L’urbex : retrouver l’âme des lieux oubliés

#EPJTMV Les ruines sont l’essence de l’exploration urbaine. L’histoire derrière celles-ci, aussi. Près de Tours, un parc immobilier a déchaîné les procès et fait verser des larmes. Mais il fait aujourd’hui le bonheur de quelques aventuriers, passionnés d’urbex.

Près de Tours, le long d’une route d’une commune voisine, un paysage de pavillons abandonnés attire l’œil des passants. Vitres, portes et escaliers ont été retirés de ce chantier pourtant presque achevé. Ils ont laissé place à des murs recouverts de tags. Les lieux sont-ils complètement vides ? Pas tout à fait. Entre deux maisons, quelques adolescents courent et se cachent. « Eux, ils doivent venir pour casser », suppose Axel. Ce déménageur de 32 ans est ce qu’on appelle un urbexeur. Le nom est tiré de la pratique qui le passionne : l’urbex, pour « urban exploration ». En français, l’exploration urbaine.

Ce lieu abandonné, qui était censé être un village de vacances, est devenu un repaire pour ces passionnés. « Avant, je posais des compteurs Linky, je travaillais dans la commune d’à côté et comme tout le monde, j’ai vu les maisons abandonnées. Depuis, je suis venu une quinzaine de fois ici. »

Sur ce terrain, des morceaux de verre et des tuyaux traînent par terre, des mousses isolantes moisies pendent au plafond. L’intérêt semble minime. « Ce qui me passionne, c’est l’histoire qu’il y a derrière. Et ici, il y en a une. Quand vous explorez des châteaux abandonnés, vous tombez sur des lettres, des correspondances, des documents qui racontent la vie que ces lieux ont connu. »

L’histoire n’est pas toujours très joyeuse. Ce lieu devait devenir un village vacances avec piscine, balnéothérapie et restaurant de 250 couverts dans 11 hectares de nature. Mais la société en charge du chantier met la clé sous la porte en 2012. Le projet a déjà pris trois ans de retard. « Les entreprises sont venues et ont récupéré tout ce qu’elles pouvaient ! Regardez, il n’y a plus de gouttière, plus d’escalier, plus aucune fenêtre », pointe du doigt Axel alors qu’il se balade dans ce qui aurait dû être une rue. Les ruines des habitations, de la piscine et du gymnase gisent dans le froid hivernal.

Un second souffle

Le lieu reprend vie quand les urbexeurs s’en emparent. « C’est tellement connu que beaucoup de gens y viennent. Or, plus il y a de passage, plus c’est dégradé », juge Axel, fort de son expérience. Il a décidé d’organiser une partie de sa vie autour de cette passion. « Quand tu pars en vacances, tu regardes les lieux où tu vas aller faire un tour. J’ai même mis un matelas à l’arrière d’une voiture pour partir explorer des lieux sur plusieurs jours. »

Plus loin, l’aventurier nous conduit dans ce qui semble être un ancien gymnase. Ici, aucune trace de parquet, mais les rayons du soleil qui traversent le toit troué illuminent les quelques tags. Le silence n’est rompu que par les gouttes d’eau qui tombent des plafonds. Pour le jeune homme, plusieurs types d’explorateurs existent.

« Tout le monde connaît les casseurs. Ce sont ceux que personne n’aime car ça ne sert à rien de casser. Les tagueurs aussi, quand c’est du béton comme ça, pourquoi pas si c’est beau. Mais certains taguent même de très vieux châteaux, c’est dommage. Quant aux photographes, ils sont nombreux parce qu’ils adorent ça. Et il y a aussi ceux que j’appelle les brocanteurs qui viennent récupérer des objets pour les revendre. » Il ne dira pas dans quelle catégorie il se situe.

Une pratique dans l’ombre

Alors que la visite du gymnase se termine, l’heure est venue de quitter les lieux, sans faire trop de bruit. La discrétion est le maître mot de cette pratique. Si rien en soi n’interdit d’explorer de vieilles ruines, bien souvent, celles-ci se trouvent sur des propriétés privées où il est interdit de pénétrer.

