« Le Sens de la vis » : Paul Huguen donne une seconde vie au bois

#VisMaVille Paul Huguen est concepteur et aménageur de mobiliers en bois, quai Paul-Bert, à Tours. Son entreprise « Le sens de la vis » accompagne aussi les particuliers à l’auto-construction. Avec un principe : du bois local et des palettes recyclées.

Au volant de sa camionnette orange, Paul Huguen part ce matin récupérer des palettes destinées à la benne, chez l’entreprise Epalia, à La Ville-aux- Dames. Depuis sept ans, il recycle des palettes pour leur donner une seconde vie. Entre 200 et 300 par an qui deviendront du mobilier de jardin, que l’on retrouve dans certaines enseignes tourangelles comme le café culturel Cubrik, ou bien qui serviront pour ses ateliers d’apprentissage aux particuliers.

« Il y a un côté pédagogique intéressant, car avec les palettes, qui n’ont pas grande valeur même si j’en récupère en chêne, les gens se mettent moins de pression et peuvent se tromper. » À 34 ans, le jeune concepteur de meubles en bois a cheminé avant de trouver sa voie. Le goût des sciences et du bricolage, des études en chimie et une école d’ingénieurs, un Erasmus au Danemark, puis un premier emploi comme fonctionnaire territorial à la métropole de Lille, chargé de gérer la plateforme du recyclage des déchets.

« J’y ai pris conscience de l’énorme gaspillage des ressources qui étaient détruites et notamment du bois. » Paul Huguen quitte alors son travail et Lille pour Tours, en 2015, avec sa compagne apicultrice. Dans son cabanon tourangeau, il monte ses premiers meubles pour sa famille.

Depuis, il s’est installé quai Paul-Bert en atelier partagé avec une menuisière et un maquettiste argentin. Lorsqu’il ne rabote pas ses palettes, il conçoit et monte, seul ou à l’aide du client, des meubles en bois nobles et locaux, principalement du chêne et du pin douglas.

« Je me fournis le plus localement possible, grâce à une scierie à côté de Loches qui coupe le bois dans un rayon de 150 km, jusqu’en en Sologne ; je refuse de travailler avec du bois exotique ou aggloméré. Pour moi, chaque morceau de bois est unique et travailler le bois local a du sens. »

Et ses clients partagent sa philosophie du bois : depuis trois ans, Paul Huguen vit de son travail, le carnet de commandes est plein pour six mois. À son actif, il a réalisé le nouveau mobilier de la bibliothèque universitaire de Tours et anime, avec une paysagère, un atelier avec les habitants dans le jardin partagé du Sanitas, dont une pergola, projet initié par l’association du quartier Pluriel(le)s. Ouvrez bien les yeux, les créations en bois de Paul Huguen essaiment un peu partout dans la ville de Tours.

Texte et photos : Aurélie Dunouau

Foulette : La révolution des culottes !

Camille et Maëva Collinet, deux Tourangelles de 23 et 21 ans, ont un projet : elles chinent des foulards pour en fabriquer… des culottes ! Foulette, leur marque de lingerie, se veut écoresponsable et anti-gaspi. Bref, faire du neuf avec du vieux.

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Camille et Maëva Collinet lancent Foulette : et si on créait des culottes à partir de foulards ? (Photo tmv)

Avec Foulette, vous voulez créer des culottes à partir de foulards. Apparemment, l’idée vous est venue un dimanche matin, après avoir refait le monde ! Racontez-nous…
Camille : Oui, ça s’est vraiment passé comme ça. On a toujours écouté des podcasts d’entrepreneurs. On rêvait toutes les deux de lancer une marque qui ait un impact positif.
Maëva : En plus de ça, on adore voyager, on avait envie de créer… Et j’ai déjà travaillé dans la lingerie.
C : L’idée est donc venue comme ça, un dimanche. On était très intéressées par la réutilisation, l’upcycling (c’est-à-dire le « surcyclage », une sorte de recyclage par le haut – NDLR). Et le foulard est une matière qui nous plaît.
M : Camille me disait toujours de noter les idées quand on en a…
C : Alors on en a parlé et de là est né Foulette. On chine des foulards aux motifs différents pour les transformer et en faire des culottes uniques. Cela évite la surproduction, le gaspillage et limite au maximum l’impact écologique. On fait du neuf avec du vieux.

