SPA de Luynes : un refuge après l’abandon

Au refuge SPA de Luynes, les journées ne se ressemblent pas, mais suivent un même rythme. Chaque après-midi, les portes s’ouvrent au public, et nous en avons profité. Visite guidée.

La SPA de Luynes recueille (trop) souvent des animaux abandonnés.

« On n’abandonne pas un animal comme on jette une paire de chaussettes ! ». Naïs Venanzi, responsable du refuge SPA de Luynes, laisse échapper un cri du cœur dans l’intimité de son bureau peuplé de chats.

Après un pic d’activité cet été, le refuge héberge à l’heure actuelle environ 80 chiens et 80 chats attendant de trouver leur nouveau maître. Toute une ménagerie choyée par une équipe dévouée : quinze salariés, et une cinquantaine de bénévoles actifs, qui vont et viennent entre les bâtiments cachés au milieu des bois.

Après une matinée consacrée aux tâches administratives, aux soins vétérinaires, aux promenades et au nettoyage des locaux, le refuge a ouvert ses portes au public. Il est 14 h. Les futurs adoptants débarquent à l’improviste.

Mais pour un abandon, il faut obligatoirement prendre rendez-vous : « On n’essaie pas de dissuader le propriétaire, mais on lui donne des conseils de gestion du comportement animal, au cas où cela l’aiderait. »

Ce jour-là, les conseils n’auront pas suffi : après plusieurs entretiens téléphoniques avec l’un des onze agents animaliers, un jeune homme se présente pour abandonner son chien, devenu trop agressif avec celle qui partage sa vie. Il remplit les papiers et s’acquitte de frais de 80 €, avant d’aller pleurer dans sa voiture, à l’abri des regards indiscrets.

« Les chiens nous témoignent un amour incroyable »

Départ en EHPAD, décès, déménagement… Les causes d’abandon au comptoir sont multiples, mais concernent moins de 20 % des pensionnaires à quatre pattes que nous croisons. 80 % proviennent de la fourrière, qui prend en charge durant huit jours les animaux perdus ou abandonnés en pleine nature, avant de les confier à des associations comme la SPA.

« Dans ces cas-là, nous ignorons tout du passé de l’animal : il faut donc apprendre à le connaître, pour l’aider à écrire une nouvelle histoire avec de futurs adoptants », explique la responsable. Dans les couloirs des chenils, sur chaque porte, des ardoises témoignent de cette découverte mutuelle entre l’homme et le chien : « Farceuse. Attention : un peu craintive au début ». « Lanco. Attention aux autres chiens ».

Au fil des jours, bénévoles et salariés prennent note de la personnalité de chaque pensionnaire… et s’y attachent. Pour Emilien, bénévole devenu salarié, la fameuse « tournée de caca » du matin, avec le nettoyage des couvertures et le ramassage des déjections, n’est presque plus une corvée. « Je ne m’attendais pas à vivre ici autant de moments forts, les chiens nous témoignent un amour incroyable, cela rend presque dépendant ! ».

Nicole et Laëtitia seraient donc aussi accros ? La retraitée et la jeune femme sont entourées de chats, comme tous les jours depuis deux ans. Pierre-Martial, étudiant de 20 ans tout juste arrivé dans l’équipe, résistera-t-il à cette drogue des plus douces ? Caresser et faire jouer les chats, sortir les chiens en balade : chaque jour, ils sont une dizaine de bénévoles aux petits soins pour les résidents. Ceux-ci trouveront bientôt de nouveaux maîtres, triés sur le volet.

Car pour adopter une boule de poils, il faut montrer patte blanche. Naïs Venanzi précise : « Nous posons beaucoup de questions : le chat vivra-t-il dedans ou dehors, avec des enfants, des personnes âgées, des allergiques… ? À quel rythme le chien pourra-t-il sortir ? Quelle est la hauteur de la clôture ? Il peut nous arriver de nous déplacer au domicile, et si la famille possède déjà un animal, elle doit l’amener pour que les deux se rencontrent. »

À la manière d’une agence matrimoniale, la SPA tâche ainsi d’accorder les personnalités, pour assurer le succès de l’adoption. Dans l’un des 15 parcs de détente, le coup de foudre est confirmé entre le gros Sam et son futur maître Damien, qui vient chaque semaine depuis un mois. Le croisé labrador attend avec impatience de pouvoir repartir avec ce propriétaire qui n’a d’yeux que pour lui.

Lorsque sonnent 17 h, l’heure de la fermeture, nous rejoignons le parking sous la rumeur des aboiements. Une manière pour ces petites bêtes de signaler qu’elles attendent LA rencontre qui leur changera la vie.
Textes & photos : Maud Martinez


> Animal abandonné : qui contacter ?

