Overlord : série B bien emballée

Des Nazis, des sortes de zombies surhumains et des soldats américains qui ont envie d’en découdre : le film Overlord vaut-il vraiment le coup ?

PAUSE_CINE

Vous reprendrez bien une petite louche de série B ? Parce qu’on ne va pas se mentir, Overlord, c’est un peu ça : une petite « bisserie » à l’ancienne, délicieusement bébête mais méchamment divertissante, avec un pitch à base de GI’s ricains dégommant du nazi zombie. Oui, outch, rien que ça.

Pour son deuxième long-métrage, le réalisateur Julius Avery a été épaulé par le producteur J.J. Abrams. Si son premier film lorgnait vers le drame d’action (Son of a gun), le cinéaste s’essaye cette fois à un mélange hybride, à la croisée entre film de guerre et production d’horreur.

Overlord suit donc un groupe de parachutistes largués en France occupée pour une mission. Pas de chance : ils vont tomber sur un labo secret, où de vilains Allemands ont la fâcheuse tendance à lever le bras droit tout en menant des expériences surnaturelles. Avec pareil récit, Avery remplit évidemment son cahier des charges à coup de personnages caricaturaux, de délires régressifs et de second degré.
Exubérant et extravagant, certes, mais suffisamment bien emballé et bien mené pour accrocher la rétine et faire passer un bon moment.

Mélange de Call of Duty (les scènes de guerre sont top) et d’Inglorious Basterds à la sauce zombie, Overlord possède tout de même un sacré lot de défauts : incohérences, soucis de logique, rythme parfois mal agencé, décors misérables, ce film avec le cul entre deux chaises (guerre ou horreur ?) aurait certes mérité un peu plus de folie.
Mais il se regarde surtout pour ce qu’il est : un programme qui dépote, efficace tout en étant grotesque. Bref, un plaisir coupable.

> Horreur/Guerre, de Julius Avery (USA). Durée : 1 h 50. Avec Jovan Adepo, Mathilde Ollivier, Wyatt Russell, Pilou Asbaek…
> NOTE : 3/5

Upgrade : une vengeance qui fait mal

Un homme paralysé qui se transforme en machine à tuer à la force surhumaine pour venger l’assassinat de sa femme ? Des robots et des cyborgs ? Une intelligence artificielle ? C’est dans Upgrade, un film décomplexé et qui castagne.

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Grey ne serre pas les paluches. Il les broie.

On ne va pas se mentir : Blumhouse, boîte de prod’ fondée par Jason Blum, est capable du meilleur comme du pire. Capable d’enfanter d’infâmes franchises sans intérêt comme Paranormal Activity comme de franches réussites telles que Get Out ou Split.

Avec son tout nouveau bébé Upgrade, c’est un ouf de soulagement.
Porté par la vision de Leigh Whanell (au scénario des Insidious et autres Saw), Upgrade est une petite pépite de SF, une série B vengeresse classique mais redoutablement efficace. Pourquoi un tel plaisir ? Parce que le film de Whannell assume de rendre hommage au cinéma d’anticipation des années 80 à grand renfort de références cultes (Robocop, entre autres).

L’histoire est celle de Grey, un homme laissé paralysé et veuf après une violente agression. Celui-ci va accepter de se faire greffer une puce révolutionnaire, lui rendant ses facultés motrices… décuplées. Grey, contrôlé par une intelligence artificielle et devenu machine à tuer inarrêtable, va tout faire pour retrouver les assassins de sa femme.

Sur ce pitch, Upgrade se transforme alors en une croisade de vengeance aussi brutale que haletante. Dans son récit hybride (on mélange la SF, l’action, les mondes analogiques et futuristes), Whannell retient évidemment l’attention par sa capacité à proposer un montage rythmé, nerveux, mêlé aux belles images techniques et des scènes de combat jubilatoires. Le tout, malgré un budget riquiqui.

Parfois très violent (attention, c’est du frontal et graphique), parfois étonnamment comique, mais toujours énervé et fun, Upgrade est un concentré d’adrénaline doublé d’une réflexion sur les dérives technologiques. Solide et attachant : une bonne surprise !

> Science-fiction / Thriller, de Leigh Whannell (USA). Durée : 1 h 40. Avec Logan Marshall-Green, Betty Gabriel, Benedict Hardie…
> NOTE : 3,5/5

https://www.youtube.com/watch?v=EspMJ4MjYmI

Les Sorcières de Zugarramurdi : loufoque !

Dernier film de l’Espagnol Alex de la Iglesia, une comédie d’horreur loufoque dans la pure tradition des séries B.