Vous souhaitez limiter cet impact écologique car il y a un gros problème de surconsommation dans la mode selon vous ?
C : Oui. C’est la deuxième industrie la plus polluante au monde, elle a des effets néfastes. On utilise des milliers de litres d’eau pour fabriquer ne serait-ce qu’un seul tee shirt ! Sans compter tous les produits chimiques qui polluent les sols, etc.
M : Les gens sont sensibilisés à la protection de la planète, au mieux-consommer, au bio, etc. Mais beaucoup moins au problème posé par l’industrie du vêtement. On s’est donc dit qu’il serait bien de proposer une marque écoresponsable.
C : On veut tout de même que Foulette reste une marque tendance. Avec une belle image.
M : Nos foulards font des culottes uniques qui raconteront une histoire. Les foulards de belle qualité qu’on aura chinés connaîtront donc une nouvelle vie.

50964936_732955403747537_65456340973125632_nPourquoi avoir choisi de prendre des foulards pour faire vos culottes ? Le tissu est-il meilleur ?
M : Le foulard est souvent fait avec de belles matières, comme par exemple la soie. C’est doux au toucher, c’est beau visuellement, les motifs sont originaux. Pour l’instant, on a différents prototypes qu’on finalise. Quand tout sera prêt, il y aura des culottes de tailles S, M et L. Notre premier modèle a été réalisé il y a un mois, mais je le répète, c’est un prototype qu’on veut encore perfectionner. J’ai le souci du détail ! (rires)
C : Quand tout sera prêt, on vendra les culottes au prix de 50 €. Car c’est fait main et c’est du made in France. Chaque pièce sera unique et plutôt haut de gamme. D’où le tarif. On vise une clientèle soucieuse de l’environnement, qui aime les choses tendances et peuvent mettre un certain budget pour ça.

Sur votre site, vous écrivez qu’en France, aucune marque de lingerie féminine ne réutilise de tissus existants. Comment l’expliquez-vous ?
C : Il y a une marque pour hommes, Les Damoiseaux, qui pratique l’upcycling et reste un concept alternatif. Mais pour la lingerie féminine, ça n’existe pas.
M : La lingerie pour femmes a encore ce côté « raffiné ». On n’ose pas changer nos habitudes, on n’achète pas de lingerie de seconde main, on croit que ça donnera un côté ringard ou sale, ou je ne sais pas quoi… Mais nous, ça ne nous fait pas peur ! (rires) Notre produit sera joli, attrayant, confort. Le tissu est lavé et on utilise du coton bio pour le fond de culotte. Ce ne sera pas la culotte de grand-mère ! Ce sera comme neuf !

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Capture d’écran du compte Instagram de Foulette.

Financièrement, comment vous vous en sortez ?
C : On va faire une campagne de financement participatif pour lancer la marque. L’idéal serait de lancer ce crowdfunding cet été, une fois que nos modèles de culottes seront parfaitement finalisés. C’est également pour voir si les gens sont intéressés par notre concept et par Foulette.
M : Le crowdfunding sera un crash-test ! Pour le reste, on a quelques dépenses. Ça nous coûte un peu d’argent pour acheter, par exemple, les élastiques, les étiquettes… Mais bon, on ne le voit pas comme un travail – on a toutes les deux un métier à côté – mais surtout comme une passion.

Aujourd’hui, où en êtes-vous dans votre projet alors ? (l’interview a été réalisée le 14 mars – NDLR)
C : Les premiers prototypes sont faits et on souhaite encore, comme on le disait, tout fignoler. L’image de la marque est installée, l’identité visuelle, forte et cohérente, également. On essaye de réunir une communauté, notamment sur les réseaux sociaux. On a eu pas mal de retours positifs !

