Insaisissables, magique

Abracadabra : casting magique et film divertissant, Insaisissables est une vraie surprise trompant et bernant constamment le spectateur.

Avec une bande-annonce aussi alléchante, Insaisissables (« Now you see me » en version originale, allez comprendre…) allait-il être un joli tour de magie ou un tour qui tombe à l’eau ? Autant le dire tout de suite, le film de Louis Leterrier est loin de certaines critiques assassines lues ci et là : sans être magique, il est franchement réussi.
Quatre brillants magiciens sont embauchés par une entité mystérieuse pour donner des spectacles époustouflants : le premier à Las Vegas permet le braquage d’une banque en France ; le second torpille le compte bancaire d’un vieux banquier véreux. Un bonheur pour le public, mais pas vraiment du goût du FBI et d’Interpol qui se lancent alors dans une chasse à l’homme pour attraper ces Robins des Bois des temps modernes. D’autant que le troisième et dernier numéro promet d’être encore plus extrême…
Sous couvert d’un scénario inventif, le réalisateur déroule un film sans accroches, au rythme haletant, et loin de n’être qu’un banal long-métrage sur la magie. Tour à tour thriller, policier et cérébral, Insaisissables a aussi le culot de constamment berner le spectateur sur ce qu’il croyait voir ou savoir. « Un magicien a toujours au minimum un tour d’avance. » Rien de plus vrai ici, où les multiples entrées de lecture, chausse-trappes, diversions et intrigues à tiroir accouchent d’un récit bien construit et intéressant.
Une réussite aussi due à un casting de luxe, loin des gros films biberonnés aux acteurs surpayés pour leurs prestations minables (on ne citera personne…). Là, il suffit d’admirer le jeu du génialissime Woody Harrelson (aussi truculent que dans Tueurs Nés) ou du très bon Jesse Eisenberg (vu dans The Social Network). Idem pour Mélanie Laurent ou encore Morgan Freeman, dont le rôle induit très souvent le spectateur en erreur pendant deux heures.
Si l’on peut malheureusement critiquer la réalisation agaçante ou surchargée de Leterrier (certains travellings et mouvements de caméra sont vraiment à vomir, à l’aide !), Insaisissables pond quand même quelques scènes extraordinaires. Au hasard, une course-poursuite géniale de plus de dix minutes ou bien les tours de magie prestigieux (par ailleurs, pour la plupart réalisés avec des trucages réels, aidés par de vrais magiciens, pour éviter de se reposer sur les images de synthèse).
Frénétique, fausses pistes et divertissant : les trois ingrédients d’Insaisissables. Pas le tour de magie du siècle, mais suffisamment grisant pour pouvoir s’évader quelques heures et passer un bon moment.
Aurélien Germain
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Une poésie Epic

Tmv a replongé en enfance devant le nouveau film d’animation de Chris Wedge : poétique et écolo, une jolie surprise.

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Certains films ne payent pas de mine, mais se révèlent être une vraie bouffée d’air frais. Epic, la bataille du royaume secret est de ceux-là. Pourtant, le nouveau bébé de l’équipe de L’Âge de Glace partait avec un double handicap : un goût d’ersatz d’Arthur et les Minimoys et une affiche promo honteusement pompée sur le Dragons 3D de Dreamworks.
Sauf que Epic est l’adaptation d’un roman de Joyce de 1996 (exit donc la critique d’un éventuel plagiat sur le film de Besson) et qu’il est, avant tout, un conte écolo bien orchestré. Il raconte l’histoire de Mary-Kate chez son père foldingue qui pense avoir découvert l’existence d’un monde miniature dans la forêt. Sa fille, elle, n’y croit pas, mais se retrouve sans le vouloir larguée dans cet univers caché, où règne une guerre entre les forces du Bien et du Mal (manichéisme, bonjour). Elle va devoir aider le royaume de la forêt à survivre.
Techniquement, le film est habillé d’une 3D éblouissante, aux couleurs superbes. Il suffit de voir la scène d’ouverture, de toute beauté. Les doublages français sont de qualité (Mélanie Laurent et Jérémie Renier), à l’exception du pénible Garou (le doublage original est signé Steven Tyler, d’Aerosmith : cher-chez l’erreur) rendant son personnage insupportable. Pour le reste, Epic est une jolie métaphore sur la nature qui nous entoure. Les méchantes créatures voulant assombrir la forêt pouvant représenter l’humain et son rapport à la nature, le tout illustré par des « Nous sommes tous des hommes reliés les uns aux autres » ou « Personne n’est seul ».
Agréable sans être poussif, écolo mais pas moralisateur, plein d’humour (le duo limace-escargot, hilarant), Epic est une surprise dans un genre de l’animation pourtant surchargé. Mais qui gagnerait à être davantage développée (ici, pas de personnage principal et l’écriture est un poil faiblarde). N’empêche que l’on passe un bon moment familial devant cet Epic que l’on attendait pas.
Aurélien Germain

Les Adoptés, un joli premier film

Les Adoptés, c’est l’histoire de deux soeurs inséparables qu’un accident va bouleverser. Ce premier film de Mélanie Laurent reflète la légèreté, la gravité et la sensibilité de la jeune réalisatrice. Prometteur.

Mélanie Laurent signe avec Les Adoptés, un premier film sensible et touchant. On la savait bonne actrice, on la découvre réalisatrice prometteuse.

Les Adoptés (Photo dr)

Lisa et Marine sont sœurs. Enfin, pas sœur de sang, mais d’adoption. Marine est libraire, Lisa travaille dans un atelier qui fabrique des violons. Elles vivent toutes les deux à Lyon. Elles se voient quasiment tous les jours, s’appellent tous les soirs pour se raconter leurs petites aventures de la journée. Le fils de Lisa adore sa tante Marine. Elle le garde souvent et lui fait écouter de la musique classique. Alex, le nouveau petit copain de Marine, lui, a du mal à trouver sa place dans cette relation fusionnelle. Bref, tout ce petit monde tourne autour de ces frangines inséparables.

Alors quand Marine a un accident et tombe dans le coma, les chaînes se brisent et toutes les personnes qui gravitent autour des deux sœurs partent en mille morceaux, ne savent plus où aller.

Une jeune réalisatrice à suivre. On connaissait Mélanie Laurent comme l’une des actrices phares du cinéma français. On l’a admirée dans le dernier Quentin Tarantino, Inglourious Basterds ou tournant avec Jacques Audiard et Cédric Klapisch. En revanche, c’est la première fois qu’elle réalise un long métrage. Léger, grave, envoûtant, drôle : Les Adoptés est un premier essai réussi. Ses acteurs sont très bien dirigés, ses plans sont choisis avec soin et sa façon de raconter une histoire est parfaitement vraisemblable. Même si quelques scènes peuvent sembler longues, même si elle tombe parfois dans des facilités scénaristiques (pêchers de jeunesse) elle arrive à plonger le spectateur dans l’intimité de ces deux sœurs. Sans s’être lancée dans un film trop ambitieux, Mélanie Laurent prouve qu’elle sait mettre en avant un réçit avec style et délicatesse. Il faudra désormais la compter parmi les réalisatrices en devenir.

Les Adoptés : la bande-annonce.

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