«  Je produis moins de deux kilos d’ordures ménagères par an »

#EPJTMV. À J-5 du début de la COP 21 à Paris, les initiatives pour protéger l’environnement sont toujours plus nombreuses. Un geste individuel peut vite se transformer en une action collective. Sébastien Moreau, maître de conférence en biologie des organismes à l’université François-Rabelais de Tours, opte aujourd’hui pour un mode de vie sans déchets.

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Sébastien Moreau a opté pour le zéro déchet depuis deux ans. (Photo : Lucas Barioulet)

Adieu emballages et poubelles ! Vivre sans déchets en 2015, c’est possible. La preuve avec Sébastien Moreau, maître de conférence en biologie des organismes à l’université François-Rabelais de Tours. Il est passé au (presque) zéro déchet depuis 2013. « Je suis arrivé progressivement au zéro déchet. Pour chaque emballage, je réfléchissais à quelle alternative je pouvais lui trouver. »

Les bébés caddies

Rien ne destinait Sébastien Moreau à opter pour ce changement radical de mode de vie. « Quand on a grandi dans les caddies® de la société de consommation, on imagine difficilement vivre sans déchets.» C’est en août 2013 qu’il prend le parti de réduire au maximum ses déchets. « Je n’étais déjà pas satisfait de mon mode de vie. Je donnais des cours sur l’écologie et je ne faisais pas de gestes personnels. Je trouvais ça hypocrite. » Il se fixe alors un pari : tenir deux semaines avec le même sac poubelle. « J’ai supprimé la matière organique et l’humidité de ma poubelle. » Pour régler le problème de l’humidité, il lavait tous ses emballages avant de les jeter. « Les premiers temps, c’était l’enfer », admet-il. La solution, il l’a finalement trouvée. Et elle n’en est pas moins radicale : l’abandon du supermarché.

Il lui aura fallu plusieurs mois pour trouver le bon équilibre. Il multiplie aujourd’hui les points de vente. Il achète ses produits frais chez les petits commerçants et pour les aliments de base, comme la farine ou le sucre, il se fournit dans des coopératives ou des magasins bio. Aucun emballage à l’horizon. Le consommateur utilise alors des bocaux ou des sacs de papiers kraft. « Avec quelques produits de base, je peux réaliser toutes sortes de repas. À partir de farine, je fais des gâteaux, des pâtes fraîches , des sauces épaissies… », détaille Sébastien Moreau. Une consommation basée « sur ses besoins et non sur ses désirs » serait donc la clé de la réussite.

La bonne équation du zéro déchet

Son nouveau mode de vie sans déchets n’a pas réduit que le poids de sa poubelle. Il a aussi allégé celui de son porte-feuille. « Quand j’ai fait mes comptes, j’ai constaté que j’avais économisé 1 400 euros sur un an. » Il a ainsi divisé son budget alimentaire par deux. Et ce n’est pas tout. « Avant, je faisais mes courses tous les samedis matins. Je mettais environ deux heures. Aujourd’hui, en une heure, je fais mes courses pour cinq semaines. J’achète le sucre ou la farine par cinq ou six kilos. Puis tous les dix jours, je vais au marché pour les produits frais. » Plus qu’un mode de vie, c’est un véritable état d’esprit.

Aujourd’hui, Sébastien Moreau n’a plus de poubelle chez lui. Un petit bocal de conserve a pris sa place. « Je produis un bocal de déchet par mois. À l’année, sans compter le composte et le verre, je produis moins de 2 kilos d’ordures ménagères. » Pour lui, ce défi est à la portée de tous. « Il faut le faire progressivement et être volontaire. Je ne dis pas qu’il faut renoncer à son bien-être. Même si je ne réduis que de 5% mon volume de déchets, je participe déjà. » Le raisonnement de l’enseignant-chercheur va plus loin. « Nous sommes dans une société de détriticulture. Il faut apprendre à nos enfants à produire le moins de déchets possibles et ensuite à trier ceux qui restent. »

Alors que ce ne devait être qu’un pari, Sébastien Moreau a complètement changé sa manière de consommer et de vivre. Par l’animation de colloques et la mise en place de petites initiatives au sein du campus de Grandmont, il veut expliquer au plus grand nombre que ce défi semble accessible. Car chaque petit geste compte.

Apolline Merle

Plan anti-tabac : "Il faut surtout penser aux jeunes"

Interview de Jeanne Mesmy, déléguée prévention de la Ligue contre le cancer 37. Elle est ancienne médecin et tabacologue.  Elle réagit à l’annonce, par Marisol Touraine, du plan anti-tabac.

Le paquet neutre devrait arriver en 2016. Qu’est-ce que cela vous inspire ?  
En tant que tabacologue, je suis tout à fait pour ! Je pense que c’est efficace, puisque les cigarettiers sont prêts à intenter un recours devant le Conseil d’Etat. Ils ont peur. En Australie, où cela a été expérimenté, il y a eu une baisse des ventes. Donc ils ont peur que ça se répercute. Le but, c’est que les jeunes ne soient pas attirés par les paquets collector, l’aspect, les couleurs, la forme, l’emballage…

Vous parliez de l’Australie, seul pays à avoir mis en place les paquets neutres. Il y a eu une baisse de 3 % dans les ventes. N’est-ce pas dérisoire comme chiffre ?
En France, s’il y a -3 % des ventes, avec 13 millions de fumeurs, ça fait beaucoup. Il faut voir sur le long terme pour les conclusions. Là, on a déjà les photos choc sur les paquets. La taille est correcte, mais pas assez grande encore. Et il faudrait les renouveler, car les fumeurs s’habituent à ces images. Il faut surtout penser aux jeunes…

Avez-vous été concertés pour cette idée du paquet neutre ?
Effectivement, je travaille au groupe « Sortir du tabac ». C’était une de nos demandes. Une ville sans tabac, c’est une ville où l’on respecte les lois.

Une augmentation de 30 centimes du paquet est dans les tuyaux. Les effets sont-ils là ?  
Les prix augmentent tous les ans. Mais il n’y a qu’avec de grosses augmentations (par exemple, sous l’ère Chirac) que cela a entraîné la disparition d’un million de fumeurs sur 2003-2004. Ensuite, les augmentations se sont faites moins fréquentes et importantes (-6%). Peu décrochaient, car ce n’est pas suffisant. Une hausse de 10 % serait l’idéale. Les vrais dépendants continueront, mais on doit décourager les jeunes.

A votre niveau, comprenez-vous la grogne des buralistes ?
C’est difficile, mais les buralistes ont des aides, ils peuvent se diversifier. Le tabac rapporte 13 milliards de taxes, mais coûte 47 milliards pour les soins. Et encore, c’est une statistique qui date de 2006 !

Au final, êtes-vous satisfaite de ce plan anti-tabac ?  
Tout à fait. Il y a de très nombreuses mesures. Après, ce ne sont que des annonces, ce n’est pas encore adopté. Entre les deux, il y a un pas ! C’est important de les mettre en place. Par exemple, l’interdiction de fumer dans une voiture avec un enfant de moins de 12 ans. Même avec les fenêtres ouvertes, 60 % de la fumée reste ! Madame Touraine a plein d’idées formidables… La France a la meilleure législation anti-tabac au monde, mais c’est la moins appliquée…
Propos recueillis par Aurélien Germain
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Paquet neutre cigarette.
Exemple de paquets neutres en Australie.