Déserts médicaux : la Région Centre Val de Loire va embaucher 150 médecins

C’est une première en France. La Région Centre Val-de-Loire a annoncé l’embauche, dans ses propres effectifs, de 150 médecins pour lutter contre la pénurie médicale.

Les faits 

La Région Centre Val-de-Loire a annoncé qu’elle embaucherait, d’ici à 2025, près de 150 médecins dans ses propres effectifs. En les salariant elle-même, elle entend lutter contre la pénurie médicale et les déserts médicaux. Les praticiens travailleront alors dans des centres de santé. 

Le contexte

Cela fait partie des vingt priorités pour « une région 100 % santé », portée par le président de la Région François Bonneau. Ces mesures ont été portées à l’ordre du jour de la séance extraordinaire qui s’est tenue mardi à la faculté de médecine de Tours, entre le Conseil régional et les membres du Conseil économique, social et environnemental du Centre Val-de-Loire (Ceser).

Des décisions qui interviennent dans une période où des zones carencées souffrent du manque de médecins et où ces derniers sont 48 % à refuser de suivre de nouveaux patients dans la Région (1). 

Les enjeux

« L’accès aux soins est une grande cause régionale. Nous ne pouvons pas nous résigner, ni nous contenter de lamentation. Nous devons proposer des solutions (…), aller chercher l’État et le mettre face à ses obligations », a indiqué François Bonneau, dans les colonnes de la Nouvelle République.

Il faut désormais pouvoir accueillir les médecins, notamment les nouveaux, dans des centres de santé. La question d’accès au soin et d’aménagement du territoire est vitale, les secteurs ruraux comme certains secteurs urbains étant touchés par la désertification médicale. 

Le point de vue 

Si des départements ont déjà pris cette initiative, cela reste une première à l’échelle d’une Région en France. Question financement, François Bonneau assure que la mesure n’est pas impossible : la Sécurité sociale reverserait le prix des consultations à la Région (employeur) et le « reste à charge » est estimé à 18 000 € par médecin et par an.

Reste deux points à régler : déjà, créer lesdits centres de santé. Il ne sont que 3 pour le moment et l’on en espère 30 d’ici 2025. Ensuite, reste à convaincre les médecins et voir s’ils joueront le jeu…
Aurélien Germain


(1) L’association de consommateurs UFC Que Choisir s’est penchée sur la question de la santé et a indiqué que 44 % des médecins en France refusaient de prendre de nouveaux patients. En Indre-et-Loire, le taux est de 35 %, mais il est de 48 % en région Centre Val-de-Loire.

#Régionales 2015 : Vingt Tourangeaux à la région

Conseillers régionaux, tweets, petite phrase et chiffres : bref résumé de ce second tour des Régionales.

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Les Régionales ont placé François Bonneau en tête de la Région Centre-Val de Loire. Le candidat PS a devancé avec 35,43 % des voix Philippe Vigier (34,58 %) et Philippe Loiseau (FN) et ses… 30 %. Le frontiste était d’ailleurs arrivé en tête du premier tour avec 30,5 % des voix il y a deux semaines.

Et maintenant, il se passe quoi ?
Le ministère a communiqué la répartition des sièges. Il y en aura 20 pour le département de l’Indreet- Loire. La liste Union de la gauche obtient donc 11 sièges, avec notamment Jean-Patrick Gille, Cathy Münsch-Masset, ou encore Charles Fournier, Mélanie Fortier et Pierre Commandeur. La liste UDI-LR-Modem en obtient cinq (Claude Greff, Isabelle Pain, Patrick Cintrat, etc.). Et le Front national en aura quatre (Daniel Fraczak, Véronique Péan…). Des résultats partiels qui devront être validés par la commission régionale de recensement des votes.

La Région Centre-Val de Loire compte 77 conseillers régionaux (le plus petit nombre en France !). À eux, désormais, de prouver leurs compétences sur le développement économique, l’aménagement du territoire, la formation professionnelle et la gestion des lycées et transports…

Comprendre les Régionales en 5 minutes chrono

Au mois de décembre, on a plus l’habitude de choisir ses cadeaux que ses élus. Mais comme cette année, vous avez droit aux Régionales, on s’est dit qu’on allait vous faire comprendre l’élection en 5 minutes chrono.

