Tri des déchets : poubelle la vie

Au cours d’un dîner entre amis posez cette question : est-ce qu’on peut mettre un carton de pizza, un film plastique, des pots de yaourts, etc. dans la poubelle jaune ? Vous aurez probablement autant de réponses que de convives. Comme le centre de tri de Tour(s) Plus vient de s’équiper de nouvelles machines qui trient plus vite, on en a profité pour faire le point avec eux.

Jean-Louis Brasero, coordinateur de Tour(s)Plus chargé d’informer et de sensibiliser le public au tri sur le territoire de l’agglomération tourangelle.
Jean-Louis Brasero, coordinateur de Tour(s)Plus chargé d’informer et de sensibiliser le public au tri sur le territoire de l’agglomération tourangelle.

Honnêtement quand il faut trier on est un peu perdus, pourquoi est-ce si compliqué ?
Les règles ne sont pas les mêmes selon les villes, car les déchetteries ne sont pas toutes équipées de la même façon. Ce que je vais dire ici ne s’applique donc qu’aux communes de Tour(s) Plus. C’est que ces dernières années nous avons eu beaucoup d’évolutions techniques. Des choses qui n’étaient pas possibles, comme mettre un carton de pizza dans la poubelle jaune, le sont aujourd’hui. Le message est parfois difficile à faire passer car les gens avaient plutôt bien intégré les consignes et il n’y a rien de plus compliqué que de désapprendre. Mais globalement, nous n’avons que 10 % d’indésirables sur tout ce que nous recevons.

CaptureIl paraît aussi qu’on peut mettre des boîtes de conserve dans la poubelle jaune, sans les laver. Mais ça va souiller les autres papiers non ?
Les papiers légèrement souillés ne sont plus un problème, on sait les traiter. Évidemment, il ne s’agit pas de laisser un bout de pizza ou quatre raviolis dans les boîtes, il faut les vider correctement, les racler. Mais n’utilisez pas d’eau pour les rincer : c’est aussi du gâchis. S’il vous reste de la place dans le lave vaisselle ou un fond d’eau dans l’évier, oui, pourquoi pas. Outre les évolutions techniques, nous avons aussi eu un changement de comportement des repreneurs*. Avant, ils rechignaient à récupérer les papiers sales, ils voulaient les papiers les plus propres possible pour plus de facilité. Avec le temps, ils ont compris qu’ils perdaient trop de matière en faisant ça et ont élargi les critères.

Ces “repreneurs”, ce sont eux qui s’occupent des déchets une fois que vous les avez triés ?
Oui, ils nous les achètent. Ces matières ont de la valeur parce qu’elles peuvent être utilisées pour refaire des bouteilles en verre, des flacons en plastique, du papier. Cela évite à la fois de les voir se perdre dans la nature et cela économise les matières premières comme le pétrole ou l’eau car, par exemple, produire de la pâte à papier vierge consomme plus d’eau. Et recycler ce n’est pas économiser seulement les matières, c’est économiser l’énergie ! Par exemple, faire chauffer du sable pour le transformer en verre nécessite des degrés bien plus élevés, et donc consomme beaucoup plus d’énergie, que de refondre un verre déjà existant.

Ces matières recyclées, quel genre d’objets donnent-elles après ?
Ce ne seront pas exactement les mêmes produits qu’avant. Par exemple, les bouteilles en verre sont mélangées sans distinction de couleur. Cela signifie que derrière on ne pourra obtenir que des bouteilles vertes, pas transparentes. Ce seront des bouteilles de vin par exemple. Pareil pour les plastiques, ils seront plutôt foncés, noirs. Cela peut servir à des pièces automobiles, des bidons, etc.

À quoi serviront les nouvelles machines qui viennent d’être installées ?
Elles ne nous permettent pas de trier plus de déchets différents mais par contre, on trie plus vite, ce qui nous permet d’éviter que des déchets se détériorent et ne soient plus « triables », comme le carton mouillé par exemple. En tout cas, elles n’ont pas non plus été installées au détriment des emplois, puisque nous avons gardé nos 35 valoristes.