Il y a un peu d’appréhension à se lancer dans l’aventure, quand même ?
M : Oui, il y a forcément un peu de pression. On ne veut pas que ça tombe à l’eau. On croit vraiment à notre idée. Et qui sait, si ça fonctionne bien, pourquoi pas faire aussi des soutiens-gorge fabriqués à partir de foulards ?

> Avancement du projet à suivre sur :
foulette.fr
instagram.com/foulettefrance
facebook.com/foulettefrance

Une nouvelle vie pour les jeux de société

Orchestré par la Maison des jeux de Touraine, un réseau d’acteurs tourangeaux offre une seconde vie aux jeux de société.

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La vie d’un jeu de société peut tourner court. Lorsqu’il est incomplet, il finit souvent à la poubelle. « Pourtant, il n’est pas forcément injouable. Ce n’est pas grave s’il manque quelques billets dans un Monopoly », remarque Benoît Rayneau, passionné de jeux et co-directeur de la Maison des jeux de Touraine. Face à ce grand gâchis, l’association a lancé un projet : le circuit d’économie circulaire ludique de Touraine (CECL).

Derrière ce nom à rallonge, un principe simple : récupérer, réparer et redistribuer des jeux. « Ça permet de sensibiliser le public à la réduction des déchets et à la pratique ludique », estime Benoît Rayneau. Après une première campagne réussie en 2016 avec 800 jeux collectés, la seconde est ouverte jusqu’aux vacances de février. Comment participer ? Il suffit de déposer ses jeux – usés, incomplets, abîmés, avec ou sans les règles – à une borne de récupération. Même les pièces détachées sont acceptées.
Ensuite, la réparation s’organisera dans le cadre de journées dédiées ou d’animations « Docteur Ludis », où l’association proposera aux familles de venir réparer, puis jouer à des jeux. La première étape, un « diagnostic ludique » : ausculter la boîte, le matériel et ses règles.

Mais comment savoir si le jeu, même incomplet, peut fonctionner ? Une seule solution : y jouer ! Lorsque le matériel est suffisant, on essaie de le remplacer. D’autres jeux ont besoin d’une petite toilette ou d’un brin d’air : « Il nous arrive d’en laisser s’aérer plusieurs mois lorsqu’ils ont pris l’humidité », précise le co-directeur. L’année dernière, la moitié des jeux collectés ont pu être réparés. Grâce à une première distribution auprès de professionnels utilisant des jeux (enseignants, éducateurs, animateurs…), une centaine d’entre eux connaissent désormais une deuxième vie.

Nathalie Picard

> Maison Des Jeux de Touraine 16 impasse Jules Simon à Tours 09 52 92 43 34 Liste des bornes de récupération sur internet : mdjt.org

Tri des déchets : poubelle la vie

Au cours d’un dîner entre amis posez cette question : est-ce qu’on peut mettre un carton de pizza, un film plastique, des pots de yaourts, etc. dans la poubelle jaune ? Vous aurez probablement autant de réponses que de convives. Comme le centre de tri de Tour(s) Plus vient de s’équiper de nouvelles machines qui trient plus vite, on en a profité pour faire le point avec eux.

Jean-Louis Brasero, coordinateur de Tour(s)Plus chargé d’informer et de sensibiliser le public au tri sur le territoire de l’agglomération tourangelle.
Jean-Louis Brasero, coordinateur de Tour(s)Plus chargé d’informer et de sensibiliser le public au tri sur le territoire de l’agglomération tourangelle.

Honnêtement quand il faut trier on est un peu perdus, pourquoi est-ce si compliqué ?
Les règles ne sont pas les mêmes selon les villes, car les déchetteries ne sont pas toutes équipées de la même façon. Ce que je vais dire ici ne s’applique donc qu’aux communes de Tour(s) Plus. C’est que ces dernières années nous avons eu beaucoup d’évolutions techniques. Des choses qui n’étaient pas possibles, comme mettre un carton de pizza dans la poubelle jaune, le sont aujourd’hui. Le message est parfois difficile à faire passer car les gens avaient plutôt bien intégré les consignes et il n’y a rien de plus compliqué que de désapprendre. Mais globalement, nous n’avons que 10 % d’indésirables sur tout ce que nous recevons.

