Apprendre l’anglais en musique

Des difficultés avec l’anglais dans la vie professionnelle, une expatriation dans un pays anglophone, la candidature à une classe bilingue… Voilà les raisons qui incitent les parents à pousser la porte d’English for Kids, selon Pascale Merchin, la fondatrice. Créé en 2009, l’atelier propose des cours d’éveil pour les enfants en utilisant la musique mais aussi des cours de danse classique ou jazz en anglais.

Chaque semaine, le cours commence avec la météo. Photo : Lorenza Pensa
Chaque semaine, le cours commence avec la météo. Photo : Lorenza Pensa

Sensibilisée à l’anglais plus jeune par des comptines, son goût pour les langues a mené Pascale Merchin à des études en Angleterre et aux États-Unis puis au métier d’interprète. Après des expériences en tant que jeune fille au pair et éducatrice, elle choisit de développer sa propre structure. Un atelier qui propose un éveil à l’anglais pour les enfants.  « C’est une langue musicale et chantante, j’ai voulu en faire quelque chose de ludique. » Convaincue de l’utilité de l’anglais aujourd’hui, elle veut aussi aider les enfants à être à l’aise en cours à l’école.

Alors avant de débuter l’anglais tardivement en primaire dans une classe de plus de vingt élèves en moyenne, elle propose une initiation à l’anglais par la musique et le jeu. En utilisant la pédagogie active, l’enfant est mis dans une situation d’apprentissage de l’anglais similaire à du français.

L’anglais par le jeu

Apprendre l’anglais, c’est parfois une envie des enfants, d’abord. Intrigués par une musique, un camarade qui s’exprime différemment ou un voyage, ils sont demandeurs auprès des parents. Agathe Guénand, maman d’un petit Enguerrand, se rappelle qu’il était très volontaire lorsqu’elle elle l’a à inscrit à l’atelier, il y a 3 ans. « Je savais que les connexions dans le cerveau se font très jeune. Le but n’était pas qu’il soit bilingue mais qu’il intériorise la musicalité de la langue ». Aujourd’hui, la musique qu’ils écoutent dans la voiture c’est en anglais ! Le petit garçon demande la traduction de chaque nouveau mot qu’il apprend.

Ce mercredi, c’est sa soeur Apollonie, 19 mois, qui participe au cours accompagnée de sa maman. Jusqu’à l’âge de 3 ans, les enfants participent au cours accompagnés. « Happy New Year » entonnent les parents en entrant. Amanda, la maîtresse du jour est anglaise et mariée avec un Français. « Je ne choisis que des anglophones diplômés de l’enseignement supérieur ancrés ici en France. Je cherche la fiabilité », explique Pascale Merchin.

Son but ? Que les enfants apprennent l’anglais « sans s’en rendre compte » !

Le mot magique pour récupérer un objet ? "Thank you"
Le mot magique pour récupérer un objet ? « Thank you »

La mission semble réussie lorsque les enfants rejoignent les copains du mercredi. Chacun retrouve sa place autour de la table jaune avec une petite chaise sur fond « The wheels on the bus go round and round, round and round », une chanson enfantine anglaise. (Les roues du bus tournent rond, NDLR) Les parents ou grand-parents s’installent derrière eux sur une petite chaise rouge. Les jouets disposés sur la table sont autant de raisons d’apprendre les animaux et les couleurs. « That’s right it’s a cat ! » sourit Amanda en montrant le chat. Et les parents de répéter : « It’s a cat ! »

Avant de passer au rituel de la météo, il faut ranger la table. Pour ça, l’enseignante utilise une fois encore la musique. Parents et enfants reprennent la chanson en choeur « Clean up, clean up, everybody… » (On nettoie, on nettoie, tout le monde, NDLR)

La météo est sonore et visuelle. Amanda mime le soleil puis la pluie déclenchant les sourires des enfants. Des plus timides à ceux qui anticipent déjà en se levant, tout le monde participe et appose son étiquette au mur. Après les cartes représentant la pluie et la neige vient le beau temps et son soleil. Tout le monde applaudit. « Good job ! » dit Amanda pour féliciter les enfants.

Un parcours pédagogique en trois salles

Puis, c’est l’heure de changer de salle. La créatrice du concept a imaginé « un parcours pédagogique ». A l’ âge où ils ne tiennent pas longtemps en place, les enfants sont ravis de bouger régulièrement. La nouvelle activité est une chanson : « The ball is under the bus » (La balle est sous le bus, NDLR). L’occasion de se familiariser aux mots pour parler des transports. L’enseignante montre une fois encore ses talents d’actrice. Elle reste aussi pleine d’enthousiasme malgré les “maman je veux ce jouet”’ et autres bébés déconcentrés.

Les paroles de la chanson sont simples et permettent aux parents de chanter puis aux enfants à force de répétitions pendant quelques semaines avant que le thème ne change à nouveau.

Une maman ne peut s’empêcher de souffler à son enfant « ça veut dire rouge » à l’annonce du mot red. On a alors le sentiment qu’elle se rassure. Les enfants semblent assimiler le mot en voyant l’objet sans avoir besoin de la traduction. Chez English for Kids, Thank you c’est le mot magique. Si le français revient parfois se glisser dans une conversation, les enfants semblent en alerte à chaque mot anglais prononcé. “ Ce qui est important c’est la musique de la langue même si ils ne comprennent pas tout », insiste Pascale Merchin.

