Festival metal MFest : à poil les clichés !

Tmv adore les métalleux et le metal… Mais on a joué les gros lourds en posant plein de questions hyper cliché à Quentin Rusterholtz, chargé de prod’ du festival MFest. Flûte, il est resté zen, on n’a même pas réussi à le faire craquer…

L'an dernier, au MFest (Photo RMS Event)
L’an dernier, au MFest (Photo RMS Event)

Aïe, les méchants sataniques envahissent de nouveau Rouziers. Les habitants doivent en avoir marre, non ?
Tous les gens qu’on a rencontrés sont ravis, ouverts d’esprit, curieux et gentils. On fait notre truc sans déranger personne. Comme une grande messe noire secrète (rires). La communauté de communes n’a eu aucun a priori non plus, et on a le soutien de la Fraca-ma. Ils nous ont dit qu’on faisait de la culture et qui plus est, à la campagne.

Avec un public dangereux comme ça, il doit y en avoir des problèmes…
Le seul problème qu’on a eu en 5 ans, c’est quelqu’un qui s’est mis dans le fossé, alors qu’il roulait au pas sur le parking ! Le public métalleux est hyper bien élevé…

Pittbulls in the nursery, Anaal Nathrakh, Verbal Razors…
Quels sont les plus poètes de l’affiche ? (Rires) Anaal Nathrakh, car ils s’inspirent de l’écrivain Lovecraft et parlent de la société. Hatesphere, c’est davantage une ode à la bière ! Sinon, Orphaned Land (groupe israélien qui milite pour la paix israélo-palestinienne et a été nominé pour le Prix Nobel de la paix, NDLR).

Autant de bière pour un festival… Vous êtes alcooliques ou dépressifs ?
La bière est la réponse à tout : tu loupes un exam’, tu en bois une ; tu le réussis, tu en bois une. Non, franchement, on n’écoule pas tant de fûts que ça au MFest. On ne croirait pas, hein ? Le metal, c’est que du bruit ? La musique, ce n’est que du bruit. Le metal n’est pas une musicalité très accessible. Il faut aimer l’énergie, la violence. Un non-métalleux aura du mal. Cela requiert de l’attention. C’est un bruit scientifique.

De toute façon, au Mfest, il n’y a que des mecs bande de machos !
Il y a autant de filles que de mecs ! Il n’y a que dans le metal que les nanas vont clasher les garçons dans la fosse. Elles assument à fond leur look. C’est macho en apparence, mais personne n’embête les filles. Et puis, les métalleux sont des lovers ! Ce sont de vrais canards en couple.

Il y aura un « marché » au Mfest. Bah alors, on est fans de shopping ?
Carrément ! Le metal vit beaucoup grâce aux produits dérivés. Il y a des collectionneurs, des fashionistas ! On a beau avoir 50 tee-shirts noirs de groupe… on continue d’en acheter !

Non, désolé, cette année, Kendji Girac n'est pas à l'affiche...
Non, désolé, cette année, Kendji Girac n’est pas à l’affiche…

>>EN BREF

C’EST QUAND ?
La 5e édition du Mfest se tiendra les 4 et 5 septembre, à l’Espace culturel des 4 Vents, à Rouziers- de-Touraine.
Vendredi, ouverture des portes à 17 h, et le samedi, à 13 h 30. Tarifs : pass 2 jours 35 € (préventes) ou 40 € (sur place). Sinon, 25 € la journée (préventes) ou 28-30 € sur place. Le parking et le camping sont gratuits.
> Plus d’infos sur festival-mfest.com ou encore mieux, sur l’événement sur Facebook (HOP, on clique ICI !)


CÔTÉ AFFICHE

Quatorze formations, qu’elles soient internationales, hexagonales ou locales. De quoi se nettoyer les oreilles, avec : Fleshgod Apocalypse, Orphaned Land, Melechesh, Hatesphere, Pittbulls in the nursery, Adrana, AO, Anaal Nathrakh, Pleasure to kill ou encore nos chouchous tourangeaux de Verbal Razors. Sans compter les fous furieux de Crisix (oui, oui, ça va remuer du popotin), ainsi que Nesseria, Bestial Soul et Belphegor.

