Le guide du parfait festivalier

La saison des festivals approche à grands pas.
On entre dans la danse et on fait le topo sur ce qui va rythmer la Touraine ces prochains mois. Histoire de passer l’été en musique comme il se doit.

Festivals sur le gril

CartocriseL’été approche, la saison des barbecues qui arrive fait saliver nos papilles, quand nos oreilles bourdonnent : la série des festivals est lancée. Quel rapport dites-vous ? Toute l’année, les organisateurs recherchent les plus belles viandes à présenter à leur public affamé. Mais les festivals pourraient bien partir en fumée. Emeline Jersol, médiatrice culturelle, tient depuis le début de l’année un registre des structures culturelles fermées ou des festivals annulés en France, en 2015. Hébergée par la plateforme Openstreetmap, sa « cartocrise » recensait le jour de son lancement, en janvier, une quarantaine de points. Aujourd’hui, il y en a près de 200. La raison ? Les coupes budgétaires pratiquées par les collectivités locales ou régionales, en lien avec la baisse des dotations de l’État, moins 11 milliards d’euros sur trois ans.

Dans ce contexte, plusieurs villes décident de faire des économies en diminuant leur budget alloué à la culture. Un constat fait notamment lorsque les villes ont connu l’alternance après les élections municipales de 2014. Tous les domaines sont touchés : danse, arts plastiques, arts de rue, littérature ou théâtre… Ainsi localement, à Joué-lès-Tours, le collectif Râ théâtre a annulé la seconde édition de son festival « Auteur(e)s à jouer », prévu en avril dernier. Entre 2014 et 2015, l’association a dû faire face à une baisse de 56,7 % de la subvention municipale qui leur était attribuée.
Et les festivals musicaux ne sont pas en reste. Dans la région, le festival M comme musique, à Châteauroux, a mis la clé sous la porte après douze années d’existence. « Nous aurons tout tenté mais en vain et finalement mieux vaut en finir une bonne fois pour toute que de mourir à petit feu », regrettaient les organisateurs. Sale temps pour les festivals et pourtant, l’été approche. Heureusement, une belle brochette d’entre eux n’ont pas encore été piqués. Sous les cendres encore chaudes, il reste une minuscule braise. L’été approche, la saison des festivals est lancée et à tmv, on espère de tout cœur qu’ils ne finiront pas avariés.
(D’ailleurs, retrouvez ICI l’interview des organisateurs du Festival Faune Sonore)

Neuf festivals régionaux

Notre sélection pour une tournée des festoches sans trop bouger…

DOSS_VIGNETTE1POTAGER ÉLECTRONIQUE
Le potager de la Gloriette devient terreau artistique. Organisé par l’association Les Hommes Verts, ce festival donnera la banane au milieu des courgettes. À l’entrée, vos euros seront échangés en Pioux, monnaie officielle du festival. À Tours, les 26 et 27 juin. Entrée libre.

LES KAMPAGN’ARTS DOSS_VIGNETTE2
Perturbé par la pluie l’an dernier, on leur souhaite (et chante) tout le bonheur du monde… Comme Sinsemilia, au programme. Des artistes locaux sont aussi attendus et des animations seront proposées : graffitis, arts de rue, jeu de bois… À Saint-Paterne Racan, le 27 juin. 10 € le pass.

DOSS_VIGNETTE3LES COURANTS
Au programme de cette 14e édition : rock, punk, world, dub, reggae, yiddish et tzigane. Le festival fait tomber la chemise avec la venue de Zebda, entre autres. Quatre groupes locaux se partageront la scène au cours d’une soirée tremplin. À Amboise, les 3 et 4 juillet. 24 € le pass.

AMERICAN TOURS FESTIVALDOSS_VIGNETTE4
Le Parc des expositions prendra des airs d’Amérique avec ces trois jours dédiés à la culture U.S. On y va pour les concerts rock et country mais aussi parce qu’on rêve de se marier comme à Las Vegas. Si, si, ce sera possible… À Tours, du 3 au 5 juillet. 30 € le pass.

DOSS_VIGNETTE5AVOINE ZONE GROOVE
Anciennement Avoine Zone Blues, le festival ouvre son répertoire. La programmation promet toujours des découvertes blues mais évolue, notamment avec la venue de Julien Clerc. Deux tremplins sont proposés aux jeunes groupes. À Avoine, du 3 au 5 juillet. 60 € le pass.

