Feu vert pour la restructuration du CHU

Le plan de réorganisation du CHU de Tours a été validé par l’Etat. Et maintenant ?

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Nouvel épisode dans le feuilleton de la restructuration du CHU de Tours. La semaine dernière, le ministère de la Santé a approuvé le projet de reconstruction de l’hôpital Trousseau, en donnant son feu vert. Considéré comme « un établissement essentiel pour l’accès aux soins de la population » par le Comité de performance et de la modernisation de l’offre de soins (Copermo), le CHU va donc connaître une transformation de grande ampleur.

Il devrait notamment y avoir la construction d’un nouvel hôpital sur le site de Trousseau qui regroupera, en 2026, la plupart des activités chirurgicales et les soins urgents.
Bretonneau, lui, s’occupera des activités de maternité, médecine, cancérologie et pédiatrie.

Si l’État a prévu d’apporter 75 millions d’euros au projet (23 % du coût de l’opération), le ministère n’a en revanche rien précisé sur les éventuelles conséquences sociales.
En effet, selon les syndicats, 400 suppressions de postes hospitaliers sont à prévoir. Vendredi, un « petit déjeuner syndical » a d’ailleurs été organisé devant la mairie, en guise de protestation, tandis que la direction présentait son projet aux cadres.

« La suppression des notes serait une bonne chose »

Yann Mercier-Brunel, maître de conférences en sciences de l’éducation, est responsable du pôle recherche à l’Espe Centre-Val de Loire (école des futurs enseignants). Il nous livre sa vision de l’évaluation.

Évaluer les élèves, à quoi ça sert ?
L’évaluation doit aider l’élève à mieux apprendre et à progresser. C’est un outil pédagogique, pas une fin en soi.

Pourquoi tout ce débat autour de l’évaluation ?
Aujourd’hui, le problème, c’est qu’elle est censée remplir deux fonctions différentes. D’abord, elle sert à communiquer auprès des parents et établir un bilan qui sera inscrit dans les dossiers d’orientation : c’est une fonction extérieure, qui permet d’attester d’un niveau et de hiérarchiser les élèves. Mais dans la classe, ce n’est pas ça dont les élèves ont besoin. Seuls les meilleurs d’entre eux apprécient de se situer par rapport aux autres. La deuxième fonction de l’évaluation, c’est d’aider les élèves à savoir ce qu’ils sont capables de faire et à comprendre où se trouvent leurs difficultés. La note chiffrée ne remplit pas cette deuxième fonction. La Conférence nationale sur l’évaluation des élèves, qui a rendu son rapport en février dernier, préconise l’abandon de la notation chiffrée jusqu’en sixième inclus. Mais c’est loin de faire l’unanimité.

Comment expliquez-vous ces résistances ?
La notation chiffrée ne date pas d’aujourd’hui. Apparue en 1890, elle est fortement ancrée dans notre société ! L’enseignant est façonné par la note. En sortir lui demande une réelle prise de recul. Même constat du côté des parents, qui veulent garder des notes. la pression sociale est très forte sur cette question. Pourtant je crois vraiement que leur supression serait une bonne chose. Le principal effet de la note, la hiérarchisation des élèves, n’est pas cohérent avec la scolarité obligatoire. À quoi bon hiérarchiser si l’on veut que tous les élèves maîtrisent le socle commun de compétences ?

Que pensez-vous de l’expérience du collège de Château- Renault, qui ne note plus ses élèves en sixième ?
Supprimer la note en sixième, c’est déjà un acte de courage pédagogique, car j’imagine que la pression devait être forte pour la maintenir. Mais dans l’idéal, il faudrait prolonger l’initiative sur toute la scolarité obligatoire, jusqu’à la fin de la troisième. Il faut plusieurs mois à un élève pour comprendre un nouveau mode d’évaluation. Si le système change au bout d’un an, on en perd le bénéfice.

Une bonne évaluation, pour vous, ce serait quoi ?
Tout dépend de la fonction qu’on lui assigne. Vis à vis des parents, un dialogue pourrait avantageusement remplacer la note chiffrée. Ensuite, si l’on considère qu’une bonne évaluation doit permettre de progresser et d’avoir une information claire, l’évaluation bilan, dotée d’une note ou d’une couleur, doit seulement arriver en fin de parcours. À ce jour, l’école ne peut s’en dispenser car c’est une forte demande sociale, mais ça ne suffit pas. En complément, l’évaluation par compétences permet de connaître précisément le processus de progression d’un élève. Au lieu de rester focalisé sur un 8/20, on peut regarder le progrès qu’il a parcouru sur une compétence donnée. C’est ça qui est important. Une sorte d’état des lieux intermédiaire qui donne tout son sens à l’évaluation, car il apporte à l’élève des informations sur la manière dont il peut progresser.

Propos recueillis par Nathalie Picard

Michelin : 730 emplois supprimés

L’annonce du bibendum a provoqué la colère des salariés de Joué-les-Tours.

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« On savait que la situation ne pouvait pas durer très longtemps. Mais de là à imaginer que 700 postes allaient être supprimés ! » José est amer. Dépité. Monteur sur moules depuis 33 ans à l’usine Michelin de Joué-lès-Tours, il réagit à l’annonce du groupe de fermer l’usine au premier semestre 2015 et de supprimer 730 emplois.
Le site de la ville produit des pneumatiques pour poids lourds depuis 1961 et compte 900 employés. Un lieu emblématique. « Notre patrimoine », raconte Michel, horticulteur, sur le marché de la Vallée Violette. Trop cher à maintenir pour sa taille répond la direction.
Environ 200 ouvriers resteraient à Joué, affectés à des activités de semi-finis (tissus métalliques et membranes en caoutchouc) sur un nouveau site. « 250 autres salariés pourraient bénéficier d’un aménagement de fin de carrière », a précisé Michelin lundi. Le constructeur a ajouté que les 500 salariés restants se verraient proposer un reclassement sur un autre site en France. Face aux critiques, le groupe se défend en rappelant qu’il compte investir 800 millions d’euros et créer 500 postes sur l’Hexagone, notamment à La Roche-sur-Yon (Vendée).
+ 7,4% de bénéfices en 2012
Du côté de la CGT, on ne perçoit pas une équation aussi simple. « Nous estimons qu’environ 300 personnes pourraient être licenciées et ne pourront pas bouger, parce que les conjoints ont un travail dans l’agglomération de Tours… », calcule le syndicat. Remontée, une centaine d’ouvriers a commencé un débrayage, lundi, dès 5 h du matin pour mettre la pression sur Michelin.
En attendant le comité central d’entreprise jeudi 13 juin, les salariés ont reçu le soutien du maire PS, Philippe Le Breton. « La direction de Clermont-Ferrand doit nous démontrer la pertinence de son choix… », a-t-il déclaré. Le député socialiste, Laurent Baumel, a promis de travailler « avec combativité » pour trouver des solutions. Et remarque la bonne situation d’un groupe qui a plutôt bien résisté à la crise de l’automobile. Si le bibendum a annoncé un chiffre d’affaires en baisse de 8,1 % au premier semestre 2013, ses bénéfices avaient gonflé de 7,4 % sur l’année 2012.