Octobre Rose : face au cancer, l’activité sportive reste essentielle

Octobre Rose est souvent l’occasion de randonnées. Rien d’étonnant à cela : les bienfaits de l’activité physique sont prouvés pour ces malades qui retissent alors un lien avec leur corps… et avec les autres. Les Cher Dames de Loire pagaient par exemple tous les samedis. Pour se prouver qu’il y a une vie après la maladie, et pour s’amuser !

« Ne pas rester entre le lit et le canapé ». L’expression revient aussi bien dans la bouche de Jean-Christophe Bonnin, kinésithérapeute et président de l’association Rose & Blu, que dans les paroles de Pascale Foussard, cofondatrice des Cher Dames de Loire. Pour le professionnel de santé comme pour l’ancienne malade du cancer du sein, l’activité sportive est essentielle dans la vie des patientes, qu’elles soient en cours de traitement, en convalescence ou en rémission.

« On encaisse mieux quand on est un peu actif », raconte Marion, 39 ans aujourd’hui, dont le diagnostic de cancer du sein avait été posé il y a deux ans. A l’époque, la jeune femme se rapproche des services de la Ville de Tours pour participer aux A.P.A, activités physiques adaptées. Pascale avait fait la même démarche un peu plus tôt : « J’ai fait du sport presque tous les jours, ne serait-ce qu’un peu de marche pour aller chercher le pain. Et puis j’ai testé la danse, le Pilates, la gym, le golf, j’ai découvert de nouvelles activités » raconte-t-elle.

 » C’est le fait de bouger qui va effacer cette sensation d’asthénie »

L’accès aux A.P.A est conditionné par un avis médical, et une rencontre avec un éducateur-référent pour cibler les sports qui pourront convenir. « La régularité de la pratique est essentielle, pendant le traitement ou la convalescence », explique Richard Alloncle, référent sport-santé et handicap pour la municipalité.

Depuis le début des années 2010, il est en effet démontré que si la maladie épuise, elle est aussi plus facilement vaincue quand la patiente pratique une activité régulière. Jean-Christophe Bonnin, le kiné, précise : « Paradoxalement, pour gommer l’état de fatigue que ressent le malade, se reposer ne fonctionne pas. C’est le fait de bouger, de s’activer même si on n’en a pas envie, qui va effacer cette sensation d’asthénie. On affronte alors mieux les traitements, et la spirale s’inverse ».

Pascale a par exemple vécu ce retour au sport durant sa maladie comme un défi : avant chaque séance de chimio, faire un peu d’exercice, pour arriver en forme, et repartir moins fatiguée. Puis recommencer. Éviter ainsi la fonte des muscles, prendre moins de médicaments… mais pas seulement. Bien dans son corps… bien dans sa tête Le slogan paraît éculé, mais il prend tout son sens pour les malades du cancer du sein. « J’ai fait de la gym, de l’aquagym, de la marche nordique avec la ville de Tours. Cela me permettait de sortir de chez moi, d’avoir un élément positif à mettre dans mon agenda, et de voir du monde », raconte Marion.

« Le sport, une bouée de sauvetage »

« Le sport, c’était une bouée de sauvetage, une bouffée d’oxygène psychologiquement, ajoute Pascale. On rencontre du monde, on se comprend sans se parler, on n’a pas peur du regard des autres ». Depuis un an, la nouvelle bouée de sauvetage de Marion, ce sont les Cher Dames de Loire, association créée par Pascale et quelques autres. À la façon de vikings affrontant les éléments au rythme du tambour, les adhérentes pagaient.

« Après mes traitements, j’étais très mal en point physiquement et psychologiquement. Tout à coup vous ne voyez plus les blouses blanches, et en même temps vous sortez d’une machine à laver, essorée par les chimios, l’opération, les rayons… J’ai découvert l’association. Pour ma première séance, je n’ai même pas pu finir l’échauffement, j’ai pleuré d’épuisement. Et les regards, les sourires, les étreintes, les paroles des filles m’ont permis de surmonter tout cela ».

Solidarité

En plus de regagner la mobilité de son épaule suite à son opération du sein et d’éviter ainsi les séances de kiné, Marion a pu compter sur les Cher Dames de Loire pour reprendre son corps en main : « Je suis à nouveau en accord avec ce corps qui m’avait trahi en laissant entrer la maladie ». Ana, retraitée diagnostiquée et traitée il y a 8 ans, a rejoint l’équipe il y a tout juste un mois. Attirée par la solidarité entre les membres, elle trouve dans la navigation l’exercice utile pour son problème de lymphome au bras, et une occasion « de ne plus penser au mal, et de prouver qu’on peut faire encore plein de choses malgré ce qui nous est arrivé ».

C’est fort de ces retours d’expérience que les associations comme Cher Dames de Loire, Cancen, Rose and Blu, la Ligue, IETO, et les professionnels de santé tourangeaux unissent donc leurs efforts pour intégrer l’activité physique au suivi des patientes. Et pour elles, voici un prochain défi à relever : le week-end Rose and Blu en juin 2022, qui réunira 200 participants pour des épreuves variées et un seul objectif, profiter de la vie !

Texte : Maud Martinez / Photo : Les Cher Dames de Loire