TERRES DU SON DOSS_VIGNETTE6
Staline, Lénine et Khrouchtchev à Tours ? Oui, oui. Ou plutôt Sylvester Staline, John Lénine et DJ Croute Chef du groupe français Soviet Suprem, qui sortira son premier album en septembre. Ils partagent l’affiche avec Fauve, The Dø ou encore Asa. À Monts, du 10 au 12 juillet. 70 € le pass.

DOSS_VIGNETTE7YZEURES’N’ROCK
Il souffle sa 10e bougie. En cadeaux : Groundation, Le Peuple de l’Herbe, Broussaï, Skawax, Shaka Ponk, Yaniss Odua, High tone, Aldawa et Manston. S’il bat son record d’affluence (8 500 personnes), ce sera la cerise sur le gâteau. À Yzeures-sur-Creuse, les 31 juillet et 1er août. 30 € le pass.

COSMOPOLITE DOSS_VIGNETTE8
On y retrouvera des groupes tourangeaux qui tournent maintenant dans toute la France. Les Voleurs de Swing présenteront leur style déjanté inspiré de la musique tzigane. Bankal et Miscellaneous de Chill Bump rapperont dans la langue de Shakespeare. À Artannes, les 15 et 16 août. 23 € le pass.

DOSS_VIGNETTE9MFEST
On dit oui car c’est le seul festival metal du coin. Avec un petit budget, il réunit une grosse affiche parmi laquelle Belphegor, Anaal Nathrakh ou encore HateSphere. En bonus, Fleshgod Apocalypse, une exclusivité sur un festival français. À Rouziers-de-Touraine, les 4 et 5 septembre. 35 € le pass.

Mini-quiz (réponses en fin de page !)

1/ Qui a reçu le Festival award 2014 dans la catégorie « grand festival » ?
a. Les Vieilles Charrues b. Le Hellfest c. Beauregard

2/ À qui sont reversés les bénéfices de Solidays ?
a. À des assos de lutte contre le racisme b. Aux restos du cœur c. À des assos de lutte contre le sida

3/ Où peut-on assister à un festival de musique ancienne et baroque ?
a. À Saint-Michel b. À Saint-Louis c. À Saint-Lô

4/ Classez ces festivals de metal par ordre d’apparition :
a. Raismes Fest b. Motocultor Festival c. Rock your brain fest

5/ Quels artistes étaient présents pour la 1re édition du Printemps de Bourges ?
a. Jacques Higelin, Les Frères Jacques b. Jacques Higelin, Renaud c. Jacques Higelin, Magic System

6/ Où se sont exportées les Francofolies en 1995 ?
a. En Belgique et aux Pays-Bas b. En Espagne et au Portugal c. En Argentine et au Chili

 

Le kit des festivaliers ! Garanti sans clichés (ou pas)

Au Hellfest, on sait s'habiller pratique (Photo tmv)
Au Hellfest, on sait s’habiller pratique (Photo tmv)

√Le sac à dos du métalleux
Apportez avec vous votre meilleure amie. Une belle blonde, ou plutôt une quinzaine… La bière est ce qui réhydrate le mieux le métalleux mais pensez quand même à prendre une bouteille d’eau, on ne sait jamais. Surtout que votre meilleure amie peut vite devenir votre pire ennemie. Pour les matins difficiles, prévoyez un tube d’aspirine, toujours fidèle, lui. Et il y a encore une chose que vous ne contrôlerez pas (outre vos cheveux pendant un headbanging) : la météo. Toujours prendre un sweat à capuche, c’est mieux qu’un parapluie pour ne pas gêner les gens derrière et risquer de s’attirer les foudres d’une bande de blackeux.

√Le sac à dos du hippie
She loves you yeah yeah yeah… Embarquez votre vinyle, choppé chez votre disquaire préféré, dont vous êtes le plus fier. Les Beatles, Bob Dylan ou Jimi Hendrix, à vous de voir. Côté fringues, laissez parler l’amoureux de la nature qui est en vous : chapeau de paille et chemises à fleurs (fabriquées à partir de matériaux naturels de préférence). Si votre sac à dos est trop petit, oubliez les vêtements, ça se fait chez les hippies. Et laissez tomber la toile de tente qui prend de la place, un bon duvet suffira : la nuit à la belle étoile, même pas peur. Enfin prévoyez un livre de philo pour méditer entre deux concerts et un peu d’herbe pour que le temps paraisse moins long.

