Chroniques culture #65

Double dose de CD aujourd’hui, avec l’album du guitar hero Roman Rouzine, et le jazz manouche de My Favourite Swing. Sans oublier les BD de la semaine et le DVD d’Overlord !

LES CD
PAUSE_ECRANS_ROUZINEROMAN ROUZINE – HUMANS
Les plus attentifs d’entre vous (ça y’est, coup de pression) se rappellent de la trombine de monsieur Roman Rouzine, déjà apparu dans notre numéro 317. Le guitariste virtuose tourangeau y contait sa science de la musique instrumentale et des délices de la six-cordes. Voilà donc enfin Humans, un second disque où le guitariste franco-ukrainien, en plus d’exceller comme à son habitude, y apparaît plus libre. De cette liberté fraîchement acquise – Roman n’est plus obligé de prouver qu’il joue à la perfection – naît ainsi un album très cinématographique dans son approche (les ambiances sur « Aura » et la lourdeur de « Pulse » l’illustrent si bien). Quant à la durée, raisonnable (43 min), elle permet à Humans de rester dans son chemin et d’éviter l’écueil du CD indigeste.
Moins véloce mais plus dans l’émotion, Roman Rouzine allège son propos et gagne en efficacité. Il offre là un formidable voyage dans son univers musical et personnel. Et prouve qu’un guitar hero sait aussi viser en plein cœur.
A.G.

MY FAVOURITE SWING – KISS MY LIVE PAUSE_ECRANS_SWING
En 2013 déjà, nous évoquions My Favourite Swing comme « un groupe tourangeau idéal pour ambiancer un apéro au calme, dans son salon ». Rien n’a changé depuis et le jazz manouche entraînant du trio est toujours aussi savoureux. Leur swing guilleret et chaud (« Have you met Miss Jones » au hasard) se retrouve cette fois version live, avec ce concert enregistré au Festival international de guitare de Vendôme. De quoi montrer, avec ces 14 titres, que My Favourite Swing sait maîtriser la guitare à la perfection (diantre, cette envolée sur « Stomping at Decca » !) et envoyer la sauce côté rythmique. Chantant et frais : parfait pour débuter le printemps.
A.G.

PAUSE_ECRANS_DVDLE DVD
OVERLORD
Un film de guerre avec des Nazis, des zombies surhumains et des soldats américains qui ont envie d’en découdre : vous craignez le pire ? Eh bien… Pas tant que ça ! Série B parfaitement assumée dans son côté crétin, Overlord a beau être maladroit, il reste un divertissement efficace et généreux. Les amoureux du genre seront servis (second degré, personnages caricaturaux, délires régressifs…), les autres passeront leur chemin (il faut subir les incohérences, le rythme pachydermique et les misérables décors). Ce mélange de Call of Duty et Inglorious Basterds voit sa sortie en DVD / Blu-ray agrémentée de suppléments plutôt abondants. Au menu, plusieurs séquences aux titres poétiques, comme « mort-vivant », « frères d’armes » ou « la mort sous terre ».
A.G.

LES BD PAUSE_ECRANS_BD
Avec Sabre (Dargaud) Éric Feres se lance dans un roman graphique sans parole d’une beauté totale. En plein Pléistocéne, un vilain tigre livre un combat féroce contre la différence et une nature hostile. Une véritable performance graphique aux couleurs époustouflantes et l’un des chefs-d’oeuvre de l’année.
Cet art graphique, on le retrouve dés les débuts de Jean Giraud / Gir / Moebius dans Le Lac des Émeraudes (Humanoides Associés), un ouvrage où sont réédités les premiers essais du père de Blueberry. À propos de nostalgie, on se replongera dans ses émois adolescents avec le T3 de la très belle intégrale Julie Wood (Dupuis), enrichie pour l’occasion d’une aventure inédite et le dessin d’un Jean Graton à son meilleur niveau.
Infinity 8 (Rue de Sèvres) vivra son dernier épisode avec ce tome 8, sous les traits de Killoffer et de Trondheim au scénario. C’est drôle, malin et on adore ce challenge SF maîtrisé. Saluons pour finir le dernier ouvrage du Tourangeau Luc Brunschwig qui, avec Laurent Hirn au dessin, déploie dans Le Pouvoir des Innocents (Futuropolis) un art du récit magistral pour ce thriller politique passionnant.
H.B.

Overlord : série B bien emballée

Des Nazis, des sortes de zombies surhumains et des soldats américains qui ont envie d’en découdre : le film Overlord vaut-il vraiment le coup ?

PAUSE_CINE

Vous reprendrez bien une petite louche de série B ? Parce qu’on ne va pas se mentir, Overlord, c’est un peu ça : une petite « bisserie » à l’ancienne, délicieusement bébête mais méchamment divertissante, avec un pitch à base de GI’s ricains dégommant du nazi zombie. Oui, outch, rien que ça.

Pour son deuxième long-métrage, le réalisateur Julius Avery a été épaulé par le producteur J.J. Abrams. Si son premier film lorgnait vers le drame d’action (Son of a gun), le cinéaste s’essaye cette fois à un mélange hybride, à la croisée entre film de guerre et production d’horreur.

Overlord suit donc un groupe de parachutistes largués en France occupée pour une mission. Pas de chance : ils vont tomber sur un labo secret, où de vilains Allemands ont la fâcheuse tendance à lever le bras droit tout en menant des expériences surnaturelles. Avec pareil récit, Avery remplit évidemment son cahier des charges à coup de personnages caricaturaux, de délires régressifs et de second degré.
Exubérant et extravagant, certes, mais suffisamment bien emballé et bien mené pour accrocher la rétine et faire passer un bon moment.

Mélange de Call of Duty (les scènes de guerre sont top) et d’Inglorious Basterds à la sauce zombie, Overlord possède tout de même un sacré lot de défauts : incohérences, soucis de logique, rythme parfois mal agencé, décors misérables, ce film avec le cul entre deux chaises (guerre ou horreur ?) aurait certes mérité un peu plus de folie.
Mais il se regarde surtout pour ce qu’il est : un programme qui dépote, efficace tout en étant grotesque. Bref, un plaisir coupable.

> Horreur/Guerre, de Julius Avery (USA). Durée : 1 h 50. Avec Jovan Adepo, Mathilde Ollivier, Wyatt Russell, Pilou Asbaek…
> NOTE : 3/5