« Les larmes évacuent les hormones du stress »

Éric Binet, psychologue clinicien spécialiste de la petite enfance, était en conférence vendredi soir à Tours. Il décrypte pour nous les pleurs des enfants de 0 à 3 ans.

pleurs

Que signifient les pleurs des enfants de 0 à 3 ans ?
70 à 80 % des temps de pleurs des tout petits n’ont pas une signification claire (une fois éliminées les raisons physiologiques liées à la faim, l’hygiène, les soins, etc). De façon très maladroite, certains professionnels ou parents les interprètent comme des caprices. Or, le pleur est le seul moyen, pour le tout petit, de gérer son trop plein de stress. Grâce à la neurobiologie, on sait que les larmes n’évacuent pas que de l’eau et du sel, mais aussi les hormones du stress. Les pleurs du tout petit lui permettent donc d’éliminer des toxines ! L’autre aspect, encore plus important, c’est que les pleurs permettent de provoquer la venue du parent et le peau à peau, qui va permettre au tout petit de libérer de l’ocytocine. Le cerveau libère cette hormone liée à l’attachement lorsque le bulbe olfactif de l’enfant reconnaît l’odeur du parent. Sans une certaine dose de cette hormone, le tout petit se sent en insécurité.

Quelle attitude adopter face aux pleurs ?
On doit le prendre dans ses bras, mais sans réprimer ses pleurs, au risque de l’insécuriser. Or, on a mis au point de nombreux systèmes de répression des pleurs, comme, par exemple, le fait de dire chut, de détourner l’attention de l’enfant avec un jeu, etc. Cette attitude peut engendrer des perturbations sur l’autorégulation du stress ou des émotions et peut amener l’enfant à renoncer à aller vers les autres lorsqu’il est en détresse.

Pourquoi les pleurs des enfants nous semblent parfois insupportables ?
C’est parce que ces pleurs réveillent en nous le bébé, dont les pleurs ont été stoppés, et qui était en souffrance.

Propos recueillis par Flore Mabilleau

Bibliothèque : le numérique pour les petits

Avez-vous déjà tenté de rechercher une appli pour enfant sur votre téléphone ? Trouver un simple puzzle relève de l’exploit dans les jungles foisonnantes que sont Play Store et l’App Store… Ne vous fatiguez plus ! La Bibliothèque de Tours a déniché les meilleures appli 2016.

« Papa, j’peux faire un jeu sur ton téléphone ? Maman, tu m’prêtes ta tablette ? » Soyons clairs, face à cette question et à l’offre pléthorique d’applications pour enfant, trois solutions s’offrent à vous : résister en brandissant un bon vieux Monopoly®, succomber aux premières suggestions du genre « Make up Reine des neiges » ou bien tenter de trouver des applis intéressantes. Parce que oui, il y en a !

Consciente du rôle qu’elle a à jouer auprès des familles sur ce terrain, l’équipe de la section jeunesse de la bibliothèque centrale de Tours a entrepris un travail de fourmi pour dénicher plus d’une trentaine d’applications vraiment réussies. Stéphanie Faligand et Lydie Sénécal ont fouiné, testé puis sélectionné une offre graphique, ludique et surtout captivante. La plupart fait écho à la littérature jeunesse, comme celles d’Olivier Douzou ou de Christian Voltz. Contes interactifs, jeux ou documentaires, il y en a pour toutes les bourses puisque si cinq d’entre elles sont gratuites, le prix des autres varie de 0,99 à 9,99 €.
La bibliothèque centrale vous les fait aussi tester : dès le mois d’octobre, la section jeunesse mettra à disposition des petits lecteurs quatre tablettes sur lesquelles elles seront installées. « Nous sommes au point de départ de la valorisation de notre offre numérique, explique Bérangère Rouchon-Borie, responsable du département Jeunesse. L’équipe a été formée et est en place, on est doté d’outils adaptés. Nous allons maintenant pouvoir donner une meilleure visibilité à ce qu’on propose. » Car l’institution dispose déjà d’une réelle offre numérique trop méconnue. Ses abonné(e)s ont notamment accès à un large choix de films en streaming, d’eBook et de formation en ligne via le site Nom@de. Allez voir, ça vaut le détour.

Jeanne Beutter

#WTF 8 : Un CDI pour un blabla et un joueur affamé

Le monde est fou. On vous le prouve cette semaine, avec quatre nouvelles histoires, entre un joueur qui mange une feuille de match (littéralement) ou encore une drôle de lettre de motivation…

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> « Passionné par le digital, les médias… blablabla… compétences et connaissances… blablabla… » Voilà un petit extrait de la lettre de motivation envoyée par Julien Chorier à Alumnforce. Le jeune diplômé, en avait marre d’écrire toujours la même chose et n’avoir aucune réponse. Il a donc remplacé tout le superflu par des « blablabla ». La start-up Alumnforce a flashé sur cette lettre intrigante. Et l’a embauché en CDI ! Bref, une histoire qui buzze, trop mignonne et cool, blablabla…

> Selon une étude suédoise, menée par Helena Jernstrom, trop de café pourrait avoir un effet sur la taille de poitrine. D’après la scientifique, les grandes consommatrices de café ont de plus petits seins.

> En Italie, le maire de Sellia en a eu marre de voir son village perdre la moitié de sa population en 40 ans. Il a donc déclaré la Mort persona non grata ! À l’aide d’un décret, il a imposé l’obligation de soins à ses concitoyens (une visite médicale par an). Faute de quoi, ils devront payer une amende.