√Le sac à dos du rappeur
Casquette à l’envers, ou sur le côté, pour le swag. Prenez-en une panoplie. On n’ira pas vérifier si vous avez changé de slip pendant les trois jours, mais de casquette en revanche… Apportez aussi votre tee-shirt à l’effigie de Tupac, parce qu’on a beau ne pas se rendre à l’enterrement de sa vieille tante, on n’oublie pas le boss. Pensez au stylo et au bout de papier pour écrire vos meilleures punchlines. Sinon votre téléphone fera l’affaire. Et sera bien utile pour retrouver vos potes partis aux toilettes.

√Les indispensables de tous les festoches
Des bouchons d’oreilles, pour ne pas finir sourd. Et un pince-nez, pour ne pas mourir asphyxié. Prenez aussi des chewing-gum : après trois sandwiches au pâté, douze bières et cinq vomis, ça peut servir. Enfin, le programme : multifonctions, on l’embarque dans son sac d’abord pour les horaires. Mais on s’en sert aussi comme GPS grâce au plan du site. Et comme éventail en cas de grosse chaleur.

 

Réponses au quiz
1/ b. C’est de la culture générale. Si, si, on vous assure.
2/ c. Vous le saviez ? Bien joué.
3/ a. Vous vous coucherez moins bête ce soir.
4/ a, b, c. Parce qu’on est gentil, c’était déjà dans l’ordre : 1998, 2007 et 2013.
5/ a. C’était en 1977. On y était aussi… ou pas.
6/ c. Vous ne le saviez pas ? Nous non plus.

Reportage au Hellfest : côté concerts !

Le Hellfest, c’est l’ambiance, les festivaliers, mais aussi des concerts de folie. Compte-rendu de plus de trente groupes en deux jours. Ouille !

SAMEDI 21 JUIN

Les festivaliers ont déjà carburé la veille, vendredi, sous un soleil de plomb. Aux dires de certains, les vétérans du heavy, Iron Maiden, ont tout pulvérisé. Mais pour ce samedi, l’affiche est tout aussi alléchante et l’ambiance toujours aussi bonne (notre reportage ambiance sur le site ICI).

SAM_3986
Acid King  (photo tmv – Aurélien Germain)

Départ du marathon avec Benighted. La foule est déjà nombreuse. Tant pis pour l’estomac qui gargouille (il est 12 h 15), le groupe façon bulldozer a vite fait de calmer notre fringale ! Avec leur brutal death mâtiné de grind, les Français torpillent le public qui le lui rend bien : la fosse est déchaînée et la poussière grimpe jusqu’au plafond du chapiteau Altar. Surexcitée et surprenant même le chanteur, la foule hurle en chœur un tonitruant« Let the blood spill… between my broken teeth !” (traduction : laisse le sang couler entre mes dents cassées”. Charmant). Le frisson !
À 13 h 35, Supuration ravit les festivaliers avec son set calibré et au son explosif. Sur la Mainstage, les SkidRow (ultra populaires dans les années 90) envoient tube sur tube et leur hard rock aux relents de Mötley Crüe sonne parfaitement sous le soleil de Clisson. Un plaisir. Des milliers de personnes se ruent sous la tente Temple… Ce sont les très rares Trollfest qui débarquent sous des acclamations hallucinantes. Le folk metal sautillant des Norvégiens est l’un des concerts les plus attendus. Délire déjanté, né d’une soirée beuverie, leur musique enflamme subitement la foule : tout le monde hurle, saute, pogote, boit dans des cornes. Folie furieuse pour trois quarts d’heures de bonheur.
Dans la foulée, Incantation remet les pendules à l’heure : on n’est pas là pour rigoler. Leur gros death metal blindé fait l’effet d’un char d’assaut. En 45 minutes, les Américains ont littéralement tout dévasté. Ouille ! Venus de l’Oregon, Witch Moutain et sa chanteuse emmènent le public dans les étoiles, avec un concert planant et magnifique. Tandis qu’après, Schirenic plays PungentStench s’occupe de distribuer quelques baffes, avec un death metal hargneux, véloce, au son parfait.
À 17 h 50, tout le monde se rue vers Acid King. Ce groupe balance un énorme stoner à la sauce psychédélique (normal, ils viennent de San Francisco) et signe là, tranquillement, l’un des meilleurs concerts de la journée. Pour se remettre de tout ça, direction la Mainstage 2 pour assister au set des anciens de Status Quo. Ils ont tous beau avoir la soixantaine plus que bien tassée, leur rock est simplement fédérateur et fait chanter tous les festivaliers, notamment sur l’ultra culte In the army now. Un excellent set.

