Docuférence : L’innovation fait son show

Un documentaire et un conférencier qui se répondent en direct, une forme innovante pour parler d’innovation et prolonger l’esprit de Léonard. Explication avec Karl Baumé, consultant et animateur de la Docuférence.

Comment est née cette idée d’une docuférence sur l’innovation ?
L’idée a germé dans la tête d’Anne Prat la présidente, entre autres, de Pôle Nord Entreprises. Elle a vu les 500 ans de la mort de Léonard comme une occasion de s’adresser aux entreprises en leur montrant ce qu’un homme comme Léonard était capable de faire d’un point de vue artistique, bien sûr, mais aussi d’un point de vue entrepreneurial et sur le plan de l’innovation.
L’idée était de montrer aux entreprises qu’elles avaient toutes les capacités, aujourd’hui, pour innover.

Innover, est-ce la seule chance pour les entreprises de s’en sortir ?
L’innovation est un levier indispensable. L’accélération des changements autour de nous, très liés au numérique, fait qu’il n’y a plus de période de stabilité pour les entreprises. Elles sont prises dans un tourbillon d’avancées qu’elles maîtrisent plus ou moins et c’est encore plus vrai pour les PME. Mais l’innovation fait souvent peur. On voit les désagréments que cela va engendrer mais on ne voit pas immédiatement ni la finalité ni les gains que l’on va en tirer à terme.

Ce que dit cette docuférence, c’est que l’innovateur, il est peut-être déjà dans nos équipes et qu’il faut le faire émerger…
On part, nous, du principe que nous sommes tous, à notre niveau, des Léonard. On a tous une compétence, une qualité particulière. Le schéma habituel dans une entreprise, c’est que celui ou celle qui dirige est légitime parce qu’il sait. La plupart des chefs d’entreprise que nous rencontrons sont, à la base, des super-spécialistes de leur métier.
Les compétences complémentaires, on peut aller les chercher à l’extérieur, mais aussi dans l’équipe et de manière insoupçonnée. Kévin, le petit stagiaire, c’est peut-être un champion des réseaux sociaux !

Quels sont les freins à l’innovation ?
On se met nous-mêmes nos œillères en se disant, “je fais ce que je sais faire” ou “on a toujours fait comme ça” ou encore “je n’en suis pas capable”. On entretient cette croyance limitante parce qu’on est pris dans le quotidien et que l’on a souvent le nez dans le guidon.
On n’a pas le temps de prendre cette respiration nécessaire pour se dire “où est-ce que j’emmène mon équipe ?” Si on ne se permet pas de rêver et d’être curieux, on passe à côté de l’innovation.

Propos recueillis par Matthieu Pays


> Docuférence, le 25 septembre, à L’Escale, Saint-Cyr-sur-Loire, 18 h 30, suivie d’un cocktail. 21 € (gratuit pour les étudiants)

On a testé « Allô Voisins » (et on ne décroche plus !)

# EPJTMV Vivre solidaires comme les Schtroumpfs, on en a tous déjà rêvé. Eh bien grâce au site « Allô Voisins », c’est désormais schtroumpfement possible ! « Besoin d’un service, d’un coup de main ? Demandez à vos voisins ! » peut-on lire sur la page d’accueil du site. Mais les Tourangeaux sont-ils aussi prêteurs que le revendique le site ? C’est ce qu’on a voulu vérifier cette semaine.

Allo voisins, un concept solidaire. Photo : Victorine Gay
Allô Voisins, un concept solidaire. Photo : Victorine Gay

Le concept d’Allô Voisins est simple : si vous avez besoin d’un objet ou d’un service, vous pouvez poster un message en faisant part de votre demande. Vous fixez une rémunération pour la personne qui vous propose l’objet / le service et vous n’avez plus qu’à attendre qu’un gentil voisin vous dépanne. Première étape, il faut se créer un compte. Pour ça, rien de plus simple. En me connectant avec mon profil Facebook, l’inscription me prend moins de deux secondes (bon allez, j’exagère un peu, deux minutes le temps que mon ordinateur rame). Et puis c’est gratuit. Et ça c’est cool.

À peine inscrite, je commence à farfouiller dans les publications de mes voisins Tourangeaux. Sécateur, maison, costume de Père Noël ou aide pour un déménagement, les demandes sont variées. Après m’être légèrement emballée et avoir consulté des publications écrites par mes lointains voisins d’Angers, je décide d’élaborer une stratégie. Je dresse une liste d’une dizaine d’objets et de services. Des choses les plus banales aux plus loufoques. Je démarre avec du concret : un aspirateur, un escabeau, une casserole (parce que oui, les voleurs de casseroles ça existe et je préfère en demander une plutôt que d’aller en acheter…). Étant aussi rusée qu’un renard, je décide de me déconnecter de ce compte – trop de demandes d’un coup, c’est louche – et me recrée un compte avec mon adresse mail. Pas bête la guêpe !

