Hope festival : le rêve d’un danseur

L’association Dance Hope s’est lancé le défi d’organiser un festival de hip hop à Tours. Pour sa première édition, tous les acteurs sont mobilisés.

Baruc Mikiele, Tiara Logoué et Djalud Bandeke qui sont à l’initiative du Hope Festival.
Baruc Mikiele, Tiara Logoué et Djalud Bandeke qui sont à l’initiative du Hope Festival.

La page Facebook de l’événement Hope festival affiche quasiment 300 personnes intéressées et plus de 130 participants. Ce qui n’était qu’un petit événement avec 150 places prévues est en train de devenir un rassemblement auquel de nombreux amateurs de hip hop aimeraient être conviés. « Nous sommes en train de voir si nous pouvons utiliser d’autres salles du Centre social », anticipe Andry .R, « l’ancien » de 43 ans qui aide l’association Dance Hope à porter l’événement (et qui mixera pendant la journée). C’est son petit protégé, Baruc Mikiele qui en est à l’initiative. À seulement 21 ans, il a eu l’idée d’organiser un festival de hip hop complet, avec à la fois des battles de danse (break et all style) mais aussi de rap. « Pour bien faire il aurait fallu avoir du graff, peut-être l’année prochaine », se projette-t-il. Il voit loin et il a raison.

CaptureDepuis deux ans, le hip hop lui a permis de créer ses propres opportunités. Il a fondé son association en 2014 et donne aujourd’hui des cours de danse à une cinquantaine d’élèves dans les salles de centres sociaux. « Moi, le gamin qui a grandi au Sanitas, on me confie les clefs des centres », s’étonne-t-il encore parfois, avec fierté. Ce qui émane le plus de lui et des deux autres jeunes qui l’ont aidé à organiser l’événement c’est de la reconnaissance. « On a eu la chance d’être accompagnés et d’arriver jusque là. Aujourd’hui nous voulons donner leur chance à d’autres », explique Djalud, 22 ans, en charge de l’organisation logistique.
Tiana, en études dans la mode et en charge des backstages pour l’événement, renchérit : « On veut que les danseurs aient l’occasion de se faire un nom. » Elle explique aussi que leur projet doit permettre de casser les stéréotypes, comme l’idée que les « noirs danseraient mieux que les blancs, qu’il y aurait moins de femmes, etc ». Loisir, passion, le hip hop est devenu pour eux une affaire plus sérieuse. Grâce à leur professionnalisme, Baruc et Andry ont voyagé en France et dans le monde (Maroc, Japon, Thaïlande, Miami).

« Aujourd’hui on peut vivre du hip hop c’est vrai. Mais, comme tous les arts, c’est instable et cela demande énormément de travail », insiste Baruc. Lui-même n’a pas validé ses deux ans d’études postbac et le regrette souvent : « Il ne faut rien lâcher, il faut aller le plus loin dans ses études pour toujours avoir le choix. » Malgré tout, il a trouvé un emploi qu’il occupe en plus de ses cours, pour assurer ses arrières. Tous les matins, le jeune homme se lève à 5 h et part travailler chez un grand distributeur alimentaire, rentre à 13 h 30 et s’entraîne tout l’après-midi ou donne des cours selon les jours de la semaine. « Il faut se ménager, récupérer du sommeil pendant le week-end car si on en abuse notre corps nous arrête très vite », reconnaît-il. Comme dans tout sport, interdiction de manger n’importe quoi ou de relâcher la pression. Baruc s’attache à découvrir toutes les autres danses, classiques, moderne jazz, africaines, pour s’approprier leurs techniques. « Je demande toujours à mes élèves d’avoir beaucoup de vocabulaire. Quand j’en vois qui dansent depuis 6 ans avec certains profs et qui n’ont pas les bases ça me choque », s’agace-t-il.

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D’ailleurs des formations sont en cours pour répondre à la forte demande. Faire semblant de découvrir que le hip hop existe à Tours serait une hérésie : il y est bien présent depuis les années 1990 et une dizaine d’associations y sont consacrées. Mais depuis quelques années, la culture hip hop s’est structurée, institutionnalisée. Image7
Les mentalités ont changé tout comme « les postures des intervenants de culture urbaine », note Marie- Lise Aubry, coordinatrice jeunesse pour la ville. Andry le reconnaît également, chacun a appris les codes, comme remplir un cahier des charges par exemple. Cela a permis notamment au hip hop d’être inscrit dans le programme Réussite éducative de la ville, qui offre à des jeunes de quartiers prioritaires l’accès à des activités extrascolaires. « Cette année la caisse des écoles de la ville de Tours a même étendu l’atelier aux maternelles », informe Marie-Lise Aubry. Le but ? « L’éveil corporel. Les enfants travaillent leur équilibre, leurs appuis et ils observent ce que font les autres », explique Andry.

