A la SPA de Luynes, opération séduction

La SPA de Luynes, comme les autres sites de l’association en France, mise sur les réseaux sociaux pour séduire de nouveaux adoptants. Un pari réussi, qui ne résout pas pour autant l’engorgement des refuges.

« Voici notre nouveau compte Instagram. N’hésitez pas à vous abonner pour suivre notre quotidien. » Ce message posté sur la page Facebook du refuge SPA de Luynes le 20 février a attiré notre attention. Direction Instagram @la_spa_de_luynes. Là, on découvre Mouche et Lucile, Scoubidou et Pierre-Martial, Lynka et Mélany, Tyson et Marina, Angelo et Oréanne, Thibault et Clémence. Des duos pas comme les autres : des toutous en attente d’adoption et les agents animaliers du refuge !

« Heureusement qu’on a les réseaux sociaux ! » commente en souriant Jennifer Gavelle, responsable du refuge luynois depuis deux ans et demi. « Les vidéos, les photos permettent à certains de nos futurs adoptants de repérer des animaux qui leur plaisent avant de venir les rencontrer, et échanger avec l’équipe. »

Un match qui a du chien

Coup de foudre au premier regard ? Pour les portes ouvertes de la Saint-Valentin, c’est en tout cas sur la thématique du match façon Tinder que la SPA avait misé pour attirer les adoptants, avec succès. Mais les utilisateurs d’applis de rencontres le savent : y’a pas que le physique dans la vie ! « Malheureusement, les gens choisissent parfois un chien plus sur son physique que par rapport à leurs besoins et à ceux du chien », explique Jennifer Gavelle.

Résultat ? On retrouve au refuge des chiens victimes d’effets de mode : le malinois, l’american staff… et bientôt le berger australien ? « Il est à la mode en ce moment, mais c’est un chien qui a besoin de beaucoup d’exercice physique et mental, il est en demande d’activités ! C’est un super chien, mais qui demande du temps et de l’énergie. » C’est pourquoi une famille doit répondre à plusieurs questions avant de pouvoir adopter un chien à la SPA de Luynes (la chaterie est en travaux, donc pas de matous en ce moment). L’adoption peut même se dérouler en plusieurs visites pour faire connaissance, lorsque le chien a besoin d’être rééduqué, après des mauvais traitements par exemple.

À Tours, Armelle et son conjoint ont accueilli Swing il y a presque un an. Sensibilisés à l’adoption via le programme télé « Animaux à adopter », c’est par Facebook qu’ils se sont laissés tenter par l’adoption à la SPA, avant d’y aller un samedi. « On nous a posé des questions sur notre mode de vie : nous sommes en ville, nous aimons nous balader, nous avons un petit jardin. On cherchait donc un petit chien. Mais lorsque nous avons hésité à prendre un bulldog qui était au refuge, on nous a indiqué qu’il demandait beaucoup de temps par rapport à ce que nous pouvions lui consacrer. Et pour Swing, on nous a donné plein de conseils pour lui faciliter la vie chez nous. »

« Adopter un animal, c’est en sauver deux, celui qui part et celui qui arrive chez nous »

Aujourd’hui, le couple consacre une heure par jour au moins à son jack terrier, après quelques nuits blanches durant les premières semaines d’adaptation. Mais pas question de revenir en arrière !

C’est pourtant le pas que franchissent certains maîtres : abandonner un animal lorsqu’ils ne peuvent plus s’occuper de lui (personnes âgées qui partent en Ehpad, déménagements, prise de conscience…) : entre les animaux abandonnés apportés par les fourrières, ceux laissés au refuge, et ceux recueillis après maltraitance, les bâtiments débordent avec environ 140 chiens actuellement. Et dès qu’un chien est adopté, sa place est prise par un nouvel arrivant.

« C’est pour ça que je dis souvent qu’adopter un animal, c’est en sauver deux, celui qui part et celui qui arrive chez nous », souligne Jennifer Gavelle. Et le verbe « sauver » n’est pas un vain mot, puisque la SPA est également mobilisée sur les signalements de maltraitance sur animaux. Tout un chacun peut signaler sur le site web de la SPA un mauvais traitement (chez un particulier comme chez un professionnel), et les enquêteurs bénévoles de l’association prennent alors le relais.

Parfois quelques conseils suffisent pour renverser la situation. Dans d’autres cas, on finira par recueillir l’animal, pour donner à SPA son sens plein et entier, au-delà de la seule adoption : une Société Protectrice des Animaux.

Texte : Maud Martinez / Photos :  archives Anaïs Andos

SPA de Luynes : un refuge après l’abandon

Au refuge SPA de Luynes, les journées ne se ressemblent pas, mais suivent un même rythme. Chaque après-midi, les portes s’ouvrent au public, et nous en avons profité. Visite guidée.

