Alyah, premier film d’Eli Wijeman

Chronique d’un voyou ordinaire parisien qui ne sait plus comment faire pour s’en sortir.

Alex, ce n’est pas un bavard. Pourtant il en a gros sur le cœur. Il n’a pas de métier, pas vraiment de copine. Son frère, Isaac, lui taxe sans cesse de l’argent. Pour gagner sa vie, il deal du cannabis. Il est juif aussi. Mais c’est à peine s’il va rejoindre sa famille pour les fêtes. Et puis un jour, alors qu’il fait l’effort d’aller à la bar mitzvah de son neveu, il tombe sur son cousin, Nathan. Il revient tout juste d’Israël où il a fait son service militaire et lui apprend qu’il va ouvrir un restaurant là-bas. Alex voit alors un moyen de s’enfuir de cette vie qui l’ennuie.

Le truc, c’est qu’Alex n’a jamais vraiment cru en Israël. Comme il dit, ce pays est aussi déglingué que lui. Mais il va tout faire pour y aller, même passer l’Alyah. Ce rite de passage est indispensable pour immigrer en Israël. Il faut répondre à toutes sortes de questions et prouver que l’on est juif. On a beau suivre les frasques administratives d’Alex, impossible de comprendre pourquoi il fait ça. C’est le jeune acteur Pio Marmaï qui incarne ce héros bizarrement paradoxal et transparent. Le jeune acteur joue tout en nuance, sans trop en faire et toujours juste.

C’est le premier film d’Eli Wijeman qui a été repéré pendant la Quinzaine des réalisateurs à Cannes. Le scénario tient la route. Les acteurs sont vraiment bien dirigés. Seulement, le jeune réalisateur est complètement influencé. Les références à James Gray, le réalisateur américain de Two Lovers deviennent presque agaçantes quand on devient attentif : rythme lent, mélange entre problèmes de familles juives émigrées et polar. Même les personnages d’Alex et de son frère Isaac ressemblent étrangement à Léo Handler (Mark Wahlberg) et Willie Gutierrez (Joaquim Phoenix) dans The Yards sorti au début des années 2000. Si le jeune réalisateur français peut être soupçonné d’imiter sans égaler son maître américain, on peut aussi le féliciter d’avoir d’aussi bonnes influences. Allez, ce n’est qu’un premier long-métrage. Il laisse entrevoir un certain talent d’Eli Wijeman. Reste à prouver qu’il peut faire un film plus personnel.