Perso, à tmv, avec plus de 200 concerts metal à notre actif, on peut déjà vous assurer que ça va être un sacré bazar avec Anaal Nathrakh, valeur sûre sur scène, qui se la joue en mode bulldozer (personne ne sera épargné). Ainsi qu’un petit coup de cœur à Melechesh, au black metal oriental difficile à appréhender, mais ultra-technique et carrément jubilatoire. Sans oublier les Verbal Razors : cet été, celles et ceux qui étaient dans la fosse à Aucard ont pu en ressortir avec quelques kilos en moins (et légèrement en sueur… léger…).

DES EXPOSANTS
Cette année, le Mfest market s’installera sur 200 m2. Bref, le rêve pour s’habiller, mais aussi pour acheter des disques et se renseigner sur des assos… Seront notamment présents Dolorem Records, Crève clothing, ou encore Sea Shepherd Tours (l’ONG maritime vouée à la protection des espèces marines) ou encore l’excellent (sans exagérer !) artiste The Stains of Liith. C’est d’ailleurs lui qui a réalisé l’artwork de l’affiche du MFest. Son travail est hallucinant et vous pouvez en avoir un aperçu juste ici.

1 000

Le nombre de spectateurs qui se sont déplacés, l’an dernier, sur deux jours, au Mfest. « L’ambiance était top et les groupes adorables », rappelle Quentin Rusterholtz, chargé de prod’ du festival.

>> ALLER PLUS LOIN.
Histoire d’illustrer tout ça en musique, voilà quelques clips des groupes qui passeront au MFest.
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=gkSOpmchJiM[/youtube]

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=uq8zQIP5sxY[/youtube]

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=2JNI0vd0tz8[/youtube]

Festival MFest : Metal hurlant !

Chevelus de tout poil, unissez-vous. À l’occasion du Festival metal, le MFest, entretien avec Quentin Rusterholtz, chargé de prod.

Le Mfest se réinstalle à Rouziers cette année (Photo MFest)
Le Mfest se réinstalle à Rouziers cette année (Photo MFest)


Il y a quand même quelques concerts de metal, ici à Tours, mais aucun gros festival… Vous étiez les pionniers ?

Pionniers, je ne sais pas. Il y a eu pas mal d’initiatives, mais pas régulières. Il y a eu un creux pendant un temps. Le Black Hawk organisait des concerts avec des groupes cool, mais c’était la seule option. C’est difficile de louer des salles pour du metal : question bénéfices, etc. Le MFest, c’est un peu la seule initiative. On est contents ! Ceux qui ont voulu se lancer dans l’aventure du festival avaient la gnaque, le matos logistique et avaient une mentalité d’artisan. Sans tout ça, il aurait été dur de faire les premières éditions…

Comment est née l’idée du MFest ?
L’ancien président de l’association avait un groupe (les Caverneux). Voyant le manque de structures et étant plus dans l’action que le blabla, il a voulu se lancer. Ce n’est pas du hasard, c’est un festival créé par passion.

Niveau affiche, la différence entre la première édition et cette quatrième fournée est étonnante. Vous avez déjà de gros groupes ! 

Aborted
Aborted

C’est vrai ! Les gens seraient surpris de savoir la solidarité qu’il y a dans le monde du metal. Aussi, prenons le cachet de Napalm Death (la tête d’affiche, NDLR) : il n’est pas si élevé alors qu’ils tournent depuis 30 ans. On est contents, car on a progressé. Mais on aimerait aller encore plus vite. On souhaite juste que ce soit solide. Comme nous sommes indépendants, il y a peu de subvention, environ 1/5e du budget. Si cette année, ça fonctionne bien, on se fera coproduire pour la prochaine.

Comment est le public du MFest ?
Rigolard, détendu, attentif et attentionné, provocateur, éclectique. Il y a aussi des familles, des ados, des connaisseurs… Ils sont supporters et soutiennent le local.

Si tu devais donner envie au profane qui n’y connaît rien au metal de  venir au MFest, comment t’y prendrais-tu sans lui mettre un couteau sous la gorge ?
Oh, je lui dirais qu’il en aura pour son argent et que c’est intense à vivre, scéniquement aussi. C’est une expérience. L’affiche est variée, car « metal » ne veut rien dire, il y a un paquet de styles différents à y inclure. Il pourra profiter aussi d’une ambiance bon enfant. Et enfin, il pourra voir de la technicité musicale et essayer d’outrepasser la voix, qui est un problème pour beaucoup.