La SPA de Luynes recueille (trop) souvent des animaux abandonnés.

« On n’abandonne pas un animal comme on jette une paire de chaussettes ! ». Naïs Venanzi, responsable du refuge SPA de Luynes, laisse échapper un cri du cœur dans l’intimité de son bureau peuplé de chats.

Après un pic d’activité cet été, le refuge héberge à l’heure actuelle environ 80 chiens et 80 chats attendant de trouver leur nouveau maître. Toute une ménagerie choyée par une équipe dévouée : quinze salariés, et une cinquantaine de bénévoles actifs, qui vont et viennent entre les bâtiments cachés au milieu des bois.

Après une matinée consacrée aux tâches administratives, aux soins vétérinaires, aux promenades et au nettoyage des locaux, le refuge a ouvert ses portes au public. Il est 14 h. Les futurs adoptants débarquent à l’improviste.

Mais pour un abandon, il faut obligatoirement prendre rendez-vous : « On n’essaie pas de dissuader le propriétaire, mais on lui donne des conseils de gestion du comportement animal, au cas où cela l’aiderait. »

Ce jour-là, les conseils n’auront pas suffi : après plusieurs entretiens téléphoniques avec l’un des onze agents animaliers, un jeune homme se présente pour abandonner son chien, devenu trop agressif avec celle qui partage sa vie. Il remplit les papiers et s’acquitte de frais de 80 €, avant d’aller pleurer dans sa voiture, à l’abri des regards indiscrets.

« Les chiens nous témoignent un amour incroyable »

Départ en EHPAD, décès, déménagement… Les causes d’abandon au comptoir sont multiples, mais concernent moins de 20 % des pensionnaires à quatre pattes que nous croisons. 80 % proviennent de la fourrière, qui prend en charge durant huit jours les animaux perdus ou abandonnés en pleine nature, avant de les confier à des associations comme la SPA.

« Dans ces cas-là, nous ignorons tout du passé de l’animal : il faut donc apprendre à le connaître, pour l’aider à écrire une nouvelle histoire avec de futurs adoptants », explique la responsable. Dans les couloirs des chenils, sur chaque porte, des ardoises témoignent de cette découverte mutuelle entre l’homme et le chien : « Farceuse. Attention : un peu craintive au début ». « Lanco. Attention aux autres chiens ».

Au fil des jours, bénévoles et salariés prennent note de la personnalité de chaque pensionnaire… et s’y attachent. Pour Emilien, bénévole devenu salarié, la fameuse « tournée de caca » du matin, avec le nettoyage des couvertures et le ramassage des déjections, n’est presque plus une corvée. « Je ne m’attendais pas à vivre ici autant de moments forts, les chiens nous témoignent un amour incroyable, cela rend presque dépendant ! ».

Nicole et Laëtitia seraient donc aussi accros ? La retraitée et la jeune femme sont entourées de chats, comme tous les jours depuis deux ans. Pierre-Martial, étudiant de 20 ans tout juste arrivé dans l’équipe, résistera-t-il à cette drogue des plus douces ? Caresser et faire jouer les chats, sortir les chiens en balade : chaque jour, ils sont une dizaine de bénévoles aux petits soins pour les résidents. Ceux-ci trouveront bientôt de nouveaux maîtres, triés sur le volet.

Car pour adopter une boule de poils, il faut montrer patte blanche. Naïs Venanzi précise : « Nous posons beaucoup de questions : le chat vivra-t-il dedans ou dehors, avec des enfants, des personnes âgées, des allergiques… ? À quel rythme le chien pourra-t-il sortir ? Quelle est la hauteur de la clôture ? Il peut nous arriver de nous déplacer au domicile, et si la famille possède déjà un animal, elle doit l’amener pour que les deux se rencontrent. »

À la manière d’une agence matrimoniale, la SPA tâche ainsi d’accorder les personnalités, pour assurer le succès de l’adoption. Dans l’un des 15 parcs de détente, le coup de foudre est confirmé entre le gros Sam et son futur maître Damien, qui vient chaque semaine depuis un mois. Le croisé labrador attend avec impatience de pouvoir repartir avec ce propriétaire qui n’a d’yeux que pour lui.

Lorsque sonnent 17 h, l’heure de la fermeture, nous rejoignons le parking sous la rumeur des aboiements. Une manière pour ces petites bêtes de signaler qu’elles attendent LA rencontre qui leur changera la vie.
Textes & photos : Maud Martinez


> Animal abandonné : qui contacter ?

Si vous repérez un animal domestique abandonné, le numéro à contacter est celui de votre police municipale, qui se chargera de le récupérer pour le mettre en fourrière. L’identification des animaux de compagnie est obligatoire en France et permettra de retrouver rapidement le propriétaire. Mais s’il ne se manifeste pas dans les huit jours, l’animal sera transféré vers une association comme la SPA.