Yann Robin alias Cursorr : des pouces en or

Yann Robin n’est pas qu’un simple ado fan de jeux vidéos. Derrière sa fine carrure se cache un joueur redoutable : Cursorr, un des meilleurs gamers de France, la recrue de l’équipe eSport du Tours FC.

Image32GAMER PRO

Originaire de Lyon, le lycéen de 17 ans est un grand fan de jeux de football sur PlayStation. Presque tous les FIFA sont passés entre ses mains. « Au début je jouais avec des potes pour rigoler. Et puis il y a 2 ans, j’ai fais mon premier tournoi. » Surement une des meilleures idées qu’il ait eues. En octobre 2017, Cursorr a participé au Games Tours Festival et est arrivé parmi les 3 vainqueurs. À la clef, un contrat pro d’un an dans l’équipe eSport du Tours FC. Pas une première pour Yann qui avait déjà participé au championnat pro sur console pour le club de Guingamp. En avant !

PASSION FOOT

Cursorr pose sa manette et enfile ses crampons pour redevenir Yann. Depuis l’âge de 4 ans, il court (réellement) derrière le ballon. « En ligne je peux remettre la faute sur moi si je me plante. Sur le terrain c’est différent, il faut compter sur les autres. »

GAGNER AU MENTAL

Pas d’étirement des pouces ou des poignets. « Les matchs se gagnent au mental. » La concentration est la clef de la victoire. Mais pas que : « quand le jeu sort, j’y passe 35 heures par semaine, pour apprendre toutes les techniques. Après c’est de l’ordre de 15 heures. » Un vrai boulot à temps plein. Pas le temps de niaiser !

TOUT ÇA GRATIS

Le gamer n’est pas rémunéré par le Tours FC pour ses matchs. Mais il se fait peu à peu un nom dans le milieu et gagne en expérience. Il est devenu un petit génie des boutons : plusieurs finales nationales gagnées et une participation aux championnats du monde. Suuuu !

PRIORITÉ AUX ÉTUDES

Yann garde toutefois les pieds sur terre. Même avec ses entraînements quotidiens, il sait jongler entre travail et jeu et trouve le temps pour ses cours au lycée. Un bac S à passer à la fin de l’année et une place en fac de sport à décrocher, ça ne se fera pas en combinant carré croix.
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CARTON JAUNE

L’esport, c’est pas un sport de branquignoles. Pas de triche, pas de faute attribuée à un défenseur de son équipe alors que c’est un adversaire qui a touché le ballon. Les tournois se font, certes, posé dans son canap’ en chaussettes devant son écran LED super HD 4K, mais pas sans arbitrage. « On va sur un site qui nous donne l’ordre du tournoi et l’identifiant de notre adversaire. On se met d’accord entre nous, on joue le match et à la fin, on prend une capture d’écran du résultat pour l’envoyer. »

VIRTU-RÉEL

PSG, OL, Monaco… Les grands clubs de Ligue 1 ont presque tous leur équipe eSport. Et si le Tours FC (dernier de Ligue 2 pour rappel) passait en club amateur ? Il perdrait sûrement son statut pro sur FIFA aussi. Mauvaise passe pour le club. Décidément, quand ça veut pas …

 Par Malvina Raud, étudiante à l’EPJT.

La Touraine tient le bon goût

L’inventaire du patrimoine culinaire de la région Centre, un sacré argument pour montrer que Tours est bien placé pour devenir Cité de la gastronomie française.

La gastronomie tourangelle à l'honneur

L’inventaire du patrimoine culinaire de la région Centre, un sacré argument pour montrer que Tours est bien placé pour devenir Cité de la gastronomie française.

Sur sa couverture, une image désuète de fromages et d’un verre de vin sur fond de Loire. À l’intérieur, il n’y a pas de photo. Surtout, il ne faut pas s’arrêter à cette mise en page sévère. Cet inventaire du patrimoine culinaire est un ouvrage très important pour la région Centre et pour Tours, candidate pour la Cité de la gastronomie française.

