Réfléchir sur le réchauffement climatique… dans le vignoble !

Pire que l’électricité dans l’air ? L’eau dans le vin ! L’oeuvre créée par des étudiants de l’Université de Tours et l’artiste Carole Marchais interroge sur les futures adaptations au réchauffement climatique dans le vignoble ligérien.

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Traversant la façade de verre de la « casquette » tourangelle, la lumière du jour embellit une oeuvre étrange, installée la semaine dernière au centre de congrès de Tours lors du colloque international Eau et changement climatique. Des parois de bouteilles aux nuances grenat ou lie de vin, des cercles de fer remplis d’une terre craquelée traversée de tuyaux en plastique noir…

Cette création est l’oeuvre de dix-huit étudiants en master gouvernance territoriale, spécialité environnement, territoire et paysage (dirigé par Isabelle La Jeuneà l’université François Rabelais. « Nous travaillons sur l’impact du changement climatique sur la vigne dans l’appellation Montlouis-sur-Loire. À cause du réchauffement, le vignoble va manquer d’eau, ce qui risque d’accroître le taux d’alcool du vin et modifier sa qualité », présente l’étudiante Cristiana Silva-Rodrigues, 26 ans. Au-delà de ce constat, les jeunes ont planché sur deux scénarios prospectifs. Dans le « nomadisme », les vignes se délocaliseront vers le Nord pour retrouver les conditions climatiques auxquelles elles sont habituées.
Quant à l’autre option, l’adoption de « pratiques innovantes », elle a particulièrement retenu leur attention : « Les vignerons vont devoir mettre de l’eau dans leur vin… ou plutôt dans leur vigne », lance Adrien Hérisson, un autre étudiant. Au sens propre, car la vigne va manquer d’eau. Mais aussi, au sens figuré, car les viticulteurs devront s’adapter et changer leurs méthodes.

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De ces réflexions est née l’oeuvre exposée : « Dans les cercles de fer, la terre présente, selon son aridité, différents niveaux de craquèlement. Plus elle est sèche, plus elle est traversée de tuyaux en plastique : ils représentent l’irrigation nécessaire », décryptent les étudiants. Quant aux bouteilles de vin, elles contiennent différents niveaux de dilution. Comme autant d’adaptations possibles au changement. Les vignerons trouveront-ils l’installation provocante ? « Nous diluons leur vin à l’eau. Nous irriguons leur terre. Arroser la vigne, en France, c’est contre-culturel », remarque la plasticienne Carole Marchais, qui a accompagné les étudiants dans l’aventure.

S’ADAPTER AU CHANGEMENT

En résidence à l’Université de Tours, l’artiste construit ses projets grâce à ses rencontres avec un lieu, un territoire, des personnes. Ses installations, souvent éphémères, sont faites des matériaux de son environnement. « Ce projet est né d’une rencontre avec la géographe Isabelle La Jeunesse, au laboratoire Citeres.
En octobre, un premier échange avec les étudiants a permis de travailler sur le sens de leur démarche. Au début, cette approche artistique les a surpris, c’est loin de leur univers. » Représenter un tel phénomène dans une oeuvre plastique. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils n’étaient pas habitués à ce genre d’exercices. NEWS_Installation3

Comment s’est passée leur plongée dans le monde de l’art ? « Le travail de Carole nous a inspirés. L’idée d’un cheminement, l’usage de produits locaux… », répond Cristiana. Cercles en fer, bouteilles, sarments, terre… Tous ces matériaux viennent de la cave de Montlouis-sur-Loire et de la productrice Stéphanie Latouche. En décembre, le groupe se retrouvait pour les tester et définir les grandes lignes de l’installation. « Nous avons fait sécher divers mélanges de terre et d’argile, testé plusieurs dilutions de vin dans des verres… », se rappellent les étudiants, qui ont ensuite concrétisé leur oeuvre lors de quatre demi-journées en janvier.
« Je leur tire mon chapeau car ils ont su rentrer dans le projet et être efficaces », souligne la plasticienne. Certains travaillaient la terre, quand d’autres réalisaient les fonds de cercles, les ombrelles, les dilutions… Avec pas moins de 200 bouteilles à remplir, boucher et trier selon les nuances ! « Une telle expérience s’inscrit dans la vision pluridisciplinaire de notre master. Et cette vision nous ouvre l’esprit », apprécie Corentin Linas, étudiant de 22 ans. Les ombrelles manquent, malheureusement, à l’installation du centre de congrès. Refusées pour des raisons de sécurité.

