Garde d’enfants à Tours : le casse-tête ?

Qui n’a pas tenté de trouver quelqu’un pour garder son jeune enfant ne connaît pas les défis que nous réserve la vie. Dans ce secteur en tension, les parents sont parfois aux abois.

17 h, l’heure de la débauche. Ernest a fini sa journée. Il a joué, dormi, mangé, écouté des histoires. À dix-huit mois, un emploi du temps de ministre ! Sa maman Noémie vient le récupérer à Mam’Zelles, une Maison d’assistantes maternelles située avenue Maginot.

Pour elle, la MAM a été une vraie bénédiction : « J’avais trouvé la liste des crèches et des assistantes maternelles auprès du RPE (le Relais Petite Enfance de la mairie de Tours), mais le fichier contient des centaines de noms… Appeler tout le monde, ça prend du temps ! Et la carte interactive que j’avais consultée à l’époque n’était pas toujours à jour pour les places disponibles. »

Son premier enfant ayant déjà connu les joies de la garde par une nounou (une assistante maternelle), Noémie a donc choisi de renouveler l’expérience, avec cette fois-ci une structure collective pour Ernest. « Comme elles sont trois au même endroit, je sais que si l’une d’elles est malade il y aura un relais. »

Julie, Ursula et Camille unissent en effet leurs efforts en louant un espace à la mairie, où elles accueillent chacune quatre enfants. Plus d’espace, plus de possibilité d’activités et une véritable entraide : la formule séduit aussi bien ces professionnelles que les parents ! Ceux de la petite Aya ont aussi choisi cette MAM, car le délai d’attente pour une place en crèche était trop long, et il fallait bien reprendre le travail.

Tours, pas si mal lotie

Pourtant, d’après les chiffres fournis par la municipalité, la Ville de Tours n’est pas mauvaise élève dans l’accueil des plus petits. Entre les 18 structures municipales d’accueil, soit 727 places pour les tout-petits, les 228 places en structures associatives, et les 396 places dans le secteur privé, sans compter les assistantes maternelles présentes à Tours (l’équivalent de 1300 places), Tours affichait un taux de couverture de 73,4 % en 2022 (contre 58,8 % au niveau national).

« Nous avons environ 1500 inscriptions par an pour l’accueil municipal et associatif. La difficulté pour les parents est d’obtenir une place au moment de la fin de leurs congés maternité/paternité. En effet, les places se libèrent en septembre, au moment du départ à l’école des plus grands », explique Cassandre Pasquier (du service communication).

Le calendrier, avec ses commissions d’attribution de place en mars et juin pour la rentrée de septembre, n’est donc pas pour rien dans les soucis de garde d’enfants que rencontrent certaines familles tourangelles. Le manque d’anticipation a aussi inquiété Alexandra et Joseph qui avaient misé sur les crèches municipales pour une question de budget et de proximité.

Mais Alexandra et Joseph s’y sont pris à la naissance de Léa. Or, c’est dès le quatrième mois de grossesse qu’il est recommandé de se préoccuper de la garde du futur nouveau-né pour ne pas louper d’opportunité ! Fort logiquement, dans ce contexte tendu, certains entrepreneurs privés et structures associatives se sont installés, pour proposer de combler le manque.

Le boom du privé ?

Thomas Luce, directeur régional du réseau de crèches privées La Maison Bleue, ne peut que confirmer : « Le secteur est en tension sur tout le territoire. Il manque près de 200 000 places en crèche en France. »

Ces professionnels de la garde d’enfants qui assurent la gestion déléguée de crèches de collectivités, et celle de crèches inter-entreprises, gardent donc un œil sur la Touraine où ils ont déjà 5 établissements (en leur nom propre ou en gestion) : « Tours présente déjà beaucoup d’offres de gardes, entre crèches publiques, associatives et privées ou inter-entreprises. Le secteur privé pourrait se développer encore avec les futurs départs à la retraite d’assistantes maternelles, qui représentent la part majoritaire du mode de garde dans le secteur », précise Thomas Luce. Seul obstacle au développement de nouvelles structures : le marché immobilier, où les biens avec surface suffisante et espace extérieur ne sont pas nombreux. Bilan des opérations : si vous avez un projet bébé, pensez à anticiper !

Texte : Emilie Mendonça / Photos : Freepik

Aux p’tits soins pour les petits lions

Des micro-crèches poussent dans l’agglomération tourangelle. Ces petites structures pour dix enfants maximum proposent un accueil collectif à taille humaine. Récit d’une matinée ordinaire à la micro-crèche Les petits lions, implantée dans le quartier des Deux-Lions.

