Fibre optique : 2022 comme objectif

Débuté en 2012, le déploiement de la fibre optique à Tours avance à grand pas. Après une année 2017 déjà active, 2018 commence sur les chapeaux de roues. L’objectif : une métropole fibrée à 100 % en 2022.

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La fibre optique partout dans la métropole en 2022 ? C’est un objectif de Tours Métropole Val-de-Loire qui sera tenu, assure-t-on à la Direction des services d’information (DSI) de la mairie de Tours.

L’installation de la fibre optique pour les particuliers a débuté à Tours en 2012. D’ici 2022, tous les chantiers devraient être terminés et tous les logements raccordables. Mais avant cela, il reste un peu de travail pour passer du cuivre à la fibre. « 2018 va être une année d’accélération », confie Frédéric Nicolas, directeur des relations avec les collectivités locales en Indre-et- Loire et Loir-et-Cher.

Alors que l’année vient tout juste de commencer, Orange et la DSI espèrent que 75 % des logements seront raccordables à la fin 2018. C’est-à-dire que les habitants de ces logements pourront demander la fibre optique sans pour autant l’avoir d’office dans leur foyer. À Tours, c’est donc Orange qui s’occupe de construire le réseau de fibre optique. « Nous avons signé une convention en 2014 avec la communauté d’agglomération, la Région, le Département et l’État pour un déploiement dans toute l’agglomération à l’horizon 2020, explique Frédéric Nicolas. Nous nous engageons à fibrer 100 % des adresses des 19 communes. »

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Bien qu’Orange construise le réseau avec ses propres fonds, il n’est pas l’unique opérateur à l’exploiter. « Le réseau que nous construisons est réglementairement ouvert à tous les fournisseurs d’accès Internet. Nous louons la partie mutualisée aux autres opérateurs », explique Frédéric Nicolas. Les clients auront donc le choix pour souscrire à la fibre optique une fois leur logement raccordable. En 2018, ce sont donc environ 20 000 prises qui vont être installées à Tours. « Nos efforts se concentrent cette année sur Tours Sud, entre le boulevard Jean-Royer et les rives du Cher ; et l’Ouest de Tours, autour de l’hôpital Bretonneau », justifie Patrick Sottejeau, le directeur adjoint de la DSI.
Le premier quartier entièrement fibré de la ville fut les Rives du Cher. « Ce n’est pas un quartier qui nous arrangeait mais Orange nous a expliqué qu’ils allaient déployer la fibre à partir des infrastructures existantes. Or, un de leurs centraux téléphoniques est situé à la Bergeonnerie… », explique Patrick Sottejeau.

Aujourd’hui, la fibre optique est indispensable pour l’attractivité d’un territoire. « L’Indre-et-Loire, et particulièrement la métropole, est un moteur pour la région en terme de numérique, annonce Patrick Sottejeau. La fibre optique, c’est vraiment le réseau de demain », poursuit-il. À la question « Tours est-elle une ville numérique ? », Patrick Sottejeau sourit et répond : « On y travaille, mais on peut toujours mieux faire ! »

Textes : François Breton (étudiant à l’EPJT)
Photos : Orange

Zones blanches : quand téléphoner devient impossible

#EPJTMV Officiellement 99 % de la population d’Indre-et-Loire est couverte par la 2G, qui permet de passer des appels et d’envoyer des messages depuis un téléphone mobile. Mais dans de nombreux villages ruraux, il est encore impossible de se servir de son portable. Souvent qualifiés de zones blanches, ces territoires ne reçoivent aucun réseau. Un paradoxe dans un monde interconnecté.

