Rencontre avec les étudiants internationaux à Tours. Paula : « SANS REPÈRES, MAIS BIEN ENTOURÉE »

#EPJTMV [4/4] Munie de son français qu’elle parle depuis son plus jeune âge, Paula Georgeș (20 ans) est désormais seule à plus de 2 000 kilomètres de sa famille. Prête à faire de la vie tourangelle son quotidien, elle compte bien profiter un maximum de ses cinq prochains mois en France. Rencontre avec un étudiant international – épisode 4.

Pour son tout premier voyage en solitaire loin de sa famille, Paula a choisi la ville de Tours comme lieu de résidence pour ses cinq prochains mois à l’université. À 20 ans, la jeune Roumaine née à Bistrița porte un grand intérêt pour la langue de Molière. Les cours de français renforcé n’ont donc pas fait peur à la lycéenne qu’elle était.

SANS REPÈRES

Le parcours de l’étudiante ne s’arrête pas là. Elle a poursuivi ses études à l’université BABȘ-BOLYAI de Cluj-Napoca intégrant une licence en Langues étrangères appliquées (LEA) français/anglais.

À la rentrée 2021, elle a même choisi de suivre des cours d’espagnol, une quatrième langue dans son escarcelle. À Tours, elle suit les cours de français pour les étudiants d’échanges, des cours d’anglais dispensés aux deuxième année de licence et des cours d’espagnol pour débutants.

Arrivée en France le 7 janvier avec un niveau C1 (utilisateur expérimenté selon Le cadre européen de référence pour les langues, NDLR), interroger les passants ne fut pas compliqué pour Paula. « Le plus difficile a été de m’orienter dans la ville », confie l’étudiante. Sans repères dans une agglomération qui compte plus de 360 000 habitants, dénicher la résidence Crous du site des Tanneurs n’a pas été une mince affaire. Le tout pour se retrouver finalement « dans une chambre vide où il n’y avait rien de familier », se désole-t-elle.

Paula n’a cependant pas baissé les bras. Elle nous explique : « Les premiers jours, une étudiante marocaine m’a indiqué les nombreux points importants de la ville. » Récemment, elle a tissé des liens amicaux avec d’autres étudiants internationaux, « une Taïwanaise et une Italienne avec qui je suis désormais amie ». Il s’agit évidemment de contacts qui sont nécessaires pour prendre ses marques dans un pays étranger. « Petit à petit, je vais m’accommoder », dit-elle en souriant.

UNE PLACE QUI VAUT CHER

Paula a commencé ses études supérieures il y a maintenant deux ans et demi. Elle n’avait pas encore pu fréquenter les bancs de son université de CLUJ, car la pandémie l’avait forcée à suivre ses cours en distanciel. Une monotonie qu’elle peut enfin briser en France grâce au présentiel. 

« C’est un avantage d’être présente en classe et je trouve ça plus intéressant. » Une place à l’université de Tours qui vaut cher puisqu’à sa connaissance, Paula qui est étudiante boursière Erasmus, est la seule Roumaine sur le campus. Sans cette aide précieuse, il aurait été très difficile pour Paula de venir à Tours, car ses parents n’auraient pas pu financer l’ensemble des coûts du voyage. « La ville de Tours n’est pas aussi petite que je le pensais et l’on peut facilement s’y déplacer. En plus, j’ai l’impression d’être dans les films français que je voyais en Roumanie. »

L’étudiante roumaine doit également s’adapter au système français : « J’attends toujours pour avoir un compte bancaire, pour m’inscrire à la CAF mais j’ai réussi à obtenir mon abonnement Fil Bleu. » Côté gastronomie, Paula reste sur sa faim : « La nourriture est bonne ici, mais je ne trouve pas tous les ingrédients de la cuisine roumaine et je dois donc m’adapter. » Il faut également savoir que le coût de la vie en France n’est pas le même qu’en Roumanie : un euro correspond à cinq lei roumains.