Le temps de prendre la tornade hardcore Hatebreed durant une chanson, direction (en courant !) le chapiteau pour le concert de Tsjuder. Plus qu’attendus, les Norvégiens enquillent des titres ultra rapides, dégoulinant de black metal, avec brio. Façon marteau-piqueur, Tsjuder assomme les têtes et enfonce le public dans le sol. Le coup de grâce viendra avec la reprise de Sacrifice de Bathory (un groupe culte dans le milieu). Le public en sort trempé, laminé. Wow.

Le plafond d'une des scènes...
Le plafond d’une des scènes… (Photo tmv – Aurélien Germain)

Histoire d’être maso jusqu’au bout, l’enchaînement se fait avec Brutal Truth et son grind culte. Les New Yorkais, qui pratiquent le tabassage en règle depuis 1990, finissent de brutaliser un public en transe et en nage. L’heure est passée trop vite. Vous pensiez calmer votre nuque avec Eluveitie ? Loupé ! Les Suisses vont envoyer une heure de concert absolument formidable, suivi par un public en ébullition, qui lui mange dans le creux de la main. Leur folk metal agrémenté de flûtes, cornemuse, violon et compagnie, emmène tout le monde dans un tourbillon de folie. Moment intense, lors du titre Inis Mona qui reprend la mélodie de la Tribu de Dana.
Changement de registre avec la fin du set de Deep Purple : les papys du rock sont là, bel et bien là. Un peu fatigués (ça a du mal à pousser la voix…), mais comment en tenir compte lorsque retentissent les accords du mythique Smoke on the water et le tube Hush ?
Quitte à continuer dans le classique, un petit Aerosmith ne fait pas de mal. Tête d’affiche du samedi, la bande à Joe Perry et Steven Tyler sont venus avec leur valise de hits. L’apogée survient avec le tube I Don’t wanna miss a thing, ballade qui permettrait à n’importe qui de tomber amoureux ou amoureuse et de se lancer dans un petit plan drague. Ah, ils savent y faire, les bougres !
La nuit est tombée, les pieds sont amochés, les oreilles bourdonnent. Avant de rejoindre le camping, un petit détour permet de tomber nez à nez avec Phil Anselmo & the illegals. Grosse surprise : l’ex-chanteur de Pantera reprend… du Pantera ! Et pas des moindres : les claques que sont Domination et New Level filent le dernier uppercut dans une fournaise chaude bouillante.
Victoire du Hellfest par KO.

Image6
Blues Pills (Photo tmv – Aurélien Germain)

DIMANCHE 22 JUIN

Bon, on l’a dit dans l’autre article… la nuit a été « courte ». Qu’à cela ne tienne : à 11 h du matin, c’est Blues Pills sur la grande scène et c’est immanquable. Les festivaliers l’ont bien compris : ils sont très nombreux, malgré l’heure matinale. Le groupe lui-même est surpris de l’accueil et de la foule. Et là, d’un coup d’un seul, la claque. La baffe. La musique qui prend aux tripes. Ils n’ont que la vingtaine, mais les musiciens de Blues Pills envoient un  blues psyché teinté de hard rappelant Led Zep, Fletwood Mac, Cream ou encore Hendrix. Dans cette ambiance 60s-70s, la voix soul et rétro de la sublime Elin Larsson envoûte, rappelle Janis Joplin. Un trip, un véritable voyage, hallucinant et hallucinatoire.
Dans la foulée, impossible de résister à Satan’s Satyrs et leur doom piqué au stoner. Ils ne sont que trois, invisibles derrière leur choucroute capillaire, mais enquillent les riffs dévastateurs, magnifiés par une basse vrombissante qui remue le ventre. Même plaisir devant les Blacklodge qui mélangent black metal martial et sonorités industrielles/électroniques. Un délice. Du coup, le changement de décor avec Lofofora fait bizarre ! Parrains de la scène française, les énervés de Lofo ont rempli le site ! Yeux bleus perçants et menaçants, Reno (chant) balance ses diatribes avec sa verve habituelle. La justice prend cher et son discours sur les intermittents ravit les foules (une banderole de solidarité trône d’ailleurs à l’entrée du terrain). Le public, hyper excité, disparaît derrière les nuages de poussière lors des pogos.
Tout aussi énervé, The Ruins of Beverast (pourtant rares) crache son black metal devant un public un peu maigrelet, mais hypnotisé. Bof, bof. À 13 h 35, dans la foulée, les bourrins de Ulcerate enflamment les planches, tout comme Heretic et les fous furieux de Black Tusk (un succès incroyable !). Mais c’est sans conteste Unleashed qui remporte la palme du rouleau compresseur de la journée ! Avec leur death metal old school, leurs paroles de vikings bourrus et un son à décorner les bœufs, les Suédois enquillent les Mindvinterblot, I Don’t want to be born et Death Metal Victory ravageurs. Grandiose.