Direction un nouveau lieu ? Pour aujourd’hui, non. Il faudra d’abord passer quelques heures à en repérer un. Il n’est pas dans la coutume de partager la localisation des « spots ». La recherche fait partie intégrante de la passion. « Je suis abonné à tous les sites d’urbex. Dès que je vois la photo d’un lieu, je fais des recherches avec les images pour les trouver. Je regarde de vieilles cartes postales aussi », conseille Axel, sans en dire tellement plus. Avec un peu de chance, il l’espère, son prochain lieu d’exploration sera tout autant chargé d’histoire.

Clara Demajean et Axel Monnier, journalistes en formation à l’EPJT
– Photos : Emma Sikli, journaliste en formation à l’EPJT


> Retrouvez l’interview d’Olivier Chantôme, photographe et spécialiste de l’urbex en cliquant ICI

 

WEB-SÉRIE – Mes amis, mes amours, mes études (3/4)

#EPJTMV Un groupe d’amis, de l’amour, et une passion commune : la musique. Voilà la bonne recette pour ce troisième volet, où trois amis musiciens discutent et partagent leurs expériences sur le milieu dans lequel ils évoluent.

Épisode 3 – Faire l’amour en musique

Des regards qui se croisent dans un bar, une discussion, le cœur qui s’emballe et puis… Le lendemain, la cellule de crise peut débuter. Le burger et les frites sont disposés sur la table basse, à côté du thé et du café. Aymeric, étudiant musicien interprète, a convoqué Thibaud, son colocataire trompettiste, et leur amie Léa, flûtiste, pour débriefer de la nuit dernière. En couple depuis peu, Aymeric est embarrassé. Il décrit la situation de la veille :  « Je ne suis même pas foutu de tenir une relation de deux semaines. C’est un peu comme le “dry january” [mois sans alcool, NDLR], ça fait deux soirs que je me mets des caisses alors qu’on est le 14 janvier. » Thibaud et Léa l’écoutent calmement et lui donnent quelques conseils. « Même quand nos expériences ne se passent pas très bien, c’est cool d’en parler, résume Léa. Ça permet d’en rire et c’est libérateur. » 

Une passion commune

Tous les trois au Conservatoire de Tours, ils partagent ensemble la même passion pour la musique. Leur cercle d’amis s’étend au-delà de leurs formations respectives. Ils côtoient souvent d’autres musiciens lors d’orchestres, de stages ou de concerts. Ces moments passés ensemble les rapprochent. Des liens se font et se défont : « De l’extérieur, les gens doivent se dire que c’est le ‘’baisodrome’’  », plaisante Aymeric, en dévorant son burger. « Sur les 70 musiciens de notre orchestre, il y en a 20 ou 30 qui ont couché ensemble », ajoute Thibaud. 

En jouant ensemble régulièrement, des amitiés se créent et peuvent aboutir à d’autres formes de relations. Ces expériences s’immiscent jusque dans les groupes d’amis, au risque de faire quelques dégâts. « Avec mon ancienne copine, on était dans le même groupe de potes. On savait que l’on allait être amené à se revoir donc autant que ça se passe le mieux possible. On se dit bonjour, c’est poli, c’est correct », explique Thibaud. Dans cette situation, mettre de la distance a été la solution pour que le groupe reste stable. 