Que voulez-vous dire à ceux qui estiment qu’ils paient déjà assez d’impôts et qui ne veulent pas trier ?
Au-delà du fait de respecter la planète, leur raisonnement ne tient pas la route économiquement. Si les gens trient moins, nous aurons moins de matière à revendre et donc il faudra compenser en augmentant les impôts. Pour l’instant, 90 % de nos recettes viennent des impôts des citoyens et 10 % viennent des déchets que nous revendons. L’idée de « je mets tout la poubelle noire puis ils se débrouilleront » montre que les gens ne savent pas toujours comment ça marche.

Parce qu’il se passe quoi finalement quand on met tout dans la poubelle normale ?
Ces déchets là ne seront pas triés. On ne s’amuse pas à rouvrir tous les sacs de toutes les poubelles pour les trier, c’est impossible. Ces déchets sont perdus. Dans certaines villes ils sont incinérées puis enfouies dans la terre. À Tours, nous n’avons pas d’incinérateur, nous les enfouissons directement. Moins les gens trient, plus il faudra de place pour enfouir ces tonnes de déchets. Et comme chacun le sait, l’espace n’est pas extensible à l’infini !

*entreprises qui rachètent les balles de déchets pour revendre les matières (plastiques, papier, verre…).

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«  Je produis moins de deux kilos d’ordures ménagères par an »

#EPJTMV. À J-5 du début de la COP 21 à Paris, les initiatives pour protéger l’environnement sont toujours plus nombreuses. Un geste individuel peut vite se transformer en une action collective. Sébastien Moreau, maître de conférence en biologie des organismes à l’université François-Rabelais de Tours, opte aujourd’hui pour un mode de vie sans déchets.

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Sébastien Moreau a opté pour le zéro déchet depuis deux ans. (Photo : Lucas Barioulet)

Adieu emballages et poubelles ! Vivre sans déchets en 2015, c’est possible. La preuve avec Sébastien Moreau, maître de conférence en biologie des organismes à l’université François-Rabelais de Tours. Il est passé au (presque) zéro déchet depuis 2013. « Je suis arrivé progressivement au zéro déchet. Pour chaque emballage, je réfléchissais à quelle alternative je pouvais lui trouver. »

Les bébés caddies

Rien ne destinait Sébastien Moreau à opter pour ce changement radical de mode de vie. « Quand on a grandi dans les caddies® de la société de consommation, on imagine difficilement vivre sans déchets.» C’est en août 2013 qu’il prend le parti de réduire au maximum ses déchets. « Je n’étais déjà pas satisfait de mon mode de vie. Je donnais des cours sur l’écologie et je ne faisais pas de gestes personnels. Je trouvais ça hypocrite. » Il se fixe alors un pari : tenir deux semaines avec le même sac poubelle. « J’ai supprimé la matière organique et l’humidité de ma poubelle. » Pour régler le problème de l’humidité, il lavait tous ses emballages avant de les jeter. « Les premiers temps, c’était l’enfer », admet-il. La solution, il l’a finalement trouvée. Et elle n’en est pas moins radicale : l’abandon du supermarché.

Il lui aura fallu plusieurs mois pour trouver le bon équilibre. Il multiplie aujourd’hui les points de vente. Il achète ses produits frais chez les petits commerçants et pour les aliments de base, comme la farine ou le sucre, il se fournit dans des coopératives ou des magasins bio. Aucun emballage à l’horizon. Le consommateur utilise alors des bocaux ou des sacs de papiers kraft. « Avec quelques produits de base, je peux réaliser toutes sortes de repas. À partir de farine, je fais des gâteaux, des pâtes fraîches , des sauces épaissies… », détaille Sébastien Moreau. Une consommation basée « sur ses besoins et non sur ses désirs » serait donc la clé de la réussite.

La bonne équation du zéro déchet

Son nouveau mode de vie sans déchets n’a pas réduit que le poids de sa poubelle. Il a aussi allégé celui de son porte-feuille. « Quand j’ai fait mes comptes, j’ai constaté que j’avais économisé 1 400 euros sur un an. » Il a ainsi divisé son budget alimentaire par deux. Et ce n’est pas tout. « Avant, je faisais mes courses tous les samedis matins. Je mettais environ deux heures. Aujourd’hui, en une heure, je fais mes courses pour cinq semaines. J’achète le sucre ou la farine par cinq ou six kilos. Puis tous les dix jours, je vais au marché pour les produits frais. » Plus qu’un mode de vie, c’est un véritable état d’esprit.