POURQUOI VOTER ?

Si vous voulez plus de TER le matin, allez voter ! La région choisit ses axes de développement économiques et l’aménagement de son territoire. Par exemple :
– La gestion des lycées et financement des filières d’apprentissage (50 % du budget de la région Centre)
– La formation et l’orientation des étudiants (gestion des CROUS et CIO) – le financement d’actions de formation pour les salariés des secteurs en difficultés et les chômeurs.
– Le soutien aux PME et au tissu économique via des actions de filières (agriculture, industrie, recherche, tourisme…)
– Le transport ferroviaire : 20 % du budget de la région (TER, articulation des bus et des trains, transport scolaire à partir de 2017)

CaptureCOMMENT CA MARCHE ?

C’est un scrutin proportionnel, avec prime majoritaire. Au premier tour, le 6 décembre : si une liste recueille 50 % ou plus des votes, elle reçoit le nombre de siège proportionnel, plus un quart des sièges à pourvoir. Les autres sièges sont répartis entre les listes ayant obtenu au moins 5% des suffrages exprimés.
Au second tour (le 13 décembre) : si aucune liste n’obtient la majorité absolue, celles ayant obtenu au moins 10% des suffrages exprimés participent au second tour. La liste qui arrive en tête obtient automatiquement la prime majoritaire, soit le quart des sièges au conseil régional en plus du nombre de sièges lié à son score. Le reste des sièges est ensuite réparti entre les listes ayant recueilli au moins 5 % des suffrages exprimés. A savoir : entre les deux tours, les listes peuvent fusionner avec d’autres ayant obtenu au moins 5% des votes. L’entre-deux tours est donc une période de fortes tractations politiques, chacun essayant de conserver son influence et de peser sur les futures décisions votées par la Région. Chaque département sera représenté par 2 conseillers minimum, 4 pour ceux de plus de 100 000 habitants.

ON NE SAIT PAS QUI ON ÉLIT

C’est vrai, pas facile de connaître chaque candidat puisque les listes sont communes à tous les départements. Mais elles sont tronçonnées par département, en fonction de son poids démographique. Plus un département va voter, plus il sera représenté au niveau régional. Ça vaut le coup d’être chauvin, pour une fois, non ?

COMMENT FONCTIONNE LE CONSEIL RÉGIONAL ÉLU ?

Les 77 membres du Conseil régional élisent le Président du Conseil régional : il dirige l’Assemblée régionale qui se réunit 4 fois par an pour voter les politiques de développement et le budget. En dehors de ces grandes orientations, les élus se répartissent en 11 commissions de travail.
Une Commission permanente composée de conseillers régionaux se réunit une fois par mois et prend les décisions sur les dossiers.

QUI SE PRÉSENTE ?

Huit listes ont été déposées en région Centre-Val-de-Loire. Elles sont présentées dans l’ordre, attribué par tirage au sort, dans lequel elles apparaissent sur les panneaux d’affichage.
Liste Front national présentée par Marine Le Pen, menée par Philippe Loiseau (conseiller jusqu’en 2014). Tête de liste pour l’Indre-et-Loire : Daniel FRACZAK

L’UPR avec François Asselineau Le parti qui monte malgré le silence des médias, menée par Thierry Fouquiau. Tête de liste pour l’Indre-et-Loire : Saïd HAREK

Lutte ouvrière – Faire entendre le camp des travailleurs, menée par Farida Megdoud. Tête de liste pour l’Indre-et-Loire : Jean-Jacques PRODHOMME

Debout la France avec Nicolas Dupont-Aignan, menée par Alix Penloup. Tête de liste pour l’Indre- et-Loire : Patrice COURT-FORTUNE

Centre-Val de Loire, la Renaissance !Union de la droite (UDI – LR – MoDem), menée par Philippe Vigier (conseiller jusqu’en 2014). Tête de liste pour l’Indre-et-Loire : Claude GREFF