CaptureIl paraît aussi qu’on peut mettre des boîtes de conserve dans la poubelle jaune, sans les laver. Mais ça va souiller les autres papiers non ?
Les papiers légèrement souillés ne sont plus un problème, on sait les traiter. Évidemment, il ne s’agit pas de laisser un bout de pizza ou quatre raviolis dans les boîtes, il faut les vider correctement, les racler. Mais n’utilisez pas d’eau pour les rincer : c’est aussi du gâchis. S’il vous reste de la place dans le lave vaisselle ou un fond d’eau dans l’évier, oui, pourquoi pas. Outre les évolutions techniques, nous avons aussi eu un changement de comportement des repreneurs*. Avant, ils rechignaient à récupérer les papiers sales, ils voulaient les papiers les plus propres possible pour plus de facilité. Avec le temps, ils ont compris qu’ils perdaient trop de matière en faisant ça et ont élargi les critères.

Ces “repreneurs”, ce sont eux qui s’occupent des déchets une fois que vous les avez triés ?
Oui, ils nous les achètent. Ces matières ont de la valeur parce qu’elles peuvent être utilisées pour refaire des bouteilles en verre, des flacons en plastique, du papier. Cela évite à la fois de les voir se perdre dans la nature et cela économise les matières premières comme le pétrole ou l’eau car, par exemple, produire de la pâte à papier vierge consomme plus d’eau. Et recycler ce n’est pas économiser seulement les matières, c’est économiser l’énergie ! Par exemple, faire chauffer du sable pour le transformer en verre nécessite des degrés bien plus élevés, et donc consomme beaucoup plus d’énergie, que de refondre un verre déjà existant.

Ces matières recyclées, quel genre d’objets donnent-elles après ?
Ce ne seront pas exactement les mêmes produits qu’avant. Par exemple, les bouteilles en verre sont mélangées sans distinction de couleur. Cela signifie que derrière on ne pourra obtenir que des bouteilles vertes, pas transparentes. Ce seront des bouteilles de vin par exemple. Pareil pour les plastiques, ils seront plutôt foncés, noirs. Cela peut servir à des pièces automobiles, des bidons, etc.

À quoi serviront les nouvelles machines qui viennent d’être installées ?
Elles ne nous permettent pas de trier plus de déchets différents mais par contre, on trie plus vite, ce qui nous permet d’éviter que des déchets se détériorent et ne soient plus « triables », comme le carton mouillé par exemple. En tout cas, elles n’ont pas non plus été installées au détriment des emplois, puisque nous avons gardé nos 35 valoristes.

Que voulez-vous dire à ceux qui estiment qu’ils paient déjà assez d’impôts et qui ne veulent pas trier ?
Au-delà du fait de respecter la planète, leur raisonnement ne tient pas la route économiquement. Si les gens trient moins, nous aurons moins de matière à revendre et donc il faudra compenser en augmentant les impôts. Pour l’instant, 90 % de nos recettes viennent des impôts des citoyens et 10 % viennent des déchets que nous revendons. L’idée de « je mets tout la poubelle noire puis ils se débrouilleront » montre que les gens ne savent pas toujours comment ça marche.

Parce qu’il se passe quoi finalement quand on met tout dans la poubelle normale ?
Ces déchets là ne seront pas triés. On ne s’amuse pas à rouvrir tous les sacs de toutes les poubelles pour les trier, c’est impossible. Ces déchets sont perdus. Dans certaines villes ils sont incinérées puis enfouies dans la terre. À Tours, nous n’avons pas d’incinérateur, nous les enfouissons directement. Moins les gens trient, plus il faudra de place pour enfouir ces tonnes de déchets. Et comme chacun le sait, l’espace n’est pas extensible à l’infini !

*entreprises qui rachètent les balles de déchets pour revendre les matières (plastiques, papier, verre…).

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Tours : les étudiants travaillent sur leurs déchets

#EPJTMV. L’Indre-et-Loire fait partie des bons élèves en matière de tri sélectif. Mais les étudiants tourangeaux contribuent-ils à ce bel effort ? Tmv leur a posé la question.