> Marre de marre : à la fin d’un match de foot plutôt tendu en division d’honneur, un joueur amiénois est allé voir l’arbitre pour lui demander la feuille de match… pour finalement la déchirer et l’avaler.

Des bébés qui parlent la langue des signes

Des bébés qui parlent avant même l’arrivée de la parole. C’est possible grâce à la langue des signes et aux ateliers Bébé fais-moi signe, proposés à Tours par Leslie Colombat.

(Photo Nathalie Picard)
(Photo tmv)

Philéas, 2 mois, dodeline de la tête sans pouvoir encore la contrôler. Darius, 4 ans et demi et vrai moulin à paroles, accompagne Marcelin, son petit frère de six mois, roi de la vocalise. En tout, ils sont cinq enfants et bébés, entourés de leurs parents, venus pour apprendre… la langue des signes. Dans cet atelier douillet du boulevard Tonnellé, ni sourds ni malentendants. Mais des papas et des mamans qui souhaitent donner à leurs tout-petits la possibilité de communiquer dans une langue avant même qu’ils ne verbalisent leurs premiers mots. « Le but n’est pas de remplacer la parole mais de la soutenir, souligne Leslie Colombat, accompagnante à la parentalité, qui propose à Tours l’atelier Bébé fais-moi signe depuis mai dernier. Les bébés vont apprendre des mots clés, cela va notamment permettre à ceux qui sont davantage visuels qu’auditifs de communiquer plus vite. »

Très tôt, l’enfant est en effet en mesure de comprendre plus de mots qu’il ne peut en produire. D’où parfois une certaine frustration… Bébé fais-moi signe propose de s’immerger dans la langue des signes françaises – l’officielle, celle qu’apprennent les sourds et malentendants – durant six séances d’une heure, tous les 15 jours. « Les enfants commencent en général à signer entre 12 et 15 mois, mais plus l’apprentissage commence tôt et plus il fonctionnera, ajoute Leslie Colombat. À l’issue de l’atelier, les parents et les enfants sont susceptibles de connaître entre 80 et 100 mots de la langue des signes française. »
Ici, pas de cours doctoral. « Le but, c’est aussi que parents et enfants passent un moment sympa en famille », précise l’accompagnante à la parentalité. Comptines, cartes, tout est fait sous forme de jeux. Même si on rabâche un peu pour que cette nouvelle langue reste gravée dans la crâne. « On va peut-être faire quelques fautes d’orthographe », plaisante Leslie Colombat. Ce jour-là, les parents apprennent les mots qui font le quotidien de leur rejeton. Dormir, coucher, biberon, jouer ou encore tétine. Les plus petits observent, les parents répètent. Car ce sont eux, qui au quotidien, à chaque fois qu’ils vont s’adresser à leurs enfants, vont reproduire ces gestes.

Camille et son mari, dans les bras desquels la petite Amy, 4 mois, se repose, observent avec attention les gestes que Leslie exécute. « Ma soeur m’a conseillé d’apprendre la langue des signes à ma fille suite à son expérience, avec son propre fils, qui a pu communiquer avant de savoir prononcer des mots. Il pouvait, avant de parler, dire des choses simples, comme biberon ou encore musique », explique-t-elle. « On avait envie de rentrer en interaction avec notre fils d’une autre façon, analysent Magali et Alexis, maman et papa du petit Marcelin. La langue des signes permet d’avoir un échange de mots avant qu’ils aient l’acquisition de la parole.
C’est aussi un temps en famille en dehors de la maison. » Les bébés de l’atelier pourront ensuite signer, avant même de les vocaliser, leurs mots préférés. Généralement, ils adorent dire « encore », « chocolat » ou… « caca ».

Flore MABILLEAU

En savoir plus : Sur le site de Leslie Colombat haptonomie-tours.fr.
>Les six cours coûtent en tout 60 €. Il existe également un atelier pour apprendre la LSF aux bébés au foyer des Sourds 8 bis rue du Camp-de- Molle à Tours.

LES AMÉRICAINS PIONNIERS

C’est dans le pays berceau de Mickey que les premiers chercheurs se sont penchés sur l’intérêt d’apprendre la langue des signes aux enfants. Joseph Garcia, spécialiste de la langue des signes américaine, observe dès les années 80 que « les enfants de ses amis sourds communiquent en signes bien plus tôt que les enfants de ses amis entendants ne le font avec les mots », raconte Magaly Lampérier dans son mémoire de recherche qu’elle a consacré, en 2011, à cette thématique. Joseph Garcia va donc s’intéresser à la communication gestuelle pour les enfants avant qu’ils ne sachent parler.

En 1999, il publie à ce sujet l’ouvrage de référence Sign with your baby qui utilise la langue des signes américaine. Mais d’autres courants, comme celui de Linda Acredolo et Susan Goodwyn, réinventent une langue spécial bébé, en utilisant des signes de la langue des signes américaine, quitte à en simplifier certains et à en inventer d’autres. « Elles ont effectué des recherches montrant que les signes permettent de réduire la frustration des bébés et d’être mieux compris, qu’ils ont un impact positif sur la relation entre l’enfant et ses parents », détaille Magaly Lampérier. Autre effet observé par les chercheuses : l’enfant parle plus tôt, avec un vocabulaire plus large, plus précis et avec des phrases plus longues. Depuis, les bébé signeurs ont essaimé au Canada, en Australie, au Japon ou encore… en France.