Si passer un appel depuis son portable semble d’une simplicité infantile en ville, la tâche se complique quand il s’agit de téléphoner depuis la campagne profonde tourangelle. Dans le petit village de Chezelles, dans le sud de la Touraine, il est impossible de téléphoner ou d’envoyer des messages avec son portable. Chaque tentative d’appel se solde par un message d’erreur « réseau mobile non disponible ». À l’emplacement où s’affiche généralement le petit sigle 3G ou 4G, les barres indiquant le débit du réseau sont grisées. La seule alternative possible pour le voyageur perdu est donc une vieille cabine téléphonique aux vitres brisées. Une anachronie pour le citadin de passage dans la campagne tourangelle. Ce n’est pas faute d’essayer et de se battre pour avoir accès à un réseau mobile. Depuis de nombreuses années, le maire de ce petit village du Chinonais dénonce l’inaction des opérateurs mobiles. Alors que son village est censé être couvert par la technologie 2G, qui permet de transmettre la voix ainsi que des données numériques de faible volume, comme des SMS ou MMS, la réalité s’avère complètement différente.

Photo : Nathanja Louage.
Il n’est pas rare de n’avoir qu’une seule barre de débit à Chezelles… Si votre opérateur vous permet déjà avoir du réseau mobile. Photo : Nathanja Louage.

Plus de la moitié du Chinonais sans réseau mobile

Exaspéré par ce décalage entre les rapports officiels des opérateurs et la réalité, Laurent Baumel, député socialiste du Chinonais, a arpenté pendant plusieurs mois toutes les communes de sa circonscription. Le 20 juillet dernier, il rend son rapport à l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep). Et le constat qui en ressort est sans appel. Plus de la moitié des communes du Chinonais n’ont aucun réseau mobile. Dans l’autre moitié, les appels coupent systématiquement après quelques minutes. Ce rapport avait pour but de pointer les manquements des opérateurs mobiles, qui prétendent couvrir 98 % de la population française, dont le Chinonais, avec la technologie 2G. « Elle n’est pas assez rentable pour des densités très faibles, comme à Chezelles », explique le député socialiste. Déployer la 2G dans les zones blanches coûterait en effet entre 100 000 et 150 000 euros par village. Soit 24 millions d’euros pour couvrir les 160 communes encore en zone blanche, d’après les recensements de l’Arcep. Mais l’initiative de Laurent Baumel, si elle était généralisé à l’ensemble des circonscriptions françaises, révélerait sans aucun doute beaucoup plus de zones blanches.

Une obligation légale

Les quatre opérateurs historiques (Numericable-SFR, Bouygues Telecom, Orange et Free) sont pourtant tenus de couvrir l’intégralité de la population. Un programme établi par l’Arcep prévoyait un partage de la couverture de toutes les communes en 2G… dès 2003. « Le problème, c’est que les opérateurs ne se sont pas entendus pour mutualiser leur matériels techniques », regrette Christian Pimbert, le maire de Chezelles. Installer une antenne relais dans ces campagnes coûte cher et les opérateurs qui font l’effort ne sont pas prêts à “prêter” leur matériel à la concurrence. Ce qui explique que les abonnés SFR parviennent à téléphoner dans Chezelles, là où ceux d’Orange ou de Bouygues doivent se contenter du téléphone fixe. « Chez nous, SFR a une antenne sur un château d’eau à Verneuil, à quelques kilomètres de Chezelles » précise Alexandre Dechezelles, un auto-entrepreneur installé dans la commune depuis 5 ans. « Ce que nous voulons, c’est que les opérateurs s’entendent entre eux pour se louer ou prêter leur matériel afin que chaque habitant, quelque soit son opérateur, puisse téléphoner avec son portable dans le village. »

Plus qu’un simple impact sur les habitants, ce manque de coopération participe aussi à la fracture territoriale. « L’absence de réseau mobile va dissuader les gens de s’installer à la campagne. Si les jeunes familles ne viennent plus dans nos communes, elles vont disparaître », prévient Laurent Baumel. Vite appuyé par Christian Pimbert : « Avoir le téléphone aujourd’hui, c’est aussi indispensable qu’avoir accès à l’eau courante dans les années 60. »

Wilfried Redonnet