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Et si les femmes se vengeaient des hommes ? Une question féministe à laquelle Alex de la Iglesia répond avec un mélange d’humour et de gore dans les Sorcières de Zugarramurdi.
Dans l’Espagne contemporaine, bouleversée par la crise, deux amis décident de braquer un magasin d’or madrilène sur la fameuse place de la Puerta del Sol. Un vol armé pas très bien préparé qui va demander aux deux loulous, accompagnés du jeune fils du leader divorcé, de s’enfuir en taxi. Forcée de partir vers la France, la bande va être happée par un monde qui les dépasse, celui de Zugarramurdi. Un village de sorcières où tout ce que les légendes ont raconté est vrai. Des femmes assoiffées de sang et dotées de super-pouvoirs qui cherchent, pour leur festin de fin d’année, un jeune enfant.
Dès les premières minutes, Alex de la Iglésia annonce la couleur de son film : une comédie où le burlesque façon espagnol n’a pas peur de tacher le film à gros coups de blagues bien grasses. Les plans s’enchaînent, en même temps que les gags et les conversations à l’emporte-pièce sur les femmes, le couple ou les bienfaits du mariage. Ce n’est pas sans rappeler un de ses anciens films, un Crime Farpait.
Le réalisateur a décidé de laisser tomber la super-production hollywoodienne pour revenir à son pays natal et son amour de la série B, teintée du style grossier des telenovelas. Il faut oublier l’intrigue façon Meurtre à Oxford (2008) ou le sérieux de la Balada triste de trompeta, Alex de la Iglesia met au premier plan cet humour grinçant qui n’était alors que sous-jacent, mis en sourdine.
Et les femmes ? Comme Peter Jackson avant lui (dans Brain dead ou Bad taste), il se sert du film comique gore pour parler de thèmes très sérieux. Ces femmes vengeresses, avec leur propre religion et leurs cultes païens font de l’émasculation un quotidien joyeux et bon enfant. Leur domination fait froid dans le dos et renvoie directement au massacre de femmes adultères ou tentatrice du Moyen Âge mais aussi aux persécutions contemporaines, aux frustrations des femmes au foyer et leur soumission depuis des siècles.
Mais Alex de la Iglesia n’oublie pas que l’ingrédient principal de ce genre, c’est l’action. Avec des effets spéciaux volontairement mauvais, il met le paquet sur les fusillades, les courses-poursuites, batailles épiques et autres scènes de sacrifices ou de séduction. Comme Tarantino avec sa Nuit en enfer, de la Iglesia rend un hommage réussi au gore, aux histoires de sorcières, aux films de genre.
Benoît Renaudin
Une comédie d’Alex de la Iglesia. Espagnol. Durée : 1 h 52. Avec Hugo Silva, Mario Casas, Carolina Bang, Carmen Maura.
NOTE : **
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LES FILMS TOUJOURS EN SALLE
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LE LOUP DE WALL STREET ***
Martin Scorsese a le chic pour réaliser des films cultes, sûr que cette plongée dans la vie d’un jeune trader ambitieux va rester dans les annales. Surtout quand c’est le désormais immense DiCaprio qui campe le grand méchant loup prêt à tout pour réussir et s’en mettre plein les poches. L’histoire se résume en quelques mots : c’est celle d’un homme qui va vivre son rêve américain à sa façon, avec beaucoup de drogues, de prostitués et de dommages collatéraux. Jouissif, corrosif. B. R.
TEL PÈRE TEL FILS ***
L’histoire n’est pas sans rappeler La Vie est un long fleuve tranquille. Mais c’est peu probable que le réalisateur japonais Irokazu Koreeda (primé à Cannes) l’ait pris pour modèle, tant son esthétisme tire vers la perfection, la sobriété. Paternité, liens du sang, importance de l’éducation, critique de la société japonaise : ce film sur l’échange de nouveau-né va vous faire couler toutes les larmes de votre corps, par sa beauté et la tristesse qui s’en dégage. B. R.
LE HOBBIT 2 ***
Les fans attendaient le deuxième volet avec impatience : Le Hobbit, la désolation de Smaug poursuit donc les aventures de Bilbon Sacquet et sa troupe, venus récupérer le trésor auprès du dragon. Plus rythmé et moins ronflant que le premier, ce nouvel opus est une gigantesque baffe visuelle, grâce à la maîtrise technique d’un Peter Jackson virtuose en très grande forme (l’évasion en tonneaux est hallucinante), aux décors époustouflants et à l’esthétique splendide : vivement le troisième ! A. G.

NOTATION :
 **** CULTEissime 
*** TOPissime
** PASMALissime 
* BOFissime
X NULissime