Handisport : Sébastien Le Meaux va faire 750 km en paddle

Sportif accompli et malvoyant, il avait déjà traversé la Manche. Désormais, Sébastien Le Meaux, de Fondettes, a un nouveau défi : participer à la Yukon River Quest au Canada. La course de paddle la plus extrême au monde avec ses 750 km en autonomie, accompagné d’un binôme. Mais pour cela, il a encore besoin de sponsors ou simplement de votre aide.

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Sébastien Le Meaux (en bleu) en plein entraînement.

Pouvez-vous d’abord présenter l’association Handi vision sport événement dont vous faites partie ?
Je suis le président de cette association que j’ai créée en 2013. Son objectif était d’éclaircir les différences entre sportifs dits valides et handicapés. On veut montrer que l’on est des handisportifs avant d’être handicapés. Le discours habituel – « oh, vous êtes courageux, etc. » – est légitime, mais on préfère la reconnaissance sportive. L’asso intervient à Tours et son agglo, mais aussi partout en France, avec les scolaires, pour dire que le handicap est une différence comme une autre.

Peut-on revenir à vos 17 ans, lorsque vous êtes devenu malvoyant ?
C’est un âge charnière… On passe le bac, on a plein d’espoir… Je baignais dans le sport de haut niveau : rugby, lancer de marteau, judo, etc. Je voulais faire Staps. Mais j’avais quelques soucis avec la lumière. Mon ophtalmo ne trouvait pas ce que j’avais. Et puis à 17 ans, j’ai eu un accident grave de moto. Au réveil, j’étais aveugle. J’avais une maladie génétique en sommeil qui peut se déclencher lors d’un choc psychologique ou physique. Ça m’a détruit la rétine. Je n’avais plus qu’une vision périphérique de l’ordre de 5 à 7 %. J’ai eu besoin de beaucoup de rééducation.

Comment l’avez-vous vécu ?
La première année, on vit mal son handicap. On en veut à la Terre entière, on se sent différent, on croit qu’on ne pourra plus rien faire comme avant et on s’isole. Mais un jour, mon prof de judo est venu me voir et m’a forcé à retourner sur le tatami. Il m’a poussé, a été là pour moi. Le sport m’a sauvé.

Cet été, vous vous attaquerez au plus grand challenge de votre vie avec la Yukon River Quest, la plus grande course de paddle au monde. D’où vient cette idée folle ?
(rires) Avec mon binôme Apehau Tching Piou (son accompagnant valide – NDLR), on a fait plusieurs courses de paddle, dont un ultra marathon l’an dernier qu’on a gagné face aux valides. Tout le monde a alors parlé de la Yukon qu’on ne connaissait pas. En voyant le truc, on s’est dit : quel défi ! Mais ce n’est que sur invitation… On a tenté notre chance avec CV et compagnie et bingo, la réponse est arrivée en novembre. On était sur un nuage…

Votre objectif est de finir les 750 km en 56 h. Quel est l’entraînement ? Image3
Oh, ce matin par exemple, j’ai fait un entraînement de 3 h sur simulateurs, avec du fractionné. Et j’y retourne ce soir ! (rires) J’effectue des sorties toutes les semaines en vélo tandem, ainsi que de la marche rapide la nuit, pendant 3 ou 4 h sur un rythme de 7 km/h. Pas de course, sinon ça me casse ! (rires)

Le plus important, c’est quoi ? Le physique ou le mental ?
Il faut le physique pour la sécurité psychologique. Mais tout se passe dans la tête : quand le corps est mal, la tête doit prendre la relève. Habitué à repousser ses limites, on va plus loin.

Vous tournez à un régime sans sucre, non ?
Oui. J’ai été judoka pendant des années : le régime, ça me connaît ! (rires) Il y a un an et demi, une diététicienne suédoise m’a parlé de ce régime LCHF, un mode alimentaire ancien prisé à l’époque par les Vikings et, là, par les All Blacks. C’est top : 70 % de graisses, comme de l’huile de coco, de l’avocat… Et 30 % de protéines, avec du saumon fumé, etc. Donc pas de pics glycémiques. Plus l’effort est long, plus on a de l’énergie.

Pourra-t-on suivre votre aventure sur les réseaux sociaux ?
Oui, si on a les finances pour partir. Il y aura un caméraman pour filmer la course et un ravitailleur réalisant des lives sur les réseaux.

« Je veux que ma fille soit fière de son papa »

C’est vrai que vous aurez un pistolet en raison des ours ?
Oui ! Ils sont présents en raison de la remontée des saumons. On a reçu une formation pour faire fuir les ours. Mais bon, c’est plus rigolo qu’autre chose… ça ne fait pas peur tant qu’on est respectueux de la nature et qu’on les laisse manger tranquillement.