Mélodie et vie de couple

C’est d’ailleurs pour cela que Léa s’est inscrite en licence d’histoire en parallèle du conservatoire. « Être tout le temps entre musiciens c’est bien, mais par moment ça peut être un peu lourd », confie-t-elle, thé à la main. Elle a l’impression de s’être enfermée dans un microcosme et peine à rencontrer de nouvelles personnes. De son côté, Thibaud estime qu’il est difficile d’être dans une relation avec un(e) musicien(ne) : « Les deux filles avec qui je suis sorti avaient envie de gravir les échelons pour évoluer, alors que moi je veux faire de la musique pour me faire kiffer, explique-t-il. Du coup, on s’engueulait sur le point commun que l’on avait. » Aujourd’hui célibataire, Thibaud a pris du recul sur ses relations passées et souhaite trouver le bon rythme entre sa passion omniprésente et sa vie de couple : « Il faut avoir une ouverture, car si tu parles uniquement de musique, tu exploses. » Les heures défilent, les sujets aussi. Aymeric raconte son coming out, Léa parle de sa rupture… Le café est maintenant froid. La cellule de crise s’achève, en musique.

Sarah Chevalier et Lilian Ripert, avec l’aide précieuse de Dorali Mensah

Illustration :  Coline Poiret et Lady M

 

Jeu vidéo : une passion à fond les manettes

Ce week-end aura lieu à Tours la 2e édition de la Dreamhack, un tournoi e-sport où s’affrontent des milliers de joueurs venus de toute l’Europe. Créé en 1994 par des Suédois, ce circuit international (dont Tours est la seule date française) est une référence mondiale. Tmv en a profité pour rencontrer 4 joueurs tourangeaux.

FLORENT BEAUFILS (alias Morrison, 24 ans)

Image3Florent Beaufils, plus connu sous le pseudo Morrison, est passionné de jeux de cartes et de réflexion depuis qu’il est gamin. Pokémon, Yu-Gi-Oh!, Magic : il n’a échappé à aucune de ces aventures. Depuis deux ans, il s’intéresse sérieusement au jeu vidéo de cartes Hearthstone et c’est tout naturellement que le Tourangeau jouera dans cette catégorie pour la Dreamhack. Néanmoins, Morisson ne fait pas (encore) partie des pros. Après des débuts d’études un peu chaotiques, le jeune homme s’est finalement tourné vers le périscolaire. « Ce n’était pas facile de trouver du travail sans qualification. Mais j’aime encadrer et divertir les gens. »
Pour autant, il n’assure pas un plein temps. « C’est un choix, qui me permet de continuer à améliorer mon niveau de jeu. » Il s’entraîne environ 4 h par jour et à l’approche de tournoi, cela grimpe vite à 8 h voire 12 h. Réaliste, il explique qu’il ne gagne pas sa vie pour l’instant avec le jeu, car son niveau « est correct mais encore insuffisant ».
Pour monter en compétences et en visibilité, il a rejoint une grande structure, CWOL. Staff, défraiement : tout est mis en place pour se professionnaliser. Morrison prévoit aussi d’investir dans du matériel (caméra HD, ordinateur, fond vert, micro…) pour assurer des heures de streaming et développer son audience. « Si un jour j’ai l’opportunité de vivre du jeu vidéo, je la saisirais. C’est un rêve de gosse. »

LA TEAM CONNECTESPORT

Image1C’est bien connu, l’union fait la force. Comme de nombreux joueurs et passionnés de jeux vidéos, l’équipe de Connectesport a compris que pour avancer, se développer, se professionnaliser, il faut se regrouper. Une large partie de cette team est tourangelle, mais considérant les moyens technologiques actuels, des joueurs d’autres villes ont rejoint les rangs. Entraînement en ligne, conseils grâce au logiciel teamspeak, tout est facilité.
Pour la Dreamhack, John, 24 ans, et Dylan 21 ans joueront respectivement à Starcraft et Hearthstone. Pas besoin de constituer des équipes pour ces jeux qui se font en un contre un. Le premier nécessite beaucoup de dextérité et John en sait quelque chose : « J’ai dû freiner mon rythme, mon petit doigt gauche ne supporte plus la cadence », montre-t-il (petit doigt déformé à l’appui) et qui n’a rien d’une blague. Ces structures de e-sport ont un staff impressionnant : community manager, rédacteurs web, ingénieur son… l’équipe recherche même un monteur vidéo et un développeur web.
Pour l’instant, Connectesport fonctionne de manière bénévole, même si personne ne compte ses heures. Leur but ? Se faire une place sur le marché du e-sport et en vivre à terme, aussi bien en valorisant les joueurs qu’en proposant un site internet et des événements autour du gaming. Leur stratégie semble fonctionner : Orange les a démarché pour leur proposer un partenariat.