Contraste total avec Equilibrium (attendu par de nombreux festivaliers) avec  leur folk metal épique qui fait bondir la foule comme un seul homme et provoque un tsunami dans la fosse ! Bim. Moins puissants, les thrasheurs canadiens de Annihilator ont un peu plus de mal à remplir le contrat, la faute à une chaleur qui est entrain d’assommer tous les festivaliers (la scène est en plein soleil).  Retour sous le chapiteau Altar pour se prendre une grosse volée avec les Black Dahlia Murder. Les Américains mélangent tout : death, black, thrash, pour un metal survolté, branché sur du 1000 à l’heure en continu. Épuisant, mais jouissif.
Sur la Mainstage, à 19 h 50, le public se presse devant la scène, où le decorum de Behemoth file la chair de poule. Avec leur death black pachydermique, les Polonais proposent une setlist malheureusement trop commune (un peu d’audace, que diable !), mais sait lancer les bons missiles, notamment un Slaves Shall Serve surpuissant, gâché par un son brouillon et tout en basse. Mais il manque ce quelque chose, un peu d’intensité, de folie, ce petit quelque chose. Est-ce à force de les voir sur tous les festivals et en concert très souvent ? Peut-être…
Niveau déception, on remettra le Grand prix à Soundgarden… Groupe pourtant adulé, les rockeurs de Seattle semblent être sur scène uniquement pour toucher le chèque. Kim Thayil manie sa guitare avec brio, mais paraît s’ennuyer ferme, à l’instar du bassiste Ben Shepherd qui fait le minimum syndical. Heureusement que le très charismatique Chris Cornell relève le niveau, en communiquant avec le public, tout sourire. Et ce n’est même pas le tube planétaire Black Hole Sun qui relèvera le niveau. Une purge… Quel dommage…
En tout cas, impossible de faire quelconque reproche aux majestueux Emperor. Beaucoup sont d’ailleurs venus uniquement pour les maîtres du black metal grandiloquent. Et sur scène, c’est épique, joué au millimètre, entraînant dans un tourbillon d’émotions. Le soleil se couche et plonge alors le groupe dans une ambiance somptueuse, où les ténèbres viennent s’abattre en même temps que les dernières notes.

Image7Dire qu’à 23 h 10, cette immense foule (à perte de vue !) attend Black Sabbath avec impatience est un doux euphémisme. La nuit est là. Pile poil pour les inventeurs du heavy metal, ceux par qui tout a commencé. En backstage, on entend la voix de papy Ozzy qui demande au public si ça va… 45 000 personnes répondent. Et dans de superbes lights, apparaît alors le Sab, au son d’un War Pigs phénoménal. Alors oui, Ozzy Osbourne semble déphasé, s’accroche à son pied de micro et a dû prendre quelques substances pas très licites avant le concert… Sa voix laisse à désirer, mais le Prince of Darkness a 65 ans, et il est encore là. Sur scène. Avec son aura. Bien plus impérial est Tony Iommi qui rappelle à quel point il est un guitariste d’exception (pourtant tout juste sorti d’un cancer lympathique). Et puis, pour beaucoup de metalleux, c’est juste un plaisir de voir (peut-être pour la dernière fois ?) un des groupes mythiques, fondateur de tout, fondateur de la noirceur de cette musique. Comme le montre leur tube Black Sabbath, joué dans des lumières mauves, à l’ambiance terrifiante, où Ozzy rit comme un damné.

Et à en voir la foule hétéroclite qui chante à pleins poumons ce titre, l’on se dit que Black Sab réunit les générations et restera culte : enfants, parents, jeunes metalleux de 30 ans, sexagénaires… Bref, à l’image du Hellfest et des concerts : une réunion, une grande réunion. Voilà… On est venu, on a vu, le Hellfest a vaincu.

Aurélien Germain

**********************
ET EN IMAGES ?
**********************
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=xbURoqK0yuQ[/youtube]

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=_YGjqUeo7lQ[/youtube]

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=YCpJpK_Fyro[/youtube]