« Les gens demandent de plus en plus de fleurs françaises »

Julie Miquel a arpenté pendant plus de deux ans les marchés tourangeaux avec Georginette, son estafette. Sur son étal, des fleurs, des bouquets, des sourires, qu’on retrouve depuis quelques jours dans sa boutique de la place du Grand Marché où elle a pris le relais de Véronique Van Uffelen. Avec ses salariées Cécile et Camille, Julie est passionnée, et convaincue que la production française et locale peut séduire les clients.

Une fleuriste ambulante, ce n’est pas courant ! Qu’est-ce qui vous avait amené à parcourir les marchés tourangeaux ?

Après avoir été fleuriste à Paris pendant six ans, je suis arrivée à Tours où j’ai eu un enfant, puis j’ai voulu monter mon projet professionnel pour ne plus être salariée. Et j’ai choisi les marchés pour avoir une certaine liberté, une clientèle et des collègues variés. Cela m’a permis de commencer à petite échelle, en travaillant avec de la production française et locale.

Mais si trouver des plantes en Indre-et-Loire est facile, trouver des fleurs coupées, c’est très compliqué ! Il faut aller dans le Loir-et Cher, dans la Sarthe ou le Maine-et-Loire pour se fournir en fleurs coupées.

Vous faites d’ailleurs partie du Collectif de la Fleur Française : ça consiste en quoi ?

Le collectif permet de mettre en relation les fleuristes avec les producteurs et les grossistes. Il organise aussi des événements réguliers, afin de sensibiliser tout le monde à l’importance d’avoir une production locale. On parle souvent de la Touraine comme le « Jardin de la France », alors essayons de soutenir la production de fleurs coupées, pour que les fleuristes n’aient pas à s’approvisionner à l’autre bout du pays !

Les fleurs locales sont-elles de meilleure qualité ?

Elles tiennent souvent plus longtemps que les fleurs qui ont voyagé dans des frigos. Mais attention : certaines fleurs hollandaises se tiennent aussi très bien. Et qui dit local ne dit pas forcément bio sans pesticide. C’est un autre point sur lequel je souhaite m’engager, en trouvant des producteurs bio. Il y a une jeune productrice à Authon par exemple, ou un pépiniériste de Bréhémont, qui travaillent sans intrants chimiques. Et d’ici quelques mois, j’aimerais avoir 80 % de fleurs françaises dans la boutique.

Et la clientèle est sensible à ce genre de choses ?

Les clients ont toujours été exigeants sur la qualité, mais on sent qu’ils demandent de plus en plus de fleurs françaises. Mais l’éducation se fait en permanence. Pour la Saint-Valentin par exemple, je n’ai pas vendu de roses sur les marchés, ce n’est pas de saison. Nous avons de quoi faire avec les anémones, le mimosa et les renoncules.

Propos recueillis par Maud Martinez

Dans l’atelier de Marine Vanpoulle, la passion des fleurs locales

#VisMaVille Marine Vanpoulle est fleuriste-designeuse. Elle crée son univers propre à partir de fleurs fraîches et locales, installée dans son atelier de Will you Marine me.

Les branches des feuillages atteignent presque le plafond dans l’atelier de Will You Marine me. « Chic et brut » : le décor est planté, selon les mots de Marine Vanpoulle, jeune cheffe d’entreprise et propriétaire des lieux. Son magasin de fleurs, installé rue Berthelot à Tours, détonne par son concept innovant et la fraîcheur de son équipe, quatre jeunes femmes de moins de 30 ans.

Ici, vous n’aurez pas l’embarras du choix mais vous ressortirez avec un bouquet inspiré par la production du moment. Les fleurs sont locales, elles proviennent principalement du producteur blésois Clément fleurs et, en complément, du grossiste Rose d’or. « Les fleurs sont fraîches et de qualité. Les tulipes sont coupées la veille de l’arrivage, sont en terre, et peuvent durer jusqu’à trois semaines. »

Les bouquets chez Will You Marine, c’est un style, avec du feuillage et des fleurs non pas sélectionnées par le client mais par les fleuristes qui proposent « des bouquets à la volée, en fonction de ce qu’on a, de notre inspiration et humeur aussi. »

Chaque semaine, un bouquet surprise est confectionné et le système d’abonnement au mois séduit les clients. « Nous changeons leurs habitudes, nous aimons les surprendre », sourit Marine. Autre avantage : en travaillant à la demande, il n’y a pas de pertes. Le fait que ses fleurs soient bio et équitables n’est pas revendiqué. Tout simplement naturel pour cette jeune équipe, imprégnée de convictions écologiques. Les végétaux sont recyclés pour faire du compost.

Will You Marine Me n’est pas qu’une boutique de fleurs. C’est aussi une agence événementielle spécialisée dans l’organisation des mariages, le métier d’origine de Marine. En fait, l’idée de la boutique en click and collect est née au mois de mai de l’année dernière, « alors que le chiffre d’affaires baissait de 80 %, il a fallu rebondir », explique Marine Vanpoulle. « Marie, de La Petite Cuisine, m’a proposé de m‘installer dans son ancien restaurant de la rue Berthelot. »

Auparavant, Marine travaillait dans son atelier de Fondettes. Passionnée et hyperactive, elle a appris son métier en Australie en étant wedding planner puis wedding designer en fleurs fraîches et locales. Elle rentre à 25 ans en France, car sa Touraine d’origine lui manque, passe son CAP de fleuriste et se lance. Sa maîtrise de l’anglais lui sert aujourd’hui pour renseigner les touristes qui s’arrêtent à sa boutique. Et avec son équipe, elle adore ça et projette déjà de transformer son magasin en « Life style shop ».

Texte et photos : Aurélie Dunouau