On a testé « Allô Voisins » (et on ne décroche plus !)

# EPJTMV Vivre solidaires comme les Schtroumpfs, on en a tous déjà rêvé. Eh bien grâce au site « Allô Voisins », c’est désormais schtroumpfement possible ! « Besoin d’un service, d’un coup de main ? Demandez à vos voisins ! » peut-on lire sur la page d’accueil du site. Mais les Tourangeaux sont-ils aussi prêteurs que le revendique le site ? C’est ce qu’on a voulu vérifier cette semaine.

Allo voisins, un concept solidaire. Photo : Victorine Gay
Allô Voisins, un concept solidaire. Photo : Victorine Gay

Le concept d’Allô Voisins est simple : si vous avez besoin d’un objet ou d’un service, vous pouvez poster un message en faisant part de votre demande. Vous fixez une rémunération pour la personne qui vous propose l’objet / le service et vous n’avez plus qu’à attendre qu’un gentil voisin vous dépanne. Première étape, il faut se créer un compte. Pour ça, rien de plus simple. En me connectant avec mon profil Facebook, l’inscription me prend moins de deux secondes (bon allez, j’exagère un peu, deux minutes le temps que mon ordinateur rame). Et puis c’est gratuit. Et ça c’est cool.

À peine inscrite, je commence à farfouiller dans les publications de mes voisins Tourangeaux. Sécateur, maison, costume de Père Noël ou aide pour un déménagement, les demandes sont variées. Après m’être légèrement emballée et avoir consulté des publications écrites par mes lointains voisins d’Angers, je décide d’élaborer une stratégie. Je dresse une liste d’une dizaine d’objets et de services. Des choses les plus banales aux plus loufoques. Je démarre avec du concret : un aspirateur, un escabeau, une casserole (parce que oui, les voleurs de casseroles ça existe et je préfère en demander une plutôt que d’aller en acheter…). Étant aussi rusée qu’un renard, je décide de me déconnecter de ce compte – trop de demandes d’un coup, c’est louche – et me recrée un compte avec mon adresse mail. Pas bête la guêpe !

Je commence à publier des annonces de plus en plus insolites. Je cherche un costume de Bob l’éponge, une personne pour faire mes courses, une autre pour me donner des cours de chinois, une homme pour me faire un massage relaxant ou encore un fan de Game of Thrones capable de tenir une conversation en dothraki avec moi. Des messages qui ne plaisent pas trop aux modérateurs d’Allô Voisins qui décident de ne pas publier ma demande de massage et de conversation en dothraki (je sais, séchez vos larmes, la vie est parfois trop injuste). Loin d’être désespérée, je me retrousse les manches et retente le massage mais sans préciser que je souhaite un homme. Miracle, cette fois ça passe ! Avec ma dizaine de demandes postées, je n’ai plus qu’à attendre.

Le No man’s land du prêt

Premier jour, rien ! Oh les méchants voisins ! Si j’avais un sachet de pâtes caché dans un placard très très très haut et que j’avais besoin d’une casserole pour les faire chauffer… Je mourrais de faim dans l’indifférence la plus totale. En salle de rédaction, je commence à maugréer dans les oreilles de mes pauvres camarades de l’EPJT : « Allô Voisins, c’est vraiment n’importe quoi, personne me répond et nia nia nia et grrrr grrr grrr de toute façon personne ne m’aime » (chers camarades, je vous présente toutes mes excuses pour les nuisances sonores de ces derniers jours).

Deuxième jour, je me jette sur mon téléphone avant même que mes paupières se décollent. Toujours aucun signe de mon prêteur de casserole ou d’escabeau. Et pourtant, au moment de la publication de mes demandes, le site m’avait annoncé qu’environ une vingtaine de voisins seraient en mesure de m’aider. C’est donc une bien triste journée qui commence pour moi. Mais miracle. À 16 h, je reçois un mail d’Allô Voisins : quelqu’un m’a répondu. Va-t-on me proposer le vélo ? Les cours de chinois ? Ni l’un ni l’autre. J’ai trouvé un volontaire pour me masser. Ô joie.

En fin de journée, les mails s’enchaînent. Deux personnes proposent de faire mes courses, une autre de me prêter un escabeau et un dernier … Une casserole ! Houuuuuurra. Je m’emballe tellement que j’en oublie presque que mes placards sont remplis de casseroles de toutes les couleurs et de toutes les tailles et que je ne suis sur Allô Voisin que pour un test. Une fois redescendue sur Terre, je remercie gentiment tous les voisins qui m’ont proposé leur aide. Le test n’a pas duré longtemps pour moi mais franchement, je ne déconseille pas ce site, bien au contraire ! Pour trouver des objets dont on ne se sert qu’occasionnellement, qu’on a perdus et qu’on ne peut pas racheter dans l’immédiat ou même des services comme des cours ou des baby-sittings, le réseau fonctionne bien. Par contre, pour les demandes trop insolites, on repassera. Allô Voisins, c’est du sérieux quand même !

