Retour sur les Européennes : à Tours, Glucksmann (PS) en tête

Contrairement à de nombreuses villes en Indre-et-Loire (et en France), Tours a placé la liste PS en tête des suffrages. Quelques autres et rares communes se distinguent également. Dans le département, l’abstention est de 46,60 %.

Face au raz-de-marée RN, Tours s’est quelque peu distinguée. En effet, hier aux élections européennes, la Ville a placé Raphaël Glucksmann (PS) devant, avec 19,29 % (8 042 voix). Le candidat a réalisé de bons scores notamment dans les quartiers Febvotte, Velpeau, Michelet et Les Halles.

Juste derrière lui, Raphaël Bardella (RN) arrive en deuxième position avec 17,88 %. Soit à peine 586 voix d’écart entre lui et Glucksmann. Le candidat du Rassemblement national a été particulièrement plébiscité dans les quartiers des Fontaines, Douets et Europe.

Quant à Valérie Hayer, la candidate de la majorité présidentielle, elle arrive troisième avec 15,59 % des voix. C’est du côté de place Rabelais et aux Douets qu’elle a réalisé de bons scores.

Les Verts, eux, n’ont réalisé qu’un 8,89 % dans une ville pourtant emmenée par un maire écologiste. C’est loin derrière LFI, à 14,68 %. Pour le reste, François-Xavier Bellamy (LR) termine à 7,91 %, et Marion Maréchal à 5,24 %.

Quid du reste du département ?

Aux alentours, le RN l’emporte dans de nombreuses communes. A Joué-lès-Tours, Jordan Bardella est arrivé en tête avec 25,71 %, suivi de Valérie Hayer puis Raphaël Glucksmann. Sont également dans le même cas Fondettes, La Riche, Ballan-Miré et Chambray-lès-Tours, tout comme Montlouis-sur-Loire et Monts.

Saint-Cyr-sur-Loire et Saint Avertin font de la résistance et ont placé Valérie Hayer en tête des suffrages.

Idem du côté de Saint-Pierre-des-Corps, où la gauche s’impose, puisque l’insoumise Manon Aubry est arrivée en tête.

En Indre-et-Loire, seules neuf villes n’ont pas placé le Rassemblement national en tête de scrutin. L’abstention, elle, grimpe à 46,6 %.

A.G.

 

Elections européennes : dans l'indifférence

Le scrutin des européennes du 25 mai pourrait battre des records d’abstention. Décryptage avec François Hervouet, professeur de l’université de Poitiers, spécialiste du droit européen.

Faible affluence devant les panneaux électoraux.
Faible affluence devant les panneaux électoraux.

Pourquoi les citoyens ne s’intéressent- ils pas aux élections européennes ?
C’est une banalité, mais la première raison est que ça leur paraît lointain. Les citoyens ne savent pas ce que fait exactement l’Europe. Dans le cadre d’élections nationales, les électeurs ont le sentiment de s’exprimer sur des sujets concrets. Là, 28 peuples s’expriment, chacun sur des sujets nationaux. Ils ne partagent pas d’intérêts communs. Par ailleurs, on peut évoquer la relative nouveauté du scrutin (35 ans, NDLR). Enfin, il existe un désamour général des parlements. Le Parlement européen en est victime.

Les scènes politiques européenne et française sont-elles très différentes ?
Oui. L’Europe, en définitive, c’est l’affaire de sociaux-démocrates et de la démocratie chrétienne. Du centre gauche et du centre droit, pour faire simple. Au Parlement, 90 % de la législation se fait par accord entre ces partis. Ils font la loi au sens propre et au figuré. Ceux qui sont aux extrêmes peuvent avoir l’impression d’une collusion. Le clivage politique au Parlement est moins net qu’à l’Assemblée nationale par exemple.

En France, les institutions européennes sont fréquemment attaquées par les « petits partis »…
Dans une certaine mesure, les institutions servent de bouc émissaire. « C’est la faute de Bruxelles », entend-on. On fait alors plus souvent allusion à la Commission qu’au Parlement, et on mélange ainsi les deux institutions.

Comment intéresser les citoyens à ce scrutin ?
Il n’y aura pas de déclic dans l’immédiat (sourire). À plus long terme, peut-être, grâce à une meilleure connaissance du Parlement et de l’Europe en général, ainsi que les politiques, positives ou négatives, qu’elles mènent dans les États.

Propos recueillis par AnG