De No Unauthorized à The Pirouettes et de Bikini Machine à Mozart !

Comme chaque semaine, Doc Pilot a fait un petit (grand) tour dans les différents lieux culturels de Tours. Une chronique bien longue et toute chaude.

No Unauthorized

Au courrier, l’album de No Unauthorized, « Invasion » sur le label Camisole records (!!), un 33t avec un gadget : l’emblème du groupe en métal à poser sur son socle, le collector pour cette aventure phare née à la fin des seventies devenue au travers de leur label Fraction Studio, un bastion de l’underground européen avec des titres identifiés : Crocodile, Landru, Beyrouth, Quand le sexe passe, Hiroshima… Mélange paradoxal d’une voix féminine enfantine à une musique de silex et lave amalgamés, beaucoup copié sous une forme édulcorée, si gênant que la critique ne lui autorisait pas de chronique à leur époque. Finalement, une collection de possibles standards dans lesquels je ne doute pas que certains jeunes malins venir piocher…

Bikini Machine, salle Thélème

À la salle Thélème, Bikini Machine, le groupe de Rennes. Première date d’une tournée de promotion de leur nouvel album, une nouvelle mouture à six, après plusieurs années au côté de Didier Wampas. Petite audience pour ce concert pourtant gratuit pour les porteurs du Passeport culturel étudiant. Tous les grands nenfants à Plumereau pour la fête du jeudi soir, peut-être… Mais concert de feu et de rythme, ludique récupération des influences sixties mélangées à une acidité sonore à la Brit pop des 90s, musiciens de haut niveau avec ma préférence pour le bassiste pilier central de l’affaire. Deux instrumentaux pour la bande-son de nos glissades et nos décadences, la plupart des titres en anglais avec, à la main du chanteur, l’apport de l’instrument fétiche donneur de rythme à tout le style : le tambourin ! Une médecine dans cette semaine de triste record de vente littéraire où l’on voit le Zemmour rejoindre « la Courtisane » au top des ventes : le triomphe des peine-à-jouir, des donneurs de leçon, des « mouches à formol », où l’on voudrait ajouter à l’accumulation de « fruits défendus », no unauthorized, celui de croire à un futur meilleur, à la légèreté aussi… Bikini Machine produit l’antithèse de ces tristes sires ; il est « Bang on Time ! », le titre de leur nouvel album… Au retour de ce concert, j’apprends que Modiano a le Nobel. Et là, j’ai envie de gueuler de joie sous la pleine lune.

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Vendredi soir, au Temps Machine

Au Temps Machine, soirée de miel et de sucre…The Pirouettes, un duo tout mimi, un couple de jeunes gens aussi, les Roméo & Juliette de la pop tubesque bâtie pour les ondes et le dancefloor, option totalement revendiquée par la boule à facettes au-dessus d’eux accrochée. Il y a des textes, là encore, un mélange d’influences allant du néosixties Bardot au néoeighties à la Elli& Jacno sans les imperfections de ces derniers, des mélodies, de la présence, à la des harmonies vocales accordées. Pas une seule glissade dans l’approximatif ou l’ennuyeux : Nom de Dieu, si j’étais D.A dans une major, je les signerais de suite !!! (Hé Thierry Chassagne, qu’attends-tu vieux maquignon ? y’a d’la tune à s’faire !!)…
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Le Monsieur de ce duo est aussi le batteur inspiré de la formation en tête d’affiche de la soirée : Coming Soon.  Sous la conduite charismatique d’un géant au chant (de grande taille, mais aussi de grand talent), ce groupe va nous embarquer l’air de rien vers une adhésion totale à son style et à ses rythmes. Encore fois, la force du « truc » est le répertoire, de vraies chansons, des thèmes, des arrangements, l’adresse à ménager le subtil rapport entre l’écoute et la danse, le corps et l’esprit, l’image et le son.. Le son disais-je, oui le Son avec un grand S, coloré, minéral, le touché des guitaristes, mélange d’influences, seventies sur toute la longueur avec un pied dans la fin des sixties, celles de la côte Ouest des USA, de Quicksilver Messenger Service aux Grateful Dead, de Love à l’Airplane, mais aussi des effluves du premier Talking Heads, de Can, Eno, des premiers Floyd… Le tout traité pour la transe… Au retour, je glisse la K7 de Drame dans le lecteur et tombe en ouverture sur de la musique dites contemporaine, « une pièce » qui pourrait se voir interprétée par un orchestre de chambre ; le deuxième titre est  dans la ligne du Soundtracks de Can. Une musique pour les routes de nuit, une musique de film.

Plaza Francia : une Catherine Ringer et des Gotan Project à l’Atrium de Saint Avertin

Catherine Ringer
Catherine Ringer, ex Mitsouko, dans Plaza Francia.

Je l’avoue, je m’attendais à être déçu par ce concert et surtout pas à me prendre cette grande claque face à l’une, peut-être la plus grande chanteuse française entourée de la musicalité technique et inspirée de Gotan Project. Extrême émotion, amour inconditionnel du public pour Catherine Ringer, la partie gagnée avant de jouer, mais l’adhésion méritée pour la joie de l’artiste, des artistes, leur plaisir non simulé, le jeu et la complicité dans cette relecture de la musique argentine. L’échange au centuple magnifié dans plusieurs titres, dont une valse en fin de rappel, à flotter dans l’air. Dans la salle, des « Catherine on vous aime » récompensés d’un clin d’œil au passé, un Marcia Bella à la mode Gotan. Pour moi, une simple formalité polie loin d’être le moment le plus fort du concert. J’adore la voix de Catherine, j’adore Catherine, j’adorais Fred & Catherine, et maintenant j’adore Catherine dans Plaza Francia.

L’île de la Tentation à l’Opéra de Tours : Cosi Fan Tutte

Un opéra de Mozart, cet opéra de Mozart, incontournable dans sa partition et son thème, le choix de tester les sentiments des promises, et bien sûr le mauvais choix en fin de course, le réalisme un peu cynique de Mozart sur la nature humaine, sur sa propre nature, du vulgaire et du banal magnifié par un chef d’œuvre intemporel. Au génie du compositeur s’associe un machisme doux mais bien réel, très dans le style « toutes des s**** sauf maman ».Et bien sûr, une grande indulgence pour la gent masculine et son goût à chevaucher tout ce qui bouge, même si l’on peut rêver un instant accorder aux femmes la même aisance sans lui reprocher (vite effacée par le déroulement du sujet). J’aime le personnage de Don Alfonso : face aux choses de l’amour et des sentiments,  j’en partage le cynisme. Pour cette production de l’Opéra de Tours, chapeau bas à la mise en scène de Gilles Bouillon, aux décors de Nathalie Holt, à l’ensemble des interprètes sous la direction de Jean-Yves Ossonce. Un bel après-midi pour s’éviter l’arrivée du Paris-Tours.