Écologistes, citoyens et solidaires (Europe-Ecologie- Les-Verts), menée par Charles Fournier (conseiller jusqu’en 2014). Tête de liste pour l’Indre-et-Loire : Benoît FAUCHEUX

À fond ma région – Union de la Gauche (PS – PRG), menée par François Bonneau (président sortant). Tête de liste pour l’Indre-et- Loire : Jean-Patrick GILLE

Rassembler avec l’Humain au Centre (PCF – MRC), menée par Nicolas Sansu

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« La suppression des notes serait une bonne chose »

Yann Mercier-Brunel, maître de conférences en sciences de l’éducation, est responsable du pôle recherche à l’Espe Centre-Val de Loire (école des futurs enseignants). Il nous livre sa vision de l’évaluation.

Évaluer les élèves, à quoi ça sert ?
L’évaluation doit aider l’élève à mieux apprendre et à progresser. C’est un outil pédagogique, pas une fin en soi.

Pourquoi tout ce débat autour de l’évaluation ?
Aujourd’hui, le problème, c’est qu’elle est censée remplir deux fonctions différentes. D’abord, elle sert à communiquer auprès des parents et établir un bilan qui sera inscrit dans les dossiers d’orientation : c’est une fonction extérieure, qui permet d’attester d’un niveau et de hiérarchiser les élèves. Mais dans la classe, ce n’est pas ça dont les élèves ont besoin. Seuls les meilleurs d’entre eux apprécient de se situer par rapport aux autres. La deuxième fonction de l’évaluation, c’est d’aider les élèves à savoir ce qu’ils sont capables de faire et à comprendre où se trouvent leurs difficultés. La note chiffrée ne remplit pas cette deuxième fonction. La Conférence nationale sur l’évaluation des élèves, qui a rendu son rapport en février dernier, préconise l’abandon de la notation chiffrée jusqu’en sixième inclus. Mais c’est loin de faire l’unanimité.

Comment expliquez-vous ces résistances ?
La notation chiffrée ne date pas d’aujourd’hui. Apparue en 1890, elle est fortement ancrée dans notre société ! L’enseignant est façonné par la note. En sortir lui demande une réelle prise de recul. Même constat du côté des parents, qui veulent garder des notes. la pression sociale est très forte sur cette question. Pourtant je crois vraiement que leur supression serait une bonne chose. Le principal effet de la note, la hiérarchisation des élèves, n’est pas cohérent avec la scolarité obligatoire. À quoi bon hiérarchiser si l’on veut que tous les élèves maîtrisent le socle commun de compétences ?

Que pensez-vous de l’expérience du collège de Château- Renault, qui ne note plus ses élèves en sixième ?
Supprimer la note en sixième, c’est déjà un acte de courage pédagogique, car j’imagine que la pression devait être forte pour la maintenir. Mais dans l’idéal, il faudrait prolonger l’initiative sur toute la scolarité obligatoire, jusqu’à la fin de la troisième. Il faut plusieurs mois à un élève pour comprendre un nouveau mode d’évaluation. Si le système change au bout d’un an, on en perd le bénéfice.

Une bonne évaluation, pour vous, ce serait quoi ?
Tout dépend de la fonction qu’on lui assigne. Vis à vis des parents, un dialogue pourrait avantageusement remplacer la note chiffrée. Ensuite, si l’on considère qu’une bonne évaluation doit permettre de progresser et d’avoir une information claire, l’évaluation bilan, dotée d’une note ou d’une couleur, doit seulement arriver en fin de parcours. À ce jour, l’école ne peut s’en dispenser car c’est une forte demande sociale, mais ça ne suffit pas. En complément, l’évaluation par compétences permet de connaître précisément le processus de progression d’un élève. Au lieu de rester focalisé sur un 8/20, on peut regarder le progrès qu’il a parcouru sur une compétence donnée. C’est ça qui est important. Une sorte d’état des lieux intermédiaire qui donne tout son sens à l’évaluation, car il apporte à l’élève des informations sur la manière dont il peut progresser.

Propos recueillis par Nathalie Picard