Hellfest 2024 : retour sur une 17e édition de folie

Le festival de metal Hellfest se tenait à Clisson, en Loire-Atlantique, du 27 au 30 juin. Comme chaque année, tmv y était. Et a rapporté quelques souvenirs. Poussez le son, on vous raconte tout.

Des chiffres qui donnent le tournis

Pour parler du Hellfest et de son envergure (de sa démesure, aussi), il faut parler chiffres. Parce que pour cette 17e édition, ils sont de nouveau impressionnants.

Le nombre de billets vendus ? 240 000. Le nombre d’entrées payantes ? 60 000. Par jour, bien sûr. Et 10 000 non payantes, regroupant bénévoles, artistes, invité(e)s, mais aussi médias (coucou, c’est nous !). Budget total de la bête ? 38 millions d’euros. À titre de comparaison, les Vieilles Charrues – qui restent le plus gros festival en France, talonnées par le Hellfest – possèdent un budget de 23 millions d’euros.

Pour le reste, c’est près de 200 groupes, répartis sur six scènes, le tout sur plus de 120 hectares, durant 4 jours. Le festival réunit 72 nationalités, artistes et public confondu. Autant dire que la ville de Clisson, 7 600 habitants de base, voit passer du monde !

Cette année, 500 000 litres de bière ont été consommés. Quant aux bières que la team tmv a descendues cette année, on taira les chiffres. Secret des sources oblige bien sûr.

Les coups de cœur

Dès le jeudi d’ouverture, on attendait évidemment de pied ferme KERRY KING, guitariste de feu-Slayer. Et autant dire que les morceaux de son nouveau projet (intitulé, ô surprise, Kerry King) passent l’épreuve du live haut la main. Sur scène, ça mitraille du riff à tout va, c’est 100 % thrash. Ça ressemble à du Slayer, sans en être (mais si quand même un peu) : inutile de dire que quand le King a dégainé deux, trois reprises de Slayer, ça a fait mal dans la fosse.

Le même jour, les Suédois de GRAVEYARD ont de nouveau montré qu’ils étaient les maîtres en matière de rock typé très années 70 (la voix rocailleuse trempée dans le whisky de Joakim Nilsson, outch !), tandis que BRUJERIA, bandanas masquant une partie du visage, ont fait la « fiesta y cartel ». SODOM, eux, ont mis les point sur les i pour finir la journée : le rouleau-compresseur qui dégomme les chicots ? C’est eux.

Les Norvégiens, des gens froids ? Pas franchement si on se fie à KVELERTAK et sa prestation pied au plancher (et cauchemardesque pour la sécu). Sur scène, le chanteur Ivar Nikolaisen est ingérable et multiplie les allers-retours dans la foule, slammant à tout va pendant que côté son, le punk à la sauce black’n’roll dézingue à tout va.

150 bénévoles composaient le Hellcare, dispositif contre les violences sexuelles et sexistes malheureusement encore présentes.

Des slammeurs, on en aura également vu – et pas qu’un peu – durant les shows explosifs et sans-faute de WHILE SHE SLEEPS et KATAKLYSM. De quoi donner du fil à retordre aux agents de sécurité chargés de récupérer les corps (visqueux, parce qu’on avait un peu chaud) à tout va flottant sur le public.

Côté black metal, impossible de ne pas mentionner la triplette ravageuse KANONENFIEBER, SATYRICON, EMPEROR qui ont, tous les trois, donné une magistrale leçon de black metal. Une triple claque pour autant de dents perdues. Quelqu’un a vu mes plombages ?!

Emperor est considéré comme un des pionniers du black metal.

Enfin, on notera la prestation impeccable de MACHINE HEAD qui n’avait pas mis les pieds au Hellfest depuis 2012. Propulsé en tête d’affiche, le groupe a clairement prouvé qu’il méritait cette place de choix, alignant les missiles (« Imperium » d’entrée de jeu, le très méchant « Davidian » pour ratatiner la foule…). Une baffe, ni plus ni moins.

