Une mobilisation étudiante timide contre la loi immigration

Jeudi 18 janvier à 18 h, une assemblée générale étudiante contre la loi immigration se tenait sur le site universitaire des Tanneurs. Une banderole a été créée en vue d’une mobilisation à venir.

« Assemblée générale contre la loi immigration jeudi 18 janvier à 18 h aux Tanneurs », lit-on sur les murs de l’université. Sans même attendre la décision du conseil constitutionnel du 25 janvier sur l’entrée en vigueur possible de cette loi et sous quelles conditions, les étudiants de Tours se mobilisent doucement. Des feuilles ont été placardées sur les murs des autres universités de la ville, aux Deux-Lions, à Grandmont et l’IUT.

« C’est une loi profondément discriminatoire, réagit Joseph, étudiant en première année de médecine venu assister à l’assemblée. Pour n’évoquer que le cas des étudiants étrangers, ils devront régler une caution qu’ils récupéreront lorsqu’ils quitteront le territoire. C’est un système de préférence nationale excluant. »

Une assemblée régulée

Rapidement, l’assemblée s’accorde sur une date pour une manifestation. Elle est fixée au samedi 20 janvier à 18 h avec un départ devant la salle Thélème. L’ambition est de faire une marche et des collages dans la ville pour dénoncer les mesures de cette loi. Une banderole a également été créée à cette occasion.

« Lors des assemblées générales, il y a les étudiants mais il y a aussi des professeurs », indique Anaëlle, 27 ans, en troisième année de sociologie aux Tanneurs. Elle a été élue pour présider la tribune du jour en compagnie de Nathania, étudiante également. Le principe est le même à chaque fois : une tribune prend vie grâce à trois personnes avec des rôles distincts. Une personne écrit le compte-rendu, une autre régule la parole et une dernière qui anime les sujets. 

« Là, nous n’étions que deux. De mon côté, j’ai à la fois animé et régulé la parole. Nathania a fait le compte-rendu », reprend Anaëlle. La tribune est votée au début d’une assemblée générale, sur la base du volontariat. Les participants peuvent être syndiqués ou non. « Avoir un syndicat est simplement une façon de bien organiser l’assemblée », précise Anaëlle.

Une mobilisation moindre comparé à l’an dernier

Quarante-huit personnes ont assisté à cette assemblée générale, pour environ 250 places d’amphithéâtre. « Pour la réforme des retraites l’an dernier, on pouvait avoir deux amphis entièrement remplis », se souvient Anaëlle. Une assemblée générale se déroule en trois moments clés : un premier temps pour les propositions de sujets d’actualité sur lesquels il faut agir ; un deuxième temps pour évoquer les actions possibles et enfin, un dernier temps de votes sur les actions et le choix des dates.

Les étudiants de l’Université de Tours ne limitent pas leur engagement à la lutte contre la loi immigration. Un rassemblement est prévu contre le Centre de rétention administrative (CRA) d’Olivet à 13 h samedi 20 janvier avec un départ de la place Jean-Jaurès. Ce centre doit accueillir dès le 1er février 2024 des étrangers en attente de régularisation ou d’expulsion. Un ciné-débat sur la Palestine est aussi prévu le mardi 23 janvier à 18 h à l’IUT.

Rhaïs Koko, journaliste en formation à l’EPJT

 

Ukraine : Anna Sushchenko, le récit d’une fuite épique

Directrice d’une agence de mannequinat avant la guerre, Anna Sushchenko, réfugiée ukrainienne de 39 ans, est venue témoigner auprès de lycéens de la spécialité sciences politiques du lycée Grandmont la semaine dernière. Les bombes au réveil, le départ précipité en voiture, les arrêts à cause du rationnement de carburant, récit d’une fuite épique.

Dans un poignant témoignage, Anna raconte son premier contact avec la guerre : le matin du 24 février, vers 5 h, elle et ses enfants sont réveillés par les premières explosions dans leur ville de Zaporijia, au sud-est du pays. C’est le début du conflit russo-ukrainien.

Sous le choc, après avoir regroupé à la hâte ses affaires, elle décide de prendre la route le plus vite possible en direction de l’ouest du pays. « J’ai pris mes enfants, le chat, et tout ce qui était important a tenu dans un sac », se souvient-elle. Oubliés les jouets, mis de côté les vêtements inutiles… Anna remplit la voiture, mais le trajet vers la frontière hongroise est difficile.

Comme elle n’est pas la seule à fuir, les autoroutes sont embouteillées, et l’essence est rationnée. « Nous n’avions pas plus de dix litres de carburant par véhicule. On a mis trois jours pour un voyage qui se fait en une journée habituellement », dit-elle. Elle explique avoir vécu une période très angoissante dans la voiture. Elle écoute en boucle les informations relatant les nouvelles avancées russes : les villes bombardées, la pression sur Kiev la capitale, les viols dans le nord du pays…

Au début du conflit, les Russes prévoyaient que l’offensive durerait trois jours. Le conflit dure toujours. Anna doit laisser derrière elle son mari et son beau-fils, âgé de 19 ans, tous les deux sont interdits de quitter le pays. Et finalement le chat, terrorisé par le voyage en voiture, est resté à la maison.

« Mes enfants ne seront plus jamais les mêmes »

Une fois arrivée dans une zone plus sûre, à Berehovo, près des frontières hongroise et polonaise, elle prend contact avec différentes organisations d’aide humanitaire. Elle est alors chargée de diverses tâches : « j’ai fabriqué des gilets pare-balles pour la Défense territoriale, par exemple ».