Quelque chose vous fait peur pour cette course ?
Oui complètement : de ne pas partir ! (rires) Là, on recherche des partenaires, c’est le plus gros travail et on y perd de l’énergie. Il faut nous aider. Une campagne de dons a été lancée. On aimerait que des entreprises nous suivent dans l’aventure : on a envoyé 120 mails, mais zéro réponse… J’ai fait tout Tours et Fondettes. Rien. Là, deux sponsors de Tahiti et d’Autriche nous aident pour les vêtements, ce qui fait déjà une grosse économie. Mais imaginez : le prix du vol ALLER Paris-Vancouver nous revient à 4 000 €… juste pour nos planches de paddle ! Sans nous ! Ensuite, on devra faire 2 200 km en van pour aller au point de départ…

Que ressentez-vous en étant le seul participant atteint d’un handicap à la Yukon River Quest ?
Je suis content, car ça ouvrira des portes. Avec Apehau, on veut aller au bout, pour que tout le monde puisse essayer plus tard. Il faut toujours faire nos preuves, alors si ça peut servir à d’autres…

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Vous dormirez un peu ?
Euh… Deux pauses sont obligatoires pour la sécurité, en raison d’une zone dangereuse. Il ne faut pas dormir n’importe où. C’est une pause de 7 h au bout de 300 km. Le reste, on va ramer ! (rires) Il faut qu’on gagne la course.

Je suppose que vous avez aussi un message à diffuser avec un tel défi…
On a besoin de défis pour avancer. On en est capable. Cette course, c’est pour moi, mais aussi ma famille. Je veux que ma fille de 12 ans soit fière de son papa. Il n’y a pas de différence : pour elle, je suis un papa sportif, pas un handicapé.

Propos recueillis par Aurélien Germain
Photos : Julien Pruvost

>> Pour faire un don et aider Sébastien à partir dans de bonnes conditions, c’est PAR ICI ! <<

Nitro Circus : cascades et têtes brûlées

C’est une première dans la région : le Nitro Circus – événement mondial de sports extrêmes – débarque à Tours, le 9 juillet. Méconnu dans notre pays, on fait le point sur ce show très très chaud.

Pirouetteuh, cacahuèteuh…

LE NITRO CIRCUS, C’EST QUOI ?

Un rassemblement des plus grandes stars des sports extrêmes de la planète. Bref, THE rendez-vous incontournable pour voir les big boss du FMX (le freestyle motocross, lire ci-contre), du BMX ou encore du skate. Le but est d’enquiller les records, les figures incroyables et les cascades démentes pendant un show de plus de deux heures.

LA FOIRE AUX RECORDS

Le Nitro Circus, c’est un peu l’endroit où l’on donne un grand coup de tête au Guinness Book à force d’exploser les records du monde. En mai dernier, par exemple, Travis Pastrana s’est fendu en Australie d’un Superman double kickflip. Un terme qui ne vous dit probablement rien. Mais imaginez faire un double salto arrière en motocross, tout en tenant uniquement le guidon, le corps parallèle à la moto en imitant la pose du super-héros. Tout de suite, ça calme. En 2014, c’était un autre record : celui du premier backflip à 4 sur une moto ! Sinon, il y a aussi Aaron ‘’Wheelz’’ Fotheringham, vedette de l’handisport extrême. À 18 ans, il a été le premier (le seul ?) à réussir un double salto-arrière en… fauteuil roulant.

I believe I caaan fly

D’OÙ ÇA VIENT ?

C’est Travis Pastrana et ses amis qui ont lancé le Nitro. Mister Pastrana, c’est un des pilliers du motocross freestyle. Le genre de fou furieux qui arrive faire un double backflip (deux saltos arrière) avec sa bécane. Bref, un champion renommé et multi-récompensé qui a d’abord conçu le Nitro Circus comme une émission télé, di¦usée au départ sur Fuel TV puis sur MTV, entre 2006 et 2009. Les casse-cous les plus extrêmes s’y succédaient et les audiences ont tout explosé. L’occasion était trop belle : il fallait transposer cette expérience filmée en réalité. Devant un public. Remplissant les stades et les arenas tout autour de la planète.

TROIS MOMENTS FORTS

Le premier, c’est le Nitro Bomb. En gros, chaque participant (appelez-les « riders » pour ne pas paraître trop à l’ouest) sautera en même temps. Le second, c’est le FMX train, où les riders vont se suivre les uns derrière les autres pour rentrer une figure assez fofolle sur la rampe. Le troisième, c’est le Gigant-a-Ramp : une rampe de 10 mètres de haut, où les têtes brûlées se lanceront avec des… baignoires, des chaises longues, des trottinettes ou même des tricycles et des voitures Barbie.

♦ INFOS PRATIQUES

> Nitro Circus, le samedi 9 juillet, au Parc des expositions. Début du show à 19 h.
Ouverture des portes à 17 h 30.
> Tarifs : de 33 à 99 €.
> Infos et résas auprès d’AZ Prod (02 47 31 15 33 ou az-prod.fr), et autres points de vente habituels.

 

>>>>> POUR LIRE L’INTERVIEW DU FRANÇAIS REMI BIZOUARD, PRÉSENT AU NITRO, C’EST PAR ICI ! <<<<<<<<