Nouveautés BD : on fait le plein pour les vacances

De la bande dessinée, en veux-tu en voilà ! On vous propose une petite sélection de sept BD et un manga en prime, pour buller tout l’été…

ENVOYEZ L’ARMÉE !

Une page, un gag. C’est peu dire que dans « Envoyez l’armée » (éd. Delcourt), Fabrice Erre au dessin et au scénario ne lésine pas sur les vannes tirées comme des missiles à chaque page. Le dessinateur dépeint une armée française old school et rétro, des militaires franchouillards va-t-en guerre bloqués dans le passé (leur obsession des Allemands), maladroits au possible, à la gâchette facile.

La Grand Muette est ici tournée en dérision – même au ridicule, soyons honnête – dans de courtes vignettes souvent très drôles, avec sa propension à passer à l’intervention militaire radicale pour régler tous les problèmes de la société française. Les gilets jaunes ? Envoyez l’armée ! Les grèves ? Envoyez l’armée ! Le réchauffement climatique ? Envoyez l’armée !

Sous son trait toujours aussi reconnaissable, Fabrice Erre multiplie les situations désopilantes et se paye au passage un président de la République qui ressemble fortement à Emmanuel Macron, à l’heure où ce dernier parlait encore il y a peu de « réarmement » à tout va et de faire la guerre au Covid.
Aurélien Germain

NOTA BENE – La vie au Moyen Âge

Et de six tomes pour Nota Bene, youtubeur aux deux millions d’abonné(e)s, féru d’Histoire qu’on ne présente plus. Après avoir notamment exploré la mythologie nordique et grecque en BD, il revient en BD avec « La vie au Moyen Âge » (éd. Soleil), pour tordre le coup à quelques clichés.

Toujours accompagné de Phil Castaza au dessin et Mathieu Mariolle au scénario, Nota Bene – Benjamin Brillaud de son vrai nom – décrypte une période, la raconte, l’explique, sans jamais oublier un ton léger qui fait du bien. Instructif, avec beaucoup de texte, l’album fait découvrir le quotidien des gens au Moyen Âge avec sérieux et humour. Nous, on est preneurs !
A.G

CINQ BD EN UNE MINUTE

Direction l’Italie de 1886 avec « La Fleur au fusil » (éd. Dargaud) : Mayen et Crescenzi se penchent sur l’histoire de Michelina qui intègre une bande de brigands pour échapper à sa condition de veuve et de femme battue. Résultat : une épopée âpre et féministe, magnifiée par sa belle mise en scène.
L’Espagne maintenant, avec « Un Sombre manteau » (Dupuis). Jaime Martin nous emporte littéralement avec ce beau portait féministe vibrant de fureur et de drame, celui de Mara, guérisseuse marginale d’un village des Pyrénées au milieu du XIXe siècle.

Darryl Cunningham enquête, lui, sur « Elon Musk » (Delcourt). C’est la première biographie en BD du tycoon californien qui, au-delà de l’image et de l’opinion que l’on peut avoir du personnage, a déjà l’allure d’un roman hors norme.
Nouvelle aventure pour notre duo de détectives « Bertille et Lassiter » (Grand Angle) : toujours signé Eric Stalner, ce récit est plein de rebondissements et fort d’un parti pris graphique innovant.

On terminera avec « Bulles de Tendresse » (Hachette) de Andrés J. Colmenares et ses odes à la joie de vivre et à la poésie des petites choses. Cinq millions de fans à travers son webcomics Wawawiwa ont fait de cet auteur le chantre d’un humour loufoque et ô combien rafraîchissant.
Hervé Bourit


LE MANGA
ALICE IN KYOTO FOREST

Avec « Alice in Kyoto Forest » (Delcourt/Tonkam Moon Light), les deux autrices Niwa Haruki et Mai Mochizuki se lancent dans une réécriture d’Alice au Pays des merveilles transposée dans le monde féérique des geishas. On se balade avec elle dans un Kyoto plein de mystères où kitsune, tanuki, yokai et maiko apparaissent tour à tour pour notre plus grand plaisir.

Le dessin est fluide, travaillé, soigné et subjugue dans les épisodes féériques notamment. Quant au scénario, s’il s’évade de l’histoire de Lewis Carroll, c’est pour mieux souligner tout le combat d’émancipation d’Alice. Une belle découverte, en deux tomes seulement… mais prenons le pari qu’il y ait une suite ?
H. B

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