Célia Habasque

Les voisins : espèce menacée ?

Individualisme, indifférence, le « chacun chez soi » est-il en train de tuer le voisinage ? Pas si sûr…

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Elle montre avec joie ses petites boîtes posées sur la table, construites à l’issue d’ateliers de cartonnage. Une activité conduite entre voisins. « On les organise pour les riverains, comme on programme aussi des tournois de belote », explique Jeanne Gentilhomme, 73 ans, présidente du Comité de quartier Febvotte-Marat. à la tête de l’association depuis le début des années 90, elle débite lentement ses griefs. « C’est net, les gens se voient moins. Il y a beaucoup plus de relations qui se limitent à “ Bonjour/bonsoir ”. Les voisins se voyaient davantage dans le temps ».
« Si j’ai besoin d’un marteau pour bricoler, je vais l’acheter. Au pire, je demande à des copains, mais certainement pas à un voisin », s’énerve Marie-Christine, 55 ans, habitante du vieux-Tours, « gavée » par le voisinage. Elle rêve d’un déménagement en pleine campagne, avec personne autour d’elle. Et de n’avoir jamais à demander une faveur à ses voisins. Comme payer un paysagiste pour redorer le jardin ou une nounou afin de garder les enfants. « Il y a un phénomène de monétarisation des petits services », analyse Nathan Stern, ingénieur social et fondateur du site Peuplade. Un chiffre parlant : en 2011, 300 millions d’heures de plus ont été rémunérées pour les services à la personne, par rapport à l’an 2000.
A l’aise avec ceux qui nous ressemblent
Nathan Stern poursuit sur un autre registre. « On constate des changements dans les relations entre voisins à cause du fort turnover des locataires », relève-t-il. Rester six mois, un an dans un logement, c’est un classique, notamment chez les jeunes. 31,8 % des moins de 30 ans font leurs cartons tous les ans, selon une étude du Crédoc de 2010. « Je n’ai pas l’occasion de connaître beaucoup de mes voisins. Ce sont souvent des étudiants. Il y a du changement tout le temps », témoigne Bruno, 47 ans, qui vit près de la Préfecture.
Et même quand ils changent rarement, il reste compliqué de faire le premier pas. La peur de tomber sur quelqu’un de trop différent, par ses goûts ou sur le plan social. « L’hétérogénéité s’est accrue. Cela peut forcer des gens à se fermer », avance Nathan Stern. Assis dans le parc des Prébendes, Thomas confirme qu’il est à l’aise avec des voisins qui ont une vie similaire à la sienne. Occupé à surveiller ses enfants en train de jouer à l’heure du goûter, il se justifie : « on partage le même quotidien, on a souvent les mêmes horaires. Si mon quartier ne me ressemblait pas, j’aurais plus de mal à nouer des liens », affirme ce jeune médecin.
« On a toujours besoin d’un voisin »
Les relations entre voisins ont donc changé. Sans disparaître pour autant. « Il y a une tendance à idéaliser les rapports d’il y a 30 ou 50 ans », relativise Nathan Stern, raillant le discours nostalgique du « C’était mieux avant ». Il observe des évolutions, qui intensifient les liens entre riverains sur différents points. Les pratiques de consommation collaborative qui se développent par exemple : locations de machine à laver, troc de matériel de bricolage. Le voisin est de plus en plus vu comme une ressource. On ne se focalisera plus sur l’insupportable chien de la vieille dame du 5e, mais plutôt sur la possibilité d’utiliser son sèche-linge.
C’est ainsi l’idée même du voisin qui change. Avant, la vie sociale s’effectuait principalement dans un seul quartier. « Aujourd’hui, l’offre de mobilité s’est accrue », pointe-t-il. Plus facile de se déplacer et de rencontrer d’autres personnes au-delà de la rue familiale. Chacun délimite alors ses voisins de manière subjective. Élodie*, serveuse de 25 ans, ne voit pas plus loin que son « immeuble » quand Thomas parle de son « quartier » et des quinzaines de riverains dans les rues adjacentes. La jeune femme, qui habite le quartier Velpeau, définit un bon voisin comme quelqu’un « qui n’empiète pas sur [sa] vie et qui respecte les autres ». Elle reste marquée par ses nuits agitées. « Au bout de six appels à la police pour tapage nocturne, j’ai déménagé ». Thomas évoque l’entraide : « le voisin idéal, c’est celui à qui on pourrait laisser ses clés ».
Malgré quelques coups de gueules, les relations entre voisins ne sont pas prêtes de disparaître, selon eux. « On en a toujours besoin », explique Elodie. Elle est bien placée pour le dire. « Il y a quatre ans, la voisine a commencé à accoucher. Son mari ne pouvait pas venir la chercher et il n’y avait plus le temps d’aller à l’hôpital. C’est mon copain, qui vivait déjà avec moi, qui l’a aidée à accoucher, chez elle. Aujourd’hui, il est le parrain de la petite fille et nous les revoyons régulièrement, même si nous ne sommes plus voisins ».
Guillaume Vénétitay
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La comère, les fêtards, le boulet… On en a tous croisé un au moins une fois.