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Les étudiants sont capables de trier correctement leurs déchets mais ne le font pas », constate Jean-Louis Brasero, coordinateur de Tour(s)Plus chargé d’informer et de sensibiliser le public au tri sur le territoire de l’agglomération tourangelle. Après une rapide concertation au sein de la jeune rédaction étudiante en journalisme de tmv, cette affirmation est à relativiser. Si certains font la démarche, d’autres ne s’en préoccupent pas. Pourtant, des moyens sont mis en place pour éduquer les enfants dès le plus jeune âge au tri sélectif.

La maison communautaire de l’environnement, située à Joué-lès-Tours, propose des animations, des ateliers ou des sorties natures, à destination du grand public mais aussi des établissements scolaires et des éducateurs. Des animateurs de Tour(s)Plus interviennent sur demande, pour aborder plus précisément les enjeux du tri sélectif et du recyclage. Parfois même sous forme ludique. L’université François-Rabelais avait proposé à Tour(s)Plus de participer à sa semaine organisée sur la réflexion autour du réchauffement climatique.
« Dans l’idée, cette activité aurait pris la forme d’une balade avec les étudiants à travers la ville, pour les sensibiliser au tri, explique Jean-Louis Brasero. Mais nous avons reçu leur demande par mail trop tardivement et cela n’a pas pu se faire. » De leur côté, les étudiants tentent de reproduire les bons gestes, acquis dans leur noyau familial. « Chez mes parents, on triait beaucoup, se sou- vient Tom Aguillon, étudiant en communication. J’ai des conteneurs pour trier les déchets devant chez moi, et si j’ai le réflexe de mettre les bouteilles ou les emballages dans une poche à côté, je le fais ! »

La commune de Tours possède 29 000 bacs jaunes, destinés à récolter les emballages métalliques, en plastique, en carton mais aussi le papier. En complément,  200  conteneurs enterrés viennent s’ajouter à ces poubelles, majoritairement dans la ceinture du vieux Tours. Malgré toute ces dispositions, c’est parfois difficile de garder ses bonnes intentions. « Honnêtement, je trie quand j’ai le temps et la motivation, poursuit l’étudiant. Quand je ne le fais pas, c’est plus par fainéantise… »
Alizée Le Moullec, elle ne partage pas cet avis. Cette étudiante en médiation scientifique et éducation à l’environnement pense « que les jeunes ne trient pas, parce que cela ne fait pas encore partie de leurs priorités. »

Autre difficulté à laquelle sont confrontés les jeunes : trier ses déchets lorsque l’on vit dans un petit espace. « Nous sommes beaucoup moins sollicités par les étudiants, regrette le coordinateur de Tour(s)Plus. Mais il y a trois ans, nous en avions suivi quelques-uns durant plusieurs semaines dans les résidences. Malheureusement, s’il n’y a pas de cadres, les bonnes résolutions ne tiennent pas. »
Une étudiante résidant en chambre universitaire à Saint-Symphorien, connaît cette difficulté. « Je dois avoir dans ma chambre de 9m2 ma poubelle d’ordures ménagères et autre chose pour stocker les déchets que je mettrai dans la poubelle jaune. Le constat est que pour autant, je pense que beaucoup d’étudiants de la résidence doivent trier, car la poubelle de tri est souvent pleine », ajoute-t-elle. Dans tous les cas, l’Indre-et-Loire ne fait pas figure de mauvais élève en matière de recyclage. Selon le rapport d’Éco-Emballages, une société privée qui fait le lien entre les industries et les collectivités pour le recyclage, 35 254 tonnes d’emballages ménagers ont été triées l’année dernière dans le département. Ce qui en fait l’un des plus performants de France.

Flore Battesti

«  Je produis moins de deux kilos d’ordures ménagères par an »

#EPJTMV. À J-5 du début de la COP 21 à Paris, les initiatives pour protéger l’environnement sont toujours plus nombreuses. Un geste individuel peut vite se transformer en une action collective. Sébastien Moreau, maître de conférence en biologie des organismes à l’université François-Rabelais de Tours, opte aujourd’hui pour un mode de vie sans déchets.