L’affiche est étonnante, car on passe du bourrin, comme Aborted, au très rare et particulier Regarde les hommes tomber. Vous souhaitez rester éclectiques ?  
C’est une volonté, mais c’est aussi suivant l’ordre des choses. En plus, on fait ça à la fin des vacances, avec des groupes qui n’ont pas fait tous les festivals… Smash Hit Combo, par exemple, va embêter un sacré paquet de metalleux, car c’est du metal avec du chant rappé. Mais ça joue bien ! On n’a pas le budget pour une grosse affiche. Et si on reste enfermés dans un style particulier, on se tire une balle dans le pied.  Cette année, on a Phazm qui vient de se reformer, ils ne sont nulle part. Trepalium aussi, nous sommes les premiers à les avoir après leur nouvel album. Otargos revient d’Angleterre etc.

Quels seraient les groupes rêvés, à obtenir un jour ?
On a failli avoir Decapitated. Personnellement, j’adorerais avoir Textures, Katatonia – mais ils sont trop chers – Entombed, Havok, Obscura, Psycroptic…

A l’époque, vous aviez tourné un faux reportage absurde et délirant sur votre festival…
Oui, c’était après un reportage sur M6 (un documentaire mensonger et subjectif qui avait révolté la communauté metal). Poncho Prod, dont je fais partie, voulait parodier leur truc, avec un ton racoleur etc. On s’est dit : allons nous jouer des clichés. C’était la couverture vidéo du fest ! Elle compte 35 000 vues, ça a buzzé sur plein de sites. C’est là qu’on voit que le metal est sous-représenté alors qu’il y a un public énorme. (Il peut être visionné ICI)

Cette année, le Hellfest a été médiatisé comme jamais et a ramené 152 000 personnes sur trois jours (lire nos articles ICI). Penses-tu que ce festival puisse bénéficier à des initiatives plus locales ?
Pour moi, les effets secondaires sont positifs. A notre niveau tourangeau, on ne voit pas encore la différence. Le pouvoir de diffusion du Hellfest ne rejaillit pas sur nous. Le public qui vient est déjà conquis, mais leur succès peut rejaillir par contre sur les médias. Et c’est une bonne chose.

Mais au fait, pour le MFest, pourquoi Rouziers et pas Tours ?
Parce qu’on nous a accueillis là ! Et on aime que tout le monde soit gagnant. Là-bas, ils nous ont fait la salle moins cher, nous ont offert un soutien psychologique durant l’organisation et un très bon accueil. Tours, on n’aurait pas pu, déjà parce qu’il n’y a pas de salle au centre. A Rouziers, on peut aussi installer le camping, le market (un marché metal, NDLR) et on n’embête personne !

Propos recueillis par Aurélien Germain
EN BREF
C’EST QUAND ?
Le MFest se déroulera les 5 et 6 septembre, à l’Espace Les Quatre vents de Rouziers-de- Touraine. Début des concerts à 18 h le vendredi et 14 h 30 le samedi. Pass 2 jours à 25 € en prévente, ou 30 € sur place (possibilité de ticket une journée). Infos sur festival-mfest.com

L’ASSO
C’est l’association MFest qui organise le festival. Celle-ci est née des cendres d’Xtreme Arts et met en place des concerts depuis cinq ans, notamment à La Belle Rouge (Joué-lès-Tours) : « Ils sont vraiment un soutien pour nous. D’ailleurs, ils ferment leur salle les deux jours du MFest et viennent au festival ! »

QUATRIÈME ÉDITION
L’an dernier, « on a fait 508 entrées. Il en aurait fallu 540. Ce n’est pas une gamelle, mais on a eu des surcoûts. Cette année, l’idéal serait de faire venir 600 personnes ».

À VOIR ABSOLUMENT
> Phazm, parce qu’ils se reforment et mélangent habilement death metal et rock ‘n’ roll (histoire de secouer sa chevelure ondoyante et sa bière).
> Aborted, parce que la brutalité musicale des Belges va vous faire péter vos plombages (histoire de reprendre contact avec votre dentiste).
> Regarde les hommes tomber, parce qu’ils sont rares sur scène (histoire de frimer aux prochains concerts).
> Napalm Death, parce que le groupe anglais, ultra engagé, est culte et a posé les bases du grindcore bien énervé (histoire de prendre une douche de transpiration si vous êtes au premier rang).
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=6Q6BYV9k9c4[/youtube]