De nouveaux projets et de nouveaux acteurs accélèrent encore le mouvement. « Baruc a fait en un an ce à quoi je n’ai pas accédé pendant 20 ans. C’est la génération 2.0, tout va plus vite », plaisante Andry, plein de fierté. Il fallait oser, frapper aux bonnes portes, faire ses preuves. Beaucoup de critères qui ont demandé du temps. De quoi se réjouir même si Baruc aime rester prudent. « Pour le moment nous sommes très demandés, il faudra voir si ça dure. »

> Plus d’infos sur la page Facebook de l’asso ICI !

Captuére

#WTF 10 : une photo de patate à 1 million d’euros

Les histoires wtf et insolites de la semaine, avec une patate qui vaut cher et un film érotique diffusé après le match OL-OM.

Allô Houston ? On a une patate.

> KEVIN ABOSCH, PHOTOGRAPHE BRITANNIQUE, n’aurait jamais pensé tirer aussi bon prix de Potato #345, sa photo d’une patate sur fond noir. Un homme d’affaires européen, après 4 verres de vin, aurait acheté (notez la présence des triples guillemets) « « « l’oeuvre d’art » » » pour 750 000 livres. Soit près d’un million d’euros.

> C’ÉTAIT POURTANT BIEN TENTÉ. Deux apprentis-malfrats se sont attaqués à une librairie à Roubaix, dans le Nord. En voulant bien faire (braquer, donc), nos deux compères ont fait main basse sur le coffre-fort. Du moins, c’est ce qu’ils croyaient puisqu’il s’agissait en fait d’un Minitel…

> LE RAPPEUR BoB S’EST FAIT REMARQUER SUR TWITTER. Face à lui, un astrophysicien, Neil deGrasse Tyson qui a allègrement démonté ses « arguments », le rappeur n’hésitant pas à arguer que la Terre est plate et que nous n’avons aucune preuve du contraire. Copernic, si tu nous lis…

> LE FOOTBALLEUR CRISTIANO RONALDO s’est acheté un hôtel à Monaco pour 140 millions d’euros.

> À L’ISSUE DU MATCH OL-OM, la semaine dernière, un extrait d’un film érotique a été diffusé par erreur sur les les télévisions dans le stade. « Une erreur de manipulation », d’après le staff technique. Pour info, il s’agissait du film La Vie d’un gigolo.

Portrait chinois : Nivek, rappeur cosmique

Nivek, 28 ans, est un rappeur tourangeau. En 2010, il s’attaque avec brio à l’art de jongler avec les mots sur des boucles musicales. Cinq ans plus tard, un passage à France Inter et à Terres du Son, il nous livre son troisième EP : Very Bad Tape 3.

Nivek (Photo Thomas Chatriot)
Nivek (Photo Thomas Chatriot)

SI TU ÉTAIS UNE OEUVRE D’ART…

Une peinture de Narcisse regardant son reflet. Dans mes morceaux, le moi reste le prétexte pour parler d’autres choses.

SI TU ÉTAIS UNE PERSONNALITÉ POLITIQUE…

Olivier Besancenot, parce qu’il a arrêté.

SI TU ÉTAIS UN LIVRE…

Le Mythe de Sisyphe de Camus, parce que le lien entre l’absurde et l’Homme, ça me parle.

SI TU ÉTAIS UN FAIT D’ACTUALITÉ…

2005, la mort de Zyed et Bouna et la relaxe de leurs poursuivants cette année. Le pays est toujours dans le même état. Dommage que des enfants en fassent les frais.

SI TU ÉTAIS UNE CHANSON…

Vice City de Jay Rock, parce qu’elle défonce !

SI TU ÉTAIS UNE ARME…

Une sarbacane en effaceur. Piquante mais inoffensive. Mon EP est dans cette veine avec ce lien étroit à l’enfance.

SI TU ÉTAIS UNE FEMME…

La mienne pour voir combien de temps je me supporterais !

SI TU ÉTAIS UNE DROGUE… LÉGALE

Le chocolat, ça fait toujours du bien.

SI TU ÉTAIS UNE SÉRIE…

South Park. Démontrer la bêtise de notre société par le rire, c’est pas la meilleure des méthodes ?