VOYAGE, VOYAGE

Outre les études, l’objectif de Paula est de revoir ses amies roumaines (elles sont six). Si elle a déjà visité Paris et les châteaux de Bois et de Chambord, elle compte bien organiser des voyages de groupe avec les autres étudiants internationaux avec qui elle s’entend très bien.

« Il y a des étudiants de plusieurs pays et même de plusieurs continents ce qui est très intéressant pour échanger nos cultures. » Paula porte une grande importance à sa capacité de pouvoir « aider les gens et contribuer au bien être de la société », des valeurs qu’elle souhaiterait peut-être mettre à profit par la suite à travers le métier d’interprète.

Billet spécial sur le Centre universitaire d’enseignement du Français pour étudiants étrangers

Service commun de l’université de Tours en liaison avec la direction des relations internationale, le CUEFEE est une structure qui accueille de nombreux étudiants internationaux sur le site universitaire des Tanneurs. Cette année encore, « ils sont environ 150 étudiants venus des quatre coins du monde avec un niveau de français qui varie du niveau A2 à C1 », indique Christian Gaujac Directeur du CUEFEE.

Au-delà de l’objectif scolaire, les étudiants peuvent  également participer à la vie sociale française par l’intermédiaire des activités proposées par le Service universitaire des activités physiques et sportive (SUAPS), le Passeport culturel étudiant (PCE) ou l’association Erasmus Student Network (ESN).

Texte : Florian Wozniak, journaliste en formation à l'EPJT

Crédit photo : Julie Cedo, journaliste en formation à l'EPJT

L’Europe est-ce vraiment compliqué?

Difficile à l’échelle du citoyen européen d’évaluer l’impact de l’Euorpe sur l’Etat français. Nous avons rencontré Jean Rossetto, professeur de droit public enseignant le droit de l’Union Européenne à l’Université François Rabelais qui nous a expliqué le fonctionnement de l’Union européenne.

Pour le savoir, nous avons rencontré Jean Rossetto, professeur de droit public enseignant le droit de l’Union Européenne à l’Université François Rabelais qui nous a expliqué le fonctionnement de l’Europe.

Jean Rossetto (Photo dr)

Pourquoi les Français, en majorité, ne s’intéressent-ils pas à l’Europe ?

L’Union européenne est très opaque et son fonctionnement extrêmement complexe. C’est une machinerie compliquée. On a du mal a percevoir le rôle de chaque institution, que ce soit le Conseil des ministres, le Parlement européen, la Commission et la Cour de justice.

Justement, expliquez-nous quel est leur rôle…

Le Conseil des ministres représente les états de l’Union européenne. Quand, par exemple, il se réunit sur des questions d’agriculture, tous les ministres de l’agriculture de tous les pays membres sont conviés. Le Parlement européen, lui, représente les peuples, les députés sont élus au suffrage universel direct. Quant à la Commission, elle est là pour servir l’intérêt général, c’est elle qui lance le processus législatif. Elle est à l’origine des directives européennes et des règlements. Le processus est très long dans les deux cas. Disons que l’Union européenne, c’est un paquebot avec un moteur de 2CV.

Les états membres ont-ils vraiment le choix d’appliquer les règlements et les directives, au final ?

Non, les membres de l’Union européenne n’ont quasiment pas de marge de manœuvre. Les règlements sont obligatoirement appliqués. Pour les directives, les États ont une toute petite marge. En 2008, l’Union européenne a voté une directive sur les conditions d’expulsion des étrangers en situation irrégulière sur le sol européen. Elle indique que le délai de rétention est au maximum de 12 mois, exceptionnellement de 18 mois. Les états membres disposent donc en la matière d’une assez grande latitude pour fixer un délai dans leur droit national.

Quelle direction l’Union européenne prend-t-elle en ce moment ?

C’est le retour des états membres sur le devant de la scène : ils sont extrêmement présents en ce moment. Le rôle de la France et de l’Allemagne est redevenu prédominant. L’Union européenne, elle, est en panne d’imagination.