Quartier Cathédrale : plongée dans un quartier pluriel

Au fil des rencontres et de la balade, il est venu le temps d’explorer le quartier Cathédrale… Après le Vieux-Tours et les Halles, voici le troisième volet de notre série sur les quartiers tourangeaux.

Notre périple débute jardin Mirabeau, aux confins de la zone qui nous a été assignée. Caché entre la porte de l’école et la rue Jules-Simon, l’accès au parc est discret. Des petits signes témoignent d’une vie active, comme ce gant abandonné sur un banc.

C’est là que nous rencontrons Schweppes. Brun, baiser humide, il respire la joie de vivre, et court dans tous les sens sur la pelouse, tandis que des enfants s’essaient au toboggan. C’est normal, c’est un chien que sa maîtresse vient promener tous les jours par ici. Sur les conseils de Schweppes, nous découvrons les jardins secrets du quartier. Le jardin des Vikings, rue des Ursulines, n’est fréquenté que par des habitants qui se passent le mot : belle lumière, restes des fortifications gallo-romaines, un vrai havre de paix (en dévoilant ce bon plan nous craignons les représailles des habitués).

Troisième escale verte : le jardin des Beaux-arts. Pas le jardin François-Sicard et sa circulation, non : le jardin à la française qu’on découvre après avoir dépassé le cèdre monumental. Mais il faut admettre une fois sur place que l’endroit n’est pas si secret.

Migrations

« On se pose aux Beaux-arts quand il fait beau ». « Oh dans le quartier, il y a les Beaux-arts, c’est sympa ». Filles ou garçons, en Seconde ou en Terminale, il y a comme de l’écho à la sortie du lycée Paul-Louis Courrier. À l’heure du déjeuner, les baskets et chaussures à talons parcourent souvent l’itinéraire qui va jusqu’au jardin du musée.

On assiste au même moment à une autre migration surprenante, qui n’a rien à voir avec les noms de rue des environs (rue du Cygne ou Jules Moineaux, de rien pour les mauvais jeux de mots). Des instruments de musique à dos d’adolescents remontent la rue du général Meusnier puis celle de la Porte Rouline. On circule, sans un regard pour l’église orthodoxe qui surplombe la petite colline.

C’est qu’on en aurait presque oublié qu’à deux pas des cinémas Studio, le Conservatoire à Rayonnement Régional est dans le quartier ! Victor, Skay et Nathan foulent ces pavés quotidiennement pour jongler entre cours d’instrument et cours au lycée : « On aime bien le quartier, il n’y a pas trop de voitures », glissent-ils en marchant d’un pas rapide, déjà en retard pour leur prochain cours. Plus tranquilles, Ruby, Mazarine, Adèle, Lysa et Kelly complètent : « Le quartier est calme, l’architecture est vraiment belle, on est dans un meilleur environnement que d’autres lycées du centre-ville. »

Les bâtisseurs de la cathédrale Saint-Gatien n’avaient sans doute pas anticipé que le chevet de l’édifice servirait de banc aux lycéens. Mais il faut vivre avec son temps. Le coeur de la première cité de Tours témoigne d’un passé lointain, avec sa cathédrale, les restes des fortifications, les maisons à colombages. Mais aujourd’hui, ce décor abrite d’autres destinées.

Anciens et modernes

Prenons l’exemple de la rue de la Scellerie, que les plus anciens surnomment la rue des antiquités. Certes, on y trouve encore la fine fleur des antiquaires locaux. Poussez cependant la porte du 66, et vous serez surpris : « Ici c’est une rue d’artistes, une belle rue avec du passage, facile d’accès, où nous avons trouvé ce grand local pour nos activités. » Les activités de Marina Molero, Julien Lavergne et Luciole ? Le tatouage !

Le studio Borderline s’est installé ici il y a bientôt trois ans, et ne regrette pas ce déménagement. En regardant la rue de la Scellerie à la loupe, on découvre ainsi des galeries d’art (Galerie 21, Galerie Olivier Rousseau ou le Cygne Noir par exemple), des concept-stores comme Nomad ou le Zempi, le café Molière, une pharmacie… Vous l’aurez donc compris : pas de généralité qui tienne avec le quartier Cathédrale !

Un village d’irréductibles ?