Je commence à publier des annonces de plus en plus insolites. Je cherche un costume de Bob l’éponge, une personne pour faire mes courses, une autre pour me donner des cours de chinois, une homme pour me faire un massage relaxant ou encore un fan de Game of Thrones capable de tenir une conversation en dothraki avec moi. Des messages qui ne plaisent pas trop aux modérateurs d’Allô Voisins qui décident de ne pas publier ma demande de massage et de conversation en dothraki (je sais, séchez vos larmes, la vie est parfois trop injuste). Loin d’être désespérée, je me retrousse les manches et retente le massage mais sans préciser que je souhaite un homme. Miracle, cette fois ça passe ! Avec ma dizaine de demandes postées, je n’ai plus qu’à attendre.

Le No man’s land du prêt

Premier jour, rien ! Oh les méchants voisins ! Si j’avais un sachet de pâtes caché dans un placard très très très haut et que j’avais besoin d’une casserole pour les faire chauffer… Je mourrais de faim dans l’indifférence la plus totale. En salle de rédaction, je commence à maugréer dans les oreilles de mes pauvres camarades de l’EPJT : « Allô Voisins, c’est vraiment n’importe quoi, personne me répond et nia nia nia et grrrr grrr grrr de toute façon personne ne m’aime » (chers camarades, je vous présente toutes mes excuses pour les nuisances sonores de ces derniers jours).

Deuxième jour, je me jette sur mon téléphone avant même que mes paupières se décollent. Toujours aucun signe de mon prêteur de casserole ou d’escabeau. Et pourtant, au moment de la publication de mes demandes, le site m’avait annoncé qu’environ une vingtaine de voisins seraient en mesure de m’aider. C’est donc une bien triste journée qui commence pour moi. Mais miracle. À 16 h, je reçois un mail d’Allô Voisins : quelqu’un m’a répondu. Va-t-on me proposer le vélo ? Les cours de chinois ? Ni l’un ni l’autre. J’ai trouvé un volontaire pour me masser. Ô joie.

En fin de journée, les mails s’enchaînent. Deux personnes proposent de faire mes courses, une autre de me prêter un escabeau et un dernier … Une casserole ! Houuuuuurra. Je m’emballe tellement que j’en oublie presque que mes placards sont remplis de casseroles de toutes les couleurs et de toutes les tailles et que je ne suis sur Allô Voisin que pour un test. Une fois redescendue sur Terre, je remercie gentiment tous les voisins qui m’ont proposé leur aide. Le test n’a pas duré longtemps pour moi mais franchement, je ne déconseille pas ce site, bien au contraire ! Pour trouver des objets dont on ne se sert qu’occasionnellement, qu’on a perdus et qu’on ne peut pas racheter dans l’immédiat ou même des services comme des cours ou des baby-sittings, le réseau fonctionne bien. Par contre, pour les demandes trop insolites, on repassera. Allô Voisins, c’est du sérieux quand même !

Célia Habasque

Made in Touraine : terre d’innovation(s)

Made in Touraine, c’est le Salon du savoir faire industriel . Zoom sur quatre entreprises vraiment innovantes et qui vont faire bouger les choses.

Made in Touraine ouvrira ses portes les 27 et 28 mars, au Vinci. L’entrée est libre. (Photo Shutterstock)
Made in Touraine ouvrira ses portes les 27 et 28 mars, au Vinci.
L’entrée est libre. (Photo Shutterstock)

> Objetdomotique.com
Leur credo ? La vente d’objets connectés à la maison. « Un marché porteur », comme le dit Guillaume Tessier, 46 ans, à la tête d’objetdomotique.com Cette start-up, installée à la pépinière de Tours, veut tout faire pour que l’on soit connectés à demain : station météo, alarme, chauffage, ou encore casques audio…

> EtiqRoll
EtiqRoll, étiquette… Mmh, ça fait tilt ? La société installée à Rochecorbon est « spécialiste dans l’étiquette adhésive ». La PME compte une quarantaine de salariés. « Elle a fait partie du projet valo-sens », précise Laurent Rivoire, directeur du Salon Made in Touraine. Un programme qui lui a permis de bénéficier de l’expertise du Centre d’études et de recherches sur les technologies du sensoriel (Certesens). Leurs fameuses étiquettes se retrouvent sur les vins, spiritueux, cosmétiques ou encore dans l’agroalimentaire.