Ce travail de Titan a mobilisé plusieurs universitaires sur le terrain et dans les archives locales. Plus de 110 produits de la région Centre ont été répertoriés. « Ils ont été choisis selon des critères stricts, précise Loïc Bienassis, le coordinateur du projet et membre de l’Institut européen d’histoire et des cultures de l’alimentation (IEHCA). D’accord, ce sont des chercheurs qui ont écrit ce livre, mais nous parlons de gastronomie, un patrimoine vivant. Impossible, par exemple, de parler d’une spécialité qui n’est plus commercialisée depuis au moins 50 ans. » Rillons, rillettes, pruneaux, huile de noix, sucres d’orges : la Touraine est à l’honneur. Le panorama est saisissant vu la quantité de spécialités. Bon point pour la Touraine, souvent taxée de ne pas posséder de produits locaux, c’est surtout un argument supplémentaire pour mettre en valeur la gastronomie française. (Voir ci-contre Pourquoi ce sujet ?).

« Plus on parlera de la gastronomie tourangelle, plus elle existera. »

Afin de comprendre l’importance de cet ouvrage, sorti en mars dernier, il faut remonter à la fin des années 1980. Jack Lang, alors ministre de la Culture, crée le Centre National des Arts culinaires (CNAC) en 1989. Son but : faire l’inventaire de tout le patrimoine gastronomique de la France. Pour piloter cette mission, cette nouvelle institution mandate deux historiens, Philip et Mary Hyman, l’ethnologue Laurence Berard et le spécialiste d’agronomie, Jean Froc, aujourd’hui décédé. Pendant presque dix ans, ces chercheurs vont réaliser tout une série d’ouvrages dans les régions françaises. Finalement, en 1998, suite à plusieurs critiques concernant le coût de ses travaux, le CNAC ferme. Au moment de sa dissolution, il restait trois régions sans inventaire : l’Auvergne, l’île de la Réunion et la région Centre.

En 2001, le ministère de l’éducation nationale décide d’ouvrir l’IEHCA à Tours. Cet organisme, unique en son genre, est aujourd’hui le plus actif en France pour valoriser la gastronomie française. En 2010, l’IEHCA se bat pour l’inscription au patrimoine immatériel de l’Unesco du repas français qui sera finalement accepté. La même année, l’idée de relancer l’inventaire est lancée.

L’engagement de l’Unesco implique de grandes responsabilités. L’une d’elle, imposée à l’État français : créer une cité de la gastronomie. En 2011, le concours est lancé. Six villes françaises postulent : Beaune, Rungis, Versailles, Lyon, Dijon et bien sûr, Tours. L’inventaire de la région Centre, lui, sort en mars 2012, à quelques mois des premières auditions des villes qui entendent devenir cité gastronomique.

« Il faut savoir parler du savoir-faire, des produits, des spécialités, de l’histoire de notre gastronomie, explique Loïc Bienassis. En revanche, il y a aussi le faire-savoir. C’est une expression déjà toute faite mais qui résume bien l’enjeu. De nombreux volumes, des autres régions, prennent aujourd’hui la poussière. L’inventaire du Centre, lui, nous le soutiendrons. »

C’est un point de départ. Pour Loïc Bienassis, « le patrimoine est une fabrication. Comme une réputation, cela se construit. C’est d’autant plus vrai quand on parle de gastronomie. Plus on parlera de Tours, plus la gastronomie Tourangelle existera. Le patrimoine, et la gastronomie locale, n’a de valeur que celle donnée par les Tourangeaux et les Français. » Cet inventaire fait partie des armes de communication pour dire : oui il existe bien une gastronomie locale. Oui, elle est vivante. « Dans ce domaine, il ne faut pas diaboliser la communication. Elle est essentielle. Sans elle, les politiques ne s’occuperaient pas de cette question et les habitants de la région centre encore moins. »