Culture, tendances & web #19

Cette semaine, place aux albums français, avec Katerine et Renaud (THE retour). Côté come-back, comptez aussi sur Lucky Luke et Star Wars… Au cas où vous n’en aviez pas eu assez !

LES CDS

KATERINE – LE FILM
Déroutant. Quel meilleur adjectif pourrait convenir au nouvel album du dadaïste barré Katerine ? À travers Le Film, l’auditeur se voit baladé entre un piano quasi-enfantin et un Katerine à fleur de peau, soufflant des comptines complètement décalées. C’est parfois tout doux, tout chaud quand on prend le temps d’y plonger. Oeuvre jusqu’au-boutiste jubilatoire et frappée ? Ou gigantesque foutoir hallucinatoire à la limite du grand-n’importe quoi ? On ne le sait toujours pas, au final. À écouter en fermant les yeux, en train de ses faire des films.
A. G.

RENAUD – RENAUD Image11
Non, Renaud ne laisse pas béton. Le Phénix renaît de ses cendres pour pour proposer un 16e album studio étonnant. Parce qu’à 63 ans, après avoir été miné par l’alcool et la dépression (la voix est fatiguée), le chanteur parvient à accoucher de titres gorgés de textes redoutables. Certaines ballades nourries de doux arpèges, à l’instar d’Hyper Casher, sont d’une beauté à faire chialer. Alors certes, tout n’est pas aussi bon que certaines chansons (Toujours Debout, futur hit). Le disque, en demi-teinte, propose aussi quelques chansons poussives (ce Mullholand Drive…). Mais Renaud raconte, chante, parle, rend hommage, et a laissé quelques imperfections, conférant à l’album une authenticité certaine. Un retour — inespéré — et sincère.
A. G.

LA PHRASE QUI TUE
ET PAN !
On a repéré ce post sur la page Facebook du cinéma Les Lobis, à Blois. Elle concerne le film Quand on a 17 ans, d’André Téchiné, un carton jusqu’à maintenant : « Merci à notre cher client qui vient de sortir de « Quand On a 17 ans» en disant « Si j’avais su que c’était une histoire de pédés…», et bah on continuera à en passer des « histoires de pédés », et vous vous renseignerez un peu mieux ! Mais vous êtes restés jusqu’au bout du film donc tout va bien au fond. Plein d’amour. Bonne soirée ! »

CINÉMA
DUR DUR D’ÊTRE BELLE
Dans le magazine GQ, l’actrice Charlize Theron a rappelé à quel point il était difficile pour elle de décrocher des rôles sérieux à cause de sa beauté. La jolie blonde a alors dézingué le star system et le monde du ciné : « Combien de rôles sont écrits pour la putain de mannequin d’1,80 m, superbe, qui porte une robe ? Quand des rôles importants se présentent, et j’en sais quelque chose, les gens beaux sont les premiers à être rejetés ! »

THE WALKING DEAD : FINAL
LA PROD’ S’EXPLIQUE
Bon, on ne va pas trop spoiler, mais que celles et ceux qui n’ont pas encore vu le dernier épisode de Walking Dead… évitent de lire cette brève (au cas où !). L’épisode final — et notamment les dernières minutes — ont fait bondir les fans. Qui ne se sont d’ailleurs pas privés de pousser un gros coup de gueule sur les réseaux sociaux. Au point que Scott Gimple, l’un des producteurs de la série, a dû justifier le choix scénaristique de la série : « La saison prochaine, l’histoire de Negan sera centrale (…). J’étais très intéressé par finir cette saison en cliffhanger et par l’idée ne pas savoir (…). On sait ce qu’on fait et nos intentions sont bonnes. Nous ne nous moquons pas de notre public. »

LE DVD PAUSE_ECRANS_DVD
STAR WARS : LE RÉVEIL DE LA FORCE
Après avoir mangé du Star Wars matin, midi et soir pendant tout décembre, voilà un nouveau régime des étoiles : la version DVD Blu-ray. Pour les rares (ou les ermites) qui n’auraient pas vu la chose, c’est l’occasion de se régaler de cette superbe galette qui rendra grâce à la richesse visuelle du film de J.J. Abrams (même si, OUI, le cinéaste copie sans vergogne sur les autres épisodes). Pour les autres, c’est le moment de s’enfiler une tonne de bonus (l’éditeur a vu grand !). Maxi documentaire, mini-reportages, scènes coupées et coulisses : côté suppléments, il y a de quoi y passer la nuit.
A. G.