> Infotech innov’
Leur nom sonne jeune. La photo de couverture de leur Facebook : « Rien de grand ne se fait sans passion (Victor Hugo). » Installés à Neuvy-le-Roi, « ces deux jeunes avec beaucoup d’énergie et de dynamisme ont créé un concept innovant, alliant esthétique et praticité, qui parlera aux jeunes ! », souligne Laurent Rivoire. Leur objectif : proposer des produits exclusifs de marketing et de communication, mais à la pointe de la technologie.

> Axess Vision Technology
Tmv en parlait début janvier et disait de la société corpopétrussienne qu’elle allait faire 2015. Innovante, Axess Vision Technology l’est assurément. À la pointe, aussi. Elle a mis au point un endoscope jetable, afin de réaliser des examens dans les services de réanimation ou de pneumologie. Et ce, dans les meilleures conditions possibles (pas de contamination croisée possible). Un succès.

Salon Made in Touraine, les 27 et 28 mars, au Vinci. Entrée libre.

Le Fab Lab : usiner l'innovation

Les fab lab se multiplient en France. Didier Roudaut, président de l’association qui a créé le Fun Lab de Tours, explique le concept et les enjeux locaux.

Didier Roudaut, président du Fun Lab de Tours
Didier Roudaut, président du Fun Lab de Tours