« Au-dessus des cercles de terre devaient être suspendues des ombrelles en sarments et en fil de fer. L’idée était de créer un dialogue. Cela évoquait également la couverture de la vigne, pratiquée pour garder l’humidité. Une partie de l’oeuvre manque, c’est frustrant », regrette Carole Marchais. Le groupe compte bien l’exposer ailleurs dans sa version intégrale. En effet, c’est un point fort de l’installation : elle est modulable. On en revient donc toujours au même : l’adaptation au changement…

Nathalie Picard

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Des Beaux Jours un peu gris

Fanny Ardant en jeune retraitée en quête de repères. Un charme certain mais l’ennui n’est pas loin…

CINE_PAPJardiner. S’engager dans l’humanitaire. Voyager. La retraite, chacun l’envisage à sa manière, souhaite occuper pleinement ces « beaux jours ». Marion Vernoux, dix ans après son dernier longmétrage cinéma (« À boire »), revisite la question avec Fanny Ardant. L’actrice y incarne Caroline, retraitée depuis trois mois, qui a perdu sa meilleure amie un peu plus tôt et dont le mari (Patrick Chesnais) est débordé par son boulot de chirurgien-dentiste. Ses filles lui offrent alors un pass découverte dans un club pour retraités.
Au programme : poterie, théâtre, cours d’informatique durant lesquels les participants sont traités comme de vieux grabataires. D’entrée, Caroline se braque. « Pourquoi serait-on obligé de dépenser son temps parce qu’on en a plus ? », soupire-t-elle. Avant de se laisser entraîner et de chercher l’ivresse avec son prof d’informatique, Julien (Laurent Lafitte), de trente ans son cadet. Entre deux parties de jambes en l’air dans les salles de classe, Caroline découvre le plaisir de fumer un joint à soixante balais ou de partir d’un restaurant sans payer. Forcément, elle s’interroge : estce que tout ce jeu, ces transgressions en valent la chandelle ?
Et si finalement, le bonheur n’était pas aussi loin ? Le film, tiré du roman «Une jeune fille aux cheveux blancs », de Fanny Chesnel, suscite des réflexions intéressantes sur la peur de la vieillesse, l’acceptation de soi-même et des autres, le désir de chambouler sa vie. Marion Vernoux évite habilement le piège principal de l’intrigue : transformer Fanny Ardant en vulgaire cougar. L’actrice est touchante dans un personnage en pleine quête d’identité.
On se laisse entraîner dans la première partie du film grâce à une douce bande originale et les agréables paysages de Dunkerque en arrière-plan. Problème : les rebondissements et le dénouement sont tellement prévisibles que le spectateur finit par s’ennuyer. Alors que le film dure seulement 1 h 30. Dommage.
Note : 2 étoiles
Guillaume Vénétitay

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Les autres films déjà en salle
STAR TREK 3D (Note : 3 étoiles)
J.J Abrams revient pour un nouvel épisode de Star Trek. Sur un script basique, le réalisateur nous fait embarquer dans un film visuellement époustouflant, mené par des effets spéciaux de toute beauté. Rythme à cent à l’heure mais pas étouffant, quelques touches comiques et de très bons acteurs (Zachary Quinto) rattrapent certaines erreurs grossières de ce blockbuster parfois dégoulinant de bons sentiments.
A. G.
OH BOY (Note : 2 étoiles)
24 heures de la vie de Niko, jeune allemand un peu paumé. Pas d’études, pas de job, pas de copine fixe. On se balade au fil de ses rencontres. Face à un psychologue rigide, son père qui lui coupe les vivres, une fille obnubilée par son poids. Le grain en noir et blanc, la musique jazzy : le film se révèle esthétique. La répétition des situations absurdes prête à sourire. Mais on se lasse vite de cette technique.
G. V.
MY MOVIE PROJECT (Note : 3 étoiles)
Un film à sketches signé Peter Farrelly (Dumb & Dumber, Mary à tout prix…). Au total, quatorze histoires avec le plus gros casting jamais réalisé (quasiment que des stars d’Hollywood n’ayant touché aucun salaire !). Dingue, ridicule, poilant, hilarant, trash, potache, délirant, millième degré, ras la ceinture, nul mais génial : du grand n’importe quoi assumé. De quoi dynamiter Hollywood.
A. G.