Image10LA BD
L’HOMME QUI TUA LUCKY LUKE
Eh oui : 2016 sera bien l’année de Lucky Luke, comme en témoignait déjà la superbe exposition qui lui était consacré au dernier festival d’Angoulême. Une expo où l’on avait pu découvrir les magnifiques planches de Mathieu Bonhomme qui s’essaie avec une réussite magistrale à réinterpréter notre cowboy préféré. Avec cette histoire, il livre en effet un travail absolument remarquable où tout, du dessin au scénario en passant par les ambiance et les gags, est totalement maîtrisé. Un bel hommage, pour fêter dignement cet anniversaire. Sublime, tout simplement sublime.
Hervé Bourit.

Capture

Culture, tendance et web #7

Au programme de nos chroniques, deux CDs avec Lockdown et Grand Corps Malade, ainsi qu’un compte twitter parodique rigolo, de la BD mais aussi un Benjamin Castaldi en mode clash…

LA BD
CHER PAYS DE NOTRE ENFANCE
Album après album, Étienne Davodeau dessine un portrait de la France contemporaine qui fait de lui un des auteurs les plus sensibles et attachants du 9e art. En se plongeant dans la France des années 70, en compagnie du journaliste Benoît Collombat, il offre un portrait saisissant de ces années de plomb. De la mort du juge Renaud et de celle de Robert Boulin, en passant par le gang des Lyonnais et les exactions du S.A.C., c’est un travail d’historiens et de journalisme, une « lutte de la mémoire contre l’oubli », selon les mots de Milan Kundera. Un des cinq meilleurs ouvrages de l’année.
Hervé Bourit

LE DVD
LES MINIONSPAUSE_ECRANS_DVD
Après en avoir mangé tout l’été jusqu’à l’indigestion, revoilà les Minions pour une sortie DVD. Signé du géant de l’animation Pierre Coffin, le film est une petite pépite d’humour : enveloppé dans une BO géniale (à coup de The Who et des Kinks…), bourré de références, ce road-trip délirant voit son édition Blu-ray dotée de trois mini-films bonus, ainsi qu’une carte interactive et d’un docu sur les Minions en suppléments. Reste un bonus moins indispensable : le « Jingle Bells » façon… Minions.
A.G.

LES CD
PAUSE_ECRANS_CDgrandscorpsGRAND CORPS MALADE – IL NOUS RESTERA ÇA
Joli concept que cette nouvelle offrande de Grand Corps malade qui a en effet proposé à dix auteurs d’insérer la phrase « il nous restera ça » dans des textes inédits. Au total, 14 titres aérés par des interludes du slameur. L’écriture ne déçoit jamais (les écrits, sublimes, sont d’une poésie incroyable), les plumes s’entrechoquent, mais les interprétations sont parfois inégales. Ben Mazué charme, la voix de velours de Jeanne Cherhal ensorcelle, Aznavour et Thiéfaine restent trop timides et Luciole est magique. Sans oublier un Renaud à la voix d’outre-tombe, apparition captivante mais ô combien effrayante…
A.G.

PAUSE_ECRANS_CDLOCKDOWN
La grosse surprise du mois vient de Lockdown, combo venu tout droit des entrailles de la Lorraine. Pour ce premier EP, le jeune groupe balance cinq titres survitaminés, trempés dans le gros rock testostéroné, le heavy metal et le prog’. En résulte une pure réussite : l’ouverture Fallin’ avec ses modulations de voix maîtrisées à la perfection, ou encore l’envoûtant morceau à tiroir Greed et sa batterie tentaculaire qui se fend de quelques roulements jubilatoires… On reste étonnés de voir un équilibre si habile entre structures complexes et parties simples mais accrocheuses. Seul bémol : un interlude d’une minute au milieu d’un EP malheureusement trop court : on en redemande !
Infos sur LEUR FACEBOOK
A.G.

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C’est, en milliard (!), le nombre de personnes qui se connectent sur Facebook… tous les jours ! Parmi eux, 900 millions consultent le réseau social depuis un smartphone ou une tablette (une hausse de 27 % en un an). Profits dégagés par Facebook ? Entre 2,5 et 2,7 milliards de dollars.

TENDANCE WEB
LUCETTE ET SON TWITTER
Visiblement, le coup de com’ rigolo (pardon, la « isite surprise ») de Hollande chez Lucette, une habitante en Lorraine, a donné des idées à un petit rigolo. Il a donc crée le compte parodique @Lucette_ sur Twitter. Au menu, des tweets racontant cette journée, comme « Le ptit Gaspard… j’en aurais bien fait mon 4 h » ou encore « Merci à #Hollande pour le ménage chez moi et pour le café… #WhatElse ».
PAUSE_ECRANS_WEB