YSOLINE (alias Yziia, 18 ans)

Image4Le monde du jeu vidéo, Ysoline est tombée dedans quand elle était petite. Grâce à son grand frère. Normal, puisque « déjà tout petit, il jouait aussi avec mon père ! Moi j’étais obligée de finir comme eux », raconte-t-elle. Une passion pour elle, « parce que ça sort de la réalité et divertit. Certains ont la musique ou le cheval, moi j’ai le jeu vidéo comme échappatoire ». Désormais, elle fait partie des orKs. Un nom étrange qui regroupe en fait une « association multigaming ». Un regroupement de fans, ou plutôt « une communauté, une famille », comme le décrit Ysoline. De quoi oublier ses débuts sur console, lorsqu’elle s’en prenait « plein la poire. Des joueurs me disaient : mais pourquoi tu fais pas le ménage, plutôt ? Il n’y a pas trop de filles dans le gaming. Elles n’osent pas trop… »
Un de ses jeux fétiches ? Rainbow Six Siege, « très stratégique ». Quand elle joue, elle est diffusée sur la web TV twitch.tv/yziia. À la manière d’un YouTube, cette plate-forme diffuse ses parties, mais en direct. Elle peut alors parler à des gens du monde entier, casque vissé aux oreilles. Une passion qui lui prend une douzaine d’heures par semaine. « Mais attention, je sors hein ! », rigole Yziia. « On ne reste pas tout le temps enfermés, contrairement à ce qu’on croit… »
Maintenant, elle attend la Dreamhack avec impatience. Comme l’an dernier. De toute façon, elle a déjà son pass VIP depuis bien longtemps…

FABIEN PAGNARD (alias Cafeine, 35 ans) Image2

On est méchant à tmv. C’est qu’on l’a réveillé, Fabien, avec nos questions. Mais forcément, en parlant jeu et jeu vidéo, il a accepté d’y répondre avec plaisir, « avec sa voix de Barry White sorti du lit », comme il dit. Connu sous le pseudo de Cafeine, Fabien joue une à deux heures par jour, « mais gère aussi les pages Facebook, Twitter, a un rôle de community manager pour Hearthstone ». Un jeu qu’il adore, découvert il y a 2 ans (mais mister Cafeine a débuté avec les Magic en 1996 !) et qui compte 50 millions de connectés. « Vous n’imaginez même pas le nombre de gens qui jouent à Hearthstone, c’est dingue. Même des quadras, sur leur pause de midi au boulot. Il faut dire que les règles s’apprennent en 10 minutes… », rappelle Fabien, technicien Telecom dans la vraie vie et connu pour son rôle d’arbitre dans le monde du jeu.
Bref, Hearthstone, c’est son bébé. Et il s’y tient, comme beaucoup d’autres gamers. « C’est difficile d’aller voir ailleurs. Un joueur de volley ne va pas faire un marathon », métaphorise-til. « Moi, par exemple, je suis incapable de jouer à Counterstrike [un jeu de tir, NDLR]. » Lui aussi sera à la Dreamhack cette année. En précisant bien « que c’est une vraie compétition, un vrai tournoi. Le public ‘’lambda’’ ne doit pas s’imaginer venir pour voir des Pikachu. Là, il y a 2 000 mecs qui sont là pour gagner. Ce n’est pas un festival de jeux vidéos ! »

Portraits par Julia Mariton & Aurélien Germain

PRATIQUE
>DreamHack, du 14 au 16 mai, au Vinci.
facebook.com/DreamHackFrance ou dreamhack.fr

>Pass 1 jour : 15 € / pass 3 jours : 35 €.