Si vous repérez un animal domestique abandonné, le numéro à contacter est celui de votre police municipale, qui se chargera de le récupérer pour le mettre en fourrière. L’identification des animaux de compagnie est obligatoire en France et permettra de retrouver rapidement le propriétaire. Mais s’il ne se manifeste pas dans les huit jours, l’animal sera transféré vers une association comme la SPA.

Salons de Choiseul : des conférences animales et pas bêtes !

Les 15 et 16 novembre, les Salons de Choiseul reviennent à Tours ! Organisé par le lycée du même nom, l’événement proposera une soixantaine de conférences gratuites (attention, il faut vite réserver) autour du thème « Animal », tout en évoquant l’Histoire ou encore les séries télé. Petit aperçu de ce qui vous attend avec nos coups de coeur…

Salons de Choiseul

RETOUR CHEZ LES VIKINGS

CaptureLes Vikings et les Salons de Choiseul, c’est une longue histoire… placée sous le signe de la malchance ! Chaque année, le peuple du Nord devait s’inviter aux conférences, mais chaque année, un problème contraignait tel ou tel interlocuteur à annuler. Cette fois, c’est la bonne !
« On a enfin notre conférence sur les Vikings », se réjouissent Sylvie Mercadal et Stéphane Genêt, les organisateurs des Salons de Choiseul. Maxime Delliaux, professeur d’Histoire-géo, dissertera sur le sujet suivant : « Des bêtes et des hommes : quelques exemples dans la diaspora viking ». C’est également la carte blanche à tmv !
> Jeudi 15, à 10 h 20.

NOTA BENE IS BACK

On l’écrivait déjà l’an dernier, dans tmv : des Salons de Choiseul sans Benjamin Brillaud, c’est comme une raclette sans fromage, c’est triste (NB : on ne se foule pas et on reprend les mêmes expressions, exact). Monsieur Nota Bene est donc de nouveau invité cette année. Le youtubeur parlera des inspirations historiques et mythologiques de Pokémon. Rien que l’intitulé nous fait saliver.
> Jeudi 15, à 14 h 15.

LA PETFOOD : MIAM MIAM !

Le secteur économique de la « petfood » (l’alimentation des animaux familiers), c’est le thème qu’abordera Yves Bodet, délégué général de la Facco, la Fédération des fabricants d’aliments pour animaux familiers. « On n’a pas idée du chiffre que ça représente ! C’est quand même le deuxième secteur le plus fréquenté dans un supermarché », précise Stéphane Genêt qui rappelle par ailleurs un détail insolite :« c’est par exemple le groupe Nestlé qui possède la marque Purina ».
> Jeudi 15, à 14 h 15.

ANIMAUX ET POP CULTURE NEWS_CHOISEUL_AFFICHE

Les Salons de Choiseul ont pour habitude de parler à tous en plaçant leurs conférences dans la pop culture. Rebelote cette année : on peut notamment citer « Les animaux dans Game of Thrones » de Cédric Delaunay (le 16 à 11 h 20), « Le roi Lion : philosophie » de David Lebreton (le 16 à 9 h 10), « Loft story : candidats ou bête de foire ? » (ok, là, on adore) de Loïc Guilpain (le 16 à 13 h 15) ou encore « Dragons et orques : les monstres animalisés de la fantasy » de William Blanc (le 15 à 13 h 15) et « L’animalité chez les super-héros » du professeur de mathématiques Cédric Cecchinel (le 16 à 9 h 10).
Nous, on aimerait bien savoir pourquoi Spiderman arrive à bisouter sa dulcinée la tête à l’envers (personnellement, ça nous file la nausée et pourtant, on est tout de même de sacrés super-héros !).

PETITES BÉBÊTES

Il n’y a pas que les chiens et les chats dans la vie ! La preuve, jeudi 15 à 15 h 15, l’auteur François Lasserre tiendra une conférence sur « les super-pouvoirs des petites bêtes ». L’intervenant est aussi formateur, enseignant et vice-président de l’Office pour les insectes et leur environnement. Une heure avant, le même jour, c’est Catherine Combescot, Docteur en Science et parasitologue, qui s’occupera de traiter son sujet : « Quelques mots sur les poux, nos compagnons de toujours… comment s’en débarrasser ? »

DES TOUTOUS, MIAOU PAS QUE !

