#WTF 1 : homme-chèvre et voleur sympa

Bienvenue dans notre nouvelle rubrique. Ici, on vous prouve par A+B que le monde est complètement fou et wtf. Voilà nos histoires insolites.

PAUSE_WTF

Thomas Thwaites finit de rédiger son livre, L’homme chèvre : en congé de l’humanité. Cet été, ce graphiste londonien, déprimé par sa vie stressante, s’était fait poser des prothèses aux jambes et aux bras, et avait vécu une semaine parmi ses copines les chèvres, sans dire un mot. Les fans de Monsieur Seguin pourront dévorer son bouquin en avril 2016.

— Hidekichi Miyazaki est champion du monde : il a couru son 100 m en 42 sec. 22. Petit détail : monsieur a 105 ans.

— À La Rochelle, un boulanger s’est fait voler sa camionnette pendant une livraison. Par chance, le véhicule lui a été rendu le lendemain, devant sa porte. À l’intérieur, 20 € « pour rembourser l’essence », d’après le mot d’excuse sur la banquette.

— Le rappeur-fumeur Snoop Dogg s’est lancé dans un projet d’encyclopédie. Rassure-toi Diderot : la plateforme en ligne créée par la star du hip-hop s’appelle merryjane.com et n’est qu’une encyclopédie sur le cannabis. Snoop l’a dit lui-même : l’herbe, il l’apprécie « pour des raisons médicales ». — Un Américain voulait se débarrasser de ses chiens en les tuant avec un pistolet. Mais l’un d’eux a donné un coup de patte sur la détente, tirant ainsi une balle dans le bras de l’homme. Ce dernier a été poursuivi pour acte de cruauté animale.

Allez, pour la peine :

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=molXSnaiGrA[/youtube]

Reportage : à bord de l’Hermione

Alors que L’Hermione s’apprête à prendre le large pour rejoindre les États-Unis, tmv est allé à la rencontre de ceux qui vibrent au rythme de ce navire d’exception.

Photo de Patrick Lavaud
Photo de Patrick Lavaud

Belle, majestueuse, royale… La dame en question est une célèbre frégate du XVIIIe siècle. Dans le bassin des Chalutiers, on ne voit qu’elle. La fierté rochefortaise dont tout le monde parle : L’Hermione. Depuis le 22 février, le trois mâts a jeté l’ancre à La Rochelle (1). Dernière ville où le navire fait escale avant sa grande traversée jusqu’aux Amériques.

Mais avant de mettre le cap sur les États-Unis, l’heure est aux derniers préparatifs. À bord, pas le temps de chômer. Avant le départ, il faut encore s’occuper des mâts de perroquets, des vergues, des cordages, de l’installation des voiles… Les bénévoles et les membres de l’équipage sont donc sur le pied de guerre, même si tous ne sont pas présents. « Les bénévoles ne peuvent pas tous arrêter leur activité professionnelle pendant plusieurs mois. C’est essentiellement les marins professionnels qui sont là. Les gabiers se relaient pour leur prêter main forte » explique Marine Villartay, de l’Association L’Hermione- La Fayette. Elle est là, la magie de ce voyage. La grande majorité de l’équipage est loin d’être expérimentée. Alors qu’au XVIIIe siècle, l’équipage de L’Hermione se composait de 196 hommes, la version XXIe siècle a été réduite à 78 personnes à bord avec seulement 17 marins professionnels.
Les gabiers, les jeunes recrues volontaires — un tiers de femmes, moyenne d’âge 27 ans — composent la majorité des troupes. C’est sur eux que repose la réalisation des manœuvres manuelles. Eux que l’on voit grimper là-haut sur les gréements tels des acrobates sous les regards émerveillés et le crépitement des flashs rochelais. « On est habitués. La difficulté, c’est de constamment faire attention avec le matériel, les cordages… C’est un bon exercice car en navigation c’est pareil, il faut toujours être vigilant », assure Nicolas Chambon, 26 ans, gabier volontaire. Cet étudiant en gestion à La Rochelle, fait partie des 160 gabiers élus pour la traversée – en mer ils ne seront que 54 pour permettre un roulement au cours des différentes escales (cf. carte). Un rêve de gosse devenu réalité pour ce jeune Rochefortais. « J’ai suivi la construction du bateau depuis tout petit. Tous les ans, c’était la sortie familiale. Nous allions visiter le chantier. » Alors, quand il a appris le recrutement de volontaires, le jeune homme n’a pas hésité une seule seconde avant de postuler, conscient de pouvoir vivre « une aventure unique dans sa vie ». Il a mis ses études en stand by pour profiter du voyage. Et aujourd’hui, il se retrouve à grimper de nombreuses fois par jour à plusieurs mètres de hauteur.

Des efforts intenses qui nécessitent d’être en forme. « C’est sûr, c’est très physique. Au début, le plus dur pour moi, c’était de monter sur les gambes de revers, maintenant ça va », sourit Mélanie Le Floch, les cordages plein les bras. À 25 ans, ce gabier volontaire n’en revient toujours pas d’avoir été sélectionnée parmi les 800 candidatures. « Je ne suis pas une voileuse. Je ne pensais pas avoir ma chance. C’est ça qui est bien ici. C’est que contrairement à d’autres équipages, où les gens sont mutés, nous on a tous choisi d’être là. »

lexiqueJustement pourquoi est-elle là ? « Pour le côté historique. J’avais visité le bateau en août 2013 et au cours de la visite, j’ai appris que l’association cherchait des volontaires. » La jeune femme a pris sa plus belle plume pour écrire sa lettre de motivation et préparer son CV. Bingo ! Candidature retenue. Si Mélanie a été recrutée comme ses camarades, c’est parce qu’elle a réussi l’épreuve test : monter dans la mâture sans avoir le vertige. Mais au final, le test de vérité, c’était lors des essais en mer. « Comme beaucoup, j’ai été assez malade. Je n’avais jamais navigué avant. C’est un rythme à prendre. »
Yves Henry, 61 ans, bénévole, ajoute : « C’est pas le Club Med, c’est une discipline quasi militaire, car en mer y’a pas le droit à l’erreur. » Lui, qui fait partie des premiers bénévoles chantier, ne participera pas à la traversée. « Je suis trop vieux maintenant pour un tel voyage », dit -il. Mais qu’importe. Pour lui, l’essentiel est d’avoir participé « à ce projet fou ». À bord, c’est un rythme à prendre notamment pour l’organisme. En mer, les gabiers sont divisés en tiers : bâbord, tribord, milieu. Chaque tiers, partage le même rythme de vie. Les gabiers travaillent 4 h, se reposent 8 h, mangent et reprennent 4 h ainsi de suite. « Du coup, j’ai l’impression de ne faire que manger », plaisante, Mélanie. Question intimité, faudra repasser. Ils sont dix-huit par chambres filles et garçons confondus. Hamacs et bannettes superposés font office de lit.
Et pendant le temps libre, on s’occupe comme on peut. « On fait du yoga, pour se détendre, on joue aux cartes… », confie Thiphaine Gautier, 28 ans, gabier volontaire. Ça change des réseaux sociaux. Mais tous l’assurent : à bord, ils n’ont jamais le temps de s’ennuyer. On les croit sur parole.

 (1) Avant d’être offerte aux yeux des passants, L’Hermione a dû passer plusieurs jours au port de commerce de La Rochelle à la fin janvier, pour y subir des travaux de carénage (inspection de la coque et peinture).

Photo de Patrick Lavaud
Photo de Patrick Lavaud
Photo de Patrick Lavaud
Photo de Patrick Lavaud