Prochaine étape : développer le nouveau cours de danse en anglais qui permettra aux enfants de pratiquer leur loisir préféré dans la langue de Shakespeare, of course !

Emma Gouaille

Renseignements et inscriptions au 06 63 19 72 18 ou sur www.english-for-kids.fr, de 12 mois à 10 ans, tarifs de 14 euros à 22 euros, 20 euros l’heure de danse ou d’arts créatifs.

Do you speak english ?

Doués en anglais ou pas, les Tourangeaux ? Pour le savoir, nous nous sommes glissés dans les habits d’un British de passage à Tours…

IDEE UNE DRAPEAU
Avenue Grammont, un mercredi. Il est midi, le ciel est brûlant. Les gens se pressent un peu partout. Avec mon appareil photo accroché au cou, ma chemise col ouvert et mes lunettes de soleil, je sens bon le touriste (et non, je n’ai pas l’horrible banane autour du ventre). Aujourd’hui, je serai Anglais, that’s it ! Ma première victime ? Un jeune homme qui a tout de l’étudiant. Et qui doit donc manier la langue de Shakespeare. Normalement…
« Excuse me, do you speak English ? ». En guise de réponse, confiant, il me lance un « yes ! » plein d’assurance. Exercice pas trop difficile, je lui demande alors de m’indiquer le chemin pour la gare. « Alors, you go jusqu’au feu rouge. After, a stop (en me faisant un signe de la main, au cas où…) et euh, you have pour environ dix minutes. » Oh my God…
Je me dis que c’est ce que bon nombre d’Anglais doivent subir en débarquant à Tours. Certains Tourangeaux n’osent pas leur répondre, à cause de l’accent et d’autres, parce que les notions les plus basiques sont tombées dans l’oubli. La preuve, par exemple, dans un bureau de poste où une (très gentille) dame ne sait pas me dire « timbre » en anglais. Je me résigne à en prendre au distributeur automatique. Je le paramètre en langue anglaise : gros bug, la machine rame, je me dis que j’ai probablement cassé l’appareil. Au bout de quelques minutes, je ressors fièrement avec… mon timbre.
« C’est plutôt à vous de faire des efforts »
« Je le dis honnêtement, moi aussi, j’ai honte de parler anglais. Pourtant, ce n’est pas faute de l’avoir appris pendant six, sept ans. Mais quand je reçois trois clients américains habituels, il n’y a pas moyen d’aligner trois mots », me confie en français une commerçante, près des Halles. Et visiblement, c’est pour beaucoup le même problème…
Dans le centre-ville, je m’installe pour boire un verre en terrasse. De nombreux restaurants tout autour proposent aussi une carte en anglais. Mais apparemment, un simple « the bill, please » (l’addition, s’il vous plaît) n’est pas bien compris. Ou bien n’a-t-on tout simplement pas envie de s’embêter à parler anglais ? « Vous savez, parfois en France, les gens ne veulent pas perdre de temps à essayer de vous comprendre », m’explique un couple venu de Londres pour un petit séjour en Touraine. Compatissant et l’air tout triste, comme si j’étais un touriste au bout du rouleau, Robert, le mari, me souffle : « C’est plutôt à vous de faire des efforts. » Pas de chance, je me sens d’humeur à embêter ce pauvre serveur. Au bout d’un temps, la discussion en anglais, certes laborieuse, est lancée. Ouf !
L’aéroport de la ville desservant l’Angleterre, on imagine que les touristes d’outre-Manche affluent. Mais, d’après l’office de tourisme (où la connaissance de l’anglais et d’une autre langue est obligatoire), il n’y en a finalement pas tant que cela : « Ce n’est pas vraiment la tendance. Il y a davantage de Brésiliens, d’Asiatiques et d’Hispaniques. »
« Maaï akzent iz terribeul »
Quant à savoir si les Tourangeaux sont bons ou mauvais, l’office de tourisme a son avis : « Contrairement à avant, tout le monde a fait des efforts pour parler anglais. Les touristes l’ont remarqué. Auparavant, en entrant ici, ils nous disaient : “ Enfin quelqu’un qui parle notre langue et nous comprend ! ” Désormais, ça a évolué. Ils ont constaté que des efforts avaient été faits et sont ravis d’être compris… »
En continuant mon périple de faux touriste, je tombe par hasard sur un groupe de jeunes Britanniques. Ils sont là pour apprendre le français. Leur dévoilant l’idée du reportage, ils deviennent très loquaces. « Quand je suis ici à Tours, j’essaie de parler un anglais plus… plus français ! », indique en riant Mark, 24 ans, son iphone en main qui mitraille la tour Charlemagne. « Il y a beaucoup de stéréotypes qui circulent quand on vient chez vous », précise son ami Rob. « On nous dit qu’ici, personne ne sourit, que les gens sont distants etc. Mais à Tours, je n’ai pas vraiment remarqué ça. En plus, je trouve que les restaurateurs ou les hôteliers parlent plutôt bien anglais. » La tranche d’âge 25-35 ans s’en sortirait avec quelques honneurs, d’après eux. Pour les autres, « il faut faire des progrès », sourit Mark. En tombant sur d’autres jeunes – Tourangeaux pur jus, ce coup-ci – on sent qu’ils sont gênés de parler et ont du mal à assumer leur accent. « Maï akzent iz terribeul », s’excuse presque une jeune fille. Certes. Pourtant, je la comprends parfaitement quand elle m’indique le chemin pour aller place Jean-Jaurès. C’est le plus important, non ?
Aurélien Germain
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