1. Karen McCluskey (Desperate Housewives)
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« Paraît-il que le voisin du premier, il a une maîtresse ! », « Je sais de source sûre que la voisine d’en face, elle fraude la Caf. Non mais vous imaginez un peu, ma petite dame ? » La voisine commère est surnommée aussi V.D.D en langage codé. Pour Voisine Du Dessous. Car c’est l’appartement le plus stratégique pour les potins : au rez-de-chaussée, elle sait tout ce qu’il se passe, voit tout ce qui arrive, ainsi que les va-et-vient dans l’entrée. Mieux : elle entend tout. Les disputes, les venues « louches », tout est dit, interprété et répété et amplifié. Son credo ? Les ragots. Et rajoutez aussi ce côté « je me plains à longueur de journée », et vous aurez un portait complet.
2. Bruce Willis (Mon voisin le tueur)
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Oui, bon, avouons que cela reste plutôt rare. Quoique… On ne connait jamais le passé des gens (paranoïa, bonjour). N’empêche que derrière ces petites lunettes rondes se cache peut-être un voisin de pallier solitaire mais tueur à gages, façon Jean Reno dans « Léon ». Allez, rassurez-vous, dans votre joli petit quartier tout mignon tout fleuri peut aussi vivre le voisin lambda, gendre idéal, qui présente si bien sous son petit béret. Sauf que c’est peut-être un ancien gangster qui a dégommé quelques têtes, comme mister Bruce. Quoi ? Vous venez de poser un préavis pour quitter votre appartement ?
3. Les anges de la Téléréalité
ANGE_TELEREALITE (crédit NRJ12)
Ah, ces délicieux bruits de perceuse à 7 h du matin le dimanche ! Le voisin sans-gêne, par définition, s’imagine seul au monde. Monsieur n’hésite pas à passer sa techno boum-boum-boum abrutissante et horrible toute la nuit. Quant à Madame, elle vous fait partager sa vie très intime et ses vocalises quand elle se retrouve au lit avec le beau Julio… Mais avec tout ça, vous ne fermez pas l’œil de la nuit et la journée. Vous pourriez vous droguer au Xanax pour oublier ce vacarme infernal. Oh tiens, vos voisins, ce ne seraient pas ces braillards des Anges de la Téléréalité qui perturbent tout un quartier en Floride ?
4. M.Preskovic (Le Père Noël est une ordure)
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Il est là. Toujours là. Il est partout. Fermez la porte, il arrivera à passer par la fenêtre. Constamment dans votre chemin, le voisin boulet. Celui qui a préparé ses Dobitchu, roulés sous les aisselles, et qui veut absolument vous les faire goûter. Sauf qu’il ne comprend pas le mot « non » ou « partir ». Il trouvera toujours l’entrée mais jamais la sortie. Alors calfeutrez-vous, fermez les volets, n’ouvrez pas : sinon, vous seriez capable de finir comme notre voisin n°5 cidessous…
5. Tatie Danielle
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Ooooh, qu’il vous horripile ! Vous savez, le voisin qui a tous les défauts du monde. Infect, lâche, détestable, sans pitié. Du genre André Dussolier et Victoria Abril dans le film « Leur morale et la nôtre », racistes, radins et perfides. Ou bien Jugnot et Balasko, lors de leur arrivée tonitruante dans un appartement, dans « Les Bronzés font du ski ». Il ne fait rien de particulier. Il est juste infâme. Comme si vous viviez à côté d’un mix entre le cynique et désagréable Dr House et Loïs, maman sadique de la série Malcolm. Ou pire : Tatie Danielle.