9 H : La plupart des enfants sont arrivés. Certains font déjà la sieste, quand d’autres s’amusent dans un vaste espace de jeux. Avec ses couleurs vert et bleu pastel et son gentil lion peint sur le mur, la pièce à vivre s’avère très accueillante. Un univers tout douillet, et surtout des jeux partout à disposition des enfants : circuits de voitures, ballons, vaisselle, tapis… « Les temps de jeux libres sont indispensables pour leur autonomie. On laisse les enfants choisir », explique David Lécu, le directeur de la micro-crèche Les petits lions. Visiblement, ce matin-là, les petits élisent la cuisine « the place to be » !

9 H 30 : Jazz et sa maman poussent tranquillement la porte de la crèche. « Elle a tellement bien dormi : jusqu’à 9 h ! », s’emballe la jeune femme tout en déposant les affaires de sa fille dans un casier blanc. Ses chaussures troquées contre des chaussons bien confortables, Jazz rejoint ses petits camarades sans demander son reste. Pour prolonger encore un peu sa nuit, elle s’allonge sur un tapis, l’air rêveur.
Sidney, elle, est bien réveillée. La fillette d’à peine 3 ans communique par les signes. Le doigt sur l’oeil, elle me signifie son envie de regarder les images sur mon appareil photo. Je me prête au jeu et me retrouve subitement entourée de quatre enfants, qui mettent maintenant les doigts… sur l’objectif !

10 H : C’est l’heure de l’activité. « Margot, veux-tu faire de la pâte à modeler ? », demande Marine Foucault, éducatrice spécialisée. Margot, 16 mois, manifeste son enthousiasme : elle accourt en tapant des mains. Avec Imrane et Sydney, elle s’installe à la table. Jazz préfère se reposer. « On incite les enfants à participer aux activités, mais ce n’est pas obligatoire. Notre objectif, c’est qu’ils se sentent bien ici, qu’ils puissent évoluer à leur rythme », précise David Lécu.
La pâte à modeler, c’est l’occasion de manipuler une nouvelle matière et d’apprendre les couleurs. Alors, plutôt boudin ou ver de terre ? Ni l’un, ni l’autre. Le plus rigolo, c’est de taper dessus : on aplatit la pâte au maximum, et surtout on fait du bruit. Mais l’activité touche vite à sa fin. Imrane, lui, aurait aimé continuer : il n’est pas content.Capture

10 H 30 : Les plus jeunes commencent à se réveiller. Comme Tiago, 9 mois, le grand copain d’Imrane. Le deux petits se font de gros câlins. « On note systématiquement les heures de réveil. Un carnet de suivi, avec de nombreuses informations, permet de communiquer avec les parents. Ça leur permet de connaître les phases de sommeil, les changes, les activités… », souligne Pauline Mitault, animatrice petite enfance.
Le change, justement : un passage obligatoire après la sieste. C’est au tour de Tiago : « Quand je change un enfant, je peux prendre mon temps. Alors que dans une grande structure, c’est l’usine : tout doit être vite expédié. Ici, c’est très familial, on peut profiter de chaque enfant, on est plus proche des familles aussi », poursuit la jeune femme. « Voilà jeune homme, tu es tout propre », annonce-t-elle à Tiago. Le petit brun à bouclettes, en body vert kaki et jogging bleu, est un rampeur invétéré.

11 H 30 : Le repas approche. La fatigue des plus grands se fait sentir. Rien de tel qu’une histoire pour calmer les enfants avant le repas. Sidney choisit Chloé l’araignée, mais repart dès les premières phrases. Quant à Camille, elle se met à pleurer… Il est temps de préparer le repas. Tatiana Guyon, animatrice petite enfance, arrive en renfort. Trois personnes pour gérer le déjeuner, ce n’est pas de trop. Ici, ce sont les parents qui amènent les plats de leur enfant. Chacun son menu : boeuf-carottes pour Sydney, purée de potiron et pomme de terre pour Imrane, jambon-pâtes pour Camille…
Un temps calme après le déjeuner, puis tous vont faire une sieste dans deux dortoirs, un pour les petits, un pour les grands. Ce qui permet de gérer l’endormissement au cas par cas. « Certains enfants, comme Camille, ont besoin d’une présence. Nous pouvons répondre à cette demande », affirme le directeur. L’un des nombreux avantages d’un accueil à taille humaine.

Texte et photo : Nathalie Picard

d

>> Nos idées pour les modes alternatifs de gardes d’enfants, c’est par ICI ! <<