Rue Colbert, le café associatif La Barque est une escale revigorante pour les naufragés de la vie ou les étudiants du quartier, la supérette voit passer les mamies du coin et les passants pressés… « Toute l’humanité est là ! Ici, c’est un village, tout le monde connaît tout le monde, il y a une vraie mixité sociale, c’est populaire dans le bon sens du terme » s’enthousiasment Corentin et Valérie Halley.

Pour le couple, installer la librairie d’occasion Le Bibliovore rue Colbert, c’était une évidence. Eux qui se sont rencontrés au lycée Paul Louis-Courier comme profs débutants ont toujours gravité dans le quartier, et participent aujourd’hui à sa dynamique avec l’association des commerçants Colbert-Scellerie. Il est temps pour nous de bivouaquer. Les options sont nombreuses, du kebab au gastro en passant le petit resto du midi, la crêperie ou les empanadas argentines.

À deux pas, la terrasse du Bergerac est encore vide, tandis qu’une guitare résonne du côté de celui qu’on surnomme Le Balka’. La soirée s’annonce donc bohème, dans une fièvre nocturne chargée des bières du pub The Pale, de la bonne humeur de ma Réserve, ou de l’énergie latine du Pintxo.. Cathédrale by night, autre aventure à venir ?

Textes et photos : Maud Martinez (sauf photo ouverture : Adobe Stock)


> Retrouvez notre série sur les quartiers de Tours :

  1. sur le Vieux Tours en téléchargement ICI
  2. sur les Halles en téléchargement ICI  

La Barque, épisode 2 : une cagnotte en ligne

Un redressement judiciaire, une cagnotte leetchi pour aider et une nouvelle manifestation pour le café associatif La Barque.

(Photo campagne leetchi La Barque)
(Photo campagne leetchi La Barque)

« DERNIERE NOUVELLE !!! » L’annonce était placardée en majuscules sur la page Facebook du café associatif La Barque. Le tribunal de grande instance de Tours a en effet décidé, la semaine dernière, de placer l’association qui gère l’endroit en redressement judiciaire. Un soulagement pour l’équipe qui gère ce lieu, alors que les craintes d’une liquidation pure et simple menaçait de couler La Barque.

Symbole de la solidarité tourangelle, le bar associatif de la rue Colbert continue donc de fonctionner, mais c’est un sursis de deux mois. Un laps de temps obligatoire pour trouver de nouveaux financements et « remonter la pente financière », comme l’a écrit l’asso. Il est vrai que la mission peut s’avérer périlleuse, le déficit grimpant à 50 000 €.

C’est pour cela qu’une cagnotte Leetchi a été lancée (*). Chacun est invité à donner le montant qu’il souhaite (les paiements sont sécurisés), durant 50 jours, afin de sauver la Barque.

En attendant, une manifestation est prévue le 11 février. Départ prévu à 14 h, au 118 rue Colbert.

(*) leetchi.com/c/solidarite-de-la-barque-16247919.
Ou Infos sur facebook.com/cafelabarque

La Barque tangue mais les soutiens se mobilisent

Le café association La Barque est en pleine tempête. Mais salariés, usagers et riverains se mobilisent.

barque
Le soutien ne faiblit pas (Photo NR Hugues Le Guellec)

Le café associatif de la rue Colbert est dans le même bateau que le foyer Albert-Thomas, structure d’accueil d’urgence placée en liquidation judiciaire à la veille de Noël. La baisse des subventions des collectivités locales dans le secteur social lui a fait prendre l’eau. Les trois salariés de la Barque rament depuis cinq ans pour joindre les deux bouts.
Ils ont bien sonné la corne de brume pour pouvoir continuer à accueillir SDF et résidents du quartier, mais rien n’y fait, le président Jean-Paul Leduc n’a pas de solutions. Il a proclamé vendredi la liquidation de l’association et la fermeture du café.

Mais c’est sans compter sur un équipage qui continuent d’écoper avec espoir. Dimanche dernier, salariés et habitués se sont réunis pour protester et les employés ouvriront le café comme d’habitude mercredi à 10 h, même s’ils ne seront pas rémunérés. Plus qu’un café de marins esseulés, La Barque est un lieu de rencontres pour ses usagers. Des sorties ciné et piscine y sont proposées, ainsi que des ateliers jardinages et maintenant… des ateliers banderoles !
Après vingt ans de combats, un soutien de l’État ce ne serait pas la mer à boire ?