Zones blanches : quand téléphoner devient impossible

#EPJTMV Officiellement 99 % de la population d’Indre-et-Loire est couverte par la 2G, qui permet de passer des appels et d’envoyer des messages depuis un téléphone mobile. Mais dans de nombreux villages ruraux, il est encore impossible de se servir de son portable. Souvent qualifiés de zones blanches, ces territoires ne reçoivent aucun réseau. Un paradoxe dans un monde interconnecté.

Si passer un appel depuis son portable semble d’une simplicité infantile en ville, la tâche se complique quand il s’agit de téléphoner depuis la campagne profonde tourangelle. Dans le petit village de Chezelles, dans le sud de la Touraine, il est impossible de téléphoner ou d’envoyer des messages avec son portable. Chaque tentative d’appel se solde par un message d’erreur « réseau mobile non disponible ». À l’emplacement où s’affiche généralement le petit sigle 3G ou 4G, les barres indiquant le débit du réseau sont grisées. La seule alternative possible pour le voyageur perdu est donc une vieille cabine téléphonique aux vitres brisées. Une anachronie pour le citadin de passage dans la campagne tourangelle. Ce n’est pas faute d’essayer et de se battre pour avoir accès à un réseau mobile. Depuis de nombreuses années, le maire de ce petit village du Chinonais dénonce l’inaction des opérateurs mobiles. Alors que son village est censé être couvert par la technologie 2G, qui permet de transmettre la voix ainsi que des données numériques de faible volume, comme des SMS ou MMS, la réalité s’avère complètement différente.

Photo : Nathanja Louage.
Il n’est pas rare de n’avoir qu’une seule barre de débit à Chezelles… Si votre opérateur vous permet déjà avoir du réseau mobile. Photo : Nathanja Louage.

Plus de la moitié du Chinonais sans réseau mobile

Exaspéré par ce décalage entre les rapports officiels des opérateurs et la réalité, Laurent Baumel, député socialiste du Chinonais, a arpenté pendant plusieurs mois toutes les communes de sa circonscription. Le 20 juillet dernier, il rend son rapport à l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep). Et le constat qui en ressort est sans appel. Plus de la moitié des communes du Chinonais n’ont aucun réseau mobile. Dans l’autre moitié, les appels coupent systématiquement après quelques minutes. Ce rapport avait pour but de pointer les manquements des opérateurs mobiles, qui prétendent couvrir 98 % de la population française, dont le Chinonais, avec la technologie 2G. « Elle n’est pas assez rentable pour des densités très faibles, comme à Chezelles », explique le député socialiste. Déployer la 2G dans les zones blanches coûterait en effet entre 100 000 et 150 000 euros par village. Soit 24 millions d’euros pour couvrir les 160 communes encore en zone blanche, d’après les recensements de l’Arcep. Mais l’initiative de Laurent Baumel, si elle était généralisé à l’ensemble des circonscriptions françaises, révélerait sans aucun doute beaucoup plus de zones blanches.

Une obligation légale

Les quatre opérateurs historiques (Numericable-SFR, Bouygues Telecom, Orange et Free) sont pourtant tenus de couvrir l’intégralité de la population. Un programme établi par l’Arcep prévoyait un partage de la couverture de toutes les communes en 2G… dès 2003. « Le problème, c’est que les opérateurs ne se sont pas entendus pour mutualiser leur matériels techniques », regrette Christian Pimbert, le maire de Chezelles. Installer une antenne relais dans ces campagnes coûte cher et les opérateurs qui font l’effort ne sont pas prêts à “prêter” leur matériel à la concurrence. Ce qui explique que les abonnés SFR parviennent à téléphoner dans Chezelles, là où ceux d’Orange ou de Bouygues doivent se contenter du téléphone fixe. « Chez nous, SFR a une antenne sur un château d’eau à Verneuil, à quelques kilomètres de Chezelles » précise Alexandre Dechezelles, un auto-entrepreneur installé dans la commune depuis 5 ans. « Ce que nous voulons, c’est que les opérateurs s’entendent entre eux pour se louer ou prêter leur matériel afin que chaque habitant, quelque soit son opérateur, puisse téléphoner avec son portable dans le village. »

Plus qu’un simple impact sur les habitants, ce manque de coopération participe aussi à la fracture territoriale. « L’absence de réseau mobile va dissuader les gens de s’installer à la campagne. Si les jeunes familles ne viennent plus dans nos communes, elles vont disparaître », prévient Laurent Baumel. Vite appuyé par Christian Pimbert : « Avoir le téléphone aujourd’hui, c’est aussi indispensable qu’avoir accès à l’eau courante dans les années 60. »

Wilfried Redonnet

Michelin : 730 emplois supprimés

L’annonce du bibendum a provoqué la colère des salariés de Joué-les-Tours.

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« On savait que la situation ne pouvait pas durer très longtemps. Mais de là à imaginer que 700 postes allaient être supprimés ! » José est amer. Dépité. Monteur sur moules depuis 33 ans à l’usine Michelin de Joué-lès-Tours, il réagit à l’annonce du groupe de fermer l’usine au premier semestre 2015 et de supprimer 730 emplois.
Le site de la ville produit des pneumatiques pour poids lourds depuis 1961 et compte 900 employés. Un lieu emblématique. « Notre patrimoine », raconte Michel, horticulteur, sur le marché de la Vallée Violette. Trop cher à maintenir pour sa taille répond la direction.
Environ 200 ouvriers resteraient à Joué, affectés à des activités de semi-finis (tissus métalliques et membranes en caoutchouc) sur un nouveau site. « 250 autres salariés pourraient bénéficier d’un aménagement de fin de carrière », a précisé Michelin lundi. Le constructeur a ajouté que les 500 salariés restants se verraient proposer un reclassement sur un autre site en France. Face aux critiques, le groupe se défend en rappelant qu’il compte investir 800 millions d’euros et créer 500 postes sur l’Hexagone, notamment à La Roche-sur-Yon (Vendée).
+ 7,4% de bénéfices en 2012
Du côté de la CGT, on ne perçoit pas une équation aussi simple. « Nous estimons qu’environ 300 personnes pourraient être licenciées et ne pourront pas bouger, parce que les conjoints ont un travail dans l’agglomération de Tours… », calcule le syndicat. Remontée, une centaine d’ouvriers a commencé un débrayage, lundi, dès 5 h du matin pour mettre la pression sur Michelin.
En attendant le comité central d’entreprise jeudi 13 juin, les salariés ont reçu le soutien du maire PS, Philippe Le Breton. « La direction de Clermont-Ferrand doit nous démontrer la pertinence de son choix… », a-t-il déclaré. Le député socialiste, Laurent Baumel, a promis de travailler « avec combativité » pour trouver des solutions. Et remarque la bonne situation d’un groupe qui a plutôt bien résisté à la crise de l’automobile. Si le bibendum a annoncé un chiffre d’affaires en baisse de 8,1 % au premier semestre 2013, ses bénéfices avaient gonflé de 7,4 % sur l’année 2012.