Pédibus : à pattes sur le chemin de l’école

A Monts, tous les matins, des « pieds malins » marchent vers leur école. Une initiative écologique et conviviale qui remporte un franc succès.

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C’est un bus sans roue ni fenêtre. Il tourne à l’énergie humaine et n’émet pas de particules fines. Pour seul moteur, la motivation d’un groupe de parents et d’enfants. Son nom ? Le pédibus ou carapatte : un ramassage scolaire à pied encadré par des adultes. Ce mercredi-là, Patrick Bélliard et ses deux garçons enfilent leur gilet jaune. Sur le dos, inscrit en lettres noires : « Pieds malins ».

C’est le nom de l’association montoise qui gère les 5 lignes de pédibus. Le papa est responsable de celle des Hautes-Varennes. Dès 8 h 15, les parents déposent leurs enfants rue Charles Baudelaire. Comme Gaëlle, maman de trois petits : « C’est génial ! Pour les enfants, c’est bien plus ludique que de se presser à monter en voiture », lance-t-elle emballée. Une fois les derniers arrivés, le convoi se met en marche avec, ce jour-là, 18 enfants et 4 parents accompagnateurs. Cap vers l’école Joseph Daumain à 800 mètres, soit 10 minutes de marche tranquille et de bavardages.
« Nous, on est des pieds malins ! Marcher, ça nous fait du bien, même si on a un peu de fumée de voiture. On a même le droit de courir lorsqu’on arrive », raconte Maël, 7 ans. Avantages pour les parents : éviter la garderie périscolaire ou les difficultés pour se garer devant l’école. C’est d’ailleurs l’encombrement du parking qui a incité une enseignante, Nelly Vivet, à lancer cette initiative il y a plus de 4 ans.

Aujourd’hui, elle y voit un autre intérêt : « Les enfants à pied sont plus détendus, plus disponibles pour travailler. Cette marche est un sas de décompression, un temps pour discuter et s’aérer. » Envie de créer un pédibus ? Les conseils de Patrick : « Se renseigner sur les initiatives existantes. Le réseau Mille-pattes, dont nous faisons partie, propose des outils utiles, comme un logiciel pour gérer le planning. » Il n’y a plus qu’à se lancer.

Nathalie Picard

Informations : piedsmalins.blogspot.fr ou reseaumillepattes.org ou centre.ademe.fr/carapattes-et-caracycles-en-region-centre

Dernier coup de ciseaux : mon public, ce héros !

Sébastien Azzopardi est le metteur en scène de la pièce Dernier coup de ciseaux, un spectacle participatif. Dans cette comédie policière interactive, un meurtre est commis chaque soir de la tournée et c’est au public de résoudre l’enquête. Un Cluedo grandeur nature.

Pouvez-vous présenter le concept et le thème de Dernier coup de ciseaux ? 
Cela commence comme une comédie quand soudain, la voisine du premier étage se fait assassiner. Les flics débarquent et les  témoins – c’est-à-dire le public – peuvent alors participer. Il y a quatre, cinq ans, j’ai découvert cette pièce à Washington. C’était du jamais vu ! Je me suis dit qu’il fallait rapporter ça en France. Les producteurs ont peur de l’originalité, pas les spectateurs !
Vous avez fait cela parce que vous aviez besoin de dépoussiérer le théâtre ?
Non, pas vraiment. Un projet original est un « plus ». Il faut convaincre tout le monde de nous suivre. Aux États-Unis, je ne savais pas ce que j’allais voir avec cette pièce, mais autour de moi, c’était dingue. Donc non, ce n’est pas dépoussiérer, même si le théâtre a 2 000 ans. Il est perpétuellement en mouvement, mais il y a un besoin de création : c’est un art vivant. Et là, le spectacle n’est jamais le même.
Comment avez-vous travaillé pour mettre en scène cette pièce ? 
C’est plus compliqué, car nous n’avons pas de repères de travail. On bosse avec plein d’inconnues et beaucoup sur les personnages, les moindres recoins de l’histoire. Il faut réagir quoiqu’il arrive ! Ça nous arrive d’avoir des gens qui se focalisent sur des petits trucs passés inaperçu. Donc on doit être prêt dans n’importe quelle situation.
Ce doit être très difficile…
C’est dur, mais dingue. C’est jouissif. On devient les spectateurs des spectateurs. Et le public est à l’aise, car on ne force personne : on ne donne la parole qu’à ceux qui veulent.
C’est un succès monstre aux États-Unis… On sait que les Américains aiment ce côté « entertainment », divertissant. Est-ce la même chose en France ?
La réaction est la même, il n’y a pas de différences. C’est le seul spectacle participatif comme ça. En France, ça marche, car on permet aux spectateurs de jouer les Hercule Poirot et faire ce qu’ils veulent.
Peut-on dire que c’est du 100 % improvisation  ? 
Mmh, non… Il y a une moitié de spectacle avec la participation du public, environ une heure. C’est une pièce « normale », où il y a plusieurs fins, donc c’est particulier. Mais il y a un bon quart d’heure évolutif et trois quarts d’heure identique chaque soir. Après, on est préparé, on connaît l’enquête mais on fait face à l’imprévu.
La pièce a l’air assez déjantée aussi…
Ah oui ! C’est aussi une comédie, ça chauffe le public déjà avant et ça décoince. Il y a un équilibre entre la comédie et l’intrigue policière.
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En tant qu’acteur, comment peut-on voir cette aventure somme toutes assez unique ? 
C’est juste fou. On n’aura plus jamais cette occasion, alors on en profite. On le vit comme une aventure humaine. C’est incroyable.
En fait, dans votre cas, il est impossible de se lasser de jouer cette pièce…
Je ne sais pas, il faudrait demander aux acteurs. En tout cas, depuis plus d’un an que je vis ça, je ne suis pas du tout lassé. C’est un spectacle magique et on a envie de rester dans cette magie…
La tournée marche donc plutôt bien ?
Très bien. Au départ, les directeurs de théâtre hésitaient un peu, car c’est difficile de nous classer. Notre deuxième tournée a pu convaincre. Certains ont pris le risque de nous faire venir, d’autres restent frileux… C’est comme au début, quand on me disait : « Ça fonctionne aux États-Unis, mais ça ne marchera pas à Paris »… Eh bien, c’est un triomphe partout.
Propos recueillis par Aurélien Germain 
Vendredi 14 mars, à 20 h, à l’Espace Malraux de Joué-les-Tours. Tarif : 39 €. Places disponibles dans les points de vente habituels et sur www.az-prod.com

Déjantée, cette pièce interactive ? (Photo Antoine Muller)
Déjantée, cette pièce interactive ? (Photo Antoine Muller)