> Pour aller plus loin :
Faites un tour sur facebook.com/groups/GamersOfTours (toute l’actu du jeu vidéo sur Tours)

Merci à All Geek Studio de Tours pour ses infos et ses contacts !

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Toute la force de Star Wars : parole de fan

Le septième épisode de Star Wars est aussi le premier d’une nouvelle trilogie de la saga qui enflamme la planète Terre depuis 38 ans. On a demandé à Arnaud, un collectionneur tourangeau, les raisons de cette passion.

La forme du masque de Dark Vador serait inspiré du Kabuto ainsi que du Menpō japonais.
La forme du masque de Dark Vador serait inspiré du Kabuto
ainsi que du Menpō japonais.

Il y a deux types de fans : celui, compulsif qui offre à ses enfants le bonnet Yoda ou la trotinette, et l’admirateur inconditionnel pour qui Star Wars représente l’alpha et l’oméga de l’imaginaire et qui plonge sans se lasser dans un univers à double, voire triple fond. Arnaud appartient à la dernière catégorie. Pas de lampadaire en forme de sabre laser ni de pantoufles Dark Vador. Mais un Stormtrooper qui nous surveille d’un œil, debout sur une table basse. Le calendrier de l’Avent (Star Wars) est resté sur la table. Mais le reste de la collection d’Arnaud est rangée. On y trouve des livres d’époque, un réveil, des Lego®… Au total, 11 000 pièces !
Il l’a commencée, comme tous les enfants, avec des figurines et des autocollants puis s’est pris au jeu pendant ses études, jusqu’à se rendre deux fois par an en Angleterre pour participer à une convention. Trois cents marchands y vendent Star Wars dans tous ses états. C’est là que l’acteur David Prowse (l’acteur qui joue Dark Vador) lui dédicace photos et livres. Un jour, il ramène même en Eurostar un maître Yoda grandeur nature. Sa collection de figurines vintages, toutes éditées entre 1977 et 1983, est complète, il ne manque pas un personnage, chacun a ses accessoires.

Parmi les trésors d’Arnaud, une dédicace de Dark Vador en chair et en os.
Parmi les trésors d’Arnaud, une dédicace de Dark Vador en
chair et en os.

Il avait 6 ans à la naissance de la saga planétaire, 9 ans quand il regarde L’Empire contre-attaque, en 1980 et depuis 38 ans, il décortique ce deuxième monde sans se lasser. Il a même préparé une série d’émissions radio sur les secrets de la saga. Pour lui, si Dark Vador, la princesse Leia ou Luke sont des personnages symboliques, Yoda reste le plus intéressant : « Ce petit bonhomme de 90 cm, tout vert, très laid, apporte une leçon de sagesse. Il est le seul dont on ignore la race, c’est très symbolique. Et quand Yoda sort un sabre laser dans l’Attaque des clones, c’est énorme pour un fan ! Le sage qui refuse la violence redevient un guerrier pour sauver la Force. »

Star Wars a dépassé le stade du film, explique-t-il, on y trouve tous les ingrédients des grandes épopées et chaque personnage étoffe l’histoire : « Celle du bien et du mal, de la force et du côté obscur, du pardon, l’envie d’être gentil ou méchant…On est tous concernés, on sait tous qu’il est plus facile d’aller vers la colère que de faire un travail sur soi. » En l’écoutant, on réalise brusquement que Star Wars est une quatrième dimension, un monde qui nous a complètement échappé. « Aujourd’hui, on pourrait vivre dans un univers Star Wars, affirme-t-il. Il peut être développé à l’infini, dans toutes les directions, en ajoutant un monde, de nouveaux peuples… ».

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Un téléphone droïde (qui fonctionne !).

