouhaha, qui cesse aussitôt que sa présence devient visible de tous. Devant le pape, il y a deux micros dorés, tout fins, qui attendent sa parole, religieusement. Pendant un long moment, l’homme, tout du blanc et de pourpre vêtu, reste silencieux. Il semble écouter le silence de la foule comme on écoute la conversation d’un ami. On le connaît, ce pape, en fait. C’est un acteur célèbre. C’est Michel Piccoli. On est dans un film de Nanni Moretti.
Finalement, il se met à parler, le pape. Il dit que la mission qu’on lui a confiée est sacrée. Il parle avec des mots forts et profonds. La foule applaudit. Il dit qu’elle est sacrée, sa mission, mais que lui n’est pas en mesure de l’assumer. Qu’il n’est pas l’homme de la situation. Et qu’il ne veut plus être pape. Et la foule gronde. Et la foule pleure. Et le pape recule d’un pas et disparaît derrière le gros rideau.
Après, on ne sait pas du tout ce qu’il devient, l’ex-pape. Mais il nous est infiniment sympathique et pas seulement parce c’est Michel Piccoli. Mais parce que retirer ses habits de pouvoir alors que personne ne nous le demande, juste pour une raison qui nous dépasse, décider de redevenir un homme quand on a tutoyé Dieu, au cinéma comme dans la vraie vie, pardon, mais ça force le respect.