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Sébastien Moreau a opté pour le zéro déchet depuis deux ans. (Photo : Lucas Barioulet)

Adieu emballages et poubelles ! Vivre sans déchets en 2015, c’est possible. La preuve avec Sébastien Moreau, maître de conférence en biologie des organismes à l’université François-Rabelais de Tours. Il est passé au (presque) zéro déchet depuis 2013. « Je suis arrivé progressivement au zéro déchet. Pour chaque emballage, je réfléchissais à quelle alternative je pouvais lui trouver. »

Les bébés caddies

Rien ne destinait Sébastien Moreau à opter pour ce changement radical de mode de vie. « Quand on a grandi dans les caddies® de la société de consommation, on imagine difficilement vivre sans déchets.» C’est en août 2013 qu’il prend le parti de réduire au maximum ses déchets. « Je n’étais déjà pas satisfait de mon mode de vie. Je donnais des cours sur l’écologie et je ne faisais pas de gestes personnels. Je trouvais ça hypocrite. » Il se fixe alors un pari : tenir deux semaines avec le même sac poubelle. « J’ai supprimé la matière organique et l’humidité de ma poubelle. » Pour régler le problème de l’humidité, il lavait tous ses emballages avant de les jeter. « Les premiers temps, c’était l’enfer », admet-il. La solution, il l’a finalement trouvée. Et elle n’en est pas moins radicale : l’abandon du supermarché.

Il lui aura fallu plusieurs mois pour trouver le bon équilibre. Il multiplie aujourd’hui les points de vente. Il achète ses produits frais chez les petits commerçants et pour les aliments de base, comme la farine ou le sucre, il se fournit dans des coopératives ou des magasins bio. Aucun emballage à l’horizon. Le consommateur utilise alors des bocaux ou des sacs de papiers kraft. « Avec quelques produits de base, je peux réaliser toutes sortes de repas. À partir de farine, je fais des gâteaux, des pâtes fraîches , des sauces épaissies… », détaille Sébastien Moreau. Une consommation basée « sur ses besoins et non sur ses désirs » serait donc la clé de la réussite.

La bonne équation du zéro déchet

Son nouveau mode de vie sans déchets n’a pas réduit que le poids de sa poubelle. Il a aussi allégé celui de son porte-feuille. « Quand j’ai fait mes comptes, j’ai constaté que j’avais économisé 1 400 euros sur un an. » Il a ainsi divisé son budget alimentaire par deux. Et ce n’est pas tout. « Avant, je faisais mes courses tous les samedis matins. Je mettais environ deux heures. Aujourd’hui, en une heure, je fais mes courses pour cinq semaines. J’achète le sucre ou la farine par cinq ou six kilos. Puis tous les dix jours, je vais au marché pour les produits frais. » Plus qu’un mode de vie, c’est un véritable état d’esprit.

Aujourd’hui, Sébastien Moreau n’a plus de poubelle chez lui. Un petit bocal de conserve a pris sa place. « Je produis un bocal de déchet par mois. À l’année, sans compter le composte et le verre, je produis moins de 2 kilos d’ordures ménagères. » Pour lui, ce défi est à la portée de tous. « Il faut le faire progressivement et être volontaire. Je ne dis pas qu’il faut renoncer à son bien-être. Même si je ne réduis que de 5% mon volume de déchets, je participe déjà. » Le raisonnement de l’enseignant-chercheur va plus loin. « Nous sommes dans une société de détriticulture. Il faut apprendre à nos enfants à produire le moins de déchets possibles et ensuite à trier ceux qui restent. »

Alors que ce ne devait être qu’un pari, Sébastien Moreau a complètement changé sa manière de consommer et de vivre. Par l’animation de colloques et la mise en place de petites initiatives au sein du campus de Grandmont, il veut expliquer au plus grand nombre que ce défi semble accessible. Car chaque petit geste compte.

Apolline Merle