Pauline, opticienne tourangelle en mission humanitaire

Opticienne depuis plus de quinze ans dans l’agglomération, Pauline Le Moign s’est déjà rendue quatre fois en Afrique pour des missions humanitaires. Rencontre

Cela fait déjà quelques semaines qu’elle est rentrée. Sa clientèle dans le magasin d’opticien qu’elle dirige au centre commercial La Riche Soleil l’a retrouvée avec plaisir. Un mois plus tôt, en novembre, elle avait laissé entendre qu’elle partait en vacances. Aux plus familiers, elle avait évoqué l’Afrique, le Bénin.

Des vacances ? Façon de parler. Car Pauline, jeune femme de 37 ans, sportive, est impliquée dans l’humanitaire avec l’association Afrique Amitié. Pour la quatrième fois depuis 2010, elle est partie avec Michel Brosseau (fondateur) et Nicolas, un autre opticien, durant trois semaines au Bénin, apportant dans ses valises près de 2 000 paires de lunettes récupérées dans les magasins de l’agglomération pour en faire profiter une population pauvre.

Certes le Bénin, pays encastré entre Togo, Burkina Faso, Niger et Nigéria, est stable politiquement et sur les rails du développement mais dès qu’on parle de soin et de santé, le choc est brutal.

Des vacances pour aider

Au-delà de la notion d’aide, qu’est-ce qui peut bien pousser Pauline à donner ainsi 95 % de ses vacances annuelles pour une telle action ? « Un engagement personnel, sans doute mais je ne peux l’affirmer ainsi. Comme toutes les choses que l’on fait naturellement dans la vie, cela s’impose à moi comme une évidence », affirme-t-elle.

Durant le séjour (quinze jours dans la capitale économique, Cotonou, puis une semaine dans une autre ville, Grand Popo), le trio va accueillir quotidienne-ment, de 8 h 30 à 16 h 30 environ (avec une pause déjeuner) une centaine de personnes, effectuant des examens oculaires au bout desquels ils vendront pour une modique somme d’argent une paire de lunettes avec des verres adaptées à la correction nécessaire.

« Nous par-tons avec 2 000 paires récupérées dans des grands bacs à l’entrée des magasins à Tours. C’est d’ailleurs ainsi que j’avais rencontré Michel Brosseau en 2009. Notre premier travail consiste à réparer les lunettes et à monter des verres retravaillés sur une gamme complète de corrections visuelles. Quant au prix à payer, c’est nécessaire afin d’éviter les trafics. Si tout était gratuit, ce serait un risque », explique-t-elle.

« Ne pas faire de déçus »

Sur place, des relais locaux de l’association s’occupent de l’organisation et de la gestion des files d’attente, notamment. « A Cotonou, nous recevions dans la clinique de la police et à Grand Popo, c’était dans une salle municipale. Dans les premiers jours, tout va bien car la population sait que nous sommes là longtemps. En revanche, la dernière semaine, nous devons être plus vigilants dans la gestion de notre stock pour ne pas faire de déçus. »

Parallèlement à cette activité quotidienne, Pauline, Michel et Nicolas ont pu juger des progrès apportés par l’association. « L’argent qu’on récupère est réinvesti dans d’autres actions parfois immédiates. Nous avons ainsi pu acheter des matelas pour un orphelinat et débloquer des fonds afin de payer des bourses d’études jusqu’à la fin de l’année 2020 pour deux jeunes garçons. Si nous ne l’avions pas fait, leur scolarité se serait arrêtée le 31 décembre. Nous avons également rendu visite à Florencia. Une petite fille devenue aveugle lors d’une opération. Le père a abandonné la mère et les deux enfants. L’association paye le transport lui permettant de se rendre au foyer des aveugles », ajoute Pauline.

Lorsqu’à la fin de notre entretien, je lui pose une nouvelle fois la question sur le sens de son engagement,. Dans un sourire, Pauline me dit : « C’est hyper enrichissant. Bien sûr, ce n’est pas banal, mais je ne m’en rends pas compte. Il y a plein de gens qui s’impliquent dans l’humanitaire. »

Thierry Mathiot

J’ai testé pour vous… la doundoun danse !

Que faire un dimanche pluvieux à Tours ? De la doundoun danse ! La rédaction a participé fin novembre à un stage organisé par l’association tourangelle Le pied à l’oreille.

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La doundoun danse ? Mais c’est quoi ce truc ?? « C’est pas compliqué, on joue sur un doundoun et en même temps on danse ! Et c’est trop cooool ! », annonce Maeva Frémont, danseuse, percussionniste et organisatrice du stage à l’association Le pied à l’oreille.

Le doundoun, c’est un grand tambour africain au son grave, fait de bois et de peaux reliées par des cordons. L’accessoire indispensable ? Les baguettes pour taper dessus ! À l’origine, la doundoun danse viendrait de Guinée, raconte Maeva Frémont : elle ferait partie des rites initiatiques de passage à l’âge adulte pour les femmes du peuple Baga. Aujourd’hui, c’est une danse mixte. Si, si ! Pourtant, à l’occasion du stage, un seul danseur a répondu présent… pour 18 danseuses.