Metallica : la déception ?

Dur, dur d’écrire ces lignes (si, si, notre petit cœur tout mou saigne) mais force est de constater que METALLICA, maxi tête d’affiche de cette cuvée 2024, n’a pas délivré le concert qu’on espérait. Les papas du metal ont déroulé un set assez clinique et mécanique, sans trop de folie, le pied plutôt sur la pédale de frein que sur l’accélérateur.

La foule est colossale lorsque le groupe démarre le show. Les écrans géants ne servent à rien, puisqu’ils sont fragmentés en mode « multi screen » rendant le tout imbuvable et faisant grimper en flèche le nombre de rendez-vous chez les ophtalmos du coin.
Certains solos sont à moitié loupés (si ce n’est foiré, comme sur le départ de « Master of Puppets ») et des breaks sont égratignés. Cela reste tout de même un bon concert de Metallica (les « Hit the lights », « Sad but true » et autres « Creeping Death » font toujours leur effet), mais qui nous a laissé sur notre faim. Bon, mais pas jouissif.

→Regardez notre vidéo résumé du Hellfest 2024 :

Quand Metallica reprend… Indochine

L’instant lunaire aura sans conteste été le bassiste de Metallica, Rob Trujillo, racontant sur scène avoir découvert « L’Aventurier » d’Indochine grâce à son épouse française… avant de jouer ladite chanson devant un public de métalleux beuglant à tout va le refrain. Une bonne reprise ? Non, un véritable massacre.

Même la gare de Clisson s’est mise aux couleurs du Hellfest.

Des révélations

L’une des plus grosses surprises vient sans conteste de UUHAI, débarqué tout droit de Mongolie qui a littéralement renversé la scène à midi à peine. Au menu : folk metal boosté aux instruments traditionnelles, le tout mâtiné de khöömi, une technique de chant ancestral dyphonique, le fameux chant de gorge mongol. Magnifique et prenant.

Après le succès de The Hu l’an dernier, Uuhai a également fait chapiteau comble avec son folk metal mongol.

Côté voyage, HRAFNGRIMR nous en a offert un beau aussi, avec un concert à la croisée entre chamanisme hypnotique et chants vikings en vieux norrois. Quant au trip des cowboys de WAYFARER, c’était un retour au Far-West, avec un « black metal western » viscéral inspiré de récits prenant place dans les montagnes du Colorado.

Lofofora, militant, le poing levé

Engagé ? Pas qu’un peu. Enragé ? Pas qu’un peu (bis) ! Les Français de LOFOFORA ont clairement balancé les uppercuts, aussi bien musicaux, que dans leurs discours. Sur scène, Reuno, tout de rouge vêtu, envoie les scuds : « On espère que vous êtes contents d’avoir payé 350 balles pour voir Shaka Ponk et leur méga tournée de départ écologique ! » (et vlan dans les dents)
Derrière lui, l’écran gigantesque projette un « Nique le R.Haine ».  « N’oubliez pas que le rock’n’roll est à la base une musique noire. Les races n’existent pas ! »

Le groupe est également rejoint par deux Femen sur scène qui font alors un happening. Reuno, toujours en rage, rappellera « à ces mecs qui ne savent pas tenir leur teub d’y foutre un cadenas dessus ! Tout le monde devrait pouvoir profiter de son festival, sans se faire emmerder ». Un rappel plus que salutaire.


De nouveau, le Hellfest aura donc été monumental (dans tous les sens du terme). Débutant sous une chaleur de plomb (nos coups de soleil vous font coucou), entrecoupé par une pluie des enfers (sacré dimanche pluvieux !), cette virée à Clisson aura été un festival de découvertes et de belles surprises, une véritable coupure dans une actualité pas franchement gaie.

Les pass pour l’édition 2025, eux, seront déjà mis en vente le 9 juillet. On se revoit en enfer ?

Texte, photos, vidéo : Aurélien Germain

En enfer, il faut toujours se rafraîchir…