Pour ceux qui ne savent pas, c’est quoi un fab lab ?
C’est un lieu ouvert à tous qui donne la possibilité de faire ce qu’ils veulent avec des outils numériques qui ne sont généralement pas accessibles au grand public. On réduit souvent les fab lab à l’usage de l’imprimante 3D, un instrument très médiatique. Mais dans un fab lab, ce n’est pas l’unique outil que nous offrons. Découpe laser, fraiseuse numérique, nous utilisons tout ce qui est piloté par un logiciel de modélisation en 2D et 3D.
Quelle est l’idée principale qui fait fonctionner un fab lab ?
Nous faisons émerger les innovations des citoyens lambda. L’idée des fab lab est née aux États-Unis dans les années 1990. Neil Gershenfeld, un professeur du MIT, apercevait ses étudiants utiliser les labos et les machines de l’école pour faire des projets personnels. Au lieu de les sanctionner, il a trouvé leur initiative incroyable et il les a aidés en mettant à leur disposition ces outils. En général, la recherche et le développement sont réservés aux entreprises, aux spécialistes, aux chercheurs. Mais il s’est dit : que se passerait-il si on mettait à disposition de tout le monde les mêmes moyens ? Qu’est-ce qui en sortirait ?
L’innovation est donc au cœur de ces fab lab…
Grâce à ces lieux, on multiplie les nouveautés, il n’y a plus de spécialité. C’est une forme de libération des technologies. Un fab lab est ouvert à tous les domaines. Nous constatons d’ailleurs que chaque fab lab a ses problématiques locales. Il y en a un en Afghanistan, par exemple, où le constat reposait sur un manque d’accès à internet dans les foyers. Dans ce fab lab, ils ont travaillé en groupe sur un amplificateur de wifi. Je peux aussi prendre l’exemple de celui de Toulouse, le premier en France. Certains agriculteurs de la région, souhaitant passer en bio, n’y arrivaient pas pour des raisons de coûts de production. Trois étudiants ont mis au point un robot répondant à leurs besoins, qui permet de biner, de désherber… tout ça automatiquement. Leur premier prototype, ils l’ont réalisé dans le fab lab à moindre coût ce qui leur a permis de monter leur entreprise ensuite.
Mais ce n’est pas que ça ?
C’est difficile de décrire complètement les usages d’un fab lab. Il y a aussi des personnes qui veulent juste s’amuser à créer des choses. Tout le monde peut venir dans un fab lab. À Tours, nous demandons juste d’être adhérent de l’association. Il n’y a pas de barrière d’âge, de milieu social… Nous sommes là pour se faire rencontrer des mondes, de mettre ensemble des personnes qui ont des compétences différentes. Quand elles travaillent ensemble, elles ouvrent de nouvelles voies, de nouveaux modes de réflexion. C’est la clé de l’innovation. Depuis plusieurs années, internet a permis à des communautés de se développer, celle du Do it Yourself et des Makers. On peut tout trouver sur internet, avec les vidéos, les tutoriaux… Toutes ces initiatives se sont multipliées mais il manquait un lieu à ces personnes. C’est plus drôle de faire ensemble que tout seul dans son appartement.
Favoriser le vivre ensemble, le partage, encore des avantages du fab lab ?
Le partage, c’est une des notions fondamentales dans un fab lab… Un fichier numérique permet de reproduire un objet à l’infini. Mais la vraie révolution, c’est la possibilité de le partager. Dans le monde, il y a un réseau conséquent de fab lab qui, ensemble, s’entraident, partagent des idées, résolvent des problèmes. À Tours, par exemple, nous avons participé à la création d’un bras articulé. Je constate aussi une entraide entre générations. Nous avons beaucoup d’adhérents de plus de 60 ans, mais aussi des jeunes de 20 ans. Et tous travaillent ensemble. Il y a un passage de connaissance, une ouverture qui se crée aussi. Une fois sortis du fab lab, je suis sûr que leur vision du monde change un peu.
Comment est né le fab lab de Tours ?
J’ai une imprimante 3D depuis quelques années et je trouvais le concept et l’utilisation géniaux. J’en parlais autour de moi sans pouvoir complètement partager. Le fab lab était une réponse parfaite à mes questions. Le principe d’un fab lab, c’est une communauté. J’ai mis en place une page Facebook , juste pour lancer l’idée. Les retours ont été très positifs. En 2012, j’ai appris qu’il y avait un projet de rénovation de l’imprimerie Mame avec le déménagement de l’école des Beaux-arts. Je suis allé voir Tour(s)plus en leur expliquant que notre projet de fab lab pouvait tout à fait s’inscrire dans ce pôle des arts. La proximité d’étudiants créatifs serait un plus, l’idée a fait son chemin. On nous a très vite promis un espace dans ce lieu, mais il fallait attendre les travaux. Pour patienter, nous avons ouvert tous les lundis un atelier à la Cantine numérique, au Sanitas, avant d’emménager fin avril dans ce nouveau local à Mame. Il est livré brut, donc nous allons devoir effectuer quelques travaux. Il y aura un petit délai avant son ouverture au public, le chantier du site restant actif, mais ça devrait être possible quelques semaines après. Notre projet, c’est de pouvoir l’ouvrir toute la semaine. Pour cela, nous sommes encore à la recherche de financements. Nous avons également besoin de machines. Si des entreprises entendent cet appel, nous serions très heureux de pouvoir recevoir du matériel qu’elle déclasserait. Tout se met en place, petit à petit, je suis confiant.
DOSS_PAP_MACHINELes institutions sont-elles impliquées localement ?
L’école d’ingénieurs, Polytech, nous soutiennent depuis le début. Ils ont vite compris qu’un fab lab rendrait la ville encore plus attractive aux étudiants et permettrait l’émergence de nouvelles entreprises. Les collectivités locales ont également compris l’intérêt d’un fab lab à Tours pour le rayonnement de la ville. Mais nous ne sommes pas les seuls à demander des aides. J’essaye de faire comprendre qu’un fab lab est un tiers lieu, comme une bibliothèque, un café, il peut créer du lien social. Certaines personnes viennent à notre atelier juste pour discuter, échanger, apprendre. Comme ils iraient boire un canon dans le bistrot du coin. Nous permettons l’éducation populaire aussi. Certains jeunes déscolarisés viennent dans notre fab lab parce qu’ils s’intéressent aux nouvelles technologies. Très compétents, ils reprennent confiance en eux et peuvent raccrocher au système scolaire.
Le fab lab, si on résume, c’est un projet de société ?
Oui, une façon d’inventer, d’innover. Ça me rappelle les clubs d’informatique et l’arrivée des ordinateurs dans ma jeunesse qui ont permis à l’émergence du métier d’informaticien. Un fab lab permet aussi d’offrir des compétences, de mettre en place des outils qui, demain, serviront peut-être à des métiers nouveaux que nous ne connaissons pas encore.
Propos recueillis par Benoît Renaudin
√ 45
C’est, environ (il y en a qui ne sont pas déclarés), le nombre de fab lab en France. Dans le monde, début 2014, il y en avait 270. En 2012, ils étaient 149 fab lab dans le monde entier.
√ ORIGINE Ces lieux d’expérimentation grand public sont bien nés au MIT (USA) et sont la conséquence directe d’un cours optionnel nommé « How To Make (Almost) Anything » (Comment faire (presque) n’importe quoi).
√ OBSOLESCENCE Au lieu de jeter votre machine à laver, parce que remplacer une pièce coûte aussi cher que d’en racheter une, vous pouvez la redessiner et la fabriquer grâce à une imprimante 3D dans un fab lab. Finie l’obsolescence programmée !
**POUR ALLER PLUS LOIN**

Reportage : Soirée Fun Lab à Tours

Cinq inventions sorties d’un fab lab