Avec Star Wars épisode IV, Georges Lucas a créé en 1977 un monde à part entière, avec ses créatures, sa galaxie, son langage, son alphabet, presque devenu réel. On trouve aujourd’hui des dictionnaires, des bréviaires, des essais sur le système juridique de Star Wars et, consécration ultime, La Petite galerie du musée du Louvre expose « Mythes fondateurs, d’Hercule à Dark Vador », jusqu’au 4 juillet.
Un hommage évident puisque le réalisateur s’est inspiré des travaux de Joseph Campbell sur la mythologie et la religion comparée. Quarante ans et six films plus tard, l’élève a dépassé le maître : le psychothérapeute Arthur Leroy vient de publier « Star Wars, un mythe familial, psychanalyse d’une saga », dans lequel il couche la série sur le divan. « La relation père-fils, le complexe d’OEdipe, ont une place importante, confirme Arnaud. Mais chaque personnage a sa psychologie. Les deux robots, R2-D2 et C-3PO ont un rôle de clown. » Retournements de situations, épaisseur des personnages, perfection créative et thèmes universels, chaque spectateur pourrait donc y trouver son compte : « C’est un film trans générationnel et qui se transmet. Mon fils va voir son premier Star Wars le 16 décembre, j’avais son âge quand j’ai vu l’Empire contre-attaque. »

Et pour en revenir au cinéma ? Parce que tout de même, c’est ça, Star Wars. Un film auréolé de 7 Oscars, les premiers effets spéciaux, la création du son THX, de systèmes de motion capture, de caméra… la saga a ouvert la porte à beaucoup d’innovations. « Star Wars a été une sorte de labo de recherche et développement du cinéma. Alien naîtra en 1978. Les marionnettistes, les maquettistes, les équipes techniques de Lucas vont ensuite travailler avec Spielberg. » Pourtant, Star Wars revient de loin : en 1977, deux gros studios ont refusé le scénario et le budget concédé par la Century Fox était si ric-rac que Georges Lucas a dû mettre de sa poche pour réaliser la dernière scène tournée, celle de La Cantina, qui rassemble toutes les créatures du film.

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Le titre original de Star Wars VI, Le Retour du Jedi, modifié au dernier moment.

Pas besoin d’avoir vu Star Wars pour comprendre qu’il se prête à toutes les reprises, les déclinaisons et les jeux de mots. Le graphisme et les costumes sont époustouflants. « La force de George Lucas est de s’être entouré des meilleurs techniciens, comme Ralf McQuarrie qui a réalisé les storyboards, imaginé les personnages et les vaisseaux. La musique de John Williams est un élément central à ne jamais oublier : Star Wars est un space opera. Quand on passe 3, 4 notes du générique de Star Wars, tout le monde le reconnaît même sans être un fan, c’est l’une des musiques plus célèbres au monde. »

Mais comment expliquer cette hystérie marketing autour la série ? Gomme, couette, slip, baskets, déambulateur… tout ce qui peut être manufacturé a reçu un jour ou l’autre un logo Star Wars. Sa licence de jouets est la plus exploitée au monde, elle a généré plus de 200 millions de dollars l’an dernier. Parce que la Century Fox rechignait à investir dans le film, explique Arnaud, Lucas a eu cette idée de génie, de dire : ok, je prends un petit cachet mais je garde les droits sur les produits dérivés. Au début des années 2000, il avait déjà engrangé 1 milliard et demi de fortune personnelle.
« Lucas était très regardant sur les droits et avec Disney, c’est devenu encore pire. Tu dis Star Wars, tu dois payer ! La cash machine, c’est bien gentil mais les fans attendent d’abord des films. » Et pas seulement des effets spéciaux ou des têtes d’affiches poursuit Arnaud. « Dans La Menace fantôme, Georges Lucas a voulu ratisser large et les personnages étaient vraiment débiles, le film a fait beaucoup d’entrées mais les fans l’ont trouvé très mauvais. Il s’est rattrapé avec L’Attaque des clones. Même si ce n’est pas aux fans de dicter le scénario, Lucas ne doit pas les décevoir. »