QUAND CASTALDI CLASHE
« Certains avaient imaginé de faire avaler une pilule abortive à une candidate enceinte, d’ailleurs sélectionnée pour cette raison. » Boum. L’une des phrases-choc que l’on peut trouver dans l’autobiographie de l’animateur Benjamin Castaldi, intitulée Pour l’instant tout va bien. Il y évoque notamment les coulisses de la télé-réalité, balance sur Secret Story et toutes les émissions qui atrophient le bulbe. Castaldi dénonce un sacré paquet de magouilles et de trucages : votes téléphoniques trafiqués pour Loft Story, départs orchestrés, mise en scène…

PRISON ET FOUET POUR UN DOCU
« Je ne comprends pas trop ce qui m’arrive… » Keywan Karimi, cinéaste iranien, s’attend à tout, comme il l’a confié au journal Le Monde. Il a été condamné, mi-octobre, à 6 ans de prison et 223 coups de fouet pour la scène d’un baiser qu’il n’a pas même pas tournée (« l’actrice n’a pas accepté ») et accusé « de propagande » pour son Writing on the city, un documentaire sur les graffitis à Téhéran. Le jeune réalisateur parle, à raison, d’une « histoire kafkaïenne » et « souhaite que [son] film soit vu dans un festival, afin d’apporter un soutien ». Récemment, une pétition des eurodéputés a été lancée.

Francis Renaud : « En France, on a beaucoup de gens doués »

Francis Renaud est acteur, réalisateur, producteur et scénariste. Président du jury de Mauvais Genre cette année, il a pris le temps de nous parler, en direct de Bulgarie.

Francis Renaud (Photo Patrick Glaize/Studio Canal)
Francis Renaud (Photo Patrick Glaize/Studio Canal)

À l’heure du téléchargement et du streaming à tout va, c’est quoi le but, l’utilité d’un festival de cinéma ?
Faire rencontrer des réalisateurs, voir des films, rentrer dans des univers. Là, c’est du cinéma de genre, que j’adore. On peut porter un regard nouveau sur le cinéma, les images, les acteurs.

En quoi consiste votre rôle dans le jury ?
On va faire un travail sincère, rigoureux. C’est beaucoup de boulot. Il y a les films en compétition, hors-compétition mais qui sont tout aussi essentiels ! Je suis fier et content d’y participer. Je vais découvrir des films et les goûts du public. C’est lui, le jury le plus important.

D’ailleurs, quand vous regardez un film, c’est avec un œil de cinéaste ?
Ah non, surtout pas ! Au cinéma, je reste toujours spectateur. Je suis juste un mec normal qui regarde ! (rires)

On a parfois accusé le cinéma de genre de tous les maux. Vous en pensez quoi ?
Ces films participent à tellement de choses. On a besoin de frissonner, d’avoir peur. Je repense à l’Exorciste, que j’ai vu quand j’étais gamin… Le quotidien m’ennuie. Quand je vais au cinéma, ce n’est pas pour regarder cette même réalité ennuyeuse, comme c’est parfois le cas dans certains films d’auteur. Je veux m’échapper. J’ai rencontré des gens fantastiques et doués dans le cinéma de genre, comme sur le tournage de Mutants. Je pense aussi à Bustillo et Maury. Parfois, ça terrorise, réveille des pulsions, mais c’est un cinéma incroyable. Regardez Massacre à la tronçonneuse, Evil Dead. Moi, je m’en fous des Cahiers du cinéma…

Vous semblez avoir un lien privilégié avec ce cinéma là…
Certes, la majeure partie des réalisations vient des États-Unis, mais en France, même si les moyens sont moindres, on a beaucoup de gens doués. L’important, c’est de faire, d’écrire. Moi, je ne fais pas ce métier pour faire des entrées. Je suis loin du formatage. Il suffit de voir la télé et cette histoire de ménagère de moins de 50 ans : j’en ai marre qu’on prenne les gens pour des cons. Les spectateurs ne sont pas stupides. Il veulent du bon cinéma, des bons acteurs, de l’émotion. J’ai du mal à m’évader avec certains films refaits à l’infini, toujours avec les mêmes personnes…

Comme certains gros films français qui marchent…
Il y a une partie du cinéma français qui est arrogant, bourgeois, académique. J’aime le cinéma populaire, les Audiard, les Marchal. Ou Alexandre Aja, il est très fort, il a une patte. Il y a de l’onirisme, c’est beau. Comme dans la littérature, ce sont des contes, on rentre dans un univers.

Vous avez jeté un œil sur la programmation de Mauvais Genre ? (retrouvez notre dossier spécial par ici)
Un petit peu. Tout est super pro, la programmation est très belle. Mais je n’ai pas envie d’être influencé par les genres, les synopsis ! J’aime être surpris.

Propos recueillis par Aurélien Germain

>>Page allociné de Francis Renaud : filmographie et carrière