Emmaüs : agir pour les autres

Ouvert à tous trois jours par semaine, le point de vente d’Emmaüs à Tours-Nord, ne désemplit pas cet hiver. Responsable de l’équipe de bénévoles, Hervé Vétillard en présente l’esprit associatif, le fonctionnement et les vertus. #EPJTMV

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SEPT ADRESSES EN TOURAINE

Sept lieux de vente Emmaüs sont ouverts en Touraine dans les villes d’Amboise, d’Auzoueren- Touraine, de Chinon, d’Esvres-sur-Indre, de Joué-lès-Tours, de Saint-Pierredes- Corps et à Tours-Nord. Créée en 1954 sous l’égide de l’abbé Pierre, l’association Emmaüs est à l’origine d’un mouvement qui se décompose aujourd’hui en plusieurs branches (International, Solidarité, SOS Familles…) et intervient dans une quarantaine de pays. À l’échelle nationale, Emmaüs France rassemble plus de 18 000 personnes et fédérait 284 groupes au dernier recensement.

CINQUANTE-ET-UN BÉNÉVOLES À TOURS-NORD

Le point de vente Emmaüs de Tours-Nord, situé au 14 rue de Belgique, s’étale sur plus de 2 000 mètres carrés. L’équipe compte 51 bénévoles, dont une vingtaine présents à chaque ouverture pour s’occuper de l’administration et des différents stands. Le lieu ouvre ses portes seulement trois jours par semaine : les mardis et jeudis de 14 h à 17 h 30 et le samedi de 10 h à 12 h et de 14 h à 17 h 30. Et, au regard de la fréquentation constatée sur place, on veut bien croire Hervé Vétillard lorsqu’il confie que le site « cartonne ».
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« SAUVER LES PLUS DÉMUNIS »

Image23« Notre rôle est de transformer les dons et ventes d’objets en argent pour sauver les plus démunis, résume Hervé Vétillard. On poursuit l’idée de l’Abbé Pierre. » L’argent ainsi récolté est redistribué à de nombreuses associations partenaires (comme « 100 pour 1 Hébergement » ou Le Relais) qui s’occupent de loger des personnes en difficulté, aident à monter des microcrédits ou se portent caution pour des achats… Mais tout l’argent n’est pas redistribué, « il faut également payer les compagnons », c’est à dire près de 5 000 personnes.

DES « COMPAGNONS » ?

Sous le nom de « compagnons » sont désignés les femmes et les hommes « en difficulté » qui sont accueillis par les communautés Emmaüs. Les compagnons travaillent au sein de l’association, à la collecte de produits ou à la distribution, et peuvent en contrepartie être logés et blanchis. Ceux d’Esvres-sur-Indre s’occupent par exemple des camions chargés d’objets qui font la navette entre les différents Emmaüs de Touraine. Tout le monde peut cependant devenir bénévole et les rejoindre. L’association, « complètement autonome », ne reçoit pas de subvention.

BRIC-À-BRAC

« On croule sous les dons », confie l’équipe de Tours- Nord. Qui veut donner donne, les refus sont rares. La Touraine n’a pas (encore) les mêmes problèmes que Paris, où les dépôts sont « de plus en plus sélectifs car les personnes confondent Emmaüs avec la déchetterie ». Aucun contrôle de stock n’est fait. Habits, livres, meubles : les allées regorgent de produits. Quant aux prix fixés par l’association, « on part du principe que c’est le tiers du prix initial ». Exemple : un jouet coûtant dix euros dans un magasin sera vendu trois euros.

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FAIRE BOUGER LES LIGNES

Fondé sur le volontariat et le souhait d’aider les plus démunis, l’esprit Emmaüs anime les bénévoles de Tours- Nord. Hervé Vétillard a commencé à démarcher des écoles pour organiser des visites. « Aujourd’hui, il y a un paradoxe entre les problèmes économiques et la surconsommation. C’est un sujet de société important, surtout quand on voit que des enfants n’apprécient pas ce qu’ils ont… alors qu’ils ont beaucoup. Il faut qu’ils voient ça. » Comme disait l’abbé Pierre : « La première règle avant d’agir consiste à se mettre à la place de l’autre. »

« SI J’ÉTAIS RESTÉ DANS MON CANAPÉ… » Image18

Plusieurs bénévoles de Tours-Nord sont aujourd’hui en centres d’accueil. Certains n’ont aucun papier. D’autres dorment dehors le soir. Franchir les portes d’Emmaüs, c’est aussi ouvrir les yeux sur un monde que beaucoup refusent de regarder. « Il y a un vrai problème de logement. Il y a des gens qui n’ont rien, qui appellent le 115 tous les soirs… Je ne l’aurais pas vu si j’étais resté dans mon canapé. » Hervé Vétillard veut mobiliser les élus pour que les travailleurs d’Emmaüs soient reconnus et bénéficient de plus d’avantages dans la société.

TEXTES Daryl Ramadier ; PHOTOS Alizée Touami

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Harcèlement scolaire : l’action de quatre lycéennes tourangelles

Elles sont quatre et sont lycéennes à Tours. Et veulent faire bouger les choses… Ensemble, elles agissent contre le harcèlement à l’école.

Harcèlement scolaire
Elles ont entre 17 et 18 ans et veulent faire bouger les choses à leur manière. À leur modeste niveau. En ligne de mire de ces quatre lycéennes tourangelles ? Le harcèlement scolaire. Leur leitmotiv ? « Agir sur les jeunes, ce sont les acteurs de demain », comme le souligne Vanéra.
Le 24 avril, Camille, Adèle, Alison et elle iront au dans un collège de Tours (1), rencontrer trois classes de 6e pour un jeu afin de sensibiliser et faire réfléchir sur le harcèlement physique et moral. Un sujet qui les touche.

Placées sous la responsabilité des personnels de l’Éducation Nationale, elles planchent alors sur le sujet et ont l’idée qui fait mouche. Un grand jeu de l’oie, avec questions, défis, images et QCM : comment réagir si un camarade pousse un autre, que faire quand un élève se fait taper pendant que les autres regardent… ? « On souhaite apporter une réflexion, tout en restant ludique », sourit Vanéra. « On a tous et toutes eu des intervenants à l’école, mais… Je pense que ça ne sert pas à grand chose de parler autant. Il n’y a pas vraiment d’action. » Stop le blabla, elles veulent agir et faire réagir. Une initiative qui ne peut être que bénéfique : « Si des jeunes voient d’autres jeunes en parler, ça peut davantage les toucher. Ils peuvent se dire : “ ça pourrait être nos grandes soeurs. ” On espère que ça aura plus d’impact », analyse Vanéra.
D’autant que le harcèlement à l’école a les conséquences qu’on lui connaît : « Dépression, échec scolaire, et le risque de reproduire ce genre de comportements… ». Vanéra, Adèle, Camille et Alison souhaitent aussi que leur projet donne des idées à d’autres : « On aimerait sensibiliser les lycéens pour qu’ils perpétuent notre action. » Vanéra en est bien consciente : « On agit, mais c’est une petite goutte d’eau. Il faudrait que tout le monde se bouge. »

 (1) L’établissement concerné n’a pas souhaité être cité.