SI TU ÉTAIS UN FILM…

Le Retour du Roi, parce que c’est le troisième volet ! (en référence à son troisième EP)

SI TU ÉTAIS UNE LETTRE DE L’ALPHABET…

J’en serais 5 ! N.I.V.E.K.

SI TU ÉTAIS UN RAPPEUR…

Kendrick Lamar. Un vrai musicien, une vraie création artistique et une vraie prise de risque.

SI TU ÉTAIS UN OBJET DU QUOTIDIEN…

Ma cafetière à l’italienne. C’est la seule chose qui peut me tirer du lit le matin.

SI TU ÉTAIS UN PLAT…

Du poulpe cuit à la plancha. Because Fuck, that’s delicious !

 Et pour se déboucher les oreilles :

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=5NlZ4zt5NVQ[/youtube]

 

Ou ICI pour une interview vidéo super chouette de nos confrères de 37° Mag !

Par Thomas Chatriot

Nivek : portrait d'un serial-rappeur

Ce rappeur tourangeau cartonne et participe au radio crochet de France Inter, On a les moyens de vous faire chanter.

(Photo Charline Adzuar)
(Photo Charline Adzuar)

Il est 9 h 45, Nivek ouvre la porte de son appartement, le teint blanc. « Je crois que je suis malade. » Combatif, il avale quelques gorgées de café, accepte de faire l’interview malgré tout. Il s’occupe de tout, n’a pas de manager pour lui dire de se reposer. « J’aime cette indépendance. »

Dans quelques heures, Nivek doit se rendre à France Inter pour enregistrer deux morceaux. Il vient d’être sélectionné pour l’émission On a les moyens de nous faire chanter. Nivek, son pseudo commence à se partager un peu partout, comme une traînée de poudre. Dans ses chansons, il balance avec violence et verve des phrases écrites à coups de couteau. «
Moins pourave que les propos de Florent Pagny, je fais de la chanson française avec charisme. » Nivek ne renie pas ses influences hétéroclites. Il en rigole : « Petit, j’ai longtemps cru que Léo Ferré était mon grand-père, à cause de toutes les photos que ma mère avait accrochées. » Dans son enfance, chez lui, les vinyles de Brel, de Brassens ou des Talking heads tournent à plein régime. Le rap est venu après. « J’écoutais NTM au collège, parce que mes potes écoutaient l’album en boucle. Je n’ai compris que quelques années plus tard l’importance du travail de certains groupes comme I AM. » Pour Nivek, comme le jazz ou la musique classique, le rap est une musique élitiste, « il faut prendre le temps, connaître, comprendre, avant de pouvoir apprécier . »

Paradoxe de sa musique, sa façon d’être ne reflète en rien la violence de ses textes. Plus gendre idéal un peu hipster que caïd façon Booba : « Je fais du rap inconscient, pour ne pas m’enfermer dans un style particulier. J’écoute beaucoup de rock, de chanson française aussi. Je n’ai aucune règle dans mes morceaux. » Aujourd’hui installé à Tours, avant le passage à Montpellier pour les études, il a grandi à Saint-Pierre-de s-Corps. Une adolescence bercée entre cascades façon Yamakasi et expérimentation hip-hop. « Je crois que, oui, j’ai une certaine fierté aujourd’hui, je travaille à Radio Béton, ma musique fonctionne : c’était mon rêve quand j’étais gamin. Je l’ai atteint. Après ? Aucune idée. »
Benoît Renaudin

√ LE CONCERT
Nivek jouera à la salle Ligéria de Montlouis le vendredi 21 février, pour la soirée Coud’boost organisée par Tous en scène. Vous aurez aussi l’occasion d’écouter un autre super groupe montant : Waloobeach CONSORTIUM. À partir de 20 h 30. Tarifs : de 3 à 12 €

√ ENTRE NOUS
Kévin Araujo (c’est son vrai nom) vous livre quelques-uns de ses péchés mignons.
SA SÉRIE
« Les Sopranos, pour moi, c’est culte. Ça me rappelle mes années à Montpellier quand je passais des week-ends tout seul à me mater des séries. »

SON PLAT
« Les beignets de morue de ma grand-mère, le plat typique portugais. Mais à chaque fois, j’attends Noël avec impatience pour en manger. »

MUSIQUE
« Ma dernière grosse claque musicale ? Ce sont les Von Pariahs, quand j’ai reçu leur album à Radio Béton, j’ai halluciné. »

UN LIVRE
« En ce moment, je suis en train de lire Baltimore (de David Simon, le créateur de la série tv The Wire, NDLR). Je n’ai pas envie de le finir, alors je lis seulement quelques pages à chaque fois, ça fait un an que ça dure ! »

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