À vos marques…

La séance commence en douceur. L’échauffement complet – des pieds à la tête – monte progressivement en cardio. Ensuite, nous découvrons le rythme (macru) sur lequel nous allons jouer et danser. D’abord, nous écoutons les trois percussionnistes, David, Olivier et Abdoulaye. Puis nous marquons le rythme avec des pas simples, tout en claquant des mains. Jusque là, tout va bien. doundoun1

Prêts…

Ça y est ! On va enfin taper sur les doundouns. Mais pas n’importe comment : David nous explique comment ne pas les abîmer, ni casser les baguettes. Comme il n’y a pas assez de doundouns, des congas (grand tambour cubain) et des poubelles renversées sont réquisitionnées. Chacun devant son « truc à taper », nous voilà fin prêts. « Ce n’est pas grave si vous ne captez pas tout. L’essentiel est de se faire plaisir ! », insiste Maeva.

Dansez !

Facile, le premier mouvement : les pieds ne bougent pas, il suffit de taper sur le temps avec les baguettes. Bien fort, ça défoule ! « Takalata poum poum ! », scande Maeva. Que signifie ce curieux langage ? Mettre des mots sur les rythmes permet de mieux les retenir. Testé et approuvé.
D’autant qu’au fil de l’après-midi, la chorégraphie se corse : rythmes décalés, pas plus difficiles, enchaînements à retenir… Je comprends mieux pourquoi une pratique de la danse africaine ou des percussions était conseillée pour participer au stage. Heureusement, mes quelques années de danse me permettent de suivre la cadence (#jemelaraconte !).
Mais voilà qu’en plus, il faut se mettre à crier. Scander des « hey ! » au bon moment. « Seule, je crie plus fort que vous tous », lance Maeva, pleine d’énergie. Et c’est vrai. L’après-midi passe très vite. Nous apprenons une dizaine de pas.
Le bilan : beaucoup de plaisir, des courbatures et surtout, l’envie de recommencer.

Testé par Nathalie Picard

> En savoir plus : Le Pied à l’oreille (lepiedaloreille.wixsite.com/danse-africaine) organise de nouveaux ateliers danse parent-enfant et maman-bébé. Samedi 15 décembre à la salle du Petit Morier (81 boulevard Jean-Royer) à Tours. Résa obligatoire : lepiedaloreille@gmail.com. 

> D’autres assos proposent de découvrir danses et percussions africaines sur Tours et environs : Choréa Corps à Saint-Pierre-des-Corps, Courteline et Anoukowadé à Tours, L’Aubrière à Fondettes, Tous ensemble 37 à Joué-lès-Tours…

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Le Kirikou de trop ?

Troisième volet des histoires du garçon africain petit mais très intelligent. Celui de trop ?

Les meilleurs contes pour enfants ont souvent le don de plaire aux parents. Assis dans le lit, ils se prennent au jeu. Mais, pour qu’ils puissent la raconter, l’histoire doit aussi leur parler. Quand le premier film de Michel Ocelot est sorti en 1998, le succès a été immédiat. Kirikou est devenu rapidement le dessin animé que les parents prenaient plaisir à montrer. Comme dans Kirikou et les bêtes sauvages (2005), le film d’animation est divisé en quatre histoires. Même principe : c’est son grand-père qui raconte ses aventures en direct de cave bleue. On retrouve notre héros Kirikou avec sa bonne bouille et son QI surdéveloppé, la méchante Karaba qui n’est pas si machiavélique que ça et tous les personnages du petit village africain. Disparition de l’ancien, soirée de contes, rencontre avec un Touareg ou encore journée venteuse, les quatre histoires mettent à chaque fois en avant une problématique très simple. Kirikou est exemplaire pour les enfants qui peuvent le prendre comme modèle sans aucun problème.

Sauf qu’au bout du deuxième récit, pour les plus de 10 ans, c’est l’envie d’arrêter qui prend vite le dessus. Kirikou est toujours aussi sympathique. Les morales restent intelligentes. Seulement, le film d’animation ne s’adresse plus qu’aux enfants. La fraîcheur des précédents films se transforme tout d’un coup en simplicité enfantine, très ennuyeuse pour les plus âgés. Bien sûr, les enfants n’y verront que du feu… quoique ?

Petite nouveauté dans Kirikou et les Hommes et les Femmes : il intègre des images en relief 3D. Résultat, ce qui faisait la particularité de ce dessin animé, un des derniers résistants du tout-numérique, disparaît. Et son originalité avec. Les textures sont lisses, tout se ressemble. Les lieux perdent de leur magie. D’accord, même Disney abandonne l’animation classique, mais ce n’est pas une raison pour Michel Ocelot d’aseptiser à son tour son œuvre. Là encore, c’est peut-être un constat de grande personne. Les enfants, habitués aux films de Pixar et de Dreamworks n’y verront sûrement que du feu… Quoique ?