Elle est alors approchée par le média français Brut, pour qui elle réalisera des images diffusées sur Instagram. Après quelques semaines à participer à l’effort de guerre, elle décide de venir en France. Tout se passe très rapidement. À la frontière, elle ne rencontre aucun problème. « La solidarité a pris le pas sur les contrôles des passeports. Les premiers jours, certains passaient sans montrer leurs papiers », témoigne-t-elle.

Aujourd’hui, Anna vit à Tours avec ses deux enfants dans une famille d’accueil. « Je ne sais pas de quoi demain sera fait. La guerre a tout changé, mes enfants ne seront plus jamais les mêmes. On me propose de reprendre mon métier ici, en France ou en Europe. Mais je vis au jour le jour. Je veux aider mon pays ».

En attendant de retourner en Ukraine, dès que la situation s’améliorera, Anna veut témoigner, et continuer à aider la résistance de son pays. « Tous les médias occidentaux présents en Ukraine le constatent, assure-t-elle. Notre population résiste, nous nous organisons, nous vaincrons ».

Texte : Alexandre Butruille et Alexandre Volte, lycéens de Première, au lycée Grandmont.

Tours : ouverture d’une antenne universitaire du Secours populaire

Une première permanence a lieu ce mardi 8 décembre, à partir de 18 h.

Les étudiant(e)s en difficulté peuvent se rendre à la permanence ce mardi 8 décembre. (Photo archives NR – Sébastien Gaudard)

Le Secours populaire ouvre une antenne universitaire, s’adressant aux étudiant(e)s en difficulté, à partir de ce mardi 8 décembre. Située à la maison des étudiants (parc de Grandmont), elle sera accessible de 18 h à 20 h. « Nous serons à  votre écoute. Venez nous rencontrer ! », a indiqué l’association sur ses réseaux sociaux.

« La jeunesse universitaire est de plus en plus exposée à la précarité. Les bénévoles de la Fédération d’Indre-et-Loire du Secours populaire proposent des aides concrètes et matérielles aux étudiants en situation de précarité économique et sociale », communiqué l’antenne. L’objectif est de « réduire les risques d’exclusion et de favoriser l’égalité des chances ».

Outre une écoute, le Secours populaire proposera aussi de l’aide alimentaire et vestimentaire, des produits d’hygiène, ainsi qu’un soutien matériel pour la réussite des études. Pour favoriser l’accès à la culture et aux loisirs, des places de cinéma et de spectacles seront également proposées.

Cette première permanence aura donc lieu le 8 décembre et les suivantes devraient prendre un rythme bimensuel à partir de janvier 2021.


> De 18 h à 20 h, au 1 rue d’Arsonval. Contact : 02 47 38 89 85 ou contact@spf37.org / simonecohenjonathan@gmail.com

 

 

Lutte contre le cancer : les travaux prometteurs de Sanaa Ben Djemaa, 29 ans

À la faculté de pharmacie, à Tours, Sanaa Ben Djemaa fait le pari de poser ses premiers jalons scientifiques en vue d’un traitement pour les cancers du sein de type « triple négatif », les plus agressifs et compliqués à soigner. Elle mène des travaux de recherche complexes mais prometteurs qui s’appuient sur le développement de la technologie des nanovecteurs.

 

Sanaa n’a pas encore passé sa thèse, que déjà ses recherches sont publiées dans des journaux scientifiques. Il faut dire qu’à 29 ans, Sanaa Ben Djemaa, doctorante, ne manque pas d’énergie et d’enthousiasme pour ses travaux.

« Ce cancer est la maladie de l’époque. J’ai eu l’opportunité de venir à Tours pour développer une nouvelle stratégie pas encore utilisée dans la recherche clinique. Cela donne de l’espoir pour traiter le cancer, du moins améliorer son traitement. »

À l’initiative de ce sujet de recherche, le laboratoire EA 6295 Nanomédicaments et Nanosondes de l’Université qui encadre les travaux de Sanaa. La Ligue contre le cancer, la Région Centre-Val de Loire, le Cancéropôle Grand-Ouest ainsi que la bourse d’Université de Sanaa ont permis de financer ce projet.

Elle n’est évidemment pas toute seule à plancher sur le sujet du cancer du sein à Tours, d’autres équipes s’y activent. Elles sont quatre au total. En revanche, sa méthode de recherche est originale. Son approche pluridisciplinaire mêle chimie, biologie et pharmacologie.

Pour résumer, disons qu’il s’agit d’introduire des acides ribonucléiques dits siRNA (les petits ARN interférents qui sont des molécules proches de l’ADN) dans les cellules cancéreuses via des nanovecteurs (cette haute technologie permet de transporter des molécules à l’échelle nanométrique). Le but étant d’inhiber le mécanisme des protéines défectueux et de rétablir l’équilibre physiologique.

Et les résultats ?

Sanaa précise : « L’accumulation des défauts au niveau des gènes peut être une cause des cellules cancéreuses. Le fait d’inhiber ces gènes peut rétablir l’état normal de la cellule. On utilise donc les séquences siRNA comme une molécule thérapeutique. Et notre méthode pour les délivrer dans le corps, ce sont les nanovecteurs qui protègent efficacement, lors de leur transport, les siRNA de la dégradation ».

Là réside sans doute la nouveauté car jusqu’à présent aucune méthode n’a permis d’utiliser efficacement les ARN (siRNA) pour le traitement du cancer. Et les résultats ? « On a testé sur des cultures cellulaires avec succès mais de là à tester sur le corps humain, il reste beaucoup à faire ! ».

Sanaa vient de boucler un travail de trois ans. Dans la recherche, on ne voit pas souvent les effets de son vivant, mais l’essentiel est là : l’espoir pour traiter les cancers du sein les plus lourds de type triple-négatif décuple grâce à des recherches de longue haleine. De Tours aux quatre coins du monde.

A. D.