Sous les jupes des filles : cacophonique

C’est le printemps. Onze Parisiennes se croisent, se fâchent et séduisent. Une comédie féminine.

CINE_PAP
Programmer un film de filles quelques jours avant la Coupe du monde de football, on a vu plus subtil de la part d’un distributeur. Mais on avait envie de découvrir ce long métrage qui partage son titre avec une sublime chanson d’Alain Souchon. Tout comme on voulait voir évoluer cette pléiade de vedettes féminines. On ressort de la salle obscure avec une impression mitigée. Sous les jupes des filles est une oeuvre chorale. Une comédie qui plus est.
Mais Audrey Dana n’est ni Alain Resnais (On connaît la chanson) ni Robert Altman (Short cuts). Sa comédie se rapproche quelque peu des réalisations de Danièle Thompson (Fauteuils d’orchestre, Le Code a changé). Cependant, la mécanique y est moins bien huilée. Trop de personnages et pas suffisamment d’intrigue. Des pastilles joliment écrites et réalisées, mais qui manquent de lien. Si ce n’est des considérations météorologiques (Évelyne Dhéliat likes this) et la rencontre fortuite des protagonistes. La galerie de personnages dessine le portrait d’une femme du XXIe siècle.
En débutant le film face caméra, dans le rôle d’une quadra déprimée, sous la couette, joint à la bouche et tampon à la main, Audrey Dana a décidé d’injecter un peu de trash là où d’autres auraient sacrifié cette approche sur l’autel de la bienséance. On adhère ou pas. Tour à tour, on découvre des femmes complexes, fortes et fragiles, névrosées et insolentes. En un mot : paradoxales.
On rencontre Audrey Dana dont le personnage est confronté à une irrésistible attirance pour les hommes mariés. Rose (Vanessa Paradis), en PDG au taux de testostérone comparable aux mâles, malmène son assistante Adeline (Alice Belaïdi, touchante). Ysis (Géraldine Nakache) en jeune maman de quatre garçons et qui succombe aux charmes de la nounou (Alice Taglioni). Isabelle Adajni qui refuse la vieillesse et qui consulte sa gynécologue de sœur (Sylvie Testud). Laetitia Casta, en jeune avocate à la beauté diaphane, rencontre les problèmes gastriques de Shrek lorsqu’elle s’éprend d’un confrère. Marina Hands en épouse cocue et cruelle vengeresse. Audrey Fleurot campe une femme fatale à la recherche du désir. Et Julie Ferrier qui se libère du joug de désordres psychologiques en cédant à l’appel de son bas-ventre dans les bras d’une star hollywoodienne.
Un casting glamour et prometteur dont la réalisatrice tire un film sincère. On imagine que les actrices se sont régalées sur le tournage. Nous, un peu moins. La faute à ce zapping incessant entre les personnages. Cette cohabitation de jolies historiettes ne débouche pas sur la comédie dopée aux œstrogènes que l’on attendait. Dommage.

Des Beaux Jours un peu gris

Fanny Ardant en jeune retraitée en quête de repères. Un charme certain mais l’ennui n’est pas loin…

CINE_PAPJardiner. S’engager dans l’humanitaire. Voyager. La retraite, chacun l’envisage à sa manière, souhaite occuper pleinement ces « beaux jours ». Marion Vernoux, dix ans après son dernier longmétrage cinéma (« À boire »), revisite la question avec Fanny Ardant. L’actrice y incarne Caroline, retraitée depuis trois mois, qui a perdu sa meilleure amie un peu plus tôt et dont le mari (Patrick Chesnais) est débordé par son boulot de chirurgien-dentiste. Ses filles lui offrent alors un pass découverte dans un club pour retraités.
Au programme : poterie, théâtre, cours d’informatique durant lesquels les participants sont traités comme de vieux grabataires. D’entrée, Caroline se braque. « Pourquoi serait-on obligé de dépenser son temps parce qu’on en a plus ? », soupire-t-elle. Avant de se laisser entraîner et de chercher l’ivresse avec son prof d’informatique, Julien (Laurent Lafitte), de trente ans son cadet. Entre deux parties de jambes en l’air dans les salles de classe, Caroline découvre le plaisir de fumer un joint à soixante balais ou de partir d’un restaurant sans payer. Forcément, elle s’interroge : estce que tout ce jeu, ces transgressions en valent la chandelle ?
Et si finalement, le bonheur n’était pas aussi loin ? Le film, tiré du roman «Une jeune fille aux cheveux blancs », de Fanny Chesnel, suscite des réflexions intéressantes sur la peur de la vieillesse, l’acceptation de soi-même et des autres, le désir de chambouler sa vie. Marion Vernoux évite habilement le piège principal de l’intrigue : transformer Fanny Ardant en vulgaire cougar. L’actrice est touchante dans un personnage en pleine quête d’identité.
On se laisse entraîner dans la première partie du film grâce à une douce bande originale et les agréables paysages de Dunkerque en arrière-plan. Problème : les rebondissements et le dénouement sont tellement prévisibles que le spectateur finit par s’ennuyer. Alors que le film dure seulement 1 h 30. Dommage.
Note : 2 étoiles
Guillaume Vénétitay

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Les autres films déjà en salle
STAR TREK 3D (Note : 3 étoiles)
J.J Abrams revient pour un nouvel épisode de Star Trek. Sur un script basique, le réalisateur nous fait embarquer dans un film visuellement époustouflant, mené par des effets spéciaux de toute beauté. Rythme à cent à l’heure mais pas étouffant, quelques touches comiques et de très bons acteurs (Zachary Quinto) rattrapent certaines erreurs grossières de ce blockbuster parfois dégoulinant de bons sentiments.
A. G.
OH BOY (Note : 2 étoiles)
24 heures de la vie de Niko, jeune allemand un peu paumé. Pas d’études, pas de job, pas de copine fixe. On se balade au fil de ses rencontres. Face à un psychologue rigide, son père qui lui coupe les vivres, une fille obnubilée par son poids. Le grain en noir et blanc, la musique jazzy : le film se révèle esthétique. La répétition des situations absurdes prête à sourire. Mais on se lasse vite de cette technique.
G. V.
MY MOVIE PROJECT (Note : 3 étoiles)
Un film à sketches signé Peter Farrelly (Dumb & Dumber, Mary à tout prix…). Au total, quatorze histoires avec le plus gros casting jamais réalisé (quasiment que des stars d’Hollywood n’ayant touché aucun salaire !). Dingue, ridicule, poilant, hilarant, trash, potache, délirant, millième degré, ras la ceinture, nul mais génial : du grand n’importe quoi assumé. De quoi dynamiter Hollywood.
A. G.