Aujourd’hui, Sébastien Moreau n’a plus de poubelle chez lui. Un petit bocal de conserve a pris sa place. « Je produis un bocal de déchet par mois. À l’année, sans compter le composte et le verre, je produis moins de 2 kilos d’ordures ménagères. » Pour lui, ce défi est à la portée de tous. « Il faut le faire progressivement et être volontaire. Je ne dis pas qu’il faut renoncer à son bien-être. Même si je ne réduis que de 5% mon volume de déchets, je participe déjà. » Le raisonnement de l’enseignant-chercheur va plus loin. « Nous sommes dans une société de détriticulture. Il faut apprendre à nos enfants à produire le moins de déchets possibles et ensuite à trier ceux qui restent. »

Alors que ce ne devait être qu’un pari, Sébastien Moreau a complètement changé sa manière de consommer et de vivre. Par l’animation de colloques et la mise en place de petites initiatives au sein du campus de Grandmont, il veut expliquer au plus grand nombre que ce défi semble accessible. Car chaque petit geste compte.

Apolline Merle

Une minute sur le web #57

Cette semaine, on vous parle d’un tumblr qui rend hommage aux femmes oubliées, d’un miroir dans la jungle, du Kung Fury total wtf et surtout… du soundboard Dikkenek.

Brusk est Lyonnais et c’est un des meilleurs street artists du moment. Il peint sur des murs XXL dans la rue – un art éphémère – et vend ses œuvres en galerie. Unique et plein d’émotions.
> brusk.fr

Photo Brusk
Photo Brusk



TOTAL WTF
KUNG FURY
Des vikings, des dinosaures, du kung-fu, des Nazis débiles et David Hasselhoff : le moyenmétrage Kung Fury (financé par crowdfunding pour 630 000 $) est enfin dispo gratuitement sur internet. En une semaine, cet OVNI déjanté et hilarant, typé années 80, a comptabilisé plus de 12 millions de vues.
Regardez-le intégralement ici :

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=bS5P_LAqiVg[/youtube]

ÉTUDE
MUSIQUE ET FIDÉLITÉ
Spotify a publié ses chiffres, concernant les types de musique les plus écoutés sur son service de streaming musical. Et c’est le metal qui arrive (très largement) en tête. Suivent la pop, la folk, talonnées par la country, le rock, le hip-hop, puis le reggae et le jazz. En dernier ? La musique classique et le blues.

SOUNDBOARD
CLAVIER DIKKENEK
On se l’est mis en favori sur l’ordi du bureau depuis deux semaines… et on ne s’en lasse pas. Une page web où il suffit d’appuyer sur une touche de son clavier pour déclencher une des répliques cultes du film Dikkenek. Inutile, débile, mais jouissif.
>Si tu viens de te faire carjacker, file sur dikkenek-le-soundboard.herokuapp.com

(et la vidéo, elle est cadeau 🙂
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=tOLo8XeImVg[/youtube]

DOMMAGE !
CHÈRE POUBELLE…
Elle détenait sans le savoir un des tout premiers ordinateurs Apple, mais… l’a jeté à la déchetterie ! La mystérieuse dame est recherchée par la société de recyclage de la Silicon Valley qui veut partager les recettes, l’ordinateur ayant été acheté 200 000 $ par un collectionneur (qui a bien fait de faire les poubelles ce jour-là).

LA VIDÉO
LE MIROIR DE LA JUNGLE
Xavier Hubert Brierre, photographe français, a voulu observer le comportement des animaux face à un miroir. Il en a donc placé un dans une forêt du Gabon. Gorilles, singes, léopards, confrontés à leur reflet, ont des réactions… inattendues !
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=GaMylwohL14[/youtube]

TUMBLR
FEMMES OUBLIÉES
Anna Marly, Mae Carol, Maya Angelou… Ces noms ne vous disent rien ? Ce sont pourtant des grands noms de l’Histoire, des femmes importantes mais dont on ne parle pas assez ou pas du tout. Un Tumblr a décidé de changer tout ça et présenter toutes ces femmes d’exception.
> À lire sur invisibilisees.tumblr.com
BUZZ_TUMBLR