Chroniques culture #17

Nouvelle fournée de chroniques culture, avec un jeu vidéo (Thief) ou encore une BD (SuperDupont)… Et ça se lit ici :

CHRONIQUE_JEU
LE DVD

IL ÉTAIT UNE FORÊT
Docu poétique et militant, Il était une forêt avait surpris en novembre. Un botaniste y racontait les forêts tropicales, avec des images merveilleusement filmées par Luc Jacquet (loin d’être manchot avec son précédent La Marche de l’empereur). Cette virtuosité, tant visuelle que sonore, devrait être mise encore plus en valeur avec cette édition Blu-ray en CinémaScope, dotée d’un son HD. En bonus du coffret, pas grand-chose si ce n’est un DVD sur les coulisses… Sortie le 12 mars
LA BD
SUPERDUPONT « IN VINO VERITAS »
Longtemps absent, notre super-héros national, créé par le regretté Jacques Lob, revient. Cette série culte de Fluide Glacial démarre avec une histoire longue scénarisée par Gotlib et Lefred-Thouron et dessinée par Solé. Ajoutons quatre courtes histoires et quatorze gags inédits, des surprises… Bref, retour copieux pour ce combattant inlassable de l’Anti-France qui nous décroche toujours autant les zygomatiques. Un peu d’humour et de potacherie font toujours autant de bien. Du bonheur ! Hervé Bourit
LE JEU VIDÉO
THIEF
Près de quinze ans après ses premiers pas, Garrett, maître voleur et justicier, reprend du service sur consoles et PC. Dopé à l’action, ce Thief est un mélange d’infiltration, d’exploration et d’énigmes. Équipé d’un arc, vous allez écumer les rues crasseuses d’une ville tombée sous le joug du baron Northcrest et vous introduire dans le manoir du tyran pour subtiliser une pierre précieuse. Plus facile à dire qu’à faire ! Pegi + 18 ans, PC, PS3, PS4, Xbox 360, Xbox One, de 50 à 70 €.
L. Soon
À LA TV
THE PLACE BEYOND THE PINES
Il y a des films, comme ça, qui vous retournent le cerveau, l’estomac… Thriller à tiroirs, avec trois histoires en une (un motard, découvrant l’existence de son fils, se met aux braquages pour subvenir à ses besoins, mais croise un flic ambitieux…), The Place beyond the pines est tout simplement bouleversant. Casting en or (Ryan Gosling et Bradley Cooper dans leurs meilleurs rôles), réaliste, poignant, palpitant : tout simplement beau.
Samedi 15 mars, sur Canal + à 20 h 55

Il était une forêt : fable écolo touffue

Il était une forêt, un documentaire dans lequel un botaniste nous raconte les forêts tropicales. Un film patrimonial poétique, militant et surprenant.

CINE CHOIX 1
Faire d’un arbre le héros d’un film, le pari était osé. Mais c’était compter sans le grand talent du réalisateur de La Marche de l’empereur, loin d’être un manchot dans le domaine du documentaire. Dans Il était une forêt, Luc Jacquet embarque le spectateur dans les forêts tropicales, où il imprime sur pellicule l’épanouissement des arbres géants, leurs liens avec les plantes, les animaux, les insectes…
Il était une forêt est une réussite de bout en bout, alors que le pari technique était quasi impossible : comment être intéressant en filmant une forêt — immobile — alors que le cinéma est l’art du mouvement ? Comment réaliser pareil documentaire sur les arbres — verticaux — alors que l’image cinématographique est par définition horizontale ? Pour tout cela, le réalisateur s’est mis au service de Francis Hallé, botaniste spécialisé dans l’étude des forêts tropicales.
Jamais moralisateur
En immersion dans cet univers très vert, les deux écolos ont souhaité le faire partager au public, les forêts étant vouées à la disparition si l’Homme continue ses ravages. Car loin de n’être qu’un simple documentaire, Il était une forêt est aussi un film militant. Il suffit de voir cette triste scène d’arbres décapités, où le commentaire souligne à quel point l’être humain peut détruire en quelques minutes ce que la nature a mis des siècles à construire.
Mais jamais moralisateur, le discours se distille habilement dans certains plans, laissant au spectateur un message écolo, loin d’être pompeux. Le seul petit regret concerne une utilisation parfois abusive des images de synthèse, brisant un peu la beauté visuelle de l’ensemble, même si on comprend bien que ce procédé était obligatoire pour retracer sept siècles de croissance des arbres, des racines à la cime.
Son impressionnant
Pour le reste, filmé au Pérou ou encore au Gabon, le documentaire présente des images époustouflantes, magiques (cette séquence sous la pluie, splendide). Certains gros plans sont stupéfiants. Le tout, magnifié par un impressionnant travail sur le son (craquement des troncs, animaux qui mâchouillent des feuilles…), une jolie musique et narrration par la voix de Michel Papineschi, voix française de Robin Williams.
Avec des vues aériennes ou des plongées dans les tréfonds de la forêt, Luc Jacquet filme avec soin et une parfaite maîtrise cette vie invisible, sauvage, touchante, du microscopique au macroscopique. Ici, les arbres sont géants, il y a des « méchants » (parasites, insectes destructeurs) et des gentils (les fourmis), et des animaux somptueux (grenouille bleue et papillons multicolores), faisant d’Il était une forêt un véritable conte, comme son nom l’indique. Une très belle surprise.
Note : 3 étoiles (TOPissime)
Fiche technique – Il était une forêt. Documentaire de Luc Jacquet. France. Durée : 1 h 18. Scénario : Luc Jacquet, d’après une idée originale de Francis Hallé. Distributeur : The Walt Disney Company.