CaptureLes chiens auront la part belle à Choiseul. Le vétérinaire et comportementaliste Thierry Bedossa traitera de la relation maître-animal sous une analyse comportementaliste justement. « Il est vraiment très connu et c’est un honneur de le recevoir. Il va même venir avec ses chiens ! », prévient Sylvain Genêt. Rendez-vous le 15 novembre à 13 h 15. Retenons également la présence de Damien Baldin, historien à l’Ehess et fondateur de la revue Geste, intervenant sur l’histoire du chien comme animal domestique (XIXe et XXe siècles), le 16 novembre à 11 h 20.
Nos chouchous les chats seront également de la partie grâce à Eva-Maria Geigl, directrice de recherche CNRS, et sa conférence « Comment le chat a conquis le monde ? ». Eh oui, c’est un fait : les chats sont les maîtres du monde. Et ça, vous ne pouvez pas nous contredire.

BIEN-ÊTRE ANIMAL

« Cette année, nous avons réalisé un partenariat avec le lycée de Fondettes sur le bien-être animal », sourient les organisateurs. C’est sur ce thème que se tiendra une conférence à deux voix qui aura lieu le jeudi 15 à 16 h 15, avec comme intervenants Frédéric Chassagnette et Alexia Koch, respectivement professeurs d’Histoire- géographie et de zootechnie au lycée agricole de Fondettes.

EXPÉRIMENTATION

Les organisateurs le disent : « C’est un sujet un peu “ touchy ”. » Ivan Balansard, vétérinaire et de l’Institut des neurosciences de la Timone, interviendra sur le sujet « Peut-on se passer de l’expérimentation animale ? » En février dernier, le scientifique disait dans une interview au Parisien qu’on ne pouvait pas se passer des tests sur les animaux « que ce soit pour évaluer les molécules, pour fabriquer des vaccins ou pour mieux comprendre le corps humain ». Selon lui, 90 % des Prix Nobel de médecine s’appuient sur ces tests. Désolé du spoiler.

DES SALLES… TRÈS ANIMALES

Pour bien coller au thème « Animal » de cette année, les Salons de Choiseul ont rebaptisé les lieux où se dérouleront les conférences. « C’est une nouveauté. Les gens ont voté pour le nom des salons », indique Sylvie Mercadal. Les heureux élus ? Vous aurez droit au Salon Pégase, Chat botté, Chewbacca, Croc-Blanc et… Simba ! On vous laisse deviner où aura lieu la conférence sur le roi Lion…

> Pratique Les Salons de Choiseul, les 15 et 16 novembre au lycée Choiseul à Tours.
> Gratuit mais réservations obligatoires sur lessalonsdechoiseul. com (les places partent très vite !)

Festival du cirque : une charte du bien-être animal

La deuxième édition du Festival international du cirque se déroulera du 28 au 30 septembre à Tours. L’an dernier, l’événement avait attiré près de 15 000 spectateurs et son lot de polémiques. Cette année, les animaux sauvages ne sont plus présents.

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Enfin finie, la présence d’animaux sauvages au festival de cirque de Tours ?

L’an dernier, la polémique avait secoué la Ville, en raison de numéros avec tigres et autres éléphants. Les associations de défense d’animaux étaient montées au créneau. Depuis, leur voix porte et leurs actions ont visiblement porté leurs fruits.
La Métropole a en effet décidé de mettre en place une charte du bien-être animal, fixant des règles de bon traitement, et a imposé la présence d’un vétérinaire lors de cette deuxième édition du Festival de cirque qui se tiendra à la fin du mois.

Qui plus est, en observant la programmation, on remarque que les animaux sauvages ont disparu. Trois numéros comprennent en revanche des rats et  ragondins, des chiens et un « cheval comique » (sic).

De quoi rassurer le collectif Stop Cirque Animaux 37 qui avait milité l’an dernier ? Désormais, leur objectif est de rencontrer « nos députés pour engager une loi à partir du travail effectué en Indre-et-Loire ».

[mise à jour 27/09]
Dans un communiqué, le Collectif Stop Cirque Animaux 37 précise : « Notre collectif refuse l’exploitation de TOUS les animaux dans les cirques (sauvages + domestiques). Pour des raisons éthiques et de sécurité, la simple présence des animaux pose problème dans les cirques. »

Gilles Martin : photographe et couteau suisse

Bricoleur et rêveur, le reporter-photographe animalier Gilles Martin, a installé son atelier à Tours, au dernier étage d’un immeuble qui surplombe la ville.

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(Photo Gilles Martin)

Sorte de tour d’ivoire, nid de verre où il entrepose avec soin ses photographies et ses objets fétiches comme un scialytique – éclairage d’hôpital – des années 1960, une table de travail réalisée par ses soins ou encore une bibliothèque remplie d’ouvrages sur la biodiversité. L’univers de Gilles Martin en dit long sur sa personnalité : dynamique, artistique, raffinée. Tout commence lorsque, enfant, il pose un regard curieux sur les animaux sauvages. Dans la cour de son école, il reconstitue des zoos avec des figurines d’animaux.
Quand ses parents font l’achat d’un téléviseur en noir et blanc, il dévore les films animaliers de Frédéric Rossif, les aventures de Christian Zuber et les documentaires du Commandant Cousteau. À onze ans, il décide que, lui aussi, deviendra cinéaste animalier. Adolescent, il emprunte les jumelles de sa grand-mère pour observer les oiseaux. Ses premières armes, il les fait dans la forêt de Villandry : « Avec mes amis, on se levait à 4 h du matin pour aller prendre des clichés de chevreuils. » sourit-il. Depuis Gilles Martin a exploré bien d’autres lieux du monde pour photographier la faune, muni de grands-angles et de téléobjectifs.

En 1992, alors qu’il effectue son métier de prothésiste dentaire, ses images sont repérées par l’agence Gamma. Un élément déclencheur pour Gilles Martin qui décide à 32 ans de se consacrer entièrement à sa passion. Il se souvient : « Je ne m’y attendais absolument pas, c’est un rêve qui se réalisait. » Il a depuis coloré les pages de magazines tels que National Geographic, GEO, Life ou encore Terre Sauvage. Il a également publié de nombreux livres aux éditions de La Martinière. Sans cesse en train de se réinventer, Gilles Martin souhaite « sortir la photographie animalière de son cadre habituel pour lui donner une dimension militante. »

Travailler comme un orfèvre

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(Photo Gilles Martin)

Féru de macrophotographie, il focalise parfois l’objectif de son appareil sur des détails du corps, de la peau, des ailes ou des yeux. En témoigne un grand tableau exposé dans son appartement. De l’art abstrait ? « Non, la photographie d’une roche prise au microscope », s’amuse Gilles Martin. La macrophoto c’est « un travail d’orfèvre ». Sur son écran d’ordinateur, il montre la photographie en gros plan d’une araignée saltique à l’affût et commente, enthousiaste : « ses yeux sont comme des bijoux. » Difficile pour lui de choisir, mais sur le podium de ses animaux favoris figurent : la libellule, la baleine à bosse et le gorille des montagnes.

Sur l’un des murs de son bureau s’étend une immense carte du monde magnétique qui situe chaque espèce. « Je suis allé un peu partout, dans 90 pays au total », confirme le reporter. Prochaine destination ? Pour l’adepte de la cryptozoologie – la science des animaux disparus ou mythiques – ce serait de monter dans la DeLorean du Doc (Retour vers le Futur) pour aller photographier les dinosaures du crétacé. Véritable « couteau suisse », comme il aime à se comparer, Gilles Martin multiplie aujourd’hui les projets : « Je veux réaliser tous mes rêves pour ne rien regretter. » Organisation de stages photographiques, de voyages, d’expositions, Gilles Martin a également lancé cette année trois sites.
Un site éponyme au nom du photographe qui présente son travail et ses projets ; L’Arche photographique pour sensibiliser le grand public à la dégradation de la biodiversité ; et Biospher pictures, une collection de plus de 25 000 photos et vidéos destinées aux professionnels de l’image. Dernier projet en cours : la mise en place d’un atelier/galerie, le Top Floor Studio destiné à exposer ses tirages photographiques, sculptures, collages et installations artistiques auprès de collectionneurs privés, galeristes et musées.

> gilles-martin.com, arche-photographique.org, biospher-pictures.com

2027 : Gare aux gorilles !

Cent trente croix où figure sur chacune la photographie d’un gorille des montagnes, espèce en danger. Avec cette installation créée en 2013 qui reconstitue un cimetière américain, le photographe tourangeau Gilles Martin oriente son travail vers l’artivisme : utiliser l’art pour faire passer des messages. Son happening « 2027 : Mémoires d’un dos argenté » projette le public dans un scénario où il n’y aurait plus de gorille des montagnes.
Objectif : alerter sur un possible futur et « cogner ». Gilles Martin constate : « Explorer cette nouvelle dimension de la photographie m’a permis d’avoir des discussions que je n’avais jamais eues avec mes précédentes expositions. Les personnes qui assistent à l’happening sont très touchées et prêtes à agir pour changer les choses. » Cet été, le photographe se rendra à New York puis à Berlin pour faire des collages. Le street-art est une nouvelle occasion pour lui de mettre sa créativité au service de ses idées. Il confie d’ailleurs : « Aujourd’hui, je me sens plus artiviste que photographe. »

>> Retrouvez l’intégralité du portfolio dans le dernier numéro de